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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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27 septembre 2014 6 27 /09 /septembre /2014 00:15
Éric Dupont, La Fiancée américaine – ses yeux sarcelle

Éric Dupont, La Fiancée américaine, Éditions Marchand de feuilles, 2012, éditions du Toucan, 2014

 

Un gâteau renversé à l'ananas peut-il changer le cours de l'histoire ?

Aux confins enneigés du Québec, l'histoire d'une famille étonnante, un clan de bûcherons, de croque-morts et d'entrepreneurs, marqué pour l'éternité par Madeleine, cette « fiancée » venue d'Amérique avec pour seul trésor son livre de recettes.

La Fiancée américaine est une extraordinaire saga familiale campée entre la petite ville de Rivière-du-Loup, sur les bords du fleuve Saint-Laurent, Rome et Berlin. On se laisse emporter par la genèse et le destin d'une lignée rare, peuplée d'hommes forts, de religieuses québécoises et de petites filles aux yeux bleus qui utilisent les tartes au sirop pour tuer leur frère.

Inspiré de faits bien entendu réels, ce roman célèbre la femme de façon unique. C'est un récit qu'on lit la main sur le cœur et l'esprit porté par le vent qui souffle, paraît-il, du bar de Rivière-du-Loup jusqu'au château Saint-Ange de Rome.

4e de couverture

Éric Dupont, La Fiancée américaine – ses yeux sarcelle

Éric Dupont, né à Amqui, Gaspésie, en 1970, est professeur de littérature à l'Université McGill de Montréal. La Fiancée américaine (Prix des libraires du Québec 2013, Prix des Collégiens 2013) est son quatrième roman, après Voleurs de sucre (2004, Prix Senghor de la francophonie), La logeuse (Lauréat du Combat des livres 2006) et Bestiaire (un des cinq meilleurs romans de l'année 2008 selon le journal La Presse).

 

Quelques années avant d'être forcée par sa mère à monter dans un autobus pour New York en plein blizzard de décembre, Madeleine Lamontagne avait été une petite fille qui aimait par-dessus tout les lapins de Pâques, les sapins de Noël et les histoires de Louis Lamontagne, son papa.

[…] les histoires épouvantablement fabuleuses de Papa Louis, comme la fois où il avait battu de justesse Manitoba Bill – le Pied-noir aux yeux bleus – au bras de fer, ou l'improbable récit de cette nuit de la Saint-Jean où il avait dansé avec la bonne femme Téton sur la route Transcanadienne derrière Saint-Antonin.

 

Louis Lamontagne, dit Cheval Lamontagne, remportait les concours d'hommes forts dans les foires.

 

Le décor est planté : Noël, la neige, Pâques, la Saint-Jean, puis la neige encore.

 

Une famille, plusieurs générations, la même histoire.

 

Papa Louis était un petit Jésus. Le fait était connu. Mais sa mère Madeleine, dite Madeleine l'Américaine, pour ne pas la confondre avec Madeleine-la-Mére et toutes les Madeleine qui s'étaient succédé depuis l'arrivée en terre canadienne de l'ancêtre Lamontagne, et son père Louis-Benjamin Lamontagne, eux, ne l'avaient pas su d'avance. Même qu'on s'attendait à ce que Papa Louis naisse bien après les Rois, de sorte qu'on avait pas fait trop attention.

[…]

C'était décembre 1918 dans la vieille Rivière-du-Loup qu'on appelait Fraserville. Louis-Benjamin Lamontagne et sa femme Madeleine l'Américaine attendaient leur premier enfant dans l'hiver glacial et silencieux du Bas-Saint-Laurent.

Pourquoi on l'appelait l'Américaine, Grand-Maman Madeleine ? Pis pourquoi toutes les femmes s'appellent Madeleine dans tes histoires ?

 

Madeleine-la-Mére, grand-mère de Louis Lamontagne, mère de Louis-Benjamin, a fait venir l'Américaine au Canada : elle avait souhaité que son fils, né le 14 janvier 1900, épousât, comme son père, une Madeleine.

Le 1er mars 1918, une jeune fille aux yeux sarcelle se présenta : ce fut le coup de foudre.

Le mariage fut célébré le 3 avril.

 

On a festoyé.

Éric Dupont, La Fiancée américaine – ses yeux sarcelle

Pieter Brueghel l'Ancien, Le repas de noces

 

Pour Noël, le curé Cousineau de l'église Saint-François-Xavier voulait monter une Nativité en chair et en os pour animer sa messe de minuit. La nuit de Noël, Madeleine l'Américaine accouche dans l'église. Une fille morte avant de naître, puis un fils bien vivant. Madeleine, déchirée, n'a pas survécu.

Éric Dupont, La Fiancée américaine – ses yeux sarcelle

Pieter Brueghel le Jeune, Le Dénombrement de Bethléem, ca 1605-1610, musée des Bons-Enfants, Maastricht

 

La petite fille qui aimait les histoires de Louis Lamontagne, son papa, c'est Madeleine Lamontagne.

En 1955, Solange Bérubé, cinq ans, comme Madeleine, est sa voisine. Sa mère lui interdit d'aller chez les Lamontagne. Certes, Louis est croque-mort de son état, et pourtant c'est sa femme, Irène, que l'on fuit.

Les deux fillettes se lient d'amitié. Un mot de Solange à Madeleine : « Pour toujours. Toi, moi et Lazare. S. »

Un jour, Irène fait cuire Lazare, le chat de Solange.

 

En juin 1968, le petit Luc Lamontagne est retrouvé mort, asphyxié dans un cercueil. C'était une partie de cache-cache. Papa Louis monte à l'organiste, lors des funérailles : « Je veux que tu joues Que ma joie demeure. »

 

Johann Sebastian Bach, Jesu bleibet meine Freude (Jésus, que ma joie demeure), cantate Herz und Mund und Tat und Leben (Le cœur, la bouche, l'action et la vie), BWV 147, 1723, transcription pour orgue de Maurice Duruflé, int. János Pálúr, Művészetek Palotája (Palais des Arts), Budapest, 2008

 

Le père Lecavalier, prêtre et peintre, vient composer un nouveau chemin de croix à l'église. Il est invité à souper chez les religieuses. On lui a préparé un gâteau, avec des tranches d'ananas et des cerises au marasquin. Un nouveau confesseur, et tant de nouveaux pécheurs, et surtout, de nouvelles et d'anciennes pécheresses !

En peignant, il chante.

 

Giacomo Puccini, Tosca, 1900 / Recondita armonia, int. Placido Domingo

 

Recondita armonia di bellezze diverse !

È bruna Floria, l'ardente amante mia.

E te, beltade ignota, cinta di chiome bionde,

Tu azzurro hai l'occhio,

Tosca ha l'occhio nero !

L'arte nel suo mistero,

le diverse bellezze insiem confonde...

Ma nel ritrar costei,

Il mio solo pensiero,

Il mio sol pensier sei tu,

Tosca, sei tu !

 

Madeleine-la-mère-des-jumeaux, la petite Madeleine, a donné naissance à Gabriel et Michel. Elle confie Gabriel (tout le portrait de Louis) à Solange et garde Michel, plus frêle.

Le 2 mai 1969, les deux jeunes femmes créent le premier Chez Mado, à Montréal, au coin des rues Saint-Hubert et Beaubien.

Chez Mado devint la gargote à déjeuner la plus courue du quartier. […] Madeleine aux fourneaux, Solange au service.

Éric Dupont, La Fiancée américaine – ses yeux sarcelle

Les temps ont changé.

 

Les histoires imbriquées dans l'histoire ne peuvent se réduire à un résumé. Comment rendre compte de l'humour, parfois macabre, des allusions gourmandes ou grivoises ?

 

On lira avec intérêt la chronique chantante de Topinambulle, et celle, très belle, de Venise.

Éric Dupont, La Fiancée américaine – ses yeux sarcelle

Québec en septembre, une idée de Karine.

 

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commentaires

L
Très belle mise en image de ce roman !!!!
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L
Merci. Désolé pour la rupture du lien 'Recondita armonia' due à cet entubé de Youtube. C'est réparé.

 


 
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