Sylvère Monod, Madame Homais, Pierre Belfond, 1987
Dernière phrase de Madame Bovary : Homais « vient de recevoir la croix d'honneur ».
Premier chapitre de Madame Homais : Homais prépare « L'apothéose d'un apothicaire », c'est-à-dire le compte rendu dithyrambique de la cérémonie qui aura lieu le lendemain...
4e de couverture
On apprend ainsi tout ce que Flaubert ne nous a pas dit sur Yonville, qui n'était alors que le village de Ry, sur la femme du pharmacien qui s'appelait encore Marie Hommet, sur Delphine Bivarot qui allait devenir Emma Bovary et sur le bon Charles qui ne fut pas le seul mari trompé de la commune.
Avec Madame Homais, Sylvère Monod nous livre ce qui fut, en fait, la source de Madame Bovary.
Voici comment Madame Homais a inspiré Flaubert !
4e de couverture
Sylvère Monod est né le 9 octobre 1921 à Cannes. Il a longtemps enseigné la littérature anglaise à l'Université de Caen, puis à la Sorbonne. Traducteur, critique et historien de la littérature, il donne, avec Madame Homais, son premier roman.
4e de couverture
Sylvère Monod est le fils de Samuel William Monod, dit Maximilien Vox, grande figure de la typographie au XXe siècle, le frère de l'universitaire Richard Monod, de l'auteur Flavien Monod, du graphiste Blaise Monod, de Martin Monod, et le neveu du savant, naturaliste et explorateur, Théodore Monod.
« Au lieu de faire une œuvre, il est peut-être plus sage d'en découvrir de nouvelles sous les anciennes. »
Gustave Flaubert, lettre du 30 janvier 1847 à Louise Colet
« On peut […], par exemple, récrire Madame Bovary en quittant le point de vue d'Emma. »
Gérard Genette, Palimpsestes
I
Enfin ! Mais pourquoi ?
« Regarde, mon amie, regarde ! N'est-ce pas bien tourné ? Et ce titre ? Crois-tu que je puisse aller jusque là ? »
Le titre de l'article destiné au Journal normand et qu'il tendait à sa femme avec un sourire épanoui (plus souvent exhibé au bénéfice de clients importants ou de personnalités en vue qu'offert à la compagne de ses jours) s'étalait en travers de la page manuscrite, calligraphié avec amour : L'Apothéose d'un apothicaire.
[…]
– Tu peux me faire confiance, n'est-ce pas ? Il s'agit, bien entendu, du compte rendu de la cérémonie de remise de ma croix...
[…]
– Tu as d'ailleurs eu l'amabilité d'y mettre la main. Je ne parle pas des taches de graisse sur un feuillet que je t'avais apporté dans la cuisine, saisi par mon enthousiasme d'auteur inspiré devant la beauté d'une de mes phrases, alors que tu lardais notre rôti.
[…]
– Voilà qui met en appétit. Lisons donc ton ouvrage. Donne-moi ce fameux compte rendu.
M. et Mme Leblanc, le commis principal de la perception de Forges-le-Eaux et son épouse ont une fille : ils la prénomment Marie-Delphine-Juliette.
Bons chrétiens aimant le blanc virginal des fleurs blanches, des cierges, des robes blanches des enfants aux messes des premières communions, ils placent tout naturellement leur fille chez les Ursulines dès ses sept ans, pour son instruction : « Qu'est-ce que Dieu ? »
Deux ans plus tard, Mme Leblanc se retrouve écrasée sous un échafaudage aux poutres mal assujetties.
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La toujours candide orpheline s'interroge, sa foi chancelle, elle rencontre Hugues et connaît son premier baiser. Hélas ! Hugues est un jeune homme de peu de foi, il entre au Grand Séminaire, quel gaspillage !
M. Leblanc donne un dîner. Hommet est invité. Il a tout pour plaire à Marie : il est incroyant, et pour Marie, c'est l'essentiel. Pour lui, la dot est satisfaisante.
Au début de mars 1827, Jules Leblanc mourut paisiblement dans son sommeil […]. Le mariage eut lieu quelques semaies plus tard, le 14 mai 1827 ; il n'y aut qu'une brève cérémonie civile et laïque...
Mme Auguste Hommet, née Marie Leblanc, est déçue. Il ne lui reste qu'à attendre la mort de son époux âgé de vingt et un ans de plus qu'elle, dans la confiance consolante des statistiques.
Un soir où il se sentait las et un peu abattu après l'exercice rituel, l'apothicaire lui avait décoché une formule latine : « Que veux-tu, ma bonne, Hommet animal post coitum triste ! »
Et Delphine Bivarot ? demandez-vous.
Elle est infidèle, elle prend une poudre blanche, elle meurt.
M. Auguste Hommet expira au milieu de la nuit du 7 au 8 mai 1857.
Ses derniers mots furent à « Fol... bert... »
C'est délicieux !
Pour Yueyin, c’est le bonheur tout simplement. Magistral !
Et Madame Bovary ? Elle vient d'entrouvrir son volet.