Jamais cela ne s'arrêtera.
Rod Lediazec, Il faisait encore nuit, Edilivre, 2014
Rod Lediazec est né en 1951. Blogueur, poète, écrivain et trublion, il vit au Plessis-Trévise, charmante commune française d'une superficie de 4,32 km², située dans le département du Val-de-Marne, en région Île-de-France, où l'on observe actuellement une température de 14 °C, un vent N à 19 km/h, et 44 % d'humidité. Rod Lediazec vit à l'heure locale, qui coïncide avec celle du pays tout entier dans sa pleine et entière territorialité. Rod Lediazec a bien l'air plesséen.
La vérité est que dans cette ville moyenne où tout est moyen, à commencer par la vie, les jours passent et avec eux les rêves s’évanouissent. La routine s’est installée dans les têtes et avec elle son lot de regrets, son pack de frustrations. Chacun a fait l’effort qu’il faut pour laisser les « vieux démons » là où ils sont, sur le comptoir d’un bistrot, sur une nappe de resto, tout au fond de la prison à ciel ouvert que la société construit pour empêcher le « pire » d’arriver... Mais qui dit prison dit évasion, et le jour vient où l’un des geôliers laisse échapper son propre monstre, l’Assassin. Dès lors, la vie de cette cité si tranquille et si exemplaire est bouleversée. Les meurtres se succèdent avec une régularité implacable sous les yeux d’une police impuissante. Chacun ne rêvant que d'une chose : que cela cesse !
4e de couverture
Incipit
Il fait encore nuit à sept heures du matin en ce mois de septembre qui sent l’automne. La température extérieure frise le zéro et le moral des gens est en berne. Le ciel est clair et la lune gibbeuse.
La baie frissonne. Oscar, grand lascar, barman dans le bistrot de nuit voisin, les traits tirés, pousse la porte du troquet Chez Basile, faisant tinter la cloche fixée à l’encadrement. Après une nuit de travail bien pleine, il a l’habitude de se faire servir un petit déjeuner copieux avant d’aller se coucher.
[...]
– Et de trois ! lâche-t-il. Trois en trois mois… Ça commence à faire beaucoup… Bizarre tout de même, trois exécutions, parce que ça y ressemble… Comme ça, sans queue ni tête… Sans lien… Quelqu’un a l’air de l’avoir mauvaise, on dirait… Des flics qui courent la campagne comme des lièvres, des journalistes partout… Comme si on avait besoin de ça…
– Albert, Antoine, Alexandre, trois prénoms commençant par la lettre A, dit le Capitaine. Le triple A, comme l’écrivent déjà les spécialistes de la judiciaire. C’est maigre comme indice, mais ça suffit pour tenir le commerce… Des gratte-papier qui fouinent… Au journal du soir, ça y va… Ils disent qu’ils ont envoyé la scientifique et que ça agace les flics du coin. Scientifique ou pas, chou blanc ! Pas un cheveu à mettre sous la loupe !…
– Quand je pense que ces trois-là étaient ici il n’y a pas longtemps, aussi vivants que vous et moi… Qui aurait pu penser ?… Basile ne finit pas sa phrase.
Rod Lediazec, Il faisait encore nuit – Bande annonce, 2014
Le lundi, jour de repos, Oscar s'installe au pied d'un arbre penché vers la mer, en attendant son comparse, un fou de Bassan.
Un grand type souriant, jeune baroudeur à quatre sous, survient. Il est en mission, ces histoires de meurtres...
Antoine se dirige vers l'ascenseur, il est descendu, le deuxième un mois après le premier, selon le même rituel.
Troisième mois, troisième cadavre, Alexandre. Chez Basile, les affaires marchent. Du tourisme criminel. Qui l'eût cru ?
L'Assassin s'arrête devant l'océan. Folie, mensonge, hypocrisie... Jamais cela ne s'arrêtera.
Le Baroudeur enquête. En attendant, le commerce se porte bien.
Oscar écoute Thelonious Monk.
Thelonious Monk, Round About Midnight, ca 1940
L'Assassin écoute le prologue du poème symphonique de Richard Strauss, Ainsi parlait Zarathoustra, qu'il a découvert au cinéma avec le film de Kubrick. Depuis, musique et film lui sont devenus fétiches.
Richard Strauss, Ainsi parlait Zarathoustra (Also sprach Zarathustra), op. 30, 1896, Wiener Philharmoniker, dir. Herbert von Karajan, 1959
Alain prend une balle dans la nuque. L'Assassin signe son retour. « Le triple A s'amuserait-il à narguer l'autorité par le crime ? », titre la presse régionale.
L'Assassin ne sera pas dévoilé, même à la dernière ligne, mais... notre grille pourrait fonctionner. A vous de jouer !
Il ne s'agit pas d'un simple et sage roman policier. Le trublion parle de notre vécu ici et maintenant. Aliénation. Folie, mensonge, hypocrisie... Jamais cela ne s'arrêtera. Citations en poésie et musique accompagnent le récit.
Allez, lisez Lediazec ! A l’Élysée, Lediazec !