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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 00:15
Thérèse d'Ávila & Jean de la Croix – « Moins je comprends les choses, plus je les crois. »

François Gérard, Thérèse d'Ávila, 1827, Infirmerie Marie-Thérèse, Paris

Thérèse d'Ávila & Jean de la Croix – « Moins je comprends les choses, plus je les crois. »

Frère Jean de la Misère, Thérèse d'Ávila, 1576, Carmel de Séville (portrait réalisé du vivant de Thérèse et en sa présence)

 

Thérèse d'Ávila (en religion : Teresa de Jesús), née le 28 mars 1515 à Gotarrendura (Vieille-Castille) et morte dans la nuit du 4 au 15 octobre 1582 à Alba de Tormes, est une religieuse espagnole, réformatrice de l'Ordre du Carmel au XVIe siècle, sainte et docteur de l'Église. Mystique dans l'âme et le cœur, elle a laissé des écrits sur son expérience spirituelle qui la font considérer comme une figure majeure de la spiritualité chrétienne.

Thérèse d'Ávila & Jean de la Croix – « Moins je comprends les choses, plus je les crois. »

Thérèse d'Ávila, Bannière de la canonisation, 1622

 

Thérèse d'Ávila, Le Château intérieur ou Les Demeures.

 

Dans cet ouvrage rédigé à la demande du Père Gratien pour les carmélites, Thérèse compare le cheminement spirituel à la découverte d'un château contenant de nombreuses demeures, sept en tout, comme des étapes vers l'union mystique.

 

JHS

 

L'obéissance m'a ordonné peu de choses qui m'aient semblé plus difficiles que celle d'écrire maintenant sur l'oraison : en premier lieu, parce qu'il ne me semble pas que le Seigneur m'ait donne l'inspiration, ni le désir de le faire ; et puis, depuis trois mois, ma tête est si faible et si pleine de bruit que j'ai peine a écrire, même pour les affaires indispensables. Mais, sachant que la force de l'obéissance peut aplanir des choses qui semblent impossibles, ma volonté s'y décide de bien bon gré, malgré que la nature semble beaucoup s'en affliger ; car le Seigneur ne m'a pas douée d'assez de vertu pour lutter contre des maladies continuelles et des occupations multiples.

 

Premières Demeures

 

De la beauté et de la dignité de nos âmes : une comparaison nous aide à le comprendre. Des avantages qu'il y a à reconnaître les faveurs que nous recevons de Dieu. De l'oraison, la porte de ce Château.

 

Aujourd'hui, comme je suppliais le Seigneur de parler à ma place, puisque je ne trouvais rien à dire, ni comment entamer cet acte d'obéissance, s'offrit à moi ce qui sera, dès le début, la base de cet écrit : considérer notre âme comme un château fait tout entier d'un seul diamant ou d'un très clair cristal, où il y a beaucoup de chambres, de même qu'il y a beaucoup de demeures au ciel.

 

Considérons donc que ce château a, comme je l'ai dit, nombre de demeures, les unes en haut, les autres en bas, les autres sur les côtés ; et au centre, au milieu de toutes, se trouve la principale, où se passent les choses les plus secrètes entre Dieu et l'âme.

 

Donc, pour revenir à notre bel et délicieux château, nous devons voir comment nous pourrons y pénétrer. J'ai l'air de dire une sottise : puisque ce château est l'âme, il est clair qu'elle n'a pas à y pénétrer, puisqu'il est elle-même ; tout comme il semblerait insensé de dire à quelqu'un d'entrer dans une pièce où il serait déjà. Mais vous devez comprendre qu'il y a bien des manières différentes d'y être ; de nombreuses âmes sont sur le chemin de ronde du château, où se tiennent ceux qui le gardent, peu leur importe de pénétrer l'intérieur, elles ne savent pas ce qu'on trouve en un lieu si précieux, ni qui l'habite, ni les salles qu'il comporte. Vous avez sans doute déjà vu certains livres d'oraison conseiller à l'âme d'entrer en elle-même ; or, c'est précisément ce dont il s'agit.

 

De la laideur de l'âme en état de péché mortel, et comment Dieu voulut la faire voir à certaine personne. De la connaissance de soi. Toutes choses utiles, souvent dignes de remarque. De la manière de comprendre ces demeures.

 

Avant d'aller plus loin, je tiens à vous demander de considérer ce qu'on peut éprouver à la vue de ce château si resplendissant et si beau, cette perle orientale, cet arbre de vie planté à même les eaux vives de la vie, qui est Dieu, lorsque l'âme tombe dans le péché mortel. Il n'est ténèbres si ténébreuses, chose si obscure et si noire qu'elle n'excède.

 

Ô Jésus ! quel spectacle que celui d'une âme qui s'en est éloigné ! Dans quel état sont les pauvres chambres du château ! Que les sens, ces gens qui les habitent, sont troublés ! Et les puissances, qui sont les alcades, majordomes, maîtres d'hôtels, qu'ils sont aveuglés, et gouvernent mal ! Enfin, puisque l'arbre est planté en un lieu qui est le démon, quel fruit peut-il donner ?

 

JHS

 

Bien que je ne parle que de sept Demeures, elles sont nombreuses dans chacune d'elles, en bas, en haut, sur les côtés, avec de beaux jardins, des fontaines, et des choses si délicieuses que vous souhaiterez vous anéantir dans la louange du grand Dieu qui a créé ce château à son image et ressemblance. Si vous trouvez quelque chose de bien dans ces nouvelles de Dieu que, par ordre, je vous ai données, croyez vraiment que Sa Majesté les a dites pour votre joie ; ce que vous jugerez mal dit est de moi.

 

Cet écrit fut achevé dans le Monastère de Saint Joseph d'Avila, la même année, vigile de la Saint-André, à la gloire de Dieu, qui vit et règne à jamais. Amen.

 

Thérèse d'Ávila, Le Château intérieur ou Les Demeures (1577 ?) – traduction de Marcelle Auclair, DDB.

 

* * *

Thérèse d'Ávila & Jean de la Croix – « Moins je comprends les choses, plus je les crois. »

Anonyme, Jean de la Croix, XVIIe siècle

 

Juan de Yepes Álvarez, Jean de la Croix en religion, l'un des plus grands poètes du Siècle d'or espagnol, est né à Fontiveros, dans une famille aristocratique, le 24 juin 1542. Il devient carme en religion et Thérèse d'Ávila, réformatrice de l'ordre du Carmel, lui demande de prendre en charge l'ordre masculin du Carmel. Il accepte et fonde l'ordre des Carmes déchaux. Il accompagne spirituellement les sœurs du Carmel, avant d'être enfermé par les autorités de l'Ordre qui refusent sa réforme. Il meurt au couvent d'Úbeda le 14 décembre 1591.

Il décrit son expérience mystique dans ses écrits, notamment La Nuit obscure (Noche oscura) et Le Cantique spirituel (Cántico espiritual). Thérèse de Lisieux a fortement contribué à faire connaître sa doctrine.

 

Jean de la Croix compose Le Cantique spirituel (El cantico espiritual) en prison, à Tolède, entre 1576 et 1577.

 

Canciones entre el alma y el esposo

 

1

 

Esposa

 

Adónde te escondiste

amado y me dejaste con gemido ?

Como el ciervo huiste

habiéndome herido

sali tras ti clamando, y eras ido.

 

Épouse

 

Mais où t'es-tu caché

me laissant gémissante mon ami ?

Après m'avoir blessée

tel le cerf tu as fui,

sortant j'ai crié, tu étais parti.

(traduction : Jacques Ancet, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 2012)

Thérèse d'Ávila & Jean de la Croix – « Moins je comprends les choses, plus je les crois. »

Thérèse d'Avila, Jean de la Croix, Œuvres, Édition publiée sous la direction de Jean Canavaggio avec la collaboration de Claude Allaigre, Jacques Ancet et Joseph Pérez, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012

Thérèse d'Ávila & Jean de la Croix – « Moins je comprends les choses, plus je les crois. »

Christiane Rancé, La Passion de Thérèse d'Avila, Albin Michel, 2015

 

Thérèse d'Ávila est une figure dérangeante. Sainte et première femme proclamée docteur de l’Église, elle plaît à Verlaine, Marguerite Yourcenar, Cioran, Simone de Beauvoir.

Christiane Rancé, romancière, essayiste et biographe, conte son aventure d'une manière flamboyante, en évoquant le Siècle d’or, celui de l’Inquisition, du pillage des richesses de l'Amérique, de l'exaltation religieuse mêlée à l'obscurantisme.

Thérèse d'Ávila & Jean de la Croix – « Moins je comprends les choses, plus je les crois. »

Thérèse d'Avila, Les chemins de la perfection, Anthologie établie et traduite de l’espagnol par Aline Schulman, préfacée par Julia Kristeva, Fayard, 2015

 

Où l'on découvre une expérience mystique et le sens de la réalité dans l'Histoire : Chemin de perfection (1566-1567), Livre des Fondations (1573-1582), Le Château intérieur ou les Demeures de l’âme (1577), Relations et Faveurs (1560-1581).

« Moins je comprends les choses, plus je les crois. », écrit-elle.

Thérèse d'Ávila & Jean de la Croix – « Moins je comprends les choses, plus je les crois. »

Patrick Szymanek, Thérèse de l'Enfant-Jésus, 2015

 

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commentaires

L
Lou sait ce que coquille est en Pléiade, à écoquiller encore plus qu'à éplucher. Le collaborateur Claude Allaigre ne serait-il donc pas Claude Allègre ? Si oui, un gros ouaf !
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L
Sur Libellus, je ne connais de coquille que celle d'Escargolio.<br /> http://lekikimundo.org/<br /> Allaigre a-t-il pu être "collaborateur" ? Allègre n'avait que sept ans en 1944 - Ah ! l'âge de raison.<br /> <br /> Élève Le Gentil. Bon trimestre. Ne doit pas craindre d'être plus explicite et expansif.
D
Tu as acquis cette oeuvre?
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L
J'ai négocié sévère !
D
Comment dire ? Je n'affirmerais pas que j'ai marché sur les pas de Thérèse, mais j'ai visité sa belle ville d'Avila. Très belle œuvre de Patrick. Tu lui a fourni le support, en l'occurrence un bénitier.
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L
J'ai fait une année en prépa HEC. Quant à dépouiller Patrick... il n'est pas mon genre, même en théorie du. Et puis je soupçonne Jacky d'être un jaloux.<br /> : - )
D
Tu enseignais dans une Sup de Co... Tu as dépouillé Patrick !
L
Le bénitier, comme l'encre, vient de Patrick (le bénitier, probablement début XXe siècle, attendait dans son magasin, et celui de Jacky, Broc Antique. J'aurais pu ajouter : collection personnelle).

 


 
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