René Radouant, Grammaire française, Hachette, 1922
Lisons.
Accord du participe passé conjugué avec être.
Le participe passé conjugué avec être s'accorde avec le sujet, puisqu'il en est l'attribut.
La maison fut détruite (passif). La foudre est tombée (intransitif).
En vertu de ce principe, les participes de tous les verbes pronominaux, puisqu'ils sont conjugués avec être, devraient s'accorder, non pas avec leur complément, puisque beaucoup n'en ont pas, mais avec leur sujet.
Ils se sont évanouis. Ils se sont doutés de leur erreur.
Tel était au reste l'ancien usage :
Ils se sont donnés l'un à l'autre une promesse de mariage. (Molière)
Aujourd'hui, les choses se passent comme si tous s'accordaient avec le sujet, excepté ceux-là seuls dans lesquels le pronom réfléchi joue le rôle de complément indirect ou circonstanciel. On les reconnaît à ce que, si l'on substitue l'auxiliaire avoir à l'auxiliaire être et si l'on pose la question du complément, on obtient la réponse : à lui, à elle, à eux.
Ils se sont nui. Ils se sont succédé. (Ils ont nui, ont succédé à eux.)
Reprenez une aspirine, ce n'est pas fini.
Ils se sont frayé un chemin. (Ils ont frayé un chemin à eux.)
Dans ce cas il reste encore à voir s'il n'y a pas avant le verbe un complément d'objet direct exprimé. S'il y en a un [NDL : le traître !], l'accord se fait avec lui, suivant la règle ordinaire.
Elle s'est imposé la peine de venir (le compl. d'objet direct, peine, suit le verbe).
Je sais les peines qu'elle s'est imposées (le compl. d'objet direct, qu', précède le verbe).
Il faut mentionner à part des verbes comme se rire, se plaire, dont il n'est pas possible de dire pourquoi ils ne varient pas, alors que s'apercevoir, s'aviser, se prévaloir, se taire, etc... sont variables.
Ils se sont ri de nos menaces.
Vous reprendrez bien une larmichette ?