Louis-François Delisse, Le Logis des Gémeaux, le corridor bleu, 2011
Louis-François Delisse est né en 1931 à Roubaix. Afin d’éviter une mobilisation dans la guerre d’Algérie, il quitte la France en 1954 pour le Niger. Il y restera jusqu’en 1975. Publié par Guy Lévis Mano, remarqué notamment par René Char, Delisse écrit une poésie au lyrisme toujours extrêmement tendu, dont la brièveté s’accompagne d’une singulière intensité. Avec Le Logis des Gémeaux se clôt la publication de ses œuvres majeures. Ce recueil vient comme enchâsser (des débuts de 1947-1954 à la période post-africaine de 1970-2007) les autres grands livres que sont Aile, elle et Les Lépreux souriants. Il offre ainsi la vision d’une poésie tout du long inaugurale et crépusculaire, tout de suite géniale et aussitôt nostalgique, à l’image de l’œuvre et de la vie d’un poète brûlé par l’essentiel.
Laurent Albarracin
Le ciel est un noir crémé d'étoiles. Nous roulons – dans un routier – dix-neuf tonnes d'amitié – le routier c'est « la poule » – Jacques Dodin et moi. […] Un éblouissement : les phrares ont porté – violemment – sur une plaque, dans un champ, avec ce nom de lieu-dit : « le Logis des Gémeaux ».
Juin 1954
Saveur des arbres
Les rues firent passer
Des rues de lilas
L'herbe redevint l'herbe
Les toits eurent des buissons
L'oiseau de la rivière
Regarda l'oiseau du vent
[…]
L'herbe redevint l'herbe
…
De la mort du lion
Poème improvisé sur la musique de la cantate paysanne BWV 212 de J.-S. Bach le 28 janvier 1977 et inspiré par cette parole des bergers Bororo du Niger, rapportée par l'enfant Abdoulaye Ousmane Diallo : « Pour nous, le lion n'est qu'un gros chien qui, quand il voit nos bâtons ou le lever de la lune, se couche. »
Le lion ne veut pas mourir
de la mort du lion
renaîtrait pourtant la lune
…
Jean-Sébastien Bach, Cantate BWV 212, Mer hahn en neue Oberkeet – Concentus musicus Wien, dir. Nikolaus Harnoncourt – Soprano, Angela Maria Blasi ; Basse, Robert Holl, enr. 1988 – ill. Pieter Brueghel l'Ancien, Danse des paysans
Que ferme la mort
la fenêtre ou les yeux ?
Lettre à Xavier du 28 août 2006
Mourir sera-t-il mourir, 1er mars 2015
Un poète méconnu, une poésie au quotidien, composée de courtes lignes comme dans un haïku.
A découvrir.