Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

Hervé Chayette, 76, avenue Marceau – an ordinary man

Hervé Chayette, 76, avenue Marceau – an ordinary man

Hervé Chayette, 76, avenue Marceau, Seuil, 2005

 

Le narrateur, enfant, croyait que les Champs-Élysées étaient le centre du monde. Des Champs à l’avenue Marceau, et, dans le trop vaste appartement familial, de chambre en chambre, il retrouve ses terreurs, ses premières espérances, en une promenade qui ressemble à un inventaire. « A présent, parfois, au milieu de la nuit, dans un demi-sommeil, je visite et je revisite dans le détail cet appartement où chaque recoin recèle un souvenir mauvais, ou un souvenir trouble. » Au passage se dessine une galerie très bourgeoise de portraits : parents, amis, précepteurs, domestiques, premières amours, mélancoliques et carnavalesques. Mai 68, quelques « maos » ajoutent à cet accrochage des figures qui, en fin de compte, ne déparent guère. C’est plutôt celle de la Mort assise qui inquiète le plus.

« Les souvenir et les oublis sont logés à la même enseigne… Seules comptent les âmes mortes, celles qui me rendent visite à la tombée du jour, quand l’hiver fait la nuit trop précoce. »

La promenade s’interrompt, le récit tire sa révérence au sortir de l’adolescence.

H. C.

 

Hervé Chayette est né en 1947. Ancien élève de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégé de lettres classiques, il exerce la profession de commissaire-priseur.

4e de couverure

Hervé Chayette, 76, avenue Marceau – an ordinary man

Hervé Chayette, 2012

Les bulles ne sont pas d'un mousseux d'chez chaptal.

 

I

Avenues

Lorsque nous nous installâmes avenue Marceau, mes parents et moi, il me sembla que je m'éloignais, même si de très peu, de ce que je considérais alors comme le centre du monde : les Champs-Elysées. C'était comme si j'avais quitté la scène pour la coulisse, le décor pour son envers, la suite donnant sur la mer pour une chambre sur cour.

 

Suit un long travelling de la mémoire en remontant les Champs-Elysées.

Cafés, cinémas, magasins.

[…]

le Prisunic (toujours là), grouillant de petites vendeuses à croquer ;

[…]

le Français, café à la réputation sulfureuse, car, selon mon père qui ne les aimait guère, c'était un rendez-vous de pédérastes ;

[…]

Sinfonia […], Lido-Musique […], j'y acquis mes premiers disques de jazz : Jelly Roll Morton, Art Tatum, et mes maîtres ès boogie, Memphis Slim, Albert Ammons et Pete Johnson.

 

Memphis Slim, Every Day I Have The Blues, Kansas Fields on drums, R.T.F., Studio 4, 30 juillet 1962

 

[…]

Un peu plus loin dans la rue [de Marignan], une petite annexe, un café plus populaire où mon père m'emmenait parfois prendre le petit-déjeuner, et nous nous gavions d'énormes croissants dégoulinants de beurre. Sempiternelle plaisanterie de mon père au garçon :

– J'espère que ce ne sont pas des croissants Bayard ?

– ???

– Oui, des croissants Bayard : sans beurre et sans reproche !

[…]

le Fouquet's, que je n'ai pas cessé de fréquenter depuis l'enfance.

 

Depuis le café Le Rostand à Paris, Olivier Barrot s'entretient avec Hervé Chayette, 2005

 

Dress Code Chayette, 2005

 

C'est brillant, savant, élégant avec juste ce qu'il faut d'un peu canaille pour épicer.

Hervé Chayette, 76, avenue Marceau – an ordinary man

Lou de Libellus, Londres, avril 1979

Quelle bassesse, quelle indécence, une offense au bon goût.

I'm an ordinary man, why can't he be like me ?

 

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