Lou

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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 23:00

 
>>> vers Carl Orff, Catulli carmina 02 - les désarrois de l'oisillon

Quoi dono

Quoi dono lepidum novum libellum

Arida modo pumice expolitum ?

Davidi, tibi ; namque tu solebas

Meas esse aliquid putare nugas

[…]

--- le texte original, 1, 3 *, dit Corneli ; David est en principe indéclinable, mais en bas latin du troisième millénaire…


>>>

* les références suivies de l'astérisque renvoient à l'édition de Georges Lafaye, Les Belles Lettres, 1964 – pièce, ligne *.

<<<

 

Incipit

Gaius Valerius Catullus serait né en 87 et mort en 57 avant J.-C., d'après Saint Jérôme qui a pu s'inspirer d'un chapitre perdu de l'ouvrage de
Caius Suetonius Tranquillus (un historien romain ayant vécu à peu près de 69 à environ, peut-être, 160 après J.-C.), De viris illustribus, paru vers 113. Or, Saint Jérôme, auquel on peut prêter sans gages quelques erreurs, aurait confondu dans ses comptes le premier consulat de Lucius Cornelius Cinna, en l'an 87, avec le quatrième, en 84. Etant donné que Gaius Valerius Catullus a écrit jusqu'en 54 et qu'il est vraisemblablement mort à l'âge de 30 ans, nous en conclurons que sa courte vie s'inscrit entre 84 et 54 avant J.-C.

Après cette mise en bouche apéritive, présentons le chose.

Carl Orff, Catulli carmina -
ες αἰῶνα

eïs aïona
, pour toujours / éternellement, se lit en phrase liminaire de plusieurs psaumes.

Alleluia ! Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour !

Bible de Jérusalem

En poursuivant notre lecture des Psaumes, nous avons :

louez-le par la danse et le tambour, louez-le par les cordes et les flûtes,

louez-le par les cymbales sonores, louez-le par les cymbales triomphantes !

Ps 150, Bible de Jérusalem


En lisant, en écoutant…

 

 

 


[l'album en écoute, en un click sur l'image]


Nous conseillons l'interprétation d'Eugen Jochum, 1953 / 1956, Deutsche Grammophon. Un enregistrement ultérieur, déclaré "officiel" par Carl Orff, avec Dietrich Fischer-Dieskau, est plus fin, mais justement la musique de Carl Orff, avec ses quatre pianos en percussions, est une composition sauvage, à l'état brut, taillée à la hache comme une sculpture de Georg Baselitz.

 

 


Georg Baselitz, Ohne Titel, 1982/84

 

Catulle

 
Le poète commence à écrire à 17 ans, l'année où il fut vêtu de probité candide et de lin blanc (tempore quo primum uestis mihi tradita pura est, 68, 15 *). Peu après, il rencontre Clodia, nommée en pseudonyme Lesbie (Lesbia), l'amour et la peine (odi et amo) de sa vie – elle n'était pas blanc-bleu. Il s'investit dans le débat littéraire de son temps, il écrit, un peu chansonnier, un peu chantre de la simplicité, coquin beaucoup. Il réunit ses poèmes épars dans un recueil, un libellus, dédié à Cornelius Nepos (1, 3 *) – voir en dédicace le texte détourné par nos soins. Sa renommée s'est maintenue jusqu'à nos jours. Rabelais le cite dans son Gargantua, son Pantagruel, son Tiers Livre. On trouve dans ses chants violence et harmonie, tendresse et rudesse, mêlées. Comme chez…

 

... Carl Orff

 
Carl Orff est un autodidacte. En 1937, avec les Carmina Burana, il crée son théâtre musical en s'inspirant de scènes et danses des premiers temps. On y entend, selon Claude Rostand, une rythmique primitive et obstinée, une harmonie très rudimentaire et un vocabulaire mélodique primitif lui aussi, fréquemment pentatonique et procédant également avec obstination dans une ambiance de répétition incantatoire, et, pour Heinrich Strobel, une musique volontairement sans art.

En 1936, Antonin Artaud présentait son théâtre de la cruauté (repris, en 1938, dans Le Théâtre et son double) où les mots sont reconnus dans un sens incantatoire, vraiment magique – pour leur forme, leurs émanations sensibles et non plus seulement pour leur sens [...] il ne s’agit pas de supprimer la parole articulée, mais de donner aux mots à peu près l’importance qu’ils ont dans les rêves. Des sons, des couleurs, des cris.

Né à Munich le 10 juillet 1895, Carl Orff étudie très jeune le piano, l’orgue et le violoncelle. Il compose dès l'âge de 10 ans, il étudie à l’Akademie der Tonkunst, auprès de Anton Beer-Walbrunn et de Paul Zilcher. En 1915, il dirige les Münchner Kammerspiele, en 1917, il est mobilisé, en 1918, il devient chef d’orchestre aux théâtres de Mannheim et de Darmstadt. En 1920, il commence à enseigner la musique tout en suivant les cours de composition de Heinrich Kaminski. En 1924, il crée à Munich, avec Dorothee Günther, la Günther-Schule, une école de gymnastique, de musique et de danse. Cette expérience fonde le Schulwerk, une méthode pédagogique encore actuelle. En même temps, il s'attache à la musique ancienne, donne des arrangements de Claudio Monteverdi (Klage der Ariadne, d'après Arianna, Orfeo, Tanz der Spröden, d'après Il ballo delle ingrate, triptyque renommé  Lamenti en 1958) et prend la direction de la Société Bach de Munich.

Après le triomphe des Carmina Burana, en 1937, il détruit presque toutes ses premières œuvres et se voue à un théâtre musical reliant la tragédie grecque, le mystère médiéval et la comédie populaire bavaroise, avec la volonté de mettre en œuvre un théâtre total. A partir de 1950, il enseigne la composition à la Hochschule für Musik de Munich, puis consacre ses dernières années à la rédaction d’une autobiographie. Il meurt dans sa ville natale le 29 mars 1982.

[ce paragraphe doit beaucoup à Alain Pâris]

Les Carmina Burana, Chants de Beuern, est le titre donné à un manuscrit découvert en 1803 dans l'abbaye de Benediktbeuern, une compilation, datée entre 1225 et 1250, de chants profanes et religieux composés, en allemand, en français, en latin, par les goliards, des ecclésiastiques défroqués ou des étudiants vagabonds, les Vagants, ces jeunes chanteurs itinérants qui célèbrent les trois W – Wein, le vin, Weib, la femme et Würfel, les dés, le jeu. Il s'agit de chansons d'amour, de chansons à boire et à danser ainsi que de pièces religieuses. Un texte en plusieurs langues, comme pour les Catulli Carmina et ailleurs.

Après les Catulli carmina, 1943, Trionfo di Afrodite, 1953, inspiré de poèmes de Catulle, de Sappho et d'Euripide, termine les Trionfi – les Trois sont Un.

Carl Orff, composant dans la Nazi Era, ne pouvait manquer d'attirer les soupçons des résistants nés après le plan Marshall. Ami de Jacques Prévert, traître bien connu, inscrivant des références musicales aux Quatre Saisons de Vivaldi dans La Pluie et le Beau Temps, au Wozzeck de Berg dans Fatras, aux Carmina Burana de Carl Orff ou à Hymnen de Stockhausen, eh oui ! dans Choses et autres, Carl s'était autorisé, parmi d'autres caprices qui l'ont rendu suspect même aux beaux jours, ceci :

 

Sur le siège de la Fortune,
j’étais assis en haut,
des fleurs bariolées de la prospérité
couronné ;
mais tout prospère que je fus,
choyé et béni,
du sommet alors je chus,
dépouillé de la gloire.

La roue de la Fortune a tourné ;
je descends, déchu ;
un autre est porté vers le haut ;
démesurément exalté,
le roi siège au faîte -
qu’il prenne garde de tomber!
car sous l’axe nous lisons :
Hécube reine.

Carmina Burana, Fortune plango vulnera, dans une traduction chez Decca, 1984

 
Catulli carmina

Synopsis


Praelusio
Plage 1


Une bande d'oisifs jeunes oisillons est en teuf et en amour.

Des vieux les mettent en garde contre l'amour toujours et donnent à écouter les plaintes de Catulle.


Texte


Praelusio


Tous
:

Eïs aïona !

Tui sum !

Eïs aïona !

Tui sum !

Mea vita

Eïs aïona

Tui sum !

Eïs aïona

[Pour toujours ! je suis à toi ! – où l'on peut entendre, comme en répons, tu es à moi ! la parade amoureuse étant de l'ordre de la prédation en même temps que de l'abandon, comme le montrent les jeux scéniques en actes]

[[[maintenant, on ne va pas vous traduire mentula, tout de même !]]]


Les gars
:

Tu mihi cara

mi cara amicula

corculum es !

Les filles :

corculum es !

dic mi te me amare !

Les gars :

O tue oculi

ocelli lucidi

fulgurant

efferunt me velut specula

Les filles :

specula, specula

tu mihi specula ?

Les gars :

O tua blandula, blanda

blandicula, tua labella

Les filles :

cave, cavete !

Les gars :

ad ludum polectant

Les filles :

cave, cavete ! cavete !

Les gars :

O tua lingula usque perniciter

vibrans ut vipera

Les filles :

cavete, cave meam viperam

nisi te mordet

Les gars :

morde me !

Les filles :

basia me !

Tous :

ah !

Les gars :

O tuae mammulae

Les filles :

Mammulae

Les gars :

dulciter turgidae, gemina poma !

Tous :

ah !

Les gars :

mea manus est cupida

Un gars :

O vos papillae horridulae !

Les gars :

mea manus est cupida

illas prensare

Les filles :

suave, suave lenire

Les gars :

illas prensare, vehementer prensare

Tous :

ah !

Les filles :

O tua mentula

Les gars :

Mentula

Les filles :

cupide saliens

Les gars :

penipeniculus

Les filles :

velus pisciculus

Les gars :

is qui desiderat tuam fonticulam

Tous :

ah !

Les filles :

mea manus est cupida

Une fille :

coda,  codicula,  avida !

Les filles :

mea manus est cupida illam captare

Les gars :

petulanti manicula !

Les filles :

illam captare

Les gars :

tu es Venus, Venus es !

Les filles :

O me felicem !

Les gars :

in te habitant omnia gaudia

omnes dulcedeines

omnes voluptas

in te, in tuo ingente amplexu

tota est mihi vita

Les filles :

O me felicem !

Tous :

Eïs aïona !

Les vieux :

Eïs aïona !

O res ridicula

immensa stultitia

nihil durare potest

tempore perpetuo

cum bene Sol nituit

redditur Oceano

decrescit Phoebe

quam modo plena fuit

venerum feritas saepe fit aura levia

tempus amoris cubiculum non est

sublata lucerna

nulla est fides

perfida omnia sunt

O vos brutos

vos studidos

vos stolidos !

Un vieux :

Lanternari, tene scalam !

Les vieux :

audite ac videte !

Catulli carmina

Tous :

Audiamus !

 

[à suivre…]

 

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commentaires

Y
<br /> ça marche cousin... j'écoute ! (pourtant les liens remarche en général mais pas celui-là)<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br />  <br /> Bien entendu... c'est la m.... d'over-blog qui s'en mêle.<br /> <br /> Le lien<br /> <br /> http://www.musicme.com/#/Carl-Orff/compilations/Carmina-Burana---Catulli-Carmina---Trionfo-Di-Afrodite-0028947413127-02.html<br /> <br /> est toujours bon.<br /> [il faut le copier dans la barre d'adresse ; les liens internes à un article restent en otages chez over-blog depuis la barre - comme tu le dis chez toi : ça va s'arranger... en<br /> changeant d'auberge]<br /> <br /> Ecoute gratuite. La bonne version.<br /> <br /> [il faut autoriser, provisoirement, tous les cookies]<br />  <br /> A bientôt, cousine ;)<br />  <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Bien entendu je ne connaissais de Carl Orff que les carmina Burana, je suis en train d'écouter les Catulli carmina sur deezer, ton lien n'est plus gratuit apparemment, je ne sais pas si<br /> l'enregistrement que j'ai trouvé aurait reçu l'aval du maitre mais bon... on va faire avec...<br /> <br /> <br />
Répondre
L
 Bienvenue, G.T. ! j'ai toujours des tas d'articles "en retard" à commenter et il y en a chez toi ;) j'entends bien les critiques de la plupart des mélomanes sur Carl Orff (et Desproges aurait ajouté : sans parler de celles des anti-nazistes primaires...) Il aurait ajouté : il y en a même qui sont juifs, j'espère qu'il n'y en a pas dans la salle. ils n'ont pas tort, dans un sens... Les ... te sauvent. Carl Orff n'a dû sa liberté qu'à son (mauvais, toléré) caractère. Adolphe était fan de Richard, alons-nous renommer la tétralogie en tératologie ? les Carmina Burana Tout à fait d'accord avec ce que tu écris (mon propos n'était pas de parler du Trionfo) ~~~:/ :/ :/ dommage que le youtube "misheard lyrics" de "O fortuna", que tu avais placé dans ton excellent article sur le sujet (je dis "excellent" non par flatterie mais par souci de communication, pour que d'autres en profitent), ait été supprimé pour les raisons imbéciles que Jack Balance évoque très bien dans un article récent. [on peut retrouver au moins les paroles de ce misheard sur internet --- et puis, je me réserve de donner les authentiques lyrics du Catulli, Praelusio : Et savonne haaa, et savonne haaa et savonne haaa et savonne la... / ... Oooooo polisson, polisson, polisson, polisson, polissooon !] Et puis, l'idée d'utiliser presque tous les instruments et même la voix ! en percussions, c'est une chose qui se retrouve dans ta sphère musicale. +++ n'oublie pas de faire breveter ton détecteur de musiques populaires qui permet de reconnaître les musiques du peuple ;) 
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G
Ca fait un moment que je me dis qu'il faut que je vienne dire un mot sur les Catulli Carmina... mais bon, je traîne, je traine, j'ai toujours des tas d'articles "en retard" à commenter (au bout d'un moment, en plus, j'oublie...)Mais je ne pouvais pas passer à côté de cette oeuvre, que j'aime beaucoup... pourtant, j'entends bien les critiques de la plupart des mélomanes sur Carl Orff (et Desproges aurait ajouté : sans parler de celles des anti-nazistes primaires...), ils n'ont pas tort, dans un sens... pourtant, on ne peut lui enlever une vraie efficacité, une force et une nervosité rythmiques qui rappellent aussi Stravinsky...On limite souvent Carl Orff à ses Carmina Burana... mais ce que je préfère de lui, c'est justement ces Catulli Carmina, que l'on trouve en plus sur un même double CD avec le Trionfo d'Afrodite... les deux oeuvres de Carl Orff que je préfère...Parce que les Carmina Burana, après un début tonitruant, 3 morceaux imparables... ça retombe un peu... alors que les Catulli Carmina et le Trionfo d'Afrodite restent vraiment très tendues, cohérentes, et prenantes de bout en bout...
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L
 Cooorculum es ! 
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D
O Fortuna !  Que d'abondance par ici. Toutefois : pumiceCe n'est pas parce que je n'ai pas réagi tout de suite au Chemin de Croix Vespéral Très Complet qu'il faut me traiter en Pilate ! Après le triomphe des Carmina Burana, en 1937, il détruit presque toutes ses premières œuvres et se voue à un théâtre musical reliant la tragédie grecque, le mystère médiéval et la comédie populaire bavaroise, avec la volonté de mettre en œuvre un théâtre total. Que veux-tu, on ne peut pas réussir tout ce qu'on entreprend. C'est vrai qu'il y a un petit côté sympathiquement bavarois dans ces chants. Pour l'aspect sauvage, comme tu l'as rappelé, ce n'est pas vraiment le but d'Orff, qui croit opérer une synthèse de la Civilisation, le pauvret. Ecouter ses entretiens radiophoniques est très intéressant sur sa perception assez relativement modeste de son Art.  Merci beaucoup pour le parcours... et pour la dédicace dont, malgré les jours passés depuis la découverte de l'article, je rougis toujours.
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