Lou

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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 23:32

 
>>> vers Carl Orff, Catulli carmina - ες αἰῶνα


 

 

 
[l'album en écoute, en un click sur l'image]


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* les références suivies de l'astérisque renvoient à l'édition de Georges Lafaye, Les Belles Lettres, 1964 – pièce *.

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Synopsis


Praelusio

Plage 1

Actus I

Catulle montre son désir à Lesbie, elle ne (se) refuse pas mais dès qu'il est endormi, elle court à la taverne rejoindre les oisillons frais. Premier désarroi.

Actus II

Catulle fait un rêve d'amour, un cauchemar ! son meilleur ami, Caelius, est l'amant de sa Lesbie bien-aimée. Deuxième désarroi.

Actus III

Catulle cherche fortune auprès de la belle Ipsithilla.

[son mirage après le naufrage ? ou un clin d'œil, fort malicieux, de Carl Orff à Thule-Gesellschaft ? en tout cas, une belle courtisane !]

On lui balance une Ameana puella defututa, limée, élimée.

Enfin Lesbie revint ! Catulle ne pouvait vivre sans elle, maintenant il ne pouvait plus vivre avec elle. Troisième désarroi.

Exodium

Les jeunes n'écoutent plus les vieux, ils retournent se brûler les ailes au feux de l'amour.

 


Texte

Praelusio

Actus I

Plage 2

I- Odi et amo

Odi et amo. Quare id faciam, fortasse requires ?

Nescio, sed fieri sentio et excrucior.

85 *

[Je hais et j'aime. Vous vous demandez peut-être comment je fais mon compte ? Je ne sais mais je le sens, je suis à la torture.]

II- Viuamus mea Lesbia

Viuamus, mea Lesbia, atque amemus,

Rumoresque senum seueriorum

Omnes unius aestimemus assis.

[Vivons, ma Lesbie, aimons-nous, que tous les murmures des vieillards chagrins ne vaillent pour nous qu'un sou !]

[…]

Da mi basia mille, deinde centum,

Dein mille altera, dein secunda centum,

Deinde usque altera mille, deinde centum.

Dein, cum milia multa fecerimus,

Conturbabimus illa, ne sciamus,

Aut ne quis malus inuidere possit,

Cum tantum sciat esse basiorum.

5 *

Da mi basia mille

L'appel chante au cœur de Louise Labé quand elle écrit…

Baise m'encor, rebaise moy et baise,

Donne m'en un de tes plus savoureus,

Donne m'en un de tes plus amoureus,

Je t'en rendray quatre plus chaus que braise.

Las, te plein tu ? ça que ce mal j'apaise

En t'en donnant dix autres doucereus.

Ainsi meslans nos baisers tant heureus

Jouissons nous l'un de l'autre à notre aise.

Lors double vie à chacun en suivra.

Chacun en soy et son ami vivra.

Permets m'Amour penser quelque folie,

Tousjours suis mal, vivant discrettement,

Et ne me puis donner contentement

Si hors de moy ne fay quelque saillie.

III- Ille me par esse

Ille mi par esse deo uidetur,

Ille, si fas est, superare diuos,

Qui sedens aduersus identidem te

Spectat et audit.

Dulce ridentem, misero quod omnis

Eripit sensus mihi, nam, simul te,

Lesbia, aspexi, nihil est super mi

Vocis in ore,

Lingua sed torpet, tenuis sub artus

Flamma demanat, sonitu suopte

Tintinant aures, gemina et teguntur

Lumina nocte.

Otium, Catulle, tibi molestum est,

Otio exsultas nimiumque gestis.

Otium et reges prius et beatas

Perdidit urbes.

51 *

[Un dieu il me semble, peut-être plus qu'un dieu, celui qui s'assoit en face de toi, te regarde et t'entend, tout le temps, avec ton doux sourire, pauvre de moi, j'en perds les sens, dès que je t'aperçois, Lesbie…]

IV- Caeli, Lesbia nostra

Caeli, Lesbia nostra, Lesbia illa,

Illa Lesbia, quam Catullus unam

Plus quam se atque suos amavit omnes,

Nunc in quadruuiis et angiportis

Glubit magnanimi Remi nepotes.

58 *

 

[Caelius, notre Lesbie, cette Lesbie, oui, cette Lesbie que Catulle a aimée seule plus que lui-même et que tous les siens, maintenant, aux carrefours et dans les culs-de-sac, elle écorche les fils du grand Rémus.]

- Rabelais s'en souvient dans Le Tiers Livre, XVIII.

Panurge interprète ainsi la prophétie de la sibylle de Panzoust, le quatrième verset :

T'escorchera,

Mais non tout.
[...]

Les femmes, au commencement du monde, ou peu après, ensemblement conspirèrent escorcher les hommes tous vifz, par ce que sus elles maistriser voulaient en tous lieux. Et feut cestuy décret promis, confermé et juré entre elles par le sainct sang breguoy. Mais ô vaines entreprinses des femmes ! ô grande fragilité du sexe féminin ! Elles commencèrent escorcher l'homme, ou gluber, comme le nomme Catulle, par la partie qui plus leurs hayte [les réjouit], c'est le membre nerveulx, caverneulx ; plus de six mille ans a, et toutesfoys jusques à praesent n'en ont escorché que la teste.

V- Nulli se dicit mulier mea nubere malle

Ah mea Lesbia !

 

Nulli se dicit mulier mea nubere malle

Quam mihi, non si se Iupiter ipse petat.

Dicit, sed mulier cupido quod dicit amanti

In uento et rapida scribere oportet aqua.

70 *

 

[Ah ma Lesbie ! Elle est tout à moi et elle n'épouserait personne d'autre, elle le dit, même si Jupiter en personne l'en priait à genoux. Elle le dit… mais ce qu'une femme dit à un amant bien pris, il vaut mieux l'écrire sur le vent et sur l'eau vive !]

Actus II

Plage 3

VI- Iocundum mea vita

Iocundum, mea vita, mihi proponis amorem

Hunc nostrum inter nos perpetuumque fore.

Dei magni, facite ut uere promittere possit,

Atque id sincere dicat et ex animo,

Vt liceat nobis tota perducere uita

Aeternum hoc sanctae foedus amicitiae.

109 *

 

[Ma vie ! tu me promets que notre amour ne sera que joie, pour toujours ! Dieux ! faites que sa parole se réalise, qu'elle soit sincère et vienne du cœur, que nous puissions garder toute notre vie le lien d'une tendresse éternelle et sacrée !]

VII- O mea Lesbia ! Desine de quoquam

O mea Lesbia !

 

Desine de quoquam quicquam bene velle mereri

Aut aliquem fieri posse putare pium.

Omnia sunt ingrata. nihil fecisse benigne

Prodest, immo etiam taedet obestque magis,

Vt mihi, quem nemo gravius nec acerbius urget

Quam modo qui me unum atque unicum amicum habuit.

73 *

 

[Ma Lesbie !

 

Ne cherche plus à donner aux autres, n'attends plus de reconnaissance, ce sont tous des ingrats ! ce que tu fais de bien ne t'apportera que la honte et la gêne et moi, je n'ai pas de pire ennemi que celui qui, un jour, a trouvé en moi son seul ami.]

Actus III

Plage 4

VIII- Odi et amo

Odi et amo. Quare id faciam, fortasse requires ?

Nescio, sed fieri sentio et excrucior.

IX- Amabo, mea dulcis Ipsithilla

Amabo, mea dulcis Ipsithilla,

Meae deliciae, mei lepores,

Iube ad te veniam meridiatum,

Et si iusseris, illud adiuuato,

Nequis liminis obseret tabellam,

Neu tibi lubeat foras abire,

Sed domi maneas paresque nobis

Novem continuas fututiones.

Verum, siquid ages, statim iubeto,

Nam pransus iaceo et satur supinus

Pertundo tunicamque palliumque.

32 *

 

[Fais-moi plaisir, douce Ipsithilla, délicieuse et charmante, dis-moi de venir chez toi cet après midi et si tu m'invites, je t'en prie, que la porte ne soit pas fermée et qu'il ne te prenne pas l'envie de sortir, reste chez toi et prépare-toi, nous ferons l'amour neuf fois sans nous arrêter. Si tu es d'accord, invite-moi immédiatement ! j'ai bien déjeuné, je suis repu, je me repose et je fends tunique et manteau !]

X- Ameana puella defututa

Ameana puella defututa

Tota milia me decem poposcit,

Ista turpiculo puella naso,

Decoctoris amica Formiana.

Propinqui, quibus est puella curae

Amicos medicosque conuocate,

Non est sana puella. Nec rogate

Qualis sit, solet esse imaginosa.

41 *

 

[Ameana ! cette fille usée m'a demandé dix mille bons sesterces ! elle a un vilain nez, l'amie du Formies en faillite ! vous, ses proches, qui prenez soin d'elle, appelez amis et médecins, elle n'est pas bien ! et ne demandez pas ce qu'elle a, elle a des imaginations #]

# dix mille sesterces représentent une somme folle !

XI- Miser Catulle

Miser Catulle, desinas ineptire,

Et quod uides perisse perditum ducas,

Fulsere quondam candidi tibi soles,

Cum uentitabas quo puella ducebat

Amata nobis quantum amabitur nulla.

Ibi illa multa cum iocosa fiebant,

Quae tu volebas nec puella nolebat.

Fulsere vere candidi tibi soles.

Nunc iam illa non uolt, tu quoque, inpotens, noli,

Nec quae fugit sectare, nec miser uiue,

Sed obstinata mente perfer, obdura,

Vale, puella. Iam Catullus obdurat,

Nec te requiret. nec rogabit inuitam,

At tu dolebis, cum rogaberis nulla.

Scelesta, uae te, quae tibi manet uita !

Quis nunc te adibit ? cui uideberis bella ?

Quem nunc amabis ? cuius esse diceris ?

Quem basiabis ? cui labella mordebis ?

At tu, Catulle, desinatus obdura.

8 *

 

[Pauvre Catulle ! arrête de délirer ! ce que tu vois perdu, tiens-le pour perdu. Tu as connu des jours de lumière quand tu courais à l'appel d'une belle et nous l'aimions comme aucune autre ne sera jamais aimée. Alors, tout était joie, ce que tu voulais, la fille le voulait. Oui, des jours de lumière. Maintenant, elle ne veut plus et, toi, pauvre âme, cesse de vouloir ! Ne cherche plus après celle qui te fuit, ne vis plus dans le malheur, redresse-toi, tiens bon la barre !

Porte-toi bien, la fille ! Catulle tient la barre ! Il ne te cherche plus, il ne te demandera plus ! Tu lui refuserais. Et toi, tu vas pleurer, personne ne te demandera plus. Méchante ! malheur à toi ! la belle vie qui te reste ! Aucun gars te t'approchera plus, aucun ne te trouvera mignonne, tu n'en aimeras plus aucun, tu n'es à personne, personne à embrasser, personne à qui mordre les lèvres ! Et toi, Catulle, reste, tiens bon la barre !]

- emporté par le lyrisme du discours, nous nous sommes laissé aller à prendre encore plus de libertés… c'est que nous pensons "planches" ou "plateau" mieux qu'ouvrage universitaire ;)

XII- Catulle ! Lesbia ! Nulla potest mulier

Catulle ! Lesbia !

 

Nulla potest mulier tantum se dicere amatam

Vere, quantum a me Lesbia amata mea es.

Nulla fides ullo fuit umquam foedere tanta,

Quanta in amore tuo ex parte reperta mea est.

87 *

Huc est mens deducta tua, mea Lesbia, culpa,

Atque ita se officio perdidit ipsa suo,

Vt iam nec bene velle queat tibi, si optuma fias,

Nec desistere amare, omnia si facias.

75 *

 

[Aucune femme ne peut dire qu'elle a été aimée aussi sincèrement que tu l'as été par moi, ma Lesbie. Jamais un lien n'a été tenu aussi fidèlement que dans mon amour pour toi.]

 

[Voilà où j'en suis, ma Lesbie, par ta faute, par ma fidélité, je ne peux plus t'aimer ni cesser de te désirer, quoi que tu fasses.]

Odi et amo

Louise Labé

Je vis, je meurs : je me brule et me noye,

J'ay chaut estreme en endurant froidure,

La vie m'est et trop molle et trop dure.

J'ay grans ennuis entremeslez de joye



Exodium

Plage 5

Eïs aïona !

Tui sum !

...

[on trouvera de légères variantes dans le livret par rapport au texte de Catulle que nous transcrivons]

 

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commentaires

L
 Cher Hope, hope le soir, espoir -- ta traduction ne sent pas le latin Evidemment, cela fait plaisir que des jeunes apprécient notre rituel sans odeur, tu le sais déjà, maintenant tout le monde le saura, j'ai gagné un concours sur cette mise et j'ai failli perdre un bête et simple diplôme sur la même, erreur en deçà, bonheur au-delà.La traduction de Georges Lafaye, que nous donnons en référence, est excellente de ce point de vue et on nous pardonne d'aller un peu plus loin.Lou aimant bien faire complexe quand on peut faire simple, il a commencé par lire, non, par rechercher son Budé inouvert depuis quarante-cinq ans, par lire les pages de droite en écoutant les Catulli, dont il n'a pas le livret, pourtant disponible en édition. Le susdit observant qu'il n'avait perdu ni l'ouïe ni son latin a pris une feuille de papier, recyclable conformément à la législation, et un crayon. Le clavier est venu plus tard, odi et amo comme on dit par  chez nous. Voilà toute l'affaire. Cher Hope, ton site est remarquable, tu ne réponds pas aux nombreux commentaires qui s'y bousculent, en tout deux commentaires de moi sur ton dernier article du mois dernier, et en plus tu déménages les plates-formes à ton gré, "blog céleste" devenant "sigh blog" --- on t'a retrouvé, tu es là !Autrement, j'ai en projet -- Darwin- Barthes- Fauré/Montherlantetc. - et... la Tagalou, la Tarasque de la Toile !  Allez, s'il y a un peu plus, je laisse, je te promets... le sel d'un article tout en lol et en 160 caractères, sans accent, cédille et autres billevesées qui comptent double ! on verrat qui s'en dédi ;) Pour les lieder, souvent germains, c'est très simple : tu me les traduis en latin et je te les renvoie en français d'aujourd'hui, prêts à chanter.Hop ! Hope ! 
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H
(Non, ne cliquez pas !)C'est chouette, ta traduction ne sent pas le latin mais garde le côté rythmé et rituel par ailleurs présent chez Orff. Après, les licences djeunisantes, je m'abstiendrai de les juger, ayant par ailleurs beaucoup à me faire pardonner sur le sujet. :)Merci ! ;)
Répondre

 


 
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