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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 23:01

 
Catherine Leroux, La Marche en forêt
Catherine Leroux, La marche en forêt, Éditions Alto, 2011 - édition française : Carnets Nord, 2012

Prière d'insérer.
Catherine Leroux est née en 1979 à Rosemère au Québec. Elle a été caissière, barmaid, elle a enseigné, vendu du chocolat.

La marche en forêt est son premier roman.

Présentation de l'éditeur.

C'est l'histoire d'une famille racontée à travers ses membres, ses lieux, ses satellites.  Un chef de clan amoureux de sa reine, qui vit sans le savoir un compte à rebours.  Une demi-sœur qui ne veut plus parler à qui que ce soit pour le reste de ses jours.  Un fils violent et sans remords réfugié derrière un écran.  Une tante qui cherche à se guérir à coups de séances de spiritisme.  Une mère qui préfère la chasse aux berceuses.  Une petite-cousine qui lance des pierres.

C'est un récit dont le ton distancié étonne dès la première page.

C'est un homme qui marche sur des sentiers qu'il ne connaît pas, et qui, à chaque embranchement, choisit le plus étroit des chemins. Peut-être a-t-il commencé sur un sentier en gravier, peut-être celui-ci était-il pavé. Puis il a choisi le chemin en terre battue […] Il ne s'arrête pas, il marche en forêt.

Les épisodes de la quête commencent par C'est... ou par un prénom dont on ne sait rien.
Un labyrinthe où un fil d'Ariane tisserait la toile de l'histoire en renvoyant cent fois la navette sur le métier, en étirant encore et encore depuis l'écheveau ce rayon ombilical lumineux qui unit une famille comme en une cordée.
Amélie le voit, en rêve, dans l'autobus, à l'école.
Les rayons peuvent traverser la forêt.

C'est une descente dans les profondeurs de la sérénité.

Alma, Alma mater, a trouvé son chemin sans comprendre comment.

Ses pensées ralentissent, elle ne ressent aucune douleur, n'éprouve aucune peur. Son corps descend plus profondément encore, elle coule dans le sol, elle s'y infiltre jusqu'à y fondre, jusqu'à se diluer, se dissoudre tout entière dans la terre.

C'est un homme qui marche...

C'est un roman qui trace son chemin comme un ruissellement au pied du mont Gerbier de Jonc. Les sources forment de minces filets d'eau entre les renoncules, se rencontrant bientôt en un ru, s'enrichissant sur sa pente douce d'autres ruisseaux s'unissant à leur tour à de petits cours d'eau qui, si ça se trouve, viennent de la même source. La rivière serpente et s'amplifie de confluent en confluent. Elle est déjà bien large en arrivant au pays ligérien où jadis chalands, coches, fûtreaux, gabares, sapines la sillonnaient. Près de la côte, elle s'épanouit en chenaux avant de se fondre tout entière dans l'océan. C'est un fleuve qui descend vers le Québec.

Oui, le fleuve comme symbole du temps : que signifie-t-il ?
[…]
Comment concevoir que l'irréversibilité de cet ordre impérieux qu'est le temps puisse être rompue ? C'est ici qu'interviennent les Vides médians inhérents à la Voie. Eux-mêmes Souffles, ils impriment à la Voie son rythme, sa respiration et lui permettent surtout d'opérer la mutation des choses et son retour vers l'Origine, source même du Souffle primordial. Pour le fleuve, les Vides médians se présentent sous forme de nuages. Etant de la Voie, le fleuve, comme il se doit, participe aussi bien de l'ordre terrestre que de l'ordre céleste. Son eau s'évapore, se condense en nuage, lequel retombe en pluie pour l'alimenter. Par ce mouvement en cercle vertical, le fleuve, assurant la liaison entre terre et ciel, rompt la fatalité de son propre cours forcené. De même, à ses deux extrémités, il imprime la même sorte de cercle entre mer et montagne, yin et yang. Ces deux entités, grâce au fleuve, entrent dans le processus du devenir réciproque : la mer s'évaporant dans le ciel et retombant en pluie sur la montagne, laquelle active sans cesse la source. Le terme rejoint par là le germe.
Le temps procéderait donc par cercles concentriques, ou par cercles tournant en spirale si vous voulez. Mais attention, ce cercle n'est pas la roue qui tourne sur elle-même, sur les choses du même ordre selon la pensée indienne, ni ce qu'on appelle l'éternel retour. Le nuage condensé en pluie n'est plus l'eau du fleuve, et la pluie ne retombe pas sur la même eau. Car le cercle ne se fait qu'en passant par le Vide et par le Change. Oui, l'idée de la mutation et de la transformation est essentielle dans la pensée chinoise. Elle est la loi même de la Voie. Le retour dont parle Laozi signifie finalement reprise de tout, certes, mais surtout changement en autre chose, en sorte qu'il y a constamment retour et que plus il y en a, plus fréquente est la possibilité de transformation, tant l'inspiration du Souffle primordial est inépuisable. C'est peut-être subtil ou paradoxal, mais c'est ainsi...

François Cheng, Le dit de Tianyi, Editions Albin Michel, 1998

C'est une écriture qui nous emmène vers les hauteurs ou les profondeurs de la littérature.

Et puis, elle est ravissante, non ?

 

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