Lou

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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 00:01


Fukushima, mon amour.


Il ne s'est rien passé à Fukushima.


Presque rien.


On nous dit tout.


Presque tout.


 

De quoi s'inquiètent-ils ?

 

 

 

Non, ce n'est pas une explosion. Non, ce n'est pas un nuage. Ce sont des vapeurs.

 

Le président de l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste [See you later, alligator, after awhile, crocodile], a estimé samedi que la direction des vents au Japon chasserait vers le Pacifique une éventuelle pollution radioactive provenant de la centrale nucléaire de Fukushima N°1 (côte nord-est).


Heureusement, les îles Marshall sont là.

 

Ray Ventura et ses Collégiens, Tout va très bien, Madame la Marquise, 1935 ***

 

Tout va très bien, puisqu'on vous le dit.


Le Monde en ligne titre, ce matin, de bonne heure : Japon : risque nucléaire majeur, deux jours après le séisme.


Je hais les dimanches.

 


 

*** A l'origine, les paroles de cette chanson mise en musique par Ray Ventura furent attribuées à Paul Misraki, mais comme elle ressemblait étrangement à un sketch créé quatre ans auparavant par Bach et Laverne, les noms de ces deux compères furent ajoutés aux éditions subséquentes.


Dans le livret accompagnant le coffret Les créateurs du théâtre phonographique : la compil ! (1928-1938), Jean Buzelin rapporte :

"Un soir, raconte Saltano, Laverne rentre affolé dans la loge de son partenaire en s'écriant : as-tu entendu ? Le sketch ! Paul Misraki en a fait une chanson ![...] Lorsqu'il écrit ses souvenirs durant l'été 1941, Henry Laverne reste très évasif et revendique avec Bach l'idée de la mise en musique de "Tout va bien... M'sieur l'Marquis..." [...] De son côté, Jacques Hélian, dans son son livre sur les grands orchestres français, en attribue l'idée à Louis Gasté qui, racontant l'histoire aux membres de l'orchestre, se la serait fait piquer par Misraki."

 

Dans son Alphonse Allais, François Caradec † donne cependant à cette chanson (et conséquemment au sketch de Bach et Laverne) une autre origine :

 

"Quittant le Chat Noir avec toute l'équipe du journal pour fonder La Vie drôleavec Alphonse Allais, Gabriel de Lautrec y signe le 16 décembre 1893, "H. de Lautrec", une "Comédie anglaise" fort drôle, si drôle qu'en 1936, quarante-trois ans plus tard, elle est reprise par Paul Misraki, Ray Ventura et ses Collégiens sous le titre Tout va très bien, Madame la Marquise."

 

Pièce en un acte de Gabriel de Lautrec

 

Personnages

 

Milord, John, un fouet.

(La scène se passe dans une voiture.)

 

Milord. - Il n'y a rien de nouveau au château, John ?

John. - Pas autrement, milord.

Le fouet. - Clic ! clac ! Clic ! clac !

Milord. - Avez-vous acheté le dîner de mon grand paon, John ?

John. - Il n'en est pas besoin, il est mort, milord.

Le fouet. - Clic ! clac ! Clic ! clac !

Milord. - Ah ! Et comment est-il mort, mon grand paon, John ?

John. - Pour avoir mangé les tripes de la jument noire qui est morte, milord.

Milord. - Ah ! Et à part cela, il n'y a rien de nouveau au château, John ?

John. - Pas autrement, milord.

Le fouet. - Clic, clac ! Clic, clac !

Milord. - Et comment est-elle morte, la jument noire, John ?

John.- Elle est morte d'une fluxion de poitrine en allant chercher les pompiers pour éteindre votre château qui s'est brûlé, milord.

Le fouet. - Clic ! clac ! Clic ! clac !

Milord. - Ah ! et vous me disiez qu'il n'y a rien de nouveau au château ?

John. - Pas autrement, milord.

Le fouet. - Clic ! clac ! Clic ! clac !

Milord. - Et où me conduisez-vous, John ?

John. - A l'auberge, milord.

Le fouet. - Clic ! clac ! Clic ! Clac !

La Vie drôle, 16 décembre 1893.

 

 

Revenons à Bach et Laverne.

 

Bach et Lavergne


 

Bach et Laverne, Tout va bien..., 1931

 

[où l'on retrouve une histoire de pendu]


Je chante : ficelle, tu m'as sauvé de la vie, ficelle, sois donc bénie, car, grâce à toi, j'ai rendu l'esprit, je m'suis pendu cet'nuit.




Jean Vircoulon a publié, en 1987, un article sur ce thème, dans la Revue Historique et Archéologique du Libournais(Tome LV, n° 203).

 

Extrait

 

"1935, Tout va très bien, Madame la marquise... "

 

Un demi-siècle auparavant, ce même type de récit connaissait une certaine popularité dans le Gers ou... en Autriche.

 

Pour le Gers, un récit de Jean-François-Zéphirin Bladé :

 

Un jour de marché, un bordier arrive chez son maître.

- Bonjour, Monsieur.

- Adieu Joanille. Qu’y a-t-il de nouveau à la Métairie ?

- Rien ; certes, Monsieur, sinon que votre chien est mort.

- Pauvre bête ! et de quoi est-il mort ?

- Monsieur, il est mort d’avoir trop mangé de viande, de la viande de vache.

- De la viande de vache ? On a donc a tué une vache dans le voisinage ?

- Non, Monsieur, ce sont les vôtres qui sont mortes.

- Mortes, mes vaches ! et de quoi donc, mon Dieu ?

- Parce qu’elles avaient charrié trop d’eau, Monsieur.

- Tu me fais mourir ; et pourquoi charrier tant d’eau ?

- Monsieur, pour éteindre le feu.

- Quel feu ?

- Celui qui avait pris à la métairie, Monsieur.

- Le feu a pris à la métairie ?

- Oui, Monsieur, tout est brûlé.

- Tout est brûlé ?

- Tout est brûlé. Les vaches et le chien sont morts... A part cela, Monsieur, rien de nouveau.

 

L’Autrichien Grün, comte d’Auersperg, qui connut la célébrité sous le pseudonyme d’Anastasius, à écrit, avant 1883 :

 

Le Messager

 

Le comte revient du tournoi, son valet se précipite à sa rencontre.

 

- Ah ? ça, d’où viens-tu ? Où cours-tu d’un pas si précipité, mon garçon ?

- Je vais aussi vite que je peux me chercher dans les environs un logis.

- Un logis ? Qu’est-il arrivé chez moi ? Réponds sans tarder.

- Rien d’extraordinaire. Seulement votre petit chien blanc a reçu une blessure mortelle.

- Mon petit chien, fidèle, blessé à mort ? Comment cela lui est-il arrivé ? Dis-le moi.

- Votre cheval favori s’est élancé sur lui tout épouvanté, et puis il a couru du côté du torrent et il s’y est jeté.

- Mon beau cheval, l’honneur de mon écurie ! qu’est-ce qui lui a fait peur à cette pauvre bête ?

- Si je m’en rends bien compte, ce qui l’effraya, ce dut être de voir votre fils tomber par la fenêtre.

- Mon fils ! ai-je cette consolation qu’il vive encore ? Ma bien aimée femme le soigne de son mieux, n’est-ce pas ?

- Ce fut un terrible coup pour la comtesse quand elle vit le cadavre de notre jeune maître étendu devant elle !

- Eh quoi, lorsque tant de malheurs fondent sur une maison, imbécile, tu t’en éloignes !

- Votre maison ! Ah ! n’en parlez plus ! A la place, vous ne trouverez que cendre et charbon. La femme qui le veillait s’endormit près du cadavre, le feu prit à ses vêtements et à ses cheveux. L’incendie activé par le vent a tout brûlé, château, écurie, jusqu’au mobilier. Cette catastrophe n’a épargné que moi : il fallait qu’il restât quelqu'un pour vous l’annoncer avec précaution.


 



Et si l'histoire remontait au XIIe siècle ?


Avec l'aimable autorisation de Jean Lauand, professeur à la FEUSP (Faculdade de Educação da Universidade de São Paulo), nous donnons le fruit de ses recherches.


Pedro Alfonso, né Moshe Sefardi, un traducteur-savant-médecin-etc., converti au catholicisme en 1106, a écrit un récit semblable, sauf qu'à l'inverse d'une marquise demandant des nouvelles, c'est à un serviteur que revient le rôle de raconter à son maître, plus ou moins malicieusement, ce qui s'est passé durant son absence...

 

Contam que o senhor voltava do mercado, todo contente pelo bom lucro que tinha auferido. E veio Maimundo a seu encontro.

O senhor, vendoo, temeu que viesse dar más notícias, como era de costume, e advertiuo:

Olha lá, Maimundo, não me venhas com más notícias!

E o servo respondeu:

Não tenho más notícias, senhor, só que nossa cadelinha Bispella morreu.

Como foi que ela morreu? perguntou o senhor.

Nossa mula, assustada, quebrou o cabresto e, ao fugir, esmagoua sob suas patas.

E o que aconteceu com a mula?

Caiu no poço e morreu.

E como foi que ela se assustou?

É que teu filho caiu do terraço e morreu. Com a queda, a mula assustouse.

E a mãe do menino, como está?

Morreu de dor pela perda do filho.

E quem está tomando conta da casa?

Ninguém, porque virou cinzas: a casa e tudo o que nela havia.

Como começou o incêndio?

Na mesma noite em que a senhora morreu, a criada, no velório pela senhora defunta, esqueceu uma vela acesa na câmara e começou o incêndio, que se

espalhou pela casa toda.

E onde está a criada?.

Ela quis apagar o fogo, mas caiulhe uma viga na cabeça e ela morreu.

E tu, como conseguiste escapar, sendo tão preguiçoso?

Quando vi a moça morta, fugi.

O senhor procurou abrigo num vizinho que o acolheu e exortouo a enfrentar cristãmente as adversidades.

 

+


On raconte que le maître revenait du marché, tout content du bénéfice qu'il y avait obtenu. Il vit Maimundo venir à sa rencontre. Craignant qu'à son habitude, ce dernier vienne lui apporter de mauvaises nouvelles, il l'avertit :

-Attention, Maimundo, ne viens pas avec de mauvaises nouvelles !

Le serviteur répondit :

-Je n'ai pas de mauvaises nouvelles, maître, à part la mort de notre chienne Bispella.

-Comment est-elle morte ?

-Notre mule, effrayée, a rompu son licol et, en fuyant, a écrasé la pauvre bête sous ses sabots.

-Et qu'est-il arrivé à la mule ?

-Elle est tombée dans le puits et elle est morte.

-Et pourquoi était-elle paniquée ?

-C'est quand ton fils est tombé de la terrasse et est mort. La chute a effrayé la mule.

-Et la mère de mon fils ? Comment va-t-elle ?

-Elle est morte de douleur à cause de la perte de son fils.

-Et qui s'occupe de la maison ?

-Personne, parce que ce n'est plus qu'un tas de cendres : la maison et tout ce qu'il y avait dedans.

-Comment s'est produit l'incendie ?

-La nuit même où votre femme est morte, la servante, lors de la veillée funèbre, a oublié un cierge allumé dans la chambre et l'incendie a débuté et s'est répandu dans toute la maison.

-Et où est la servante ?

-Elle a essayé d'éteindre l'incendie, mais une poutre lui est tombée sur la tête et elle en est morte.

-Et toi, si paresseux, comment as-tu réussi à t'en échapper ?

-Quand j'ai vu la servante morte, j'ai fui.

Le maître chercha asile chez un voisin qui l'exhorta à affronter chrétiennement l'adversité.

 

Pedro Alfonso, Disciplina Clericalis, traduit du portugais par Vincent Massard de Carreço

 

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