Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).
Jean-Sébastien Bach, Art de la fugue, 14, Canon per augmentationem in contrario moto - contra- punctus, a 3, int. Helmut Walcha, 2007
[à écouter avant ou après les films : - )]
Peintures photographiques / Vanités / Recherche d'une harmonie perdue
Les photos-peintures de Gerhard Richter sont pour lui une alternative à l'art informel européen des années '50 et au pop-art américain des années '60.
Jean Fautrier
Roy Lichtenstein
En même temps qu'il manifeste son désaccord avec Marcel Duchamp sur la fin de la peinture, il ne reconnaît pas à l'image une qualité artistique intrinsèque, ce qui le rapproche de Sigmar Polke ou Konrad Lueg (à suivre...).
Les tableaux sont rendus flous en les frottant à l'éponge lorsque la peinture est encore fraîche.
J'estompe pour rendre l'ensemble homogène, pour que tout soit d'égale importance et sans importance. J'estompe pour que rien n'ait l'air léché, artistique, mais pour que ce soit technique, lisse et parfait.
Gerhard Richter, Notes 1964-1965
Gerhard Richter, Crâne, 1983, huile sur toile, 55 x 50
Une vanité.
Gerhard Richter, Tante Marianne, 1965, huile sur toile, 120 x 130
Une œuvre emblématique de la mémoire, que cultive Gerhard Richter, des persécutions nazies : Marianne, tenant ici le petit Gerhard, a été tuée en 1945, dans le cadre de la politique eugéniste (elle était schizophrène).
Gerhard Richter, Portrait de jeunesse, 1988, huile sur toile, 67 x 62
Le peintre s'intéresse tout autant à l'actualité : Ulrike Meinhof était l'égérie de la Fraction Armée Rouge, appelée également Bande à Baader.
Gerhard Richter, Betty, 1988, huile sur toile, 102 x 72
Betty est la fille de l'artiste.
Désir de la beauté dans l'art que nous ne possédons plus, c'est pourquoi elle se détourne.
Gerhard Richter, Entretien avec Babette Richter, 2002
Gerhard Richter, Chinon n° 645, 1987, huile sur toile, 200 x 320
Les paysages sont importants pour Gerhard Richter qui considère que la lumière est essentielle dans son œuvre.
Gris
Gerhard Richter, Gris, 1973, huile sur toile, 300 x 250
Quand j’ai commencé (il y a environ huit ans) à recouvrir plusieurs toiles de gris, c’était parce que je ne savais plus quoi peindre ni ce qu’il fallait peindre. Pour moi, il était évident qu’un prétexte aussi pitoyable n’entraînerait que des résultats aberrants. Pourtant, avec le temps, j’ai constaté des différences qualitatives entre les diverses surfaces grises et j’ai remarqué que celles-ci n’exprimaient plus rien de cette motivation destructrice. Ces toiles m’ont donné une leçon. En universalisant un dilemme personnel, elles l’ont résolu : la détresse est devenue constructive, relativement belle et aboutie, donc peinture.
Le gris. Au pire, il n’exprime rien, ne suscite ni sentiment ni association d’idée ; en réalité, il n’est ni visible ni invisible. Cette insignifiance lui confère la propriété de communiquer, de mettre en évidence et ceci d’une manière presque illusionniste comme sur une photo. Aucune autre couleur n’est capable de visualiser le néant.
Gerhard Richter, Lettre à Edy de Wilde, 23 février1975
Les Gris fonctionnent parfois comme des miroirs (à suivre...).
Peintures abstraites, paysages voilés
Gerhard Richter, Forêt (3), 1990, huile sur toile, 340 x 260
A la source, il y a bien une forêt peinte avec un souci de réalisme et d'une manière un peu kitsch. La représentation est effacée au racloir (voir film) qui étale la peinture fraîche pour n'en laisser que la quintessence.
Gerhard Richter, Blanc, 2006, huile sur Aludibond, 30 x 40
Gerhard Richter : Panorama, Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, 6 juin – 24 septembre 2012.
Gerhard Richter : Dessins et travaux sur papier, Musée du Louvre, Paris, 7 juin – 17 septembre 2012.
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A suivre : Gerhard Richter – jeux de miroirs.
Miroirs, verres, dialogue avec les anciens et les contemporains ; et une autre interprétation de l'Art de la fugue, 14.