Adonc le Père Ubu hoscha la poire, dont fut depuis nommé par les Anglois Shakespeare, et avez de lui sous ce nom maintes belles tragœdies par escript.
Les moines de Saint-Bernardin, traditionnel, XVe siècle, int. André Mondé au Lapin agile, vers 1950
Ce chat portant fièrement la gidouille était de sortie près du Lapin agile, le doyen des cabarets de Montmartre, déjà présenté ici même. En quelques clics, vous découvrirez tous ceux qui ont fait leurs débuts dans ce nid de joyeux noctambules.
Au commencement, la gidouille, emblème de la 'Pataphysique, est la gravure ornant la bedaine de Monsieur Ubu et, par une synecdoque particularisante, ladite bedaine elle-même. On la retrouve dans les jurons dont il est friand. Un mois du calendrier 'Pataphysique lui est dédié, en consécration de la tripaille.
La gidouille est le signe le plus beau dont un pataphysicien puisse se parer.
Qu'est-ce que la 'Pataphysique ?
Selon le Collège de 'Pataphysique, dans un texte du 1er absolu XCVIII, c'est « la plus vaste et la plus profonde des Sciences, celle qui d'ailleurs les contient toutes en elle-même, qu'elles le veuillent ou non ».
Voyez ceux qui étaient, qui sont au Collège...
Alfred Jarry, le père fondateur, en parle ainsi dans son ouvrage Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien , 1897-1898, édité en 1911 : « La pataphysique […] est la science de ce qui se surajoute à la métaphysique soit en elle-même, soit hors d’elle-même, s’étendant aussi loin au-delà de celle-ci que celle-ci au-delà de la physique. Exemple : l’épiphénomène étant souvent l’accident, la pataphysique sera surtout la science du particulier, quoi qu’on dise qu’il n’y a de science que du général. Elle étudiera les lois qui régissent les exceptions…
Définition : la pataphysique est la science des solutions imaginaires […] ».
Hendrik ter Brugghen, Democritus, 1628
A la source, on trouve l'hypothèse du clinamen, énoncée par Lucrèce et, peut-être déjà, par Epicure dont les écrits nous manquent en grande partie. Selon Démocrite, encore plus anciennement, l'univers est composé d'atomes et de vide. Comme cela se produit chez les Shadoks, les atomes, même bien crochetés les uns aux autres pour former une fleur, un papillon, un médecin viennois, en arrivent parfois, au hasard, à choir, à déchoir, le plein rejoignant le vide où il se vide alors que le vide se remplit. Suivez, prenez des notes. Ainsi le plein et le vide écrivent l'équation de l'équivalence des contraires : le vrai est aussi faux que le faux est vrai, le beau...
Mézenfin, direz-vous, ce chat gidouillé, que nous avons vu, serait bête comme le père Ubu ?
Ignobles palotins que vous êtes !
Vrout, merdre, il faudra bien un jour, vrout, merdre, réhabiliter Monsieur Ubu, notre souverain souverain.
En attendant, écoutez la chanson du décervelage et reprenez en choeur !
Alfred Jarry, Charles Pourny, Claude Terasse, Chanson du décervelage, Ubu roi, V, 4, 1888, éd. 1900, int. Choeur et Orchestre du Collège de 'Pataphysique, 1951
Je fus pendant longtemps ouvrier ébéniste,
Dans la ru’ du Champ d’ Mars, d’ la paroiss’ de Toussaints.
Mon épouse exerçait la profession d’ modiste,
Et nous n’avions jamais manqué de rien.
Quand le dimanch’ s’annonçait sans nuage,
Nous exhibions nos beaux accoutrements
Et nous allions voir le décervelage
Ru’ d’ l’Echaudé, passer un bon moment.
Voyez, voyer la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
(Chœur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
Nos deux marmots chéris, barbouillés d’ confitures,
Brandissant avec joi’ des poupins en papier,
Avec nous s’installaient sur le haut d’ la voiture
Et nous roulions gaîment vers l’Echaudé.
On s’ précipite en foule à la barrière,
On s’ fich’ des coups pour être au premier rang ;
Moi je m’ mettais toujours sur un tas d’ pierres
Pour pas salir mes godillots dans l’ sang.
Voyez, voyer la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
(Chœur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
Bientôt ma femme et moi nous somm’s tout blancs d’ cervelle,
Les marmots en boulott’nt et tous nous trépignons
En voyant l’ Palotin qui brandit sa lumelle,
Et les blessur’s et les numéros d’ plomb.
Soudain j’perçois dans l’coin, près d’la machine,
La gueul’ d’un bonz’ qui n’ m’revient qu’à moitié.
Mon vieux, que j’ dis, je r’connais ta bobine,
Tu m’as volé, c’est pas moi qui t’ plaindrai.
Voyez, voyer la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
(Chœur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
Soudain j’ me sens tirer la manch’ par mon épouse :
Espèc’ d’andouill’, qu’ell’ m’ dit, v’là l’ moment d’te montrer :
Flanque-lui par la gueule un bon gros paquet d’bouse,
Vlà l’ Palotin qu’a just’ le dos tourné.
En entendant ce raisonn’ment superbe,
J’attrap’ sus l’coup mon courage à deux mains :
J’ flanque au Rentier une gigantesque merdre
Qui s’aplatit sur l’ nez du Palotin.
Voyez, voyer la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
(Chœur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
Aussitôt j’ suis lancé par-dessus la barrière,
Par la foule en fureur je me vois bousculé
Et j’ suis précipité la tête la première
Dans l’grand trou noir d’ous qu’on n’ revient jamais.
Voilà c’ que c’est qu’ d’aller s’ prom’ ner l’ dimanche
Ru’ d’ l’Echaudé pour voir décerveler,
Marcher l’ Pinc’-Porc ou bien l’ Démanch’-Comanche,
On part vivant et l’on revient tudé.
Voyez, voyez la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
(Chœur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
Et pour ceux qui préfèrent les nouvelleries, vive le Québec libre !
Jean Derome, Chanson du Décervelage, 3 musiques pour Ubu, 1998
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Remerciements à Des pas perdus qui nous a fait connaître le matou.
Précédemment.
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DOCUMENTS
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Les moines de Saint Babouyn
(transcription moderne)
Nous sommes de l'ordre de Saint Babouyn
L'ordre ne dit mye de lever matin
Dormir jusqu'a prime et boire bon vin
Et din din din
Et dire matines sur un pot de vin
A nostre diner le beau chapon gras
La soupe au jaunet comme au mardi gras
La pièce de bœuf et le gras mouton
Et don don don
Et voila la vie que nous demandons
A nostre gouter le bon vin clairet
La belle salade au harenc soret
Pastés de pigeons si-sont de saison
Et don don don...
A nostre souper les connys rotis
Faisans et butor et aussi perdrix
Poussins a l'eau rose et force chapons
Et don don don...
Et après souper le beau hypocras
La tourte sucrée au fromage gras
Les poires confites en plusieurs façons
Et don don don...
A notre coucher nous aurons blancs draps
Et la belle fille entre nos deux bras
Les tetins poignans, la motte du con
Et don don don...
Et quand ce vint l'eure qu'on sonne minuit
Et fille s'eveille pour prendre déduit
Le compagnon saute chassant a son con
Et don don don...
A notre lever les beaux instruments
Trompettes et clairons, tambourins d'argent
Enfants sans soucis jouant du bedon
Et don don don...
"L'Ordre de Saint-Babouyn" aurait été créé en 1324. Il aurait disparu vers 1520. Un "Babouyn" était un "sot".
Benoît Huwart a eu la grande amabilité de nous communiquer les informations suivantes :
La source du texte, la plus ancienne connue semble être le recueil de Nicolas Buffet (circa 1549) intitulé: Sensuivent les Ténèbres du Champ Gaillard, composées selon lestat du dict lieu et se peuvent chanter ou lire à plaisir. Il fut réédité notamment par Lahure en 1856. Quant à la source musicale, elle a été publiée dans l'Odhecaton par Petrucci à Venise en 1501 et est due à Loyset Compère.
Xavier Hubaut
Xavier Hubaut est professeur émérite du Département de Mathématique à l'Université Libre de Bruxelles.
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A propos de la gidouille...
Cet essai a paru dans l'Expectateur n° 7 , 50 ° des Monitoires
La gidouille est une forme importante dans l'imaginaire - donc la réalité - de la 'Pataphysique. A la fois bedaine de Monsieuye Ubu, Comte de Sandomir, Roi de Pologne & d'Aragon et graphisme tracé sur la dite bedaine, elle fait l'objet d'une vénération d'Ubu dans ses jurons. Un mois du calendrier 'Pataphysique lui est dédié : les fêtes de ce mois montrent à l'évidence que c'est bien la tripaille qui est reconnue plutôt que la courbe ci après étudiée.
La gidouille est accompagnée sur le sceau du Collège de la devise :
EADEM MUTATA RESURGO .....
... Ce que d'aucuns traduisent (trahissent ?) en :
"Je suis la même quand, différente, je me relève (/resurgis/)"
ou :
"Changée en la même, je reprends ma force (/ je me ranime/)"
Nous ne donnerons pas dans la facilité pour explorer avec Monsieur Sigmund Freud les connes notations que l'on voit surgir avec une évidence aveuglante: même si en dehors de l'organe du canard qui présenterait quelque analogie morphologique avec une spirale - ou un tire-bouchons - , nonobstant les nombreuses dénominations de l'organe dit viril (cf le dictionnaire de l'Argot "Le cru et le cuit" de Noël Arnaud et tous les essais sur les mots de la chose) , peu d'entre elles se réfèrent à une spirale ou à une gidouille. Il serait bon de rappeler ici le contrepet classique quoique complexe : "L'aspirant habite Javel" seule allusion notoire à une déformation plutôt rare. Cette antiphrase a été initialement relevée par le TS Marcel Duchamp qui dans un roto relief auto-censuré a donné : Javel habite en spirale / l'aspirant habite Javel .
Sans se lancer dans des analyses psychologisantes, ni s'allonger sur des divans aux ressorts fatigués, il est notable qu'il y a là une prise de parole i.e. une affirmation de soi en tant qu'être autonome, soulignée par l'emploi du "je" qui ici n'est pas un autre mais bien la gidouille: faut-il y voir un embryon de revendication ou pire de contestation ? A qui la locutrice (car c'est bien du genre féminin) s'adresse-t-elle ? Pourquoi ce besoin de rappeler ses aptitudes ? Qui veut-elle convaincre - sinon elle même- ? Serait-ce, tapi dans son subconscient, un aveu de faiblesse ?
Cette devise, emblématique de la Gidouille, n'est pas sans faire écho à Mallarmé qui dans "Le Tombeau d'Edgar Poe" a commis ce vers "Tel qu'en lui même enfin l'ét(h)ernité le change". Ce changement, cette mutation qui se ramène au voisinage du point de départ symbolise le mythe de "l'Eternel Retour" cher à Mircéa Eliade quoique ici on ne retrouve pas l'image de la circularité parfaite - prenez un cercle, cas particulier de la gidouille, caressez le, il deviendra vicieux comme le remarque le TS Ionesco - mais d'un retour décalé. La gidouille, c'est le Phénix qui resurgit de ses cendres, intact, tel qu'en elle même: c'est un symbole de l'indestructibilité dans le Temps. Et nous savons bien que derrière cette Gidouille majestueuse, se tient Monsieuye Ubu, Comte de Sandomir et autres lieux, Roi de Pologne et d'Aragon, toujours égal à lui même.
Après les délires herméneutiques qui, ces dernières années, se sont emparés d'esprits à l'évidence bien intentionnés, pour qui il n'est point de domaine qui ne relève de la Science, mais pris de vertige devant un tel abîme, une mise au point provisoirement définitive s'impose et nous avancerons quelques compendieuses considérations.
L'oxymoron "Eadem // mutata", union du même et de l'autre fait allusion - par anticipation - à Sengle, double de Valens un autre moi même aurait pu écrire Jarry dans ce roman autobiographique des Jours & des Nuits. Il n'y a pas de changement stricto sensu mais une dérive immobile, analogue au voyage de Paris à Paris par la mer sur l'As du Docteur Faustroll. Un zeste de freudo-marxisme noyé dans un soupçon de dialectique hegélienne pourrait faire avancer l'analyse de ce conflit. Après la thèse de l'égalité, "Eadem", l'antithèse du changement "mutata" vient enfin la synthèse "ressurgo": le retour à l'unité en quoi se résout cette apparente antinomie.
Pour une analyse plus poussée, on peut (si on a le temps) (re)lire "De la Contradiction" de Philippe Sollers écrit dans sa période Tel-Quellienne premier genre, alors qu'il donnait dans le maoïsme le plus dur avant de devenir ce qu'il est devenu: Monsieur Kristeva , ce qui doit nous rendre indulgents et compréhensifs.
Les différentes épiphanies de la Gidouille, la laissent toujours "égale", équanime devant le Monde. Les phases descendantes et montantes "ressurgo" évoquent les phases de la lune, et plus généralement de tout phénomène périodique, pour laquelle on emploie le plus simple "surgere", le redoublement "ressurgere" étant réservé à la Gidouille et à la résurrection. L’Ecclésiaste confirme le fait: la vulgate utilise le verbe "ressurgere" pour les ressuscités qui sont à la fois les mêmes et d'autres quand ils sortent de leurs cercueils et déroulent leurs bandelettes auxquelles adhérent encore quelques lambeaux racornis de viande..
La plupart des Gidouilles sont levogyres: orientées dans le "sens direct" , contraire aux aiguilles d'une montre, sens dit aussi "sens trigonométrique". Derrière le miroir, dans un univers supplémentaire ou après un voyage dans la quatrième dimension, elles pourraient revenir dextrogyres et réapparaître alors la même mais différente. Tel n'est pas le cas ici.
En quoi les Gidouilles sont-elles "la même" tout en étant "différente" ? Après les cons sidérations relevant des "sciences humaines" il est temps de passer aux sciences inhumaines dites de façon amusante "exactes".
Par définition une gidouille est la portion de plan comprise entre deux spirales voisines: il faut donc regarder un peu du coté du peuple des spirales. En première approximation il y a trois grandes catégories de spirales: les spirales hyperboliques, les spirales arithmétiques ou d'Archimède et les spirales exponentielles ou logarithmiques.
Les spirales hyperboliques ont pour équation générale: r = k/q
Pour q égale zéro, elle n'est pas "définie" mais vient de l'infini et est asymptote à l'horizontale. Lorsque q tend vers l'infini, r tend vers zéro et la courbe vient s'enrouler lentement mais indéfiniment autour de son ombilic, sans toutefois le rejoindre sauf -peut être - dans les limbes.
Les spirales arithmétiques d'Archimè(r)d(r)e ont une équation de la forme r = k.q
Le "rayon vecteur" est proportionnel à l'argument (ou à l'angle). D'un tour à l'autre le rayon croît d'une quantité constante 2pk
Ce sont ces spirales que l'on peut voir sur la couverture des Cahiers et autres publications du Collège. C'est la spirale que fait un cordage lové sur le pont d'une embarcation - ou un tuyau d'arrosage enroulé sur un plan.
Boris Vian dans son étude sur la construction pratique de la Gidouille - on reconnaît là l'Ingénieur - choisit la développante de cercle non pour des raisons théoriques mais essentiellement pratiques [7]: le gidouillographe est de réalisation facile. La forme de la "spirale" de Vian est assez voisine de la spirale d'Archimède. On en trouve des variantes dans certaines publications du Cymbalum comme par exemple sur la couverture de l'Agenda perpétuel qui s'orne d'une Gidouille obtenue en dessinant des quarts de cercles dont les centres sont les sommets d'un carré et dont les rayons successifs sont en progression arithmétique de raison le coté du carré. L'aspect de cette "spirale" est analogue à celui de la développante de cercle.
Les spirales logarithmiques ont une équation polaire de la forme : r = ek.q
Le rayon vecteur est proportionnel à l'exponentielle de l'argument et l'angle que fait la tangente et le rayon est constant. D'un tour à l'autre les rayons sont en progression géométrique de raison e2kp.
C'est cette spirale qui est "merveilleuse" et qui a tant ébloui Jacob Bernouilli au point qu'il a voulu sur sa tombe, avec le tracé de la dite spirale, inscrire la devise "Eadem Mutata Ressurgo". Il est piquant de remarquer que le sculpteur de pierres tombales, piètre mathématicien, a tracé sur la stèle de Bernouilli en l'an de grâce 1705 dans la cathédrale de Bâle, une spirale d'Archimède ce qui, à l'évidence, ne correspond pas à l'idée qu'avait Jacob Bernouilli [8] . Cette sculpture se retrouve sur la couverture des Organographes avec sa devise pour souligner l'idée que nonobstant l'occultation, le Collège égal à lui même resurgira dans le Monde.
La propriété de cette spirale est que , agrandie ("mutata" = changée), elle a exactement les mêmes forme et dimension ("eadem" = égale) : elle se superpose à elle même après agrandissement par une simple rotation et reste même tout à fait immobile dans un agrandissement de rapport multiple de ek.2p. Elle semble jaillir sans fin de son ombilic, des limbes, et toutefois reste égale à elle même, "fille trés-semblable à sa mère" comme le dit Bernouilli.
On trouve ce type de spirale dans le nautile qui décore les couvertures de la Pléïade, et aussi de façon approximative dans le sceau du Collège où le texte COLLEGI:PATAPHYSICA:SIG s'enroule en gidouille dextrogyre plus ou moins logarithmique, le "C" de départ initiant le processus, les dimensions des lettres allant croissant.
Il est clair que c'est cette spirale logarithmique à laquelle s'applique "Eadem Mutata Ressurgo" et à elle seule.
Alors que dire de la Gidouille Ubique et Collégiale ? D'ailleurs y a-t-il "UNE" gidouille Collégiale ?
On peut se cacher derrière l'autorité morale et Satrapique de Boris Vian pour accepter sa Gidouille avec sa devise. On peut aussi remarquer que la Gidouille n'est pas unique dans sa forme et que d'un usage à l'autre elle peut varier. L'Ordre de la Grande Gidouille utilise à l'évidence une spirale de type archimédien, le tampon du Collège aussi. Dans le Dossier n° 13, Gyroscopie de la Gidouille, on trouve toutes sortes de "spirales", certaines n'ayant aucune formulation mathématique bien déterminée [9]; alors y a-t-il une seule forme de Gidouille ou bien doit-on admettre toute "spirale" comme susceptible de générer une gidouille?
La gidouille ubique est tracée sur une hémisphère : le plan - ou la surface - sur lequel on dessine la gidouille est-il ou non euclidien est une question préalable qu'il faudra trancher, bien des conséquences peuvent en découler... Les représentations montrent à l'évidence que la gidouille est une surface et non pas une simple courbe (qui serait alors invisible comme tout objet mathématique de dimension 1). C'est concrètement une partie de plan comprise entre deux spirales certes mais de quel type ?
Ces questions d'importance capitale devraient être débattues par une Sous-Commission ad-hoc, Sa Sommité, le Régent d'Hélicologie impulsant les travaux.
Le technicien chargé de l'héliciculture
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Qu'est-ce que la 'Pataphysique ?
La plus vaste et la plus profonde des Sciences, celle qui d'ailleurs les contient toutes en elle-même, qu'elles le veuillent ou non, la 'Pataphysique ou science des solutions imaginaires a été illustrée par Alfred Jarry dans l'admirable personne du Docteur Faustroll. Les Gestes et Opinions du Docteur Faustroll, pataphysicien, écrits en 1897-1898 et parus en 1911 (après la mort de Jarry) contiennent à la fois les Principes et les Fins de la Pataphysique, science du particulier, science de l'exception (étant bien entendu qu'il n'y a au monde que des exceptions, et que la «règle» est précisément une exception à l'exception ; quant à l'univers, Faustroll le définissait «ce qui est l'exception de soi»).
Cette Science, à laquelle Jarry avait voué sa vie, les hommes la pratiquent tous sans le savoir. Ils se passeraient plus facilement de respirer. Nous trouvons la 'Pataphysique dans les Sciences Exactes ou Inexactes (ce qu'on n'ose avouer), dans les Beaux-Arts et les Laids, dans les Activités et Inactivités Littéraires de toutes sortes. Ouvrez le journal, voyez la télévision, parlez : 'Pataphysique !
La 'Pataphysique est la substance même de ce monde.
Ce texte date du 1er absolu XCVIII