Michel Sardou, Le Rire du sergent, Musique : Jacques Revaux, Paroles : Michel Sardou, Yves Dessca, 1971
Le maire de notre bien-aimé petit village est sorti des burnes il y a des lustres. Notre Cousin préféré, dont nous ne sommes pas le cousin, n'était pas encore maire, quand nous l'avons connu, ni même père inconnu de beaux bébés des champs. Mézalors ?
Mézalors, mézalors, comment est-il entré dans les burnes des mots critiques ?
Il a promis de reboucher les trous, il ne savait pas qu'un artiste à deux balles, l'incroyable Bernar, viendrait arracher le macadam du bled en mémoire de son ancien et lucratif séjour au Maghreb où il faisait la grue pour empiler casbah sur casbah sur casbah.
Du haut de l'engin dont est sorti un réformé P4 – le petit Stef, 1 m 90, 220 livres, a enfermé le major de son régiment dans une armoire métallique, c'est bénin, et administrative, c'est grave, puis il est devenu routier, oui, les routes ne sont plus sures, entre les képisés nerveux et les malades mentaux en 40 tonnes, on ne peut plus se faufiler, peut-être encore filer vers une aire de stationnement, un refuge de Roms qui se maintiennent tant que dure la grève des pilotes de charters – et un escroc - le fameux G-Rom, inventeur d'une méthode de l'artisanat sans peine (faire payer et ne rien faire) – virgule, or donc, du haut de l'engin, haut comme un minaret, notre cher Bernar voyait, à deux mille kilomètres au nord, un petit village.
Le pas encore père, pas encore maire, a promis de sauver le commerce. Quand l'accordéoniste au joli nom d'emprunt a déchaîné les uniformisés, en 1974, le dernier bistrot a fait faillite. Il restait un boulanger. Quand sa femme, une certaine Pomponette, est partie courir les routes qui ne sont plus sures, il n'a plus fait de pain (Pétain ! C'est pourtant vrai).
Le candidat, ni maire ni père, a promis de maintenir et faire prospérer l'école. Elle va fermer. Les IUFM et leurs ersatz n'en veulent plus : il faut une vie intérieure d'une richesse extraordinaire, un sacré don d'abstraction ou une forte aptitude à l'ennui pour survivre ici.
Notre Cousin, dont nous ne sommes pas le cousin, s'est mis à délirer. Il est parti en vadrouille chez tonton, en bas résille.
Il téléphone.
DOCUMENTS
Michel Sardou, Le Rire du sergent
Musique : Jacques Revaux, Paroles : Michel Sardou, Yves Dessca
Je suis arrivé un beau matin du mois de mai
Avec à la main les beignets que ma mère m'avait faits.
Ils m'ont demandé
Mon nom, mon métier,
Mais quand fier de moi j'ai dit "artiste de variétés",
A ce moment-là,
Je ne sais pas pourquoi,
J'ai entendu rire un type que je ne connaissais pas.
Le rire du sergent,
La folle du régiment,
La préférée du Capitaine des Dragons,
Le rire du sergent,
Un matin de printemps,
M'a fait comprendre comment gagner du galon
Sans balayer la cour,
En chantant simplement
Quelques chansons d'amour.
Le rire du sergent,
La fleur du régiment,
Avait un coeur de troubadour.
Je me suis présenté tout nu devant un infirmier.
Moyennant dix sacs, il m'a dit: "Moi, je peux vous aider."
Je me voyais déjà
Retournant chez moi,
Mais quand ils m'ont dit
Que j'étais bon pour dix-huit mois,
A ce moment-là,
Juste derrière moi,
J'ai entendu rire un type que je ne connaissais pas.
Le rire du sergent,
La folle du régiment,
La préférée du Capitaine des Dragons,
Le rire du sergent,
Un matin de printemps,
M'a fait comprendre comment gagner du galon
Sans balayer la cour,
En chantant simplement
Quelques chansons d'amour.
Le rire du sergent,
La fleur du régiment,
Avait un coeur de troubadour.
Depuis ce temps-là,
Je ne sais pas pourquoi,
Il y a toujours un sergent pour chanter avec moi.
Le rire du sergent,
La folle du régiment,
La préférée du Capitaine des Dragons,
Le rire du sergent,
Un matin de printemps,
M'a fait comprendre comment gagner du galon.
Le rire du sergent,
La folle du régiment,
La préférée du Capitaine des Dragons,
Le rire du sergent,
Un matin de printemps,
M'a fait comprendre comment gagner du galon.