Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, La Guerre en dentelles / Les compagnons de la chanson, La Guerre en dentelles
Il téléphone.
Il est encore maire, il n'est pas près d'être père.
_ Alleu, mon p'tit Leu ?
[Ne faites pas attention, il a une élocution curieuse depuis sa mue.]
_ Oui ! On s'inquiétait, on n'avait plus de tes nouvelles. Que deviens-tu ? Je veux dire : comment vas-tu ?
_ Trou bien, trou bien, trou bien, mé j'suis fashé, fashé, fashé, après c'que tu as diiit à mon néveu s'critère, ouh !
_ Ton neveu ?
_ Non, mon néveu s'critère. La s'critère d'avant, j'l'ai viiirée, viiirée, viiirée, une fame, quelle horreur ! Et j'ai pris un néveu s'critère, il est trou gentiiil, gentiiil, gentiiil, mé c'que tu lui as diiit, c'est pa gentiiil, gentiiil.
_ Je ne lui ai rien dit. La layette rose, ce n'est pas mon rayon, mais c'est sa liberté.
_ Ouh ! Tu lui as dit – pleur' paaa, mon p'tiiit shouuu – tu lui as diiit, il en est toute à l'envers, tu lui as diiit qu'il dévrait fair' sa formassiiion en déhors des trou rares heuuures d'ouvertuuure. Alors, j'te diiirai qu'il travaiiille siii zeuuures par séméne, et il faiiit sa formassiiion avec mua ! Et siii t'as quelqu' chose contre, tu viiiens me le diiire en fasse !
_ Tu sais bien que je ne te tournerai pas le dos...
_ Ouh !
[Noir !]