A propos de Jean-François Lecourt, Tir dans l'appareil photographique.
L'histoire commence en 1961. Nous vous proposons, en entrée, la bande annonce du film de Claude Lelouch, Une fille et des fusils, réalisé en 1964.
Claude Lelouch, Une fille et des fusils, 1964 (sortie : juin 1965), musique : Pierre Vassiliu, interprètes : Amidou, Pierre Barouh, Jean-Pierre Kalfon, Janine Magnan, Jacques Portet.
Selon les propres paroles de Claude Lelouch, rapportées dans Claude Lelouch : Mode d'emploi / Yves Alion, Jean Ollé Laprune, Calmann-Lévy, 2005, tout est déjà là, mais pas dans le bon ordre.
L'histoire commence en 1961.
Niki de Saint Phalle, Portrait of My Lover, 1961
Au mois de février, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris propose une exposition de groupe : Comparaison, Peinture-Sculpture.
Niki présente un portrait de son amoureux perdu dont la tête est constituée d'une cible où l'on est invité à lancer des fléchettes.
Le même mois, elle invente les Tirs qu'elle poursuivra jusqu'en 1963.
C'est bien le hasard qui est à l'œuvre, encore que ce soit l'artiste qui décide du moment où la pièce est achevée et le collectionneur qui choisit.
L'œuvre est de l'ordre du non-représentatif, mais elle est figurative.
[nous avons déjà défini ces termes dans une page sur Philippe Cognée]
Les tirs provoquent des ruissellements, souvent sanglants.
Rien à voir avec Jackson Pollock, le maître du dripping.
L'action painting, le geste incarné en peinture, le dripping viennent d'André Masson, Max Ernst, Francis Picabia, dans les années '20, '30 et '40.
[sur le corps de l'artiste incarné dans l'œuvre, on peut voir notre page sur Joyce Pensato]
Les toiles de Jackson Pollock sont construites avec une attention qui ne laisse aucune place à l'accident (comme Antoni Tàpies l'accueille, voire le recherche). En même temps, on ne peut y trouver aucune figuration. Le motif, ou le sujet, est la peinture elle-même.
Après sa rencontre avec Jean Tinguely, La The Nana fait ses Nanas.
Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Fontaine Igor Stavinsky, Paris, 1983
Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely et d'autres artistes, Cyclop, 1969-1994
Venez visiter, regardez, écoutez.
DOCUMENTS
Au cœur de la forêt de Milly se cache le Cyclop. Une sculpture monumentale, construite en secret pendant plus de 20 ans par le sculpteur suisse Jean Tinguely, sa femme Niki de Saint Phalle et plusieurs de leurs amis artistes invités à participer à cette grande aventure.
Entrepris presque clandestinement au cœur de la forêt de Fontainebleau dès 1969, Le Cyclop peut-être regardé comme une sculpture démesurée ou bien comme une architecture figurative : ce que l’on aurait appelé autrefois « une folie », en tous cas une construction unique en son genre. Jean Tinguely. Niki de Saint Phalle, Bernhard Luginbühl, Seppi Imhof, Rico Weber en ont été les bâtisseurs, bien que l’œuvre soit aussi le fruit d’autres collaborations d’artistes, invités à participer à cette grande aventure.
Le Cyclop est une tête gigantesque faite de trois cents tonnes d’acier, de milliers de miroirs, et de rouages qui tournent et s’entrechoquent. La masse de métal est adossée à un magnifique bouquet de chênes dont Jean Tinguely aimait à dire qu’il dépassait La Tête, « tel un brin de persil derrière l’oreille du gitan ». Car pour être monumental (vingt-deux mètres cinquante de haut), le Cyclop n’est pas pour autant solennel. On ne se prosterne pas devant ce singulier édifice mais on est invité à pénétrer le labyrinthe qu’il abrite : de multiples compartiments, cabinets et recoins mystérieux, desservis par un dédale d’escaliers, passerelles et plates-formes, à la rencontre des rêves des artistes, de leurs colères, de leurs éblouissements ou de ceux de leurs amis les plus chers. Ainsi, au sommet de l’édifice on trouvera un grand bassin reflétant le bleu du ciel, en hommage à Yves Klein.
Un parcours initiatique à la découverte d’œuvres de Niki de Saint Phalle, Bernhard Luginbühl, Daniel Spoerri, Eva Aeppli. Jésus Rafaël Soto, Seppi Imhof. Rico Weber, Larry Rivers, Arman, César, Jean-Pierre Raynaud. Philippe Bouveret. Pierre-Marie Lejeune. Giovanni Podesta et une collaboration du professeur Etienne-Emile Baulieu.
C’est au terme de vingt années de travail acharné que Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle ont fait don du Cyclop en 1987, à l’État français qui assure désormais sa protection et sa conservation. La famille de Menil qui possédait le terrain où Le Cyclop est implanté s’est généreusement associée à ce geste.