Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).
Itchi Go, Itchi E, une rencontre, une occasion...
A vida e arte de encontro, la vie c'est l'art des rencontres, disait Vinícius de Morães.
J'ai passé l'essentiel de ma vie à vivre et provoquer des rencontres dont les traces concrètes sont inscrites dans le label Saravah et dans quelques films ou documents. Les rêves, les utopies, les émotions fugaces ne se sont pas évaporés car je pense qu'il n'est rien d'inutile le vent souffle sur chaque mot, chaque geste sans que l'on sache jamais où il les dépose...
Les idées se propagent comme le pollen et fécondent si elles portent en elles le germe de vie.
Pierre Barouh
Quelques rencontres.
Jacques Higelin, Areski Belkacem, Brigitte Fontaine, Lewis Furey, Carole Laure, Jean-Roger Caussimon, Pierre Akendengue, David McNeil, Nicole Croisille, l'Art Ensemble of Chicago, Naná Vasconcellos...
Comme le dit Pierre, les cultures ont des racines tellement profondes qu'elles se rejoignent au centre de la planète. Les orchestres de rue japonais deviennent proches des musiques populaires brésiliennes (album L'Amitié).
Pierre (Elie) Barouh, fils d'immigrés juifs turcs est né à Levallois le 19 février 1934. Il passe ses années d'enfance et de guerre dans le bocage vendéen.
Et puis, un jour, j'ai vu le film de Marcel Carné, Les Visiteurs du soir, avec la merveilleuse chanson de Prévert, Démons et merveilles. Ça a été un choc, une révélation.
Renoir, Vigo, Prévert, Mac Orlan, Brassens, Trenet (de Levallois).
Amoureux de la samba, il part pour le Brésil, vers Caetano Veloso, Gilberto Gil, Chico Buarque.
Il les rencontre à son retour, à Paris. Baden Powell. Retour au Brésil. Vinícius de Morães, Maria Bethânia...
En 1966, il est avec Claude Lelouch pour Un homme et une femme. Chabadabada, sur une musique de Francis Lai, ce n'est pas une phrase à seule fonction phatique, c'est le cœur amoureux qui bat la chamade.
Personne n'en voulait, Francis Lai, pourtant accompagnateur d'Edith Piaf, n'était qu'un petit accordéoniste niçois, alors vint Saravah... et après, seulement, la palme à Cannes.
Ecoutez Pierre, l'histoire de Saravah.
Daltonien
L'expliquer sert à rien
Car seul peut le comprendre
Sans erreur
Un autre daltonien
Et l'on parle pour rien
Daltonien
Cela te va très bien
Toi qui ne veux dépendre
Des couleurs
Désignant les humains
A qui tendre la main
Jaune et noir rouge et blanc
Vraiment c'est étrange
Comme tout s'arrange
En les confondant
J'ose y croire c'est troublant
On change de cap
Quand un handicap
Calme nos tourments
Daltonien
Doit-on le déplorer
Ce n'est qu'héréditaire
Pas moyen
Alors de propager
Les vertus évoquées
Daltonien
Il te faudra semer
Dans le pré des chimères
Quelques grains
Attendre et espérer
On peut toujours rêver
On peut toujours rêver
Pierre Barouh a sa place parmi les musiciens du Brésil et mieux encore pour le film Saravah (1969), une heure et demie d’images et d’enregistrements rares, avec Baden Powell, Maria Bethânia, Joao da Bahiana, Pinxiginha, Paolinho da Viola. Le DVD est parfois disponible dans le commerce courant et toujours en prenant contact avec Saravah.
Le 1er décembre 2006, Pierre Barouh donnait un concert aux Herbiers, dans son théâtre, en Vendée, et concluait ainsi : je n’aime pas les choses qui ont un début et une fin, je préfère chanter une chanson de moins qu’une chanson de trop...
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[note 1]
L'exercice est périlleux, quand on ne connaît pas un mot de portugais. On s'y est risqué naguère sur un forum consacré à la bossa nova. Ce n'est pas du juxtalinéaire, ça se chante, avec des élisions là où il faut.
...Samba...
Samba c'est comme une rencontre
Samba c'est le mauvais coup reçu
Samba c'est quand tu rentres au port
Samba c'est le pardon et non l'oubli
Samba ce que disent tes mains
Samba la terre c'est pas la lune
Samba pour tous ceux qui travaillent
Samba ce qui vient de la rue
Samba au moment où tu pleures
Samba les larmes dans tes yeux
Samba n'a pas de lieu ni d'heure
Ouvre ton cœur
Et viens danser
Laisse aller laisse
Ta tristesse
Si on dansait tous la samba
Ça irait mieux va la vie va
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[note 2]