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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 00:01

 


Prison-Rouen


Le tribunal administratif de Rouen a condamné, le jeudi 3 mars, l'Etat à verser de 500 à 4.000 euros de provision à vingt-cinq détenus pour des conditions de détention "contraires à la dignité humaine".

Le tribunal a jugé en référé "contraires à la dignité inhérente à la personne humaine" les conditions de détention à la maison d'arrêt de la Bonne-Nouvelle, à Rouen.

Selon Le Monde en ligne, en date du 3 mars 2011


Banksy-No future

Banski, No future, s. d.

 

La loi du talion (pour tel crime, pareil châtiment) apparaît dans le Code d'Hammurabi, vers 1750 av. J.-C., l'un des plus anciens textes de loi qui nous soit parvenu : civil mais déclaré d'inspiration divine.

Œil pour œil, dent pour dent revient plusieurs fois dans le Pentateuque : œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, Exode, 21, 24 (trad. Bible de Jérusalem). On trouvera d'autres références dans le Lévitique, 24, le Deutéronome, 19, et, déjà, dans la Genèse, 9.


Il s'agissait d'une proposition dépassant la coutume de la vengeance sauvage qui s'exerçait auparavant sur plusieurs générations.


En France, la peine de mort a été abolie en 1981. La prison est restée. Pire que la mort si l'on en croit les enfermés de l'appel de Clairvaux, le 16 janvier 2006.


Eugène Sue, plaidant pour la fin de la mise à mort, l'avait entrevu.


En cellule ! s'écria le Squelette avec une sorte d'effroi courroucé. Ne parle pas de ça... En cellule... Tout seul !... Tiens, tais-toi... j'aimerais mieux qu'on me coupe les bras et les jambes. Tout seul, entre quatre murs !... Tout seul... sans avoir des vieux de la pègre avec qui rire !... ça ne se peut pas ! Je préfère cent fois le bagne à la centrale, parce qu'au bagne, au lieu d'être renfermé, on est dehors , on voit du monde, on va, on vient, on gaudriole avec la chiourme... Eh bien ! j'aimerais cent fois mieux être raccourci que d'être mis en cellule pendant seulement un an... Oui, ainsi, à l'heure qu'il est, je suis sûr d'être fauché, n'est-ce pas? eh bien ! on me dirait : Aimes-tu mieux un an de cellule ?... je tendrais le cou... Un an tout seul !... mais, est-ce que c'est possible?. . A quoi veulent-ils donc que l'on pense quand on est tout seul ?...

Si l'on t'y mettait de force, en cellule ?

Je n'y resterais pas... je ferais tant des pieds et des mains que je m'évaderais... dit le Squelette.

Mais si tu ne pouvais pas... si tu étais sûr de ne pas te sauver ?

Alors je tuerais le premier venu pour être guillotiné.

Mais si au lieu de condamner les escarpes à mort... on les condamnait à être en cellule pendant toute leur vie ?...

Le Squelette parut frappé de cette réflexion.

Après un moment de silence, il reprit : alors je ne sais pas ce que je ferais... je me briserais la tête contre les murs... Je me laisserais crever de faim plutôt que d'être en cellule... Comment ! tout seul... toute ma vie seul... avec moi ? sans l'espoir de me sauver ? Je vous dis que c'est pas possible...

Eugène Sue, Les Mystères de Paris, Quatrième et dernière partie, chapitre IV, La Fosse aux lions, 1842-1843

 


1. Les conditions de détention dans l'enfermement carcéral devraient être considérées comme un crime contre l'humanité.


2. La loi du talion est pérenne. Le petit délinquant, qui n'a rien compris à la vie pendant un an passé en cellule, deviendra un sauvage, à l'école de la prison.


3. La prison ne remplit pas sa mission : l'éducation ! Bien sûr, il y a des éducateurs, il y a des visiteurs, qui font ce qu'ils peuvent. Et on ne jettera pas la pierre à tous les surveillants. Mais...

ça ne marche pas. Plus il y a de prisonniers, plus il y a de prisons, puisqu'on en construit encore et encore, plus l'insécurité est sensible et réelle.


A quand l'abolition des camps retranchés de la mort ? La vie, c'est pour quand ?


Jeff Wall-The Old Prison 700

Jeff Wall, The Old Prison, 1987, Transparency in lightbox, 70 x 2285 mm, collection Jörg Johnen

Quelque chose de Titien.

 


 

DOCUMENTS

 

A ceux de l’extérieur osant affirmer que la peine de mort est abolie

Silence ! On achève bien les chevaux !...

 

Nous, les emmurés vivants à perpétuité du Centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France (dont aucun de nous ne vaut un Papon) nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous.

 

Assez d’hypocrisie ! Dès lors qu’on nous voue en réalité à une perpétuité réelle, sans aucune perspective effective de libération à l’issue de notre peine de sûreté, nous préférons encore en finir une bonne fois pour toute que de nous voir crever à petit feu, sans espoir d’aucun lendemain après bien plus de 20 années de misères absolues. A l’inverse des autres pays européens, derrière les murs gris de ses prisons indignes « la République des Lumières et des libertés » de 2006 nous torture et nous anéantit tranquillement en toute apparente légalité, « au nom du peuple Français », en nous assénant en fonction du climat social ou à la faveur d’un fait divers ou encore d’échéances électorales, mesures répressives sur mesures répressives sur le fondement du dogme en vogue du « tout sécuritaire. »... érigé en principe premier supplantant tous les autres.

 

Qu’on se rassure : de nos jours, ici, même « les mauvaises herbes ne repoussent plus. » Il n’y a que le noir et le désespoir De surenchères en surenchères : la machine à broyer l’homme a pris impitoyablement le pas.

 

A quoi servent les peines de sûreté qu’on nous inflige quand une fois leur durée dûment purgée on n’a aucun espoir de recouvrer la liberté ? (depuis l’année 2000 à la Loi Perben II de 2005, on a fait mine de s’appliquer à légiférer en instituant de nouvelles « juridictions de libération conditionnelle », seulement, comme hier le ministre de la justice, les juges d’aujourd’hui à l’oreille de l’administration nous opposent... refus sur refus, nous vouant à des durées de détention à la Lucien Léger).

 

Pourtant sur « la finalité de la peine » l’Etat français, admettant que nous avons vocation de sortir un jour, et s’inscrivant dans le cadre des recommandations du Conseil de l’Europe a posé pour principe s’étendant aux longues peines et aux (700) condamnés à perpétuité que : « L’exécution des peines privatives de liberté (...) a été conçue non seulement pour protéger la société et assurer la punition du condamné mais aussi pour favoriser l’amendement de celui-ci et préparer sa réinsertion ». En réalité : tout est au châtiment.

 

Combien d’entre nous - du moins pour ceux qui ne sont pas décédés depuis - ont déjà purgé plusieurs années au-delà même de leur peine de sûreté de 18 ans sans se voir présenter à ce jour une réelle perspective de libération ? Après de telles durées de prison tout rescapé ne peut que sortir au mieux sénile et totalement brisé. En pareil cas, qui peut vraiment se réinsérer socialement ? En fait, pour toute alternative, comme avant 1981, ne nous reste-t-il pas mieux à trouver plus rapidement dans la mort notre liberté ?

 

De surcroît, pour nous amener à nous plier à ce sort d’enterré vif, on nous a ces dernières années rajouté murs, miradors, grilles en acier et maintes autres contraintes. Le tout, pour faire taire toute velléité, assorti de « commandos » de surveillants casqués, armés et cagoulés, à l’impunité et aux dérives vainement dénoncées çà et là, dans l’indifférence générale (...n’en croyez rien : il y a ici une place pour vous et pour vos fils. C’est encore plus vrai que jamais à l’heure où l’on préfère supprimer à tour de bras dans les écoles du pays bien des postes d’instituteurs et d’éducateurs pour en lieu et place miser sur l’embauche de toujours plus de nouveaux policiers et surveillants de prison et en érigeant de nouvelles prisons et autant de QHS).

 

Aussi, parce qu’une société dite « démocratique » ne devrait pas se permettre de jouer ainsi avec la politique pénale visant à l’allongement indéfini des peines, selon la conjoncture, l’individu ou les besoins particuliers : à choisir, à notre mort lente programmée, nous demandons à l’État français, chantre des droits de l’homme et des libertés, de rétablir instamment pour nous tous la peine de mort effective.

 

Clairvaux, le 16 janvier 2006

 

Soussignés, les susnommés ci-après du mouroir de Clairvaux : Abdelhamid Hakkar, André Gennera, Bernard Lasselin, Patrick Perrochon, Milivoj Miloslavjevic, Daniel Aerts, Farid Tahir, Christian Rivière, Jean-Marie Dubois et Tadeusz Tutka

 

 



 

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