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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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29 septembre 2015 2 29 /09 /septembre /2015 00:15
Françoise Sagan, Château en Suède – et cette neige, cette neige...

Françoise Sagan, Château en Suède, Julliard, 1960

Françoise Sagan, Château en Suède – et cette neige, cette neige...

Françoise Sagan (Françoise Quoirez) est née le 21 juin 1935 à Cajarc (Lot), elle est morte le 24 septembre 2004 à Honfleur.

 

Dans un château pris par la neige, une curieuse famille demeure enfermée jusqu'au printemps. Cette année, Frédéric, un lointain cousin, est l'invité. Ce petit monde s'ennuie et passe le temps entre jeux de séduction et fantômes de la mémoire.

 

Agathe, 40 ans, sœur d'Hugo

Hugo, 40 ans, époux d’Éléonore et d'Ophélie

Éléonore, 28 ans, actuelle épouse d'Hugo

Sébastien, 30 ans, frère d’Éléonore

Ophélie, 30 ans, première femme d'Hugo

Frédéric, 25 ans, cousin éloigné d'Hugo et d'Agathe

Gunther, 60 ans, vieux serviteur

La grand-mère, mère d'Hugo et d'Agathe (impotente)

 

La première représentation (avant-première) eut lieu le 4 mars 1960, au Théâtre de l'Atelier, dans une mise en scène d'André Barsacq.

Décors et costumes : Jacques Dupont

Interprètes :

Sébastien, Claude Rich

Éléonore, Françoise Brion

Agathe, Marcelle Arnold

Hugo, Philippe Noiret

Ophélie, Huguette Hue

Gunther, Paul Barral

Frédéric, Henri Piegay

La grand-mère, Alice Frey

 

Éléonore. – Nous badinons, je crois .

Frédéric. – Je badine encore. Sérieusement, Éléonore, sérieusement, croyez-moi un instant ...

Éléonore. – Oui, oui, vous me désirez sérieusement. C'est une des rares choses sérieuses, chez les jeunes hommes riches.

Un badinage tragique.

 

Sébastien. – Vous savez, Frédéric, il va bientôt neiger.

(Il sort)

Frédéric. – Quelle est cette obsession de la neige ?

Éléonore. – Il commence à neiger ici un beau jour et cela ne cesse pas durant quatre mois. Nous sommes coupés du monde extérieur, et bien que le changement ne soit pas grand, c'est angoissant.

Frédéric. – J'adorerai être bloqué dans la neige à vos côtés.

Éléonore. – Vous avez tort.

Frédéric. – Ça m'est égal.

Éléonore. – Ah ! ne dites pas de sottises, voulez-vous ! […] J'ai eu quinze liaisons avant d'épouser Hugo, elles m'ont distraite et excédée, dans l'ordre. Tenez-vous-le pour dit. […] Et méfiez-vous de la neige.

 

Frédéric. – Vous me plaisez.

Éléonore. – Je suppose.

Frédéric. – Vous ne m'avez pas découragé, vous... et... Éléonore, vous avez raison, ça ne veut rien dire mais je t'aime.

Éléonore. – Je te retrouverai ici à deux heures cette nuit. Mais je ne t'aime pas. Ces brûlantes amours me glacent. A deux heures.

 

Quelle étrange maison..., dit Frédéric. Étrange et terrible : le temps semble immobile, éternel, immaculé comme la neige qui enchâsse le château. Il y a pourtant un « après ». Un apprêt. Enchâsser, chasser... Vivement le printemps, dit Hugo.

 

Frédéric. – Que vais-je faire ?

Sébastien. – Rester là. Attendre la fin de la neige.

 

Ophélie attend un enfant. Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille applaudit à grands cris. Un vers de Hugo, tiens tiens...

Depuis des mois, seule demeure au château la famille, dans son écrin de neige.

 

Agathe, lisant. – Ah non ! Ils exagèrent. On nous envoie encore un cousin : Eric Ettingen ! Il y a trois ans, c'était ce pauvre Gund, deux ans, ce Vladimir, l'an dernier, Christian, cet hiver, ce pauvre Frédéric... Et vous vous rappelez dans quel état on l'a retrouvé lui aussi, au coin du bois de Zema. De si petit os... Il n'y aura plus la moindre goutte de sang jeune en Suède !

Éléonore. – Et comment est-il, cet Eric Ettingen ?

 

Adultère, inceste, meurtre rituel.

Le temps passe, il revient, il n'est chaque fois ni tout à fait le même ni tout à fait un autre.

Château en Suède est une messe noire, avec son rituel chaque année, au temps de la neige.

Le génie de Françoise Sagan est dans son écriture transparente et glacée comme un cristal de neige, brûlante comme le feu du printemps qui réduit en cendres la mémoire.

 

Françoise Sagan, Château en Suède – et cette neige, cette neige...

Yueyin a eu le fin mot.

Denis a lu attentivement 'Bonjour tristesse'. Sa lecture apporte beaucoup, lisez sa chronique.

 

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15 septembre 2015 2 15 /09 /septembre /2015 00:15
Éric Chevillard, Juste ciel

Éric Chevillard, Juste ciel, Les Éditions de Minuit, 2015

Voici venue l’heure du verdict, l’heure des révélations. Albert Moindre est mort et il découvre l’au-delà, ce qu’il en est, ce qui s’y passe. Sommes-nous vengés ? Sommes-nous punis ? A quoi ressemble le Royaume des cieux ? Ce témoignage de première main apporte des réponses à nombre de nos interrogations anciennes. On le lira si ces questions nous tourmentent, pour être fixés une bonne fois.

Éric Chevillard, Juste ciel

Éric Chevillard est né le 18 juin 1964 à La Roche-sur-Yon.

 

Lorsqu'il fut mort, Albert Moindre considéra sa situation nouvelle avec perplexité.

 

Où allons-nous ?

 

Albert Moindre, la cinquantaine (comme l'auteur), vient d’être renversé par une camionnette de livraison chargée d’olives (avec les noyaux) et de dattes. Non, il ne sortait pas d'un déjeuner bien arrosé avec François Mitterrand. Il était ingénieur, affecté à la maintenance des ponts transbordeurs, et il se retrouve aux portes du paradis.

 

Puis viennent les formalités administratives. Le bureau des élucidations, le service des réclamations, et celui des rétributions. Et puis l’observatoire, d’où les trépassés peuvent observer la terre jusque dans ses moindres détails, et pour l’éternité. Ainsi Albert voit l’urne en céramique noire dans laquelle se trouvent ses cendres… ainsi qu’un noyau d’olive.

 

En somme, se dit Albert, je ne sais toujours pas s'il y a une vie après la mort.

Le Moindre est peut-être en train de rêver sa mort. Un grand roman. Dans la ligne des Éditions de Minuit.

 

Claude Debussy, Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur, 1915 – Maurice Gendron, violoncelle ; Christian Ivaldi, piano, 1967

 

- - -

 

Remerciements à Patrick Szymanek qui nous a fait connaître ce beau roman.

Éric Chevillard, Juste ciel

Patrick Szymanek, Thérèse de l'Enfant-Jésus, 2015 – chez Lou de Libellus.

 

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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 00:15
László Krasznahorkai, Sous le coup de la grâce

László Krasznahorkai, Sous le coup de la grâce, nouvelles de mort (Kegyelmi viszonyok, Magvető Kiadó, Budapest, 1986), traduit du hongrois par Marc Martin, Vagabonde, 2015

László Krasznahorkai, Sous le coup de la grâce

László Krasznahorkai est un écrivain et scénariste hongrois né à Gyula, en Hongrie, le 5 janvier 1954.

 

Je compris aussitôt que ce que j’attendais depuis si longtemps se trouvait là, à portée de main. J’étais certain en effet que le monde, qui se consumait sous l’emprise défaillante de l’amour, devait posséder un noyau vivant d’une plénitude infinie, un point nodal où toute forme de vie puisse refluer pour s’y ressourcer à l’inépuisable lumière de l’astre salvateur, tant il me semblait incontestable que lorsque, jour après jour, je me mêlais à mes semblables et inspirais, avide, le souffle de bonté qui se dégageait d’eux, la force trop souvent contenue de l’amour n’était plus, sur tous ces visages, qu’une ombre vague – le reflet d’une lointaine mais irrésistible splendeur créatrice.

Qu'il s'agisse de ressortissants pris au piège d'une attente insoutenable alors qu'ils s'apprêtent à s'exiler, de la vengeance exercée par un piégeur professionnel à l'encontre de ses concitoyens, de la fuite d'un homme en supposé danger ou des errances d'un autre ayant commis un crime « pour rien ni personne », l'irrésistible drôlerie du grand prosateur hongrois se révèle toujours aussi percutante. Mais derrière une apparente désinvolture, László Krasznahorkai interroge la nature humaine, les illusions, la perfidie, la trahison, la paranoïa, offrant ici une rhapsodie fantaisiste sous haute tension où se répercutent de l'un à l'autre de ces huit mouvements de multiples échos.

4e de couverture

 

Le dernier bateau

En mémoire de Mihály Vörösmarty

Il faisait encore nuit à l'heure du départ, et même si nous encourager de la sorte, nous le savions, était absurde et stupide, car au fond peu nous importait de partir de jour ou de nuit, nous pensions malgré tout qu'aujourd'hui encore l'aube allait poindre, le soleil se lever et la lumière se répandre, bref qu'il allait faire jour et que nous discernerions alors nos mines flétries, nos yeux cernés et injectés de sang ou, de dos, la peau fripée de nos nuques, que nous verrions l'eau redevenir étale après les remous laissés dans notre sillage et, le long des quais, les bâtisses à l'abandon qu'entrecoupaient les méandres des rues désertes encore intactes, ainsi qu'au loin, la rive en pente douce sur le point de s'effondrer. Nous étions partis de nuit...

 

Courtes nouvelles, longues phrases. Génial, tout simplement.

 

Herman le garde-chasse

La mission – quand bien même avait-il compté dessus en secret, non sans la sourde crainte d'encourir la sentence dès son départ à la retraite : on se passerait de lui désormais –, la mission l'avais en fin de compte pris de court, pour ainsi dire surpris, si bien qu'à l'instant où, sans plus de cérémonies superflues, il avait, en quelques mots simples, remercié "de leur confiance les experts en gestion de la faune sauvage" et accepté l'offre, il s'effraya presque de toucher si facilement au but, en la quasi absence d'obstacle ou d'une lutte quelconque, car loin de seulement "compter dessus" et pas juste "en secret", il en avait fait le centre névralgique de ses projets depuis la première fois où, des années plus tôt, l'idée lui était venue qu'en partant à la retraite il pourrait espérer une véritable liberté de mouvement, voire les pleins pouvoirs "nécessaires" à l'épanouissement sans entrave de son talent jusqu'ici réprimé par trop de règles, consignes ou décrets stupides.

 

Herman a passé sa vie à piéger des animaux innocents que d'autres disent nuisibles. A l'heure de la retraite, il piège les petits bourgeois, jusqu'au jour où Herman ne s'écroula dans la neige qu'à l'instant où les tireurs s'avisèrent, longtemps après les premiers tirs, que seules leurs salves maintenaient en l'air son corps criblé de trous.

 

Nous l'avons déjà dit, les traducteurs sont des écrivains, Marc Martin est un grand écrivain.

 

Dans la main du barbier

Déterminer l'ampleur du coup à asséner – car on ne pouvait tout de même pas le qualifier de professionnel –, évaluer la force de frappe requise pour ne pas devoir s'y reprendre à deux fois, puis, à l'instant décisif...

László Krasznahorkai, Sous le coup de la grâce

Un trouble profond de l'écriture.

Il venait de comprendre qu'écouter la radio ne lui donnait pas, non, non, à goûter "la douceur de la liberté", mais ne lui servait que de dérivatif à "sa solitude irrémédiable" et au sentiment si douloureux que "lui, personne ne l'avait aimé".

László Krasznahorkai, Sous le coup de la grâce

« La grâce a du succès.

Dans les petites choses il est avantageux d’entreprendre une action. »

Yi King, hexagramme 22

 

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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 00:15
Jean-Claude Pirotte, Portrait craché – un silence habité

Jean Claude Pirotte, Portrait craché, le cherche midi, 2014

 

« La paralysie faciale a déformé ses traits. Pour parler de lui, il convient de trouver un ton objectif, ce qui n'est pas si facile. Il est sourd de l'oreille gauche, le préciser est déjà entrer en lui comme par effraction. Il n'est plus jeune, loin s'en faut, et son esprit commence à vagabonder. »

 

Ni plainte ni complainte dans ce roman cru et nu où l'auteur fait corps avec son personnage pour tenir une chronique où le scalpel de l'humour noir découpe à vif humeurs et tumeurs. Les mots contre les maux. « Les livres sont des analgésiques », écrit Jean-Claude Pirotte. Ils survivront à cette humanité moribonde où le silence et la mort sont siamois. La littérature comme remède. Les ouvrages des écrivains qu'il aime – sa famille élective – font rempart autour de lui. L'écrivain plonge en eux pour revenir à la source, à l'orgueil de finir debout.

Jean-Claude Pirotte, Portrait craché – un silence habité

Jean-Claude Pirotte, à Montolieu, photo : Christine Chaton

 

Jean-Claude Pirotte est né à Namur le 20 octobre 1939.

Études en lettres et en droit. Avocat de 1964 à 1975. Exclu du barreau pour un délit qu'il nie avoir commis (une aide à la tentative d'évasion d'un de ses clients). Condamné. Vagabond en cavale. Se consacre dès lors à la littérature et à la poésie, et publie une cinquantaine de livres, des articles, des poèmes. Peintre, également.

Sylvie Doizelet, Jean-Claude Pirotte, Chemin de croix, La Table Ronde, 2004

Admirateur d'André Dhôtel, de Georges Bernanos, de Guido Gezelle, de Frederik van Eeden, de Georges Rodenbach, de Jacques Chardonne.

Il est mort.

 

Jean-Claude Pirotte cultive ses tumeurs depuis trente ans. Il a perdu un rein, ses boyaux, sa figure. A la longue, il s'est lié à ses oncologues.

Tout à l'heure, quand le soleil sera au zénith, je me coucherai et j'attendrai, comprenant que la vie n'est qu'une longue attente de rien.

Il y a la douleur. Et la lecture prend le pas sur la douleur, on dirait presque qu'elle la maîtrise, sans cesser de l'évoquer par un silence habité. La littérature, que le monde aujourd'hui méprise, est la seule sauvegarde. Il suffit de quelques lignes souveraines et modestes, et le ciel change de couleur.

 

Les enfants dans le parc commencent à hurler. Se souvient-il d'une enfance que dominaient les hurlements ? Non, l'enfance était méditative, et d'une liberté intérieure qui semble aujourd'hui bien oubliée.

 

La douleur circule. Ne l'a-t-il pas cherchée ? Le suicide individuel ou collectif est à la mode. Du fanatique à ses commanditaires, les financiers, les agioteurs, les politiciens.

 

La sagesse des nations s'est égarée dans le labyrinthe du progrès, ce monstre au faciès branlant.

[…]

Les songes de démocratie n'étaient, ne sont encore, plus que jamais, que des songes creux dans l'esprit des gouvernants élus grâce à l'aveuglement, ou la dérision, des peuples déboussolés.

 

D'un mince ouvrage de Julien Gracq, dont il ne s'est jamais séparé […], il aime à recopier la première phrase : « La France, qui s'est si longtemps méfiée du billet de banque, est en littérature le pays d'élection des valeurs fiduciaires. » Rien n'a changé, se dit-il, au contraire ça va de mal en pis.

 

La mort vient : le silence éternel des espaces infinis.

 

Le silence enfin, la musique, comme un silence habité.

 

John Cage, 4' 33", 1952

 

Un hymne à la littérature, nous dit Des Pas Perdus.

Jean-Claude Pirotte, Portrait craché – un silence habité

C'est la rentrée ! Revenons aux affaires dans l'euphorie et la bonne tumeur ! Viva la muerte !

 

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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 00:15

Un dernier bain, une dernière sieste.

L'été à la plage – Ryanne Corey, Une douce méprise

Ryanne Corey, Une douce méprise (Leather and Lace, 1991), traduction française de Véronique Dumont, Harlequin, 1992

 

Il n'y avait que deux bonnes raisons de faire étape à Ticaboo, en Arizona : le rôti braisé du Bird's Café et Isabelle, la belle serveuse rousse.

L'été à la plage – Ryanne Corey, Une douce méprise

Brody Walker would care for both.

 

La chambre, appelée « suite », est nulle : pas de serrure à la porte, pas de télévision et l'ampoule qui se pend au plafond est grillée.

 

Qu'importe ! Brody, un démon aux yeux bleus, bourreau des cœurs et deux côtes fêlées dans un rodéo (il a son ranch au Wyoming), adore danser avec Isabelle.

Tiens ! La jolie rousse l'attend dans son lit. Elle s'est mise en dentelles. Curieux. Et si... la porte ne fermant pas, une autre s'était méprise ?

 

Vous connaissez maintenant le scénario.

 

A ton avis, demanda-t-elle d'un ton désinvolte, où mène cette porte ?

Que dirais-tu d'aller voir ?

L'été à la plage – Ryanne Corey, Une douce méprise

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23 août 2015 7 23 /08 /août /2015 00:15

Laissez le casino, il y a d'autres jeux.

L'été à la plage – Lass Small, Bien plus qu'un jeu

Lass Small, Bien plus qu'un jeu (Four dollars and fifty-one cents, 1991), traduction française de Diana Whitney, Harlequin, 1992

 

Tabby consulta la pendule qui surplombait la porte du restaurant. Elle eut un geste d'impatience.

Il faut en trouver un cinquième, déclara-t-elle.

[…]

Que diriez-vous de Junior ? demanda soudain Silthy.

 

Il s'agit d'un jeu d'enchères... sur des hommes, jeunes, beaux et tout. Un tournoi. C'est pour une bonne œuvre.

Junior, 27 ans, musclé, sérieux – voire réservé, c'est là qu'est l'hic. Jane, 24 ans, petite et mince, de grands yeux et de très longs cils – « longs comme des pattes de sauterelles », disait Junior quand ils étaient enfants –, est sa voisine. Saura-t-elle vaincre sa réserve et le persuader de s'exhiber – pour une bonne œuvre ?

 

La lune était juste au-dessus de l'horizon, ronde et pleine comme un disque d'or. C'était le début de l'été. L'air était doux et embaumé par les buissons de fleurs odorantes.

 

Il s'agit de pure poésie.

 

Jane a toutes les qualités : bien faite et, surtout, raisonnable, elle serait une bonne épouse et une bonne mère ; elle avait travaillé dans un centre d'enfants en difficulté, comme bénévole ; elle savait coudre et faire la cuisine.

Junior a pour lui ses yeux, sa bouche, ses épaules, sa virilité...

 

Encore cent-vingt pages, tout ça pour...

 

Oh ! Junior...

Elle ferma les yeux.

Ils s'embrassèrent longtemps, tendrement.

J'aime que tu sois près de moi, lui dit-elle à la fin. Tout près. On va s'aimer toute la vie, dis ? Ne me quitte plus jamais.

Je te le promets, Bouton d'or [« Buttercup »] !

 

Ouf !

 

Mike d'Abo, Tony Macaulay, Build Me Up Buttercup, int. Colin Young avec The Foundations, 1968

 

Why do you build me up (build me up) buttercup, baby

Just to let me down (let me down) and mess me around

And then worst of all (worst of all) you never call, baby

When you say you will (say you will) but I love you still

I need you (I need you) more than anyone, darlin'

You know that I have from the start

So build me up (build me up) buttercup, don't break my heart

 

"I'll be over at ten", you told me time and again

But you're late, I wait around and then (bah-dah-dah)

I went to the door, I can't take any more

It's not you, you let me down again

 

(Hey, hey, hey!) baby, baby, try to find

(Hey, hey, hey!) a little time and I'll make you mine

(Hey, hey, hey!) I'll be home

I'll be beside the phone waiting for you

Ooo-oo-ooo, ooo-oo-ooo

 

Why do you build me up (build me up) buttercup, baby

Just to let me down (let me down) and mess me around

And then worst of all (worst of all) you never call, baby

When you say you will (say you will) but I love you still

I need you (I need you) more than anyone, darlin'

You know that I have from the start

So build me up (build me up) Buttercup, don't break my heart

 

You were my toy but I could be the boy you adore

If you'd just let me know (bah-dah-dah)

Although you're untrue, I'm attracted to you all the more

Why do I need you so

 

(Hey, hey, hey!) baby, baby, try to find

(Hey, hey, hey!) a little time and I'll make you mine

(Hey, hey, hey!) I'll be home

I'll be beside the phone waiting for you

Ooo-oo-ooo, ooo-oo-ooo

 

Why do you build me up (build me up) buttercup, baby

Just to let me down (let me down) and mess me around

And then worst of all (worst of all) you never call, baby

When you say you will (say you will) but I love you still

I need you (I need you) more than anyone, darlin'

You know that I have from the start

So build me up (build me up) buttercup, don't break my heart

 

I-I-I need you-oo-oo more than anyone, baby

You know that I have from the start

So build me up (build me up) buttercup, don't break my heart

 

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15 août 2015 6 15 /08 /août /2015 00:15

Ça baigne, ça bronze ? Attention aux méduses ! – Hé, Valentine ! Viens m'aider !

L'été à la plage – Jennifer Greene, Le chevalier du ciel

Jennifer Greene, Le chevalier du ciel (It had to be you, 1992), traduction française de Henriette Tullis, Harlequin, 1993

 

Val, une petite rousse aux yeux dorés, à la bouche tendre et parfumée, s'est engagée dans la Croix-Rouge au secours des réfugiés de la guerre du Golfe. Tout comme Sam aux yeux perçants (ce regard inquisiteur qui la troublait tant).

 

La dernière chose dont elle avait besoin, c'était d'une histoire d'amour !

 

Pendant de longues secondes, il n'y eut plus que Sam, dont les lèvres, chaudes, caressantes, exigeantes, prenaient possession de sa bouche avec l'insolence d'un voyou et une autorité toute masculine.

 

A l'Orient, les secondes durent des siècles, et l'autorité masculine assure.

 

Quand tout cela sera fini, quand nous serons rentrés au pays, je te retrouverai, Valentine.

 

Comment ? Val ne laisse pas d'adresse au pays.

 

Sam retrouve sa trace, il atterrit sur le petit aérodrome de Chekapee, en Floride – oui, il dirige une entreprise de transport aérien, comme tout le monde. Il loue une voiture, la plus rapide (il est pressé), une Mustang (faut un minimum).

 

Et ça finit comme toujours.

 

Je veux passer ma vie avec toi, Sam.

Sais-tu... Sais-tu au moins à quel point je t'aime ?

Oui...

 

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9 août 2015 7 09 /08 /août /2015 04:15

Pour suivre l'actualité, cliquez ICI. La page en lien est régulièrement modifiée.

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7 août 2015 5 07 /08 /août /2015 00:15

La collection Rouge Passion, Harlequin, est de saison. En juillet-août, les blogs sont désertés, comme Paris, pour les bords de mer. Partons pour la plage avec de belles et courtes chroniques annoncées.

L'été à la plage – Ariel Berk, Les hauts de Glenville

Ariel Berk, Les hauts de Glenville (Teacher's Pet, 1985), traduction française de Catherine Berthet, Harlequin, 1993

 

Courtes chroniques ? Ces ouvrages majeurs de la littérature mériteraient des commentaires mot à mot.

 

Relisons Ariel Berk, Les hauts de Glenville.

 

Ça commence ainsi :

« Mon chéri ! Quelle surprise !

Êtes-vous libre pour déjeuner, ma chérie ? »

Et ça finit par :

Et au moment où ils franchissaient, ensemble, le seuil de la maison, main dans la main, yeux dans les yeux, personne n'aurait pu se douter etc.

 

Vous lisez : Oh, c'est une happy end comme on en trouve à la fin de tous ces petits romans à l'eau de rose. Erreur ! vous n'avez pas lu : c'est le commencement d'un drame.

 

Reprenons.

 

Ils vont main dans la main, ensemble : c'est plus pratique d'être ensemble quand on marche main dans la main – à moins d'avoir le bras long.

 

Ils franchissent le seuil de la maison : il y a un seuil, un écueil. Main dans la main : vous voyez ? Il n'est pas écrit : ils entrent main dans la main par le vaste portail du château. Vous avez une maison ? La porte de votre appartement fera l'affaire. Si vous cherchez à entrer avec votre chérie (ou chéri – on ne reprendra pas la variante féminin-masculin), ensemble, main dans la main, l'un des deux va se fracasser contre le mur – en général, une porte est entourée d'un mur : fracture du crâne, six mois d'hôpital, un an de rééducation pour les séquelles – votre chérie est rétablie, complètement, elle est tombée amoureuse du kinésithérapeute, ils vont se marier, elle est venue vous l'annoncer... mais n'anticipons pas.

 

Les yeux dans les yeux ? Même sans le seuil, si vous vous promenez avec votre chérie en la regardant dans les yeux, vous allez trébucher. Avec l'écueil, vous vous affalez sur le carrelage de l'entrée : trois ans dans le coma.

« Mon chéri ! Quelle surprise ! Tu es réveillé ! En forme ? Es-tu libre pour le banquet ?

– Jeee suiiis à la noooce. »

Ces derniers mots, pleins de joie et d'espoir, ont été mâchouillés sur un ton qui tient autant à l'amertume du cœur qu'à la crampe faciale. Il n'y a pas d'amour heureux.

 

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3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 00:15

L'été, à la plage, certains relisent Proust qu'ils n'ont pas encore lu une seule fois. D'autres se plongent dans Harlequin, les fondamentaux, quoi !

L'été à la plage – Cathryn Clare, La loi de la passion

Cathryn Clare, La loi de la passion (Blind Justice, 1989), traduction française de Anouk, Harlequin, 1993

 

J'étais pressée. Cet après-midi je déménage pour m'installer avec mon amie Sarah dans une petite ville proche de Boston. J'en avais assez de la grande ville et j'ai trouvé un boulot pas franchement passionnant mais reposant : une importante société d'assurance cherchait son avocat, et je suis avocate.

 

Pressée, mais toujours charitable, je cherche à aider une vieille dame, aveugle de surcroît, à traverser l'avenue, elle se rebiffe, grincheuse, elle n'a besoin de personne, et nous nous retrouvons au milieu de la trois voies quand les voitures démarrent du feu tricolore. Je pousse ma dame vers le trottoir, elle trébuche... un horrible crissement de pneus... elle est étendue sous le pare-choc d'une jeep, très belle, flambant neuve.

 

Le conducteur, un homme pressé, descend, très agressif – j'aurais poussé la dame –, et... hmm... très bel homme. Et avocat lui aussi. J'en suis toute frémissante. Que va-t-il se passer dans les cent trente pages qui suivent ?

 

On va "conclure", et puis on va se marier, comme tout le monde. Tout le monde est pressé, tout le monde est riche, jeune, beau et intelligent.

 

La vieille dame va bien, elle n'en était pas à son coup d'essai, elle est connue de tout le quartier et des services de police, elle est invitée à la noce.

 

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