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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 00:01

 

Gérard Morel, La fille du bourreau

Gérard Morel, La fille du bourreau, Nous Deux, 123 pages, 2014

 

GMsans

Gérard Morel, né à Damville, Haute-Normandie, le 15 Avril 1965, est un écrivain et un magistrat.

 

A Venise en ce début du 18e siècle, la tradition imposait au doge de célébrer chaque année ses noces avec la mer, en s'embarquant sur un navire décoré avec faste pour jeter au milieu des eaux un anneau d'or. Les festivités qui s'ensuivaient étaient presque aussi joyeuses que celles du carnaval.

 

Cette année-là, en ce début du XVIIIe siècle, à Venise, le doge tombe à l'eau.

 

Bien sûr, tous les marins présents rivalisèrent pour plonger en premier et avoir l'honneur de ramener le doge sur le quai, et les festivités auraient dû se poursuivre sans encombre. Mais Giovanni Cornaro était farouchement superstitieux, comme la plupart des Vénitiens de son époque.

 

Mauvais augure.

 

Heureusement, son médecin traitant, le docteur Tolomei, veille.

 

Francesco Guardi, Santa Maria del Giglio, Venise, 1678-1681

 

En ce début de l'été 1722, le crépuscule commençait à assombrir Venise lorsque Lucrezia Focardi sortit du palais de son père pour aller assister à la dernière messe que donnait le curé de l'église Santa Maria del Giglio.

 

La belle Lucrezia est la fille du bourreau. Personne ne songerait à épouser la fille du bourreau. La plupart des Vénitiens de son époque sont farouchement superstitieux. Aussi, elle vit avec son père, dans son palais – le malheur des uns fait la fortune des autres : maître Focardi est riche –, en la compagnie de Catarina, la vieille servante.

 

Certes, le neveu du cardinal Lambergallo, Lafcadio Lambergallo, un ami d'enfance, resté boiteux après un accident mais plein de délicatesse, est amoureux d'elle. Il lui a demandé sa main. Elle a refusé. Elle l'aime trop. On n'épouse pas un ami d'enfance que l'on ne saurait contenter.

 

Près de l'église, Lucrezia rencontre Rosaria Avversano, la mendiante. La miséreuse, ordinairement si gentille, est pleine de colère, de hargne, de détresse.

 

Son fils Attilio est en prison. Il a été dénoncé par une lettre anonyme pour un prétendu complot. Demain, il sera torturé par maître Focardi.

 

Palais des Doges, bouche de lion

Dénonciations secrètes contre quiconque dissimule faveurs et services ou bien cherche à cacher ses vrais revenus.

 

[...] une tête de lion avait été sculptée à l'entrée du palais. Elle servait de tronc des dénonciations. Dans la gueule ouverte du fauve, n'importe quel anonyme pouvait révéler l'existence d'un crime ou d'un complot qu'il aurait surpris.

 

Lucrezia, émue par la souffrance de Rosaria, promet de prier son père de torturer Attilio avec douceur.

[…] si Attilio persiste à se déclarer innocent, je ne lui extorquerais pas d'aveux sous la souffrance, promet le père.

Attilio, ignorant la promesse de cette clémence et torturé par la détresse, échappe à ses geôliers et se noie.

 

Le jeune Tiberio Tolomei, le fils du médecin attitré du doge de Venise – celui qui est tombé à l'eau –, est un débauché. Il se ruine régulièrement au jeu dans un tripot à l'enseigne des Trois As de Cœur.

Seule solution : épouser la fille du bourreau et sa dot – sans avoir d'enfants, évidemment.

Dès que je l'aurai épousée, je l'installerai dans l'une des maisons que le doge a offerte à mon père et qui se trouve sur la route de Mestre.

Lucrezia refuse la demande. Son père s'inquiète : n'est-elle pas malheureuse en ce palais ?

Mais, balbutia Lucrezia, je ne me suis jamais plaint de vous.

 

Le désespoir point au crépuscule et notre cœur chavire.

Jamais je n'épouserai cet homme, répéta-t-elle obstinément.

Lucrezia se sentait prête à tout pour préserver sa liberté.

 

Charmante, mais obstinée.

 

Lafcadio, l'ami d'enfance, lui propose un mariage blanc : jusqu'à ce que tu décides toi-même, en femme libre, à me rejoindre dans ma chambre.

Non, répondit fermement Lucrezia. Je ne puis accepter un tel sacrifice.

 

Charmante, ferme, mais libre.

 

Lucrezia a un plan.

 

Il consistait à se marier au plus vite avec l'un des condamnés à mort qui attendait d'être exécuté par son père.

 

Palais des Doges, Prison, Pont des soupirs

 

Lucrezia vient à la prison, elle gagne la confiance des geôliers, elle apporte un message de réconciliation à un condamné. Lequel choisir ? Vittorio Visconti, condamné pour le meurtre d'un notable, hurle qu'il est innocent – un fou furieux.

Sur un signe du maître des prisons, Giacomo vint s'incliner respectueusement devant la jeune fille avant de la prier de la suivre dans les couloirs sombres et humides des « plombs » de Venise.

De nos jours, les « plombs » sont en haut, les geôles sont en bas. Il arrive que l'histoire s'inverse. Les « plombs » sont des cellules anciennes, situées sous le toit du palais des Doges. Le sol est vraiment revêtu de plomb, et, en été, la température dépasse 50°. Au XVIIIe siècle, l'enfermement se tenait dans la prison construite plus récemment à côté du palais. Pour passer de la salle des aveux et condamnations à la geôle, on empruntait le pont des « soupirs ». Le couloir de la mort, situé au niveau du canal, était froid, humide, parfois inondé.

 

Elle eut une pensée émue pour son père, qui avait tenté de la protéger de son mieux en ne décrivant jamais l'horreur des bas-fonds où il exerçait son rude métier de bourreau.

 

Que d'émotion ! Quel rude métier – il s'exerçait dans le palais, à un étage tempéré, mais quel métier ! Il n'y a pas de sot métier.

 

Vittorio est un jeune homme charmant, élégant, de belles manières. Lucrezia négocie, ferme, libre, et charmante.

Vittorio aurait poignardé Corrado Candiano, qui était un armateur honorable.

Vittorio souffre d'être ainsi déshonoré.

J'aurais donc pu mourir le front haut, si l'on m'avait accusé d'un crime que j'auais choisi de commettre en toute lucidité, avec la volonté d'éclairer les hommes ou de faire avancer leurs idées.

 

Avançons.

 

Lucrezia est sous le charme, Vittorio est éperdu, ils s'aiment.

Comment le sauver ?

 

Lucrezia a un plan.

 

Elle revient avec le père Francesco, de Santa Maria del Giglio, et le père Angelico, le témoin.

 

Elle ne regardait que lui, et à l'instant où leurs regards se croisèrent, étincela dans leurs yeux un bonheur qui ne devaient rien à la fierté.

[...]

Le père Francesco les déclara unis pour la vie, devant Dieu et devant les hommes.

La vie est trop courte. Et Dieu, dans tout ça ?

 

Le jeune Tiberio Tolomei, le fils du médecin attitré du doge de Venise, s'accroche.

Je vous posséderai, vous et les trésors de votre père !

Il aurait sans doute poursuivi ses menaces et ses insultes, si Lucrezia, ivre de colère, n'avait pas renversé un chandelier avant de sortir en claquant la porte.

Quand elles renversent un chandelier, c'est qu'elles sont fâchées.

 

Comment tout cela va-t-il finir ? Le suspense est insoutenable.

 

Seule solution : qu'elle évite à Vittorio d'être exécuté  parvenir jusqu'à la vérité.

 

Lucrezia a un plan.

 

Voir la famille de Corrado Candiano pour découvrir le coupable. Bianca Candiano, la jeune veuve éplorée, est innocente. Et la mendiante, cette femme meurtrie à jamais par un sort funeste ?

Peu m'importe le sort des Vénitiens, maintenant que mon fils est mort, persifla la mendiante.

« I shit on Venice. »

On la retrouve noyée dans le canal, tout près de sa maison.

 

Allons voir la fiancée d'Attilio, Minella Mascalda. La jeune marchande de poissons de la place des Schiavoni.

Ça sent le hareng.

 

Plus que trois jours.

 

Trois jours d'une enquête haletante au terme de laquelle le coupable est démasqué. Ettore, le propre frère du poignardé, a tenu le poignard, on ne saura jamais pourquoi. Dans la prison, Bianca, la jeune veuve éplorée, le poignarde, puis retourne l'arme contre elle.

 

Lucrezia et Vittorio Visconti étaient unis pour la vie, devant Dieu et devant les hommes.

 

Ils vécurent heureux et firent bientôt baptiser leur premier fils, sous le regard ému du bourreau de Venise.

 

Que d'émotion !

 

Un roman social, d'une actualité au fer rouge. Un récit rythmé par le retour des mêmes phrases, des mêmes séquences. Une belle histoire.

 

Et si... et si, sous des atours badins, ce roman posait la grande question, la question extraordinaire, la question métaphysique ?

Si Lucrezia, la fille du bourreau, en est réduite à l'extrémité d'un condamné, n'en est-il pas de même, tous les jours, de la fille du crémier d’en face, de la fille de l'épicier du bas de la côte, de l'institutrice blonde ?

Ne sont-elles pas contraintes par un sort funeste à épouser toujours un condamné à mort ?

Marie de Magdala, elle-même...

 

 

La Laitière, musique : Rue Socrate et Xavier Jamaux, 2011

 

* * *

 

Gérard Morel

 

Le 20 janvier 2014, Gérard Morel est venu partager ses « confidences interdites », au cinéma Le Viking, Le Neubourg, dans l'Eure, son pays natal.

 

Depuis 1994, chaque semaine, il a fait paraître une nouvelle historique ou policière dans la presse féminine : Nous Deux, Côté Femme, France Dimanche, Maxi, Hitchcock Magazine, etc.

Il a publié une douzaine de romans, historiques ou policiers, et deux études sur Maurice Leblanc, écrivain normand, créateur du personnage d'Arsène Lupin.

 

Parallèlement à sa carrière de juriste, Gérard Morel a été, pendant quinze ans, « nègre » dans l’édition. Il a écrit environ onze livres chaque année, des écrits notamment sous la forme de mémoires pour le compte de personnalités du show-business. Il a également rédigé de nombreux romans historiques ou politiques, dont quatorze romans concernant des personnages qui ont voulu s’assumer en marge de leur époque.

 

« Le nègre est plus proche du comédien que de l’écrivain. »

 

Gérard Morel écrit « les souvenirs de gens du spectacle : comédiens, actrices, chanteuses ou… hommes politiques. »

Le Courrier de l'Eure, Jean-Paul Adam, 15 et 20 janvier 2014

(les citations entre guillemets sont des propos de Gérard Morel)

 

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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 00:01

 

Electro-show

 

 

Enhancer, Electrochoc, 2006

 

« Tu as encore oublié de refermer le tube de dentifrice », je lui lance gentiment.

Elle me balance la brosse dans les gencives. Je me traîne à ses pieds, menus et fort mignons.

 

Le mois dernier, elle avait flingué la chaudière au shampoing. Elle était partie se laver la tête, un caprice, en me laissant la vaisselle.

Bien. Ça moussait à droite, mais, à gauche, c'était de plus en plus tiède. Parce que je lui avait offert le double bac – elle n'a pas vu l'ironie –, en vue d'éveiller une vocation hibernante. Le PALMOBA avec l'option mitigeur, classe VIP. Raté. Elle préférait la trempette, elle soignait les couettes qui nappaient son intersidéral.

« Y a plus d'eau chaude ! elle piaillait. »

Je rinçais dans un jus presque froid.

 

Foutue. Une tubulaire Berendorff d'époque, autant dire neuve, une affaire, comme m'avait dit la brocante.

 

J'ai fait venir un artisan, un vieux, avec l'expérience. Il a vu, il était sur le cul.

« En cinquante ans de métier, j'ai jamais vu ça. Une Berendorff ! Increvable ! »

Il avait l'ouïe.

« Y a comme un cliquetis.

Les culbuteurs ? j'ai risqué.

Elle est foutue. »

 

Blanchi sous le fer à souder, pépé, mais pessimiste. J'ai changé le DELCO, ça vient toujours du DELCO, et ça ronronne.

 

Déjà, aux noces, elle avait réussi à démâter la pièce montée, un fier esquif, tout meringue et sucre filé, pour la vie.

La vie est trop courte.

 

L'affaire du tube... Elle était fâchée, je l'ai su le soir. Pour me faire pardonner, le lendemain, je lui fais une surprise, un épilateur zones sensibles – elle n'a pas vu l'ironie. J'ai un peu bidouillé le machin à piles. L'électricité, ça me connaît, j'ai fait mon service dans la fanfare.

 

« Karina, ma douce, regarde ! »

Elle a eu comme un air ecstasique, limite orgasme.

 

Une chaudière, un trois-mâts, c'est rien. Le dentif, c'est sacré. Elle m'a tendu la main.

 

Elle était dans son bain.

Douze euros, une affaire !

Et puis le design !

 

C'était bien la première fois qu'elle faisait des étincelles.

 

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27 janvier 2014 1 27 /01 /janvier /2014 00:01

 

John Le Carré, Une vérité si délicate

John Le Carré, Une vérité si délicate (A delicate truth), traduit de l'anglais par Isabelle Perrin, Seuil, 2013

 

John Le Carré

John Le Carré, 2013

 

 

Une opération secrète à Gibraltar. Un commando de l’armée britannique est associé à une bande de mercenaires américains pour s'emparer d'un djihadiste impliqué dans un trafic d'armes. Des victimes collatérales. On étouffe. Les témoins gênants, on peut les acheter ou les éliminer.

John le Carré parle de la mondialisation du renseignement au prétexte d'une lutte entre chrétienté et islam.

 

En exergue

 

Nul hiver ne saurait contrarier la vigueur du printemps.

John Donne

Quand on dit la vérité, on est sûr, tôt ou tard, d'être découvert.

Oscar Wilde

 

Incipit

 

« Au deuxième étage d'un hôtel sans caractère de cette colonie de la Couronne britannique qu'est Gibraltar, un quinquagénaire au corps délié faisait les cent pas dans sa chambre. Ses traits typiquement anglais, harmonieux et respirant l'honorabilité, laissaient néanmoins deviner un tempérament coléreux poussé à la limite de son endurance. Quelque universitaire angoissé, aurait-on pu penser en observant la voussure et le pas élastique du lettré, ainsi que la mèche vagabonde poivre et sel qu'il devait sans cesse discipliner d'un petit revers de son poignet anguleux. Rares sont ceux qui auraient pu soupçonner, si débordante que soit leur imagination, qu'il s'agissait d'un cadre moyen de la fonction publique britannique arraché à son poste dans l'un des services les plus prosaïques du Foreign Office, ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth de Sa Majesté, pour aller accomplir une mission top secret et hautement sensible.

Son prénom d'emprunt, comme il s'obligeait à se le répéter, parfois même à voix haute, était Paul, et son nom de famille, pourtant facile à retenir, Anderson. Quand il allumait la télévision, l'écran affichait Bienvenue, Monsieur Paul Anderson. Quel meilleur prélude à votre repas qu 'un apéritif offert par la maison à la Cambuse de lord Nelson ! Le point d'exclamation en lieu et place du point d'interrogation requis horripilait le puriste en lui. Il n'avait pas quitté le peignoir en éponge blanc de l'hôtel depuis le début de son incarcération, sauf lorsqu'il avait en vain essayé de dormir et l'unique fois où il était monté en douce à une heure peu catholique pour manger seul dans la brasserie sur le toit-terrasse que balayaient les effluves de chlore venus de la piscine sise au troisième étage de l'immeuble d'en face. Comme beaucoup d'autres choses dans cette chambre, le peignoir, trop court pour ses longues jambes, empestait le tabac froid et le parfum d'ambiance à la lavande.

Tout en arpentant la pièce, il s'entêtait à extérioriser ses sentiments sans la retenue de rigueur dans sa vie professionnelle, ses traits crispés exprimant une perplexité sincère, puis, l'instant d'après, dans le miroir en pied vissé sur le papier peint écossais, un air furibond. De temps en temps, il se parlait tout seul pour se défouler ou s'encourager. À voix haute, là encore ? Quelle différence, quand on était bouclé dans une chambre vide sans personne pour vous écouter hormis une photo colonisée de notre chère jeune souveraine chevauchant un alezan ?

Sur une table en formica gisaient les restes d'un club-sandwich qui avait chèrement vendu sa peau et une bouteille entamée de Coca-Cola tiède. Bien qu'il lui en coûtât, il ne s'était pas autorisé une goutte d'alcool depuis qu'il avait pris possession de la chambre. Le lit assez grand pour six, qu'il avait appris à abhorrer plus qu'aucun autre auparavant tant son dos le faisait souffrir dès qu'il s'étendait dessus, s'ornait d'une courtepointe imitation soie d'un cramoisi éclatant, sur laquelle reposait un téléphone portable d'apparence anodine dont on lui avait garanti qu'il répondait aux normes de cryptage les plus strictes, ce qu'il ne pouvait guère mettre en doute malgré sa confiance limitée en ces choses-là. Chaque fois qu'il passait devant, il lui adressait un regard lourd de reproche, d'impatience et d'agacement.

Paul, j'ai le regret de vous informer que vous serez tenu au secret durant toute la mission, en dehors des communications d'ordre opérationnel, le prévient laborieusement la voix sud-africaine d'Elliot, son commandant en chef autoproclamé. Si votre charmante famille devait affronter en votre absence quelque crise malheureuse, qu 'elle fasse part de ses ennuis à l'assistante sociale de votre service, qui transmettra. Me suis-je bien fait comprendre, Paul ? »

 

Le point d'exclamation en lieu et place du point d'interrogation requis horripilait le puriste en lui.

 

C'est un roman qui parle de l'identité.

Paul Anderson n'existe pas. Au moins sous ce nom. C'est un paisible bureaucrate, un homme ordinaire.

Un homme sans qualités, une suite ordinaire au deuxième étage d'un hôtel sans caractère. Sur une table en formica gisaient les restes d'un club-sandwich qui avait chèrement vendu sa peau et une bouteille entamée de Coca-Cola tiède. Banal. Et la vérité ? Si délicate...

 

Un extrait long en incipit, pour l'écriture, indissociable de l'écrit – l'énoncé.

 

Revenons à Caryl Férey. Qu'est-ce que l'usurpation ? En quoi Lou n'est-il qu'un conteur ?

 

Qu'est-ce que la littérature ? Comment repérer le littéraire ?

 

Longtemps, je me suis couché de bonne heure, c'est de la littérature. La marquise sortit à cinq heures, non.

 

Les marchands d'armes sont des criminels contre l'humanité, non. Au deuxième étage d'un hôtel sans caractère, oui.

 

Où est le vrai, où est le faux ?

 

Lou de Libellus n'est qu'un conteur.

 

_ _ _

 

Doit-on le dire ?

L'écriture académique, et vivante, de John Le Carré, dans une excellente traduction, accompagne très bien des scènes d'action, des courses-poursuites.

 

John Le Carré est grand, Isabelle Perrin est son prophète.

 

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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 00:01

 

 

Antonio Vivaldi, Sonata N° 12 In D Minor, Op. 1, La Follia, Adagio – Tema con 19 variazioni, Il Giardino Armonico, Teldec, 2013

 

Paul Morand, Venises, 1971

Paul Morand, Venises, Gallimard, 1971

 

Paul Morand, 1970 357

Paul Morand, 1970

 

Toute existence est une lettre postée anonymement ; la mienne porte trois cachets : Paris, Londres, Venise ; le sort m'y fixa, souvent à mon insu, mais certes pas à la légère.

Venise résume dans son espace contraint ma durée sur terre, située elle aussi au milieu du vide, entre les eaux fœtales et celles du Styx.

 

Emanuele Brugnoli (1859-1944), Piazza San Marco

Emanuele Brugnoli (1859-1944), Piazza San Marco

 

Je me sens décharmé de toute la planète, sauf de Venise, sauf de Saint-Marc, mosquée dont le pavement déclive et boursouflé ressemble à des tapis de prière juxtaposés ; Saint-Marc, je l'ai toujours connu, grâce à une aquarelle pendue au mur de ma chambre d'enfant : un grand lavis peint par mon père, vers 1880 – bistre, sépia, encre de Chine –, d'un romantisme tardif, où le rouge des lampes d'autel troue les voûtes d'ombre dorée, où le couchant vient éclairer une chaire enturbannée. De mon père, je possède aussi une petite huile, une vue de la Salute par temps gris, d'une rare finesse d’œil, qui ne m'a jamais quitté.

 

Joseph Mallord William Turner, Venise, Dogana et Santa Mari

Joseph Mallord William Turner, Venise, Dogana et Santa Maria della Salute, 1843

 

« C’est après la pluie qu'il faut voir Venise », répétait Whistler : c’est après la vie que je reviens m'y contempler.

 

James Abbott McNeill Whistler, Nocturne Blue and Gold - St

James Abbott McNeill Whistler, Nocturne : Blue and Gold - St Mark's, Venice, 1879-1880

 

Venise, c'est le décor du finale de ce grand opéra qu'est la vie d'un artiste : Titien s'y éteint après sa Déposition, le Tintoret avec San Marziale, Verrochio avec le Colleone.

 

Titien, Le Transport du Christ au tombeau, ca 1520

Tiziano Vecellio, dit Titien, Le Transport du Christ au tombeau, ca 1520

 

Tintoretto. le Miracle de Saint-Marc délivrant l'-copie-1

Jacopo Robusti, dit il Tintoretto, Saint Marc libérant l’esclave du supplice de la torture, dit aussi Le Miracle de l’esclave, 1547-1548

 [maintenant, certaines images sont cliquables pour une meilleure définition]

 

Carlo Ponti, Verrochio, late 1860'

Andrea Del Verrochio, statue équestre en bronze du condottiere Bartolomeo Colleoni, 1483-1488 – Carlo Ponti, fin des années 1860

 

Italie, 1907.

Lors de ma première évasion, je me jetai sur l'Italie comme sur un corps de femme, n'ayant pas vingt ans.

[...]

J'entrais dans la vie pour toucher mon dû : Titien, Véronèse n'avaient peint que pour se faire admirer de moi, ils m'attendaient ; l'Italie se préparait depuis des siècles à ma visite.

 

Paolo Veronese, Le repas chez Levi, 1573 700

Paolo Veronese, Le repas chez Levi, 1573

Veronese fut traduit devant la Sainte Inquisition. Ces bouffons, ces ivrognes, ces nains, tant de grossièretés !

Mordez l'homme qui se cure les dents à la fourchette, entre deux colonnes.
Veronese avait fait le tableau de La Cène, il a changé le titre. Un festin chez un Juif... la vérité canonique l'emportait sur l'histoire, et Veronese était libre. Et pourtant... dans la Parole, combien de pécheurs sont invités à la table du Seigneur !

 

Paul Morand parle de ses vingt ans.

 

C'était une époque heureuse, où personne n'avait mauvaise conscience, où ceux qui avaient mal ne criaient pas. Le mot de culpabilité, on ne le trouve pas dans les vieux dictionnaires ; les démocrates-chrétiens commençaient à peine à enter le remords social sur les repentirs de la religion.

 

Pendant ce temps, à Venise...

 

Bagués et roucoulants comme les pigeons de Saint-Marc passaient les pédérastes ; Venise, « cité contre nature » (Chateaubriand), les avait toujours accueillis...

 

A l'automne de 1909, je quittai Venise... […] … dans une chambre de pioupiou... […] J'avais accroché au-dessus de mon lit la première carte du monde, 1457, une reproduction du planisphère de Fra Mauro, et le plan de Venise établi en 1500 par Jacopo Berbari.

 

Fra Mauro, planisphère, 1457 700

 

Pour lire la carte selon notre axe moderne, cliquez ici.

 

Jacopo de Barbari, Plan de Venise, 1500 700

Jacopo Berbari, plan de Venise

 

Mon cœur était resté à Venise.

 

Bernhard von Breydenbach, plan de Venise, XVe siècle 700

Bernhard von Breydenbach, plan de Venise, XVe siècle

 

Caen, 1910. Aux Archives de la Préfecture, Paul Morand compile des dossiers. Il y trouve des lettres...

Des Archives de la Généralité.

Caen.

Ce jeudi 27e d'octobre 176...

Savez-vous qu'on retrouve dans Shakespeare cinquante et une références à Venise, alors qu'il ne quitta jamais l'Angleterre ?

 

Little Venice, Londres

Little Venice, Londres

 

1913-1970.

Little Venice.

Venise, je ne la retrouvais à Londres que dans ce quartier au nord de la gare de Paddington qui n'était pas encore recherché, comme il l'est actuellement [note de l'auteur : 1970], des artistes, qui l'ont surnommé La Petite Venise.

 

Oui, il y a plusieurs Venises. Celle de Marcel Proust, celle de Jean Cocteau, celle de Paul Morand. Et ces Leica, ces Zeiss...

 

1935.

« Tuez les mouches ! » (Recommandation mussolinienne.)

[note de l'auteur : 1967. Sur les murs de Pékin : « Tuez les oiseaux ! »]

 

1937.

Des avions militaires portent sur les ailes le lion de saint Marc. Après la mer, le ciel. L'avenir des dictateurs est dans le ciel, le Duce l'a dit.

 

Ce conservateur de la tradition n'aime pas qu'on tue les mouches, ni les oiseaux – qu'on leur laisse le ciel !

 

Heureusement, il n'est si bonne guerre qu'elle ne se quitte. En 1954, Giorgione est toujours là, ce génie mort très jeune, chez qui l'on découvre le paysage d'avant Poussin, la musique colorée, le romantisme (La Tempête), la sensibilité du chiaroscuro, l'atmosphère debussyenne...

 

Giorgione, La Tempête 700

Giorgione, La Tempête(La Tempesta), daté d'entre 1500 et 1510, Gallerie dell'Accademia, Venise

 

Titien, Le Concert champêtre 700

Tiziano Vecellio, dit Titien, Le Concert champêtre, vers 1509 (autrefois attribué à Giorgione)

 

Édouard Manet, Le Déjeuner sur l'herbe 700

Édouard Manet, Le Déjeuner sur l'herbe, 1863

 

Août 1969.

Je sortais d'un de ces petits traiteurs abrités derrière le Danieli...

[…]

Je vins donner du nez contre un parfum de bouc : j'étais sous le vent de trois garçons au torse nu, rougi par les hauts fourneaux de la vie errante, la croix d'or au cou, bien sûr. Leur beauté était plus offensive que la laideur. Une Walkyrie contestataire, à la chevelure répandue sur des épaules mangées de sel, semblait les tenir en laisse, faisant penser à quelque matriarcat de l'âge des dolmens ; leurs aisselles lançaient une odeur de poireau, et leurs fesses, de venaison ; leur sac de couchage roulé sur la nuque, ils s'étendirent comme des fusillés le long d'une boutique de changeur, sur fond de pièces d'or internationales.

[…]

Je tendis à la Walkyrie ma gourde de grappa ; elle s'en saisit, triste cloche, sans dire merci.

On peut redevenir singe ou loup en six mois, commençais-je, mais pour être un Platon, il aura fallu des millions d'années... Quant à imaginer Venise...

I shit on Venice, répondit la Walkyrie.

– Laissez donc ça aux pigeons, Mademoiselle..., fis-je, reprenant ma gourde vide.

Masque vénitien, Burano

Une écriture aux fuseaux, comme la dentelle de Venise – rappelez-vous les repentirs, de la religion et du peintre.

 

« torse nu, rougi par les hauts fourneaux de la vie errante, la croix d'or au cou, bien sûr »

pendant que d'autres suent sang et eau pour de l'acier.

« comme des fusillés le long d'une boutique de changeur, sur fond de pièces d'or internationales »

Ce n'est pas le monde de Paul Morand, ni l'usine ni la finance. Il est d'un autre temps, une époque heureuse, et pourtant il connaît le temps où il vit. C'est lui qui approche les hippies, en offrant avec bienveillance. Les pièces d'or internationales ne sont pas aimables.

 

Venise se noie ; c'est peut-être ce qui pouvait lui arriver de plus beau.

 

Carlo Ponti, Vue générale de Venise, 1880 700

Carlo Ponti, Vue générale de Venise, 1880

 

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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 00:01

 

Déchetterie

 

 

Les Parisiennes, Le temps du lumbago, in Edouard Molinaro, La mandarine, 1971

 

Les ordures ne passaient plus.

 

Le maire achevait son cinquième mandat dans le sublime. Il avait commencé par liquider le café, où les vieux venaient taper le carton, où les jeunes se retrouvaient au baby. Les poignées tournaient, les tournées valsaient. Et il y avait même un vieux juke avec des 45 T pas encore repiqués en ADD. C'était gratuit – le patron distribuait la monnaie, mais seulement pour les consommateurs, et tout le monde était consommateur.

Les vieux, à l'asile ! Le maire était encore jeune. Les jeunes à l'usine ! Le maire n'était plus tout jeune.

Et quel raffut ! Ça gueulait autant à la belote qu'au foot et la boîte à musique était à fond. Il venait d'installer ses chambres d'hôtes pour voyageurs de commerce fatigués. Dans le calme trois étoiles de la campagne, ça faisait désordre.

Et puis la chopine venait d'être interdite.

 

Le boulanger faisait l'épicier : farine, beurre, sucre. Des conserves en bocaux et même des fruits et légumes frais, moins chers qu'au supermarché puisque c'était sur place. En plus, il livrait à domicile. Il laissait toujours la boutique ouverte. On prenait son pain derrière le comptoir, on posait ses pièces, le pain était encore chaud. Les vieux étaient contents, des nouveaux vieux. Pour les jeunes, il y avait du Coca, des chips et des machins indéterminés, mais colorés et sucrés.

On a interdit le sucre, sur la voie publique. Et le tabac. Parce qu'il faisait tabac.

On l'a retrouvé pendu. On n'a jamais su comment il avait pu grimper à cette poutre sans escabeau, sans même une chaise. Mais avec les dépressifs, on ne cherche pas.

 

L'église était moribonde depuis longtemps. Un monument historique sur la route de Saint-Jacques – historique jusqu'à ce qu'un gars vienne remplacer le portail dérobé par une grande porte en authentique contreplaqué de sapin, jamais volée ensuite.

 

Restait l'école, avec de futurs jeunes, encore très jeunes et déjà piaillant autour du filet de foot. Ils n'avaient pas connu le baby.

Un jour, le CM2 qui faisait Tarzan sur la barre est tombé, avec le saint goal. Cheville foulée. Exit le filet avec le toboggan dans la même charrette.

On venait d'interdire les aires de jeux non sécurisées dans les écoles.

 

Il y en a eu qui ont émigré vers l'école libre où on pouvait se balancer joyeusement sous le regard de Dieu et des bonnes sœurs, qui jouaient comme des gamines avec les enfants – la balançoire était solide –, ce qu'une professeure des écoles, comme on disait après l'IUFM, aurait fui, pour l'honneur de la république et le droit syndical à la pause café.

L'école n'était plus l'école émancipée d'antan, mais l'école étiolée. Elle est morte de langueur. Le maire a signé l'inhumation.

 

Plus de commerce convivial, plus d'école, et même plus d'église pour prier. Les ordures ! Bon Dieu, et les ordures ? Le maire a renvoyé les ordures, en accord parfait avec le service culturel de la communauté de communes.

 

Les ordures ne passaient plus.

 

Le maire m'a dit : « Faut aller à la déchetterie, dans le toutv'nant. »

 

Il y est. En petits morceaux. Recyclé avec le papier que vous êtes en train de lire.

 

Trois jours plus tard... Il n'était pas ressuscité. Il était déjà en pièces détachées et des pièces du puzzle flottaient dans un container étudié pour.

Trois jours plus tard, la Mouche me dit : « Vous n'avez pas vu Janmi ces derniers temps, il n'est pas rentré et sa femme s'inquiète ?

Janmi, je l'ai vu à la célébration de la mort de l'école, il y avait un pot, le dernier.

Vous étiez chez lui il y a trois jours, je vous ai vu partir, et le Gros vous a vu arriver, et repartir, avec des poubelles.

Là, je souffre, au moment où j'écris. Elle n'a pas souffert. La tronçonneuse, le charriage aux déchets, j'ai mal au dos.

 

Le Janmi, on savait qu'il fuguait. Il a fait la bleue sentimentale pour de bon. On ne l'a pas retrouvé, on ne l'a pas cherché.

 

La Mouche s'est cassé le coccyx cérébral du fémur en tombant, seule, chez elle. Très belles funérailles.

 

Le Gros a eu un accident de chasse en nettoyant son Verney Carron. Magnifiques condoléances à la veuve, qui avait déjà quelqu'un, et aux orphelins qui se sont consolés devant Trash 3, piraté.

 

Jim, mon compagnon de toujours, m'a passé la pommade. Soulagement du dos. Je prépare un petit souper genre amoureux, avec les bougies.

Il me susurre : « Comment sais-tu que le Gros carburait au Verney Carron ? Tu en sais des choses dont personne n'a parlé dans la presse. Juste le rapport de gendarmerie, secret mais... pour moi, il n'y a pas de secret. »

 

Adieu, Jim.

 

Et maintenant, qui va me masser le dos ?

 

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11 janvier 2014 6 11 /01 /janvier /2014 00:01

 

Caryl Ferey, Chérie noire

Caryl Férey, Chérie noire, illustré par Charles Berbérian, Les petits polars du Monde, 2013

 

Caryl Férey

Caryl Férey a grandi en Bretagne et voyagé de par le monde en écoutant The Clash.

 

Charles Berberian h357

Charles Berbérian est né en 1959 à Bagdad.

 

 

The Clash, Train In Vain, 1979

 

J'ai grandi dans une Roumanie ravagée, avec des parents qui l'étaient tout autant.

Notre bien-aimé dictateur ayant décidé, dans les années quatre-vingts, de raser tous les villages du pays pour y construire des fermes d’État selon un modèle communiste cher à son esprit malade, mes parents et moi-même vîmes arriver une armée de bulldozers patriotiques, chargés de rayer de la carte non seulement notre maison, mais aussi celle des voisins – de pauvres hères dépenaillés tout aussi dépassés par l'Histoire – avec le bourg qui constituait notre seul point d'ancrage avec le reste du monde (communiste), jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de notre présent, de notre passé, pour le plus grand bien, parait-il, de notre futur.

 

Un père violent, une mère soumise, un Camarade Directeur de l'école dont le sexe avait une odeur de pneu brûlé, de la cervelle qui gicle, chaude, gluante, dans la cuisine familiale, un hôpital psychiatrique qui a tout d'une prison, tout, Elena a tout connu dès son plus jeune âge, et elle s'en est sortie grâce à un artiste homosexuel amant d'un membre influent du Parti.

 

L'Enfance rouge, c'est l'histoire de Milena devenue l'auteur à succès d'un premier livre.

 

Si vous avez aimé mon histoire, vous êtes l'un des trois cent cinquante mille lecteurs qui ont acheté mon livre, L'Enfance rouge.

 

Un tel succès est dû à un story telling d'autant plus efficace qu'il tient du vécu. Et du mensonge. Milena a tout inventé, personne ne le sait, personne. Personne ne pourrait le savoir, jusqu'à la rencontre d'un navigateur roumain. A Brest, où conduit le train, l'Orient-Express, bien entendu.

 

Un magnat de la presse a eu l'idée de réunir les plus grands auteurs de roman noir pour un challenge lié à une course nautique autour du pôle Nord. Ils sont huit, dont Milena, au départ. Le Roumain a bien connu le village décrit dans L'Enfance rouge, trop bien. S'il parle, c'est la fin de la belle histoire.

 

Milena h357

Milena a l’œil.

 

Il s'ensuit un joyeux, logique et méthodique massacre, avec de vrais morceaux de cervelle qui gicle.

 

Une nouvelle à clés ? Saurez-vous dévoiler les visages derrière les masques ?

 

Un jour, peut-être, on découvrira que Lou de Libellus n'est qu'un conteur. Un jour... hélas ! pour le découvreur.

 

Les petits polars du Monde, treize, comme il se doit, nouvelles, constituent un recueil de perles rares dues aux meilleurs esprits noirs, dont Jean-Bernard Pouy et Marc Villard – déjà cités dans Libellus.

Les illustrations valent le voyage en même temps que les textes.

 

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5 janvier 2014 7 05 /01 /janvier /2014 00:01

 

_ salut, les p'tits godets, salut Mimile ! toujou' dans l'mille ?

_ salut Popol ! un blanc-cass ? a'c eul'z'olives ?

_ on est pas pour eul'chang'ment, t'as vu l'jornal ?

_ la politique, moi...

_ c'est l'gars d'à côté qui connaît...

_ le lou noir comme eul'lou blanc !

_ étchute !

_ …

_ On m'appelle Cassandre, Κασσάνδρα, si vous préférez. Malgré la précision de mes prédictions, on ne me croit jamais. Bonni soit qui mal y panse de brebis farcie.

 

 

Serge Gainsbourg, Brigitte Bardot, Bonnie and Clyde, 1968

 

_ tu l'as bath !

_ et là-bas, Thouars, tu l'as ?

 

Thouars, anciens abattoirs, ex morte vita

Thouars, anciens abattoirs, ex morte vita

 

_ étchute !

 

L'autopsie menée à Poitiers sur le corps de l'homme tué à Thouars (Deux-Sèvres) dans la nuit de vendredi à samedi a révélé un véritable déchaînement de violence sur la victime, atteinte de plusieurs coups de couteau, a-t-on appris mardi de source proche du dossier.

Dans la nuit de vendredi à samedi l'agresseur, un jeune de 18 ans, un ami de la victime, s'est rendu au domicile de celle-ci, âgée de 28 ans.

Le jeune a attaqué l'homme avec une batte de baseball, et lui a porté plusieurs coups de couteau, dont un à l'abdomen qui a entraîné une hémorragie massive, sans doute la cause de la mort, a révélé l'autopsie menée à l'institut médico-légal.

En proie à un « véritable déchaînement de violence », il l'a aussi attaqué « avec une matraque électrique et lui a jeté un radiateur sur la tête », selon la même source.

Les pompiers appelés sur place vers 1h00 du matin ont trouvé la victime en arrêt cardiaque.

_ y respirait pus ?

L'affaire, au départ traitée par le parquet de Niort, a été transférée au parquet de Poitiers.

Le jeune homme, placé en garde à vue dans la nuit de vendredi à samedi, a fait l'objet d'une hospitalisation sous contrainte après un examen médical où il est apparu qu'il relevait d'une hospitalisation et alors qu'il tenait des propos délirants, a indiqué le procureur de la République de Poitiers Nicolas Jacquet.

Selon le parquet, le jeune était persuadé que son ami lui avait servi des pâtes empoisonnées, lors d'un repas partagé deux jours plus tôt.

_ j'l'a tojou dit, la pâte, c'est pas d'z'olives.

_ j'disais pour dire.

_ tu 'n'as d'aut' pou' l'nouvel an ?

_ mè, pô, mais ç'ui que l'gars d'à côté y connaît, il a croisé eun' Milena, en crèsière, ça va décaper, j'te dis, mais on m' croye jamais, bonni soye qui mal y panse.


* * *


Chez Mimile - les routes ne sont plus sûres

http://www.libellus-libellus.fr/article-chez-mimile-les-routes-ne-sont-plus-sures-76113033.html

 

Chez Mimile_02 – Oursel et Avarie

http://www.libellus-libellus.fr/article-chez-mimile_02-oursel-et-avarie-77106636.html

 

Chez mimile_03 – dans le commerce, rien ne va plus

http://www.libellus-libellus.fr/article-chez-mimile_03-dans-le-commerce-rien-ne-va-plus-103922190.html

 

Chez Mimile_04 – la Poste-Par-Tom

http://www.libellus-libellus.fr/article-chez-mimile_04-la-poste-par-tom-112341909.html

 

Chez Mimile_05 – dieu est mort

http://www.libellus-libellus.fr/article-chez-mimile_05-dieu-est-mort-120699744.html

 

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 00:01

 

Scène 1

Aéroport international Osaka Kansai

 

 

 

Les passagers du vol Libellus 'Round Midnight sont priés de se présenter à l'embarquement, Stargate number one.

飛行Libellusラウンド·ミッドナイトの乗客が搭乗スターゲイト番号1で自分自身を提示するように要求されています。

 

Monsieur Mimile est prié de poser son blanc-cass et de rejoindre immédiatement la Stargate number one où l'attendent ses amis et des rafraîchissements.

– a'c eud' z'olives ?

– des rafraîchissements, a'c eud' z'olives.

– ça roule, ma poule.

 

_ * _

 

Dame Yueyin est demandée Stargate number one. La projection de The Hobbit 666 va commencer.

– Je finis mon Candy Crush et j'y vais.

Dame Yueyin est demandée Stargate number one. La projection de The Hobbit 666 va commencer.

– Je-finis-mon-Candy-Crush-et-j'y-vais. Et puis, j'attends Karine.

– Mademoiselle Karine est déjà dans l'aéroplane, Lord Matthieu-Simon est allé la chercher sur ses rives saguenayennes, en même temps que le producteur et sa mitoyenne.

 

_ * _

 

– Un instant, Madame ! Vous avez quelque chose à déclarer ?

– Comment dites-vous « Pôle emploi » en japonais, pour un douanier révoqué ? Hmmm ?

– ...

– Vol Libellus ! Paaardon !

– Et la coquille, là ?

_ Escargung-Fu, capisce ?

_ ...

_ Yue ! t 'as eu l'temps d'fini' ton blanc-cass, toi ? on s'dit tu, de c't'heure.

_ Hu hu huuu !

_ Un instant, Monsieur !

_ qui c't'y qu'il a, l'parroquet ? tu sais à qui qu'tu causes, mon gars, y a ton patron qu'no z'attend, la boutique, eul' z'airports, il n'en a partout, alors, hein ?

_ ...

 

Scène 2

A bord de l'oiseau blanc

 

A380

rappel de l'épisode précédent ...

 

Osaka, nuit

 

 

Thelonious Monk, 'Round Midnight, ca 1940

 

_ crédju, m'sieur Matthieu, vous n'aurez-t-y assez d'tartines pou' tout l'monde ?

_ Soyez tranquille, mon bon Émile, et maman en aura encore pour ses pauvres.

_ c'est qui là, en tchuir et en nouèr avec les oreilles qui bougent tout l'temps et qu'écrit et la moustache ?

_ C'est l'auteur de nos jours et de cette nuit, Lou de Libellus – tout le monde l'appelle « The Great Lou ».

_ il a v'nu a'c sa fille ?

 

Catherine Leroux, 2013 357

 

_ Non, sa mitoyenne, Cath.

_ tudju, all'è canon.

_ Une jeune Québécoise. Elle écrit. Ils se sont rencontrés en forêt.

_ ... 

_ Le mur mitoyen est son second roman. Voyez, sur le rabat, quelques lignes de monsieur Alto : « Catherine Leroux est née en 1979 non loin de Montréal, où elle vit aujourd’hui avec un chat et quelques humains. » Le chat, c'est notre Lou.

_ vindju !

 

_ * _

 

_ Matthieu, le sat-Phone est libre ? Je voudrais appeler Modigliani.

_ Tu es chez toi, Lou.

 

Amedeo Modigliani, Femme au col blanc 357

 

_ Aline ? Nous passerons dans tes étoiles avant le nouvel an, mais nous sommes déjà en 2014, et toi ?

_ Euh... c'est-à-dire qu'ici, ça va pas tellement bien, j'ai les pieds dans l'eau...

_ La chaudière ? Je l'ai toujours dit, s'il y a une chose sur quoi il ne faut pas mégoter, c'est bien le chauffage. La chaudière a lâché ou la chaudière lâchera.

 

_ * _

 

_ m'sieur Lou, où c't'y qu'vous allez chercher tout ça ?

_ En vous.

_ moi, j'axiste pas ou alors ça s'rait comme une incidence qui dirait for tweet.

_ ...

_ qui qu'tu dis, là ?

_ for tweet ?

_ et qu'ça veut dire ?

_ j'en sais rin, c'pas moi qui fais l'plat d'côte !

 

Codex Urbanus, Souvenir from 357

 

_ Codex ! J'aime beaucoup ce que vous faites.

_ Vous feriez un beau sujet.

_ L'autre jour, j'ai emmené Louise-Adélaïde à Montmartre – ailleurs, on ne trouve plus. Eh bien, nous l'avons vu, comme vous l'avez peint.

 

_ * _

 

_ Tout de même, ce luxe décomplexé, vous le devez aux pauvres !

_ Monsieur Des Pas, nous ignorons les pauvres, ils ne rapportent pas. Les épargnants sont beaucoup plus intéressants et vous comprenez bien, mon cher Des Pas, que si les épargnants épargnent, c'est parce qu'ils gagnent trop.

_ Ho ! C'est quoi, ce dialogue tordu ?

 

_ * _

 

_ Phil, tu as de l'aspirine ?

_ Tu as goûté le single malt ?

_ Remarquable !

_ Reprends un chocolat.

 

_ * _

 

_ Tu as vu Escargolio ?

_ Avec Yueyin, ils ne se quittent plus depuis Anacoluthes.

_ Et la malle ?

_ C'est sa PAL, elle ne s'en sépare jamais.

 

_ * _

 

_ Ça lui fait quel âge ?

_ Tahiry a presque une semaine, il est né à minuit.

_ Qu'il est mignon !

_ On voit que tu aimes les gosses, comme tu dis, Karine.

 

Osaka, nuit rue

 

_ a'c Yue en ville, v'z'aurez vu ça ! è connaît tous les bons coins, osaka, sakado, dotobon ! et y l'ont un p'tit saké-cass, mais y font pas l'z'olives.

 

Japon fête 1 357

 

_ no z'a 'té au marché.

 

Japon fête 2 h357

 

_ eul' fuctopushima, faut qu'y tortille encore dans l'poêle !

 

Japon fête 3 h357

 

_ là, c'est m'sieur Escargolio, qu'est-ce qu'y nous f'sait rigoler, y tirait la langue de côté et les chintoks, y n'en f'saient pareil.

 

Japon fête fugu 357

 

_ ça, c'est leur fugushima, tu y souff' eud'dans par eul'...

_ Oui, Mimile, oui, bien sûr.

 

Japon fête serpent grillé 357

 

_ l'habushima, j'vous f'rai dire, on l'mange vivant, mais sans la peau.

 

Japon fête huître 357

 

_ eul'crassoshimastrea, t'en prends eun' dozaine, ça t'fait l'entrée.

 

_ * _

 

_ Le buffet est ouvert !

_ Aaaaah !

 

Vue du ciel, nuit

 

_ Nous sommes en l'air depuis une heure, il est minuit à l'horloge nippone, et Le Bourget nous attend à minuit, heure locale.

_ on est rendu ?

_ Tsimi, veux-tu expliquer à monsieur Mimile ?

_ C'est très simple, oncle Mimile. La distance, à vol d'oiseau, entre Osaka et Le Bourget est de 6 036 miles, soit 9 714 km. Notre vitesse de croisière est de 1 100 km/h, il nous faut donc 9 heures pour parvenir à notre destination.

_ attends, min gars, j'ai pas 'core décollé.

_ ...

_ Ça lui fait quel âge ?

_ Bientôt deux ans.

_ ?

_ Matthieu lui a obtenu une dérogation pour l'UL, à la rentrée, il sera près de chez toi, Karine.

_ ...

_ Nous sommes partis à 23 h. Après neuf heures de vol, nous serons au Bourget à huit heures – heure du Japon –, mais... en raison du décalage horaire, il sera seulement minuit en France. Nous avons toute la nuit pour fêter la nouvelle année !

_ cornedju !

_ A plus de 13 000 m !

_ wooudju !

_ La température extérieure est de -56,5°, c'est pourquoi nous vous recommandons de ne pas ouvrir les fenêtres avant l'arrêt complet de l'appareil. Au sol. Hi hi hi...

_ minuit ! chttt... l'allocation pestilentielle eud'l'Élie Z...

 

« Chers Compatriotes, Québécoises, Montmartrois, Camarades ! Votre abnégation de chaque instant a fait de l'année 2013 l'année du XXIe siècle, l'année du IIIe millénaire, l'année du quaternaire ! »

 

 

« Notre stratégie politique, au plan mondial comme multinational, a permis à Marion Anne Perrine de gagner le monopole des cœurs en peine. Le changement, c'est maintenant ! »

 

 

« Notre stratégie économique, pour les pauvres comme pour les moins riches, a permis de percevoir plus de contributions, directement ou indirectement, mais toujours bénévolement, et sans augmenter le SMIC. Le changement, c'est maintenant ! »

 

 

« Notre stratégie sociale audacieuse a permis d'accroître la misère des uns et la fortune des autres, tout en réduisant significativement de 0,1% l'augmentation du nombre de feignants en fin de droits. Le changement, c'est maintenant ! »

 

 

« A l'aube de la nouvelle année dont nous voyons poindre l'aurore aux doigts de rose dès potron-miaou, je viens, je vais, je veux rendre un hommage vibrant et particulier, oui, un hommage particulièrement vibrant aux ministres intègres qui planquent leur flouze et leur linge sale dans une lessiveuse made in France. Le changement, c'est fini ! »

 

 

« Je salue complaisamment, gracieusement, et poliment, le Catalan au sourire si doux dont la gentillesse – légendaire, doit-on le dire ? – a permis de refouler hors de nos eaux territoriales les eaux usées qui s'évadent inlassablement de Fukushima et d'éloigner le spectre d'une marée noire ou même seulement basanée. Le changement, c'est fini ! »

 

 

_ c'est pas con c'qu'y dit.

_ c'est pas con c'qu'y dit, mais qu'est ce qu'y dit d'aut'e ?

_ c'est pas con c'que tu dis... qu'est-ce tu dis d'aut'e ?

 

« Je vous ai compris, Citoyens ! Vous voulez que les impôts baissent ? Qu'il y ait du travail pour tous ? Que l'inflation soit stoppée ? Nous ne pouvons rien faire pour le moment... mais dès que nous le pourrons, nous ferons le double ! »

 

 

_ Minuit, mes amis ! Happy New Year !

...

_ Bonne année, Matthieu, bonne année, mes enfants ! Merci à tous d'avoir répondu à mon invitation !

Matthieu-Simon !

Ses chers parents, Clothilde-Éléonore, la dame en bleu, et Charles-Édouard !

Leurs amis de toujours, Philomène-Héloïse, la dame en rose, et Paul Hervé, avec leur grand fils, Ludovic-Antoine !

Tahiana, la chère et tendre de Matthieu, leurs enfants, Tsimihahy et son tout petit frère, Tahiry !

Mimile and his big band, a'c z'olives !

Les anciens d'Anacoluthes !

Monsieur Des Pas Perdus de La Butte !

Dame Yueyin et Sir Escargolio !

Monsieur Codex Urbanus du Sacré Cœur de Montmartre  !

Mademoiselle Karine de La Saguenay !

Erwin « Screwdriver » Lawrence est retenu par un nouvel an d'enfer au Foyer du Quatrième Age de Caussade.

Nos pilotes, Clarence, Roger, Otto !

Notre cuisinier, Cook ! Et ses beignets de Nemopilema nomurai !

Nemopilema nomurai

Et nos vœux de prompt rétablissement à la chaudière d'Aline-Idothée de Casablanca (la page et les poèmes ne s'affichent que si vous êtes connecté with facebook) !

...

_ Et Lou de Libellus !

...

_ Et Cath !

 

 

 

Happy New Year, 2014 357

 

* * * Bonne année 2014 à tous * * *

Rappelez-vous !

Ça s'ra moins bien qu'en 2013,

mais vach'ment mieux qu'en 2015 !

 

* * *

 

Déjà paru au Thérondelle :

 

Le thérondelle

http://www.libellus-libellus.fr/article-29729004.html

 

Le thérondelle 02

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_02-a-va-casser-50786154.html

 

Le thérondelle 03

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_03-a-casse-de-partout-66024478.html

 

Le thérondelle 04

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_04-la-crise-n-est-pas-une-fatalite-66681861.html

 

Le thérondelle 05

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_05-banderille-ou-banderole-a-chie-de-partout-67717438.html

 

Le thérondelle 06

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_06-rondelle-ou-nuage-69437987.html

 

Le thérondelle 07

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_07-moi-j-aime-le-music-hall-et-charles-trenet-fukushima-03-70005841.html

 

Le thérondelle 08

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_08-la-dame-au-camelia-71042830.html

 

Le thérondelle 09

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_09-colchiques-dans-les-pres-73592474.html

 

Le thérondelle 10

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_10-un-cauchemar-74204346.html

 

Le thérondelle 11

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_11-des-idees-pres-de-chez-vous-75035415.html

 

Le thérondelle 12

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_12-fromages-78050510.html

 

Le thérondelle 13

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_13-voila-justement-ce-qui-fait-que-votre-fille-est-muette-103708088.html

 

 

Le thérondelle 14

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_14-le-macaron-111360683.html

 

Le thérondelle 15

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_15-y-a-bon-banania-111362006.html

 

Le thérondelle 16

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_16-place-eud-clichy-111977305.html

 

Le thérondelle 17

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_17-chez-mimile-113481887.html

 

Le thérondelle 18

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_18-from-russia-with-love-114655152.html

 

Le thérondelle 19

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_19-115304785.html

 

Le thérondelle 20

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_20-sous-les-cocotiers-116043832.html

 

Le thérondelle 21

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_21-saint-kitts-and-nevis-home-sweet-confectionery-119313078.html

 

* * *

 

Chez Mimile.

 

Chez Mimile – les routes ne sont plus sûres

http://www.libellus-libellus.fr/article-chez-mimile-les-routes-ne-sont-plus-sures-76113033.html

 

Chez Mimile_02 – Oursel et Avarie

http://www.libellus-libellus.fr/article-chez-mimile_02-oursel-et-avarie-77106636.html

 

Chez mimile_03 – dans le commerce, rien ne va plus

http://www.libellus-libellus.fr/article-chez-mimile_03-dans-le-commerce-rien-ne-va-plus-103922190.html

 

Chez Mimile_04 – la Poste-Par-Tom

http://www.libellus-libellus.fr/article-chez-mimile_04-la-poste-par-tom-112341909.html

 

Chez Mimile_05 – dieu est mort

http://www.libellus-libellus.fr/article-chez-mimile_05-dieu-est-mort-120699744.html

 

Retrouvez la bande à Mimile chez les dames du Thérondelle.

 

Le thérondelle_17 – chez Mimile

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_17-chez-mimile-113481887.html

 

Le thérondelle_21 – Saint Kitts and Nevis, home, sweet confectionery

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_21-saint-kitts-and-nevis-home-sweet-confectionery-119313078.html

 

Et les anciens d'Anacoluthes.

 

Anacoluthes

http://www.libellus-libellus.fr/article-anacoluthes-erwin-screwdriver-lawrence-116074505.html

 

Anacoluthes 02

http://www.libellus-libellus.fr/article-anacoluthes_02-despasperdus-le-flingueur-de-la-butte-116073756.html

 

Anacoluthes 03

http://www.libellus-libellus.fr/article-anacoluthes_03-escargolio-the-50ft-snail-116449095.html

 

Anacoluthes 04

http://www.libellus-libellus.fr/article-anacoluthes_04-yueyin-la-gaufre-ou-la-quiche-116509736.html

 

Anacoluthes 05

http://www.libellus-libellus.fr/article-anacoluthes_05-codex-urbanus-le-noctambule-117304477.html


Anacoluthes 06

http://www.libellus-libellus.fr/article-anacoluthes_06-karine-la-collectionneuse-118971938.html

 

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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 00:01

 

Ellis Peters, The Virgin in the Ice 357

Ellis Peters, The Virgin in the Ice, Sphere, 1995 – illustration : David Senior / première édition : Macmillan, 1982

 

Ellis Peters

Edith Mary Pargeter, Ellis Peters

 

Derek Jacobi, Cadfael

 

 

 

It was early in November of 1139 that the tide of civil war, lately so sluggish and inactive, rose suddenly to sweep over the city of Worcester, wash away half its livestock, property and women, and send all those of its inhabitants who could get away in time scurrying for their lives northwards away from the marauders, to burrow into hiding wherever there was manor or priory, walled town or castle strong enough to afford them shelter. By the middle of the month a straggle of them had reached Shrewsbury, and subsided thankfully into the hospitable embrace of monastery or town, to lick their wounds and pour out their grievances.

 

Noël approche. Dans la région de Worcester, la guerre civile est de retour avec son cortège de pillards. Yves et Ermina Hugonin, treize et dix-huit ans, orphelins d'une famille noble, fuient Worcester sous la protection d'une jeune bénédictine, sœur Hilaria, et de leur oncle, Laurence d'Angers, retour de Terre Sainte et allié à l'impératrice, non légitime, Maud : ils disparaissent en chemin vers Shrewsbury. L'abbaye étant responsable de leur vie, Frère Cadfael se lance à leur recherche. Il retrouve la religieuse dans les glaces d'une rivière, puis les deux enfants, sains et saufs. Ermina a rencontré l'amour auprès d'un jeune chevalier revenant de la croisade, Olivier de Bretagne.

 

Même les moines ont un passé. Cadfael se rappelle sa jeunesse... Antioche, la croisade, l'amour.

 

He had good cause to remember Antioch, for it was there he had begun and ended his long career as a crusader, and his love affair with Palestine, that lovely, inhospitable, cruel land of gold and sand and drought. From this quiet, busy harbour in which he had chosen at last to drop anchor, he had had little time to hark back to those remembered haunts of his youth. The town came back to him now vividly, the lush green of the river valley, the narrow, grateful shade of the streets, the babel of the market. And Mariam, selling her fruit and vegetables in the Street of the Sailmakers, her young, fine-boned face honed into gold and silver by the fierce sunlight, her black, oiled hair gleaming beneath her veil. She had graced his arrival in the east, a mere boy of eighteen, and his departure, a seasoned soldier and seafarer of thirty-three. A widow, young, passionate and lonely, a woman of the people, not to everyone's taste, too spare, too strong, too scornful. The void left by her dead man had ached unbearably, and drawn in the young stranger heart and soul into her life, to fill the gap. For a whole year he had known her, before the forces of the Cross had moved on to invest Jerusalem.

 

Cadfael revient dans les bois pour reprendre son enquête. Il a prudemment emporté une dague. A l'entrée d'une cabane, il recueille une trace : quand la vérité tient à un crin de cheval...


Cadfael, The Virgin in the Ice, scénario : Russell Lewis, d'après le roman d'Ellis Peters, réalisation : Malcolm Mowbray, int. Derek Jacobi, Mark Charnock, Terrence Hardiman, 26 décembre 1995


Il apprend vite, le petit – mais n'anticipons pas.


 

Antioche... Mariam... fondness and pride.

  

 

Eleven more days to the Christmas feast, and no shadow hanging over it now, only a great light. A time of births, of triumphant begettings, and this year how richly celebrated the son of the young woman from Worcester, the son of Aline and Hugh, the son of Mariam, the son of Man...

A son to be proud of ! Yes, amen !

 

A l'approche de Noël, un fils est donné à Cadfael. Un très bel épisode, où l'on apprend que la vérité se lit dans la paille et le crin, et que la confusion entre la gauche et la droite nuit à l'entendement.

 

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19 décembre 2013 4 19 /12 /décembre /2013 00:01

  

Patrick Raynal, Au service secret de Sa Sainteté 357

Patrick Raynal, Au service secret de Sa Sainteté, L’Écailler, 2012 – photo de couverture : g.cl4renko

 

Chevrolet Corvette C1 357 nb

Chevrolet Corvette C1

 

Patrick Raynal, 2012

Patrick Raynal, 2012 – directeur de la Série noirechez Gallimard jusqu’en 2004, auteur de nombreux polars, il enseigne actuellement l’art du roman à Sciences Po Paris.

 

 

George Harrison, My Sweet Lord, in album All Things Must Pass, 1970

 

Ce qui étonnait le plus Swift pendant qu'il attendait d'être reçu par Mgr Di Roggero, ce n'était ni la hauteur des plafonds, ni les moulures qui les habillaient comme des guirlandes de lierre figées dans l'or fin, ni les rosaces et les encorbellements, ni même les fresques sombres recouvrant l'immensité des murs et qui mettaient en scène des histoires que la pénombre des lieux rendait encore plus obscures. Ce n'était pas non plus le large banc moelleux et tendu de velours pourpre qui donnait à Swift l'impression d'être assis sur le dos d'un chanoine. Non, ce qui l'étonnait c'était les volées déjeunes prêtres en soutanes impeccables et chapeaux ronds qui passaient devant lui en babillant, les yeux baissés, mais le regard en coulisse pour ne rien perdre du spectacle donné par ce drôle de curé en soutane défraîchie et chaussures de brousse, planté comme un épouvantail devant la porte d'un des cardinaux les plus puissants du Vatican.

A vrai dire, ils n'étaient pas les seuls à se demander ce que Swift faisait là. L'intéressé lui-même se posait la question depuis que son supérieur, l'évêque de Kaya, l'avait extrait de sa petite paroisse de Boussouma et lui avait remis un aller simple pour Rome en lui intimant l'ordre de se rendre le plus présentable possible avant de prendre rendez-vous avec le cardinal Di Roggero qui avait manifesté le désir impérieux de le rencontrer, lui, Jonathan Swift.L'évêque n'en savait pas plus, et Swift prit l'avion Ouagadougou-Paris, attrapa de justesse la correspondance pour Rome, descendit dans un petit hôtel pour pèlerins, repassa tant bien que mal la vieille soutane qu'il ne mettait plus depuis longtemps et téléphona au secrétariat du cardinal qui, effectivement, semblait l'attendre avec impatience.

Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre, père Swift. La voix fit sursauter Swift. Perdu dans ses pensées, il n'avait pas entendu la porte s'ouvrir et, surtout, il ne s'attendait pas à ce qu'elle fut ouverte directement par le cardinal. Il se leva d'un bond, vaguement confus et furieux contre lui-même de l'être.

Grand, mince, les traits émaciés, Di Roggero avait l'allure d'un homme qui prend soin de sa forme. Les cheveux gris fer taillés en brosse, les lèvres fines, le nez long et aquilin, le regard bleu, il regardait le monde à travers de petites lunettes rondes qui le faisaient ressembler à un chef bolchevique d'avant la Révolution. Swift lui donna soixante-dix ans tout en se disant qu'il était probablement trop court d'au moins dix ans. Il s'effaça pour laisser entrer son visiteur dans une pièce assez grande pour accueillir un conclave, mais au lieu de le diriger vers la table imposante qui lui servait manifestement de bureau, il l'entraîna vers un petit salon dissimulé par une lourde tenture et meublé d'un canapé, de deux fauteuils club et d'une table basse.

Asseyez-vous, père Swift, dit-il en désignant un fauteuil. Installez-vous confortablement. Je sais d'où vous venez et combien ce genre de voyage est fatigant.

Swift jeta un coup d’œil méfiant sur le siège avant de poser ses fesses sur le bord. Pas question de se laisser aspirer par cet abîme de confort avant de savoir ce qu'on attendait de lui.

Vous ressemblez à l'oiseau sur la branche... Prêt à s'envoler... Détendez-vous, père Swift, sourit Di Roggero. Croyez-moi, vous ne craignez rien ici...

[…]

C'est ce décor, Monseigneur. L'or et la pourpre... Tout ce luxe... Mes quelque quinze années d'apostolat m'ont plutôt habitué à servir Dieu dans le dénuement.

[…]

« Tout est dans le ton », lui avait appris son père, un Irlandais qui affirmait descendre de l'auteur de la célèbre Modeste Proposition.

 

Jonathan Swift avait quinze ans en mai 68. En 1971, il a rejoint un groupe maoïste combattant, bientôt dissous. Jonathan disparaît en laissant sa trace à Berlin, à Alger, à Beyrouth, en Palestine, en Colombie, en Irlande du Nord. Il est passé maître dans l'art de la clandestinité. En 1982, il revient en France et débarque à Brest. Il disparaît, il est mort. Il s'est retiré dans une petite abbaye trappiste de la région et il y est resté huit ans, avant d'être ordonné prêtre et envoyé en Afrique, comme il le souhaitait.

 

Doué d'une nature bordélique, il s'était toujours soigneusement tenu à l'écart de toute activité bureaucratique. Avec le temps, il avait même atteint des sommets dans l'art de perdre des documents, d'égarer des dossiers et d'installer instantanément le chaos dans un simple tiroir pourvu qu'il contînt des papiers. Son évêque lui avait souvent fait remarquer qu'une telle tendance naturelle à l'entropie risquait de le freiner dans sa carrière ecclésiastique, admonestations d'autant plus inutiles que Swift éprouvait pour les fonctions d'archiprêtre ou de chanoine les mêmes appétences que pour la profession de comptable.

 

Mgr Di Roggero lui assigne une mission, en échange de sa résurrection et de la récupération de son héritage – son père était immensément riche : se rendre dans la principauté de San Bernardo pour faire annuler une demande de béatification de la princesse Lisa, morte au volant de sa Rolls. Le prince René IV, Renato, a besoin d'auréoler son paradis fiscal de la probité candide d'une sainte – toute ressemblance avec des principautés existant ou ayant existé serait totalement fortuite.

 

Swift quitte sa soutane et, avec la carte de crédit offerte par Di Roggero, dépense sans compter chez les tailleurs les plus luxueux, le coiffeur, la manucure. Il prend une chambre et une bouteille de Cristal Roederer à l'hôtel Saint-Georges.

 

Pendant ce temps, Di Roggero, ministre des Affaires étrangères, reçoit Mgr Filasto, le grand patron des finances du Vaticanqui s'intéresse à l'île de San Bernardo – nous venons d'y installer une grosse agence de l'Espirito Santo.

Et le fait que la principauté soit un repère notoire de trafiquants d'armes et de drogues, et une sérieuse blanchisserie d'argent sale, ne te gêne pas ?

Autant que les ravages que commence à faire dans les rangs des chrétiens l'illusion d'une Église pauvre.

 

Swift est le petit cousin, par sa mère, de Renato. Après avoir parcouru le monde sans parvenir à épuiser ses rentes, il rentre au bercail, en quelque sorte, riche de ses seuls yeux tranquilles et de sa fortune, très appréciée de l'Esperito Santo.

Il recrute un ami de longue date et ancien terroriste, Marco – un procureur spécialchargé des affaires financières, et, pour la circonstance, déguisé en curé pauvre, afin de tenir lieu de couverture à Swift.

Le colonel Ferrandi, ancien mercenaire, et le commissaire Graglia, adepte du Xanax, suivent de près Marco, probablement l'espion venu du Vatican, et laissent Swift s'installer tranquillement et visiter ce cher cousin Renato.

Rappelons-nous, avec le père Swift, que les voies du Seigneur sont impénétrables, et méfions-nous... When the shit hits the fan...

 

Ça va gicler... Marco relate son séjour à Di Roggero, écoutez.

[…] Comme ils attendaient l'arrivée d'un ecclésiastique enquêteur, j'ai donc servi de couverture à Swift en me faisant passer pour un curé en vacances. […] Swift est tombé sur quelqu'un qui l'a reconnu, mais, surtout, qui s'est débrouillé pour décovrir qu'il était devenu prêtre avant de débarquer sur l'île.

Et vous l'avez assassiné ?

Non. Je me suis contenté de le tuer avant qu'il ne puisse en parler à Ferrandi.

 

René IV avait perdu un gros paquet d'argent dans l'affaire des junk bonds, il était mouillé jusqu'au cou dans le Krach d'Enron et, pour se refaire, s'était lancé encore plus à fond dans le blanchiment d'argent sale, au point que la communauté internationale, Américains en tête, commençait à crier sérieusement au charron.

 

Alfred Hitchcock, La main au collet

 

La princesse Anna, fille cadette du prince, est une rebelle, un peu comme sa mère. Celle-ci collectionnait les amants au temps où, Lisa Lytton, de son nom de jeune fille, elle embrasait les écrans et les cœurs, à Hollywood et à la Une. Une fois couronnée, elle a continué à courir les amours.

La mission secrète de Swift consiste donc à établir l'impiété de la belle. Entre deux vodkas... Son Irlandais de père [...] prétendait sans rire que la réalité n'était qu'une hallucination provoquée par le manque d'alcool.

Seulement... les frasques de la jeunesse ne sont pas un obstacle à la sainteté, saint Augustin et bien d'autres le confirment. Quant à l'adultère, il n'est pas démontrable, feue la princesse ayant toujours été très discrète. Seuls les proches étaient au courant, son dernier et fidèle chevalier également, mais personne ne voudrait parler.

 

La princesse Lisa s'opposait à un projet hautement lucratif du prince qui revenait à chasser de leur résidence les habitants du quartier populaire de l'île. Elle est morte. Accidentellement. Si c'était un accident...

 

Anna, jeune fille libérée, emmène son cousin Jonathan dans un mas haut perché où la chère est luxuriante comme la nature généreuse à l'entour.

 

Austin Healey MK 3 nb

Oui, c'est une Austin Healey MK 3, c'était celle de Jonathan, autrefois. Anna lui laisse le volant pour monter. Il conduit vite, il a appris, en cavale on ne le rattrapait jamais. Au retour Anna est au volant, mais... déjeunons d'abord, voulez-vous ?

A peine installés autour d'une table bancale, on leur apporta un plat de jambon du pays, quelques petits pâtés maison, une énorme botte de radis du jardin, des oignons frais de même provenance, une poignée d'artichauts crus, un pot de beurre et un autre de vinaigrette, de larges tranches de pain de campagne et un grand pichet de rosé délicieusement frais.

[…] un énorme plat de raviolis [comme Jonathan n'en a jamais goûté]... une grosse marmite de daube à la provençale.

 

Anna conduit vite. Comme sa mère qui avait appris avec Graham Hill.

 

Elle descend pied au plancher, entre à 100 dans une épingle où l'on s'engage, au mieux, à 60, elle négocie (« En regardant ses mains manier le volant à petites touches légères, Swift ne put s'empêcher de rougir. » On ne vous dira pas pourquoi.), et arrête la voiture proprement dans un petit chemin de terre, avant le précipice. C'était une démonstration. Jonathan emprunte une Rolls semblable à celle de la princesse défunte et refait l'essai – même conclusion.

 

De la Rolls de la princesse on ne pourra rien tirer. Elle a été envoyée immédiatement à un casseur.

 

Elle doit ressembler à une sculpture de l'autre dingue. Celui qui a un nom de prénom...

_ Arman, suggéra Swift.

_ C'est ça. Un vrai malade... Un jour, la princesse Lisa l'a invité à venir voir la collection de voitures du Palais. Putain ! Il les regardait toutes comme un presse-purée devant un kilo de patates.

[...]

_ On dirait un savon de Marseille en beaucoup plus gros, renchérit Marco.

 

* Insignifiante (et fréquente) confusion entre Arman et César, qui porte un prénom pour nom et s'est fait connaître du grand public par ses Compressions.

 

Swift revint dans son village de brousse.

 

Personne ne sut qu'il était riche, mais il déploya de tels trésors d'imagination que la région connut alors une prospérité économique et culturelle étonnante. On le croyait un peu sorcier. A sa mort, une demande de béatification fut envoyée au Vatican.

 

* * *

 

Et pour le dessert ?

 

 

23e salon du livre de Colmar 2012
Hervé Weill,
Entretien avec Patrick Raynal pour la parution de son nouveau roman Au service secret de Sa Sainteté, 6 novembre 2012

 

- - -

 

Principato di Seborga

 

- - -

 

Quelle coïncidence !

 

 

Ronald Mack, He's So Fine, int. The Chiffons, 1963

 

- - -

 

Jonathan Swift, A Modest Proposal, 1729 Cover

Humble proposition pour empêcher les enfants des pauvres en Irlande d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public(A Modest Proposal For Preventing the Children of Poor People in Ireland from Being a Burden to Their Parents or Country, and for Making Them Beneficial to the Public), un pamphlet publié anonymement par Jonathan Swift en 1729.

Texte original : http://www.gutenberg.org/files/1080/1080-h/1080-h.htm

Lecture : https://librivox.org/a-modest-proposal-by-jonathan-swift/

Traduction française : http://fr.wikisource.org/wiki/Modeste_proposition

 

- - -

 

Call for Blessed Grace

 

A Leading English Catholic layman has lent his voice to calls for the beatification of the late Princess Grace of Monaco.

Writing in this issue of The Catholic Herald, conservative backbencher Norman St JohnStevas explains why he soon came to modify his initial reaction of faintly amused shock at the announcement by Mgr Piero Moths that the first steps had been taken towards making Princess Grace a saint.

Mgr Pintus Is rector of San Lorenzo in Lucina, a Roman church with strong Monegasque connections. Celebrating Mass at San Lorenzo last week on the first anniversary of Princess Grace's death, Mgr Pintus proposed the Princess's beatification and announced that relevant petitions had been started in Hollywood and Rome.

Cardinal Hume's personal assistant, Mgr George Leonard, Is reported to have described the Idea as "lunacy".

One Hollywood wisecracker said the Princess's only miracle was winning an Oscar. Others, including Mgr Pintas, take the matter more seriously. Mgr Pintas said devout people other than religious should be considered for sainthood, citing the example the Princess gave to filmgoers and subjects alike.

Mgr Charles Brandt, Bishop of Monaco said he knew nothing of petitions for the beatification, but the actress Rita Gant, a lifelong friend of Princess Grace who is collecting support In Hollywood, is likely to seek episcopal support for an official request for beatification in Philadelphia, where Princess Grace was born in 1929.

Catholic Herald, 23 September 1983

 

- - -

 

George Harrison, My Sweet Lord, in album All Things Must Pass, 1970

 

My sweet lord

Hm, my lord

Hm, my lord

 

I really want to see you

Really want to be with you

Really want to see you, lord

But it takes so long, my lord

 

My sweet lord

Hm, my lord

Hm, my lord

 

I really want to know you

Really want to go with you

Really want to show you lord

That it won't take long, my lord (hallelujah)

 

My sweet lord (hallelujah)

Hm, my lord (hallelujah)

My sweet lord (hallelujah)

 

I really want to see you

Really want to see you

Really want to see you, lord

Really want to see you, lord

But it takes so long, my lord (hallelujah)

 

My sweet lord (hallelujah)

Hm, my lord (hallelujah)

My, my, my lord (hallelujah)

 

I really want to know you (hallelujah)

Really want to go with you (hallelujah)

Really want to show you lord (ahhh...)

That it won't take long, my lord (hallelujah)

 

Hmmm... (hallelujah)

My sweet lord (hallelujah)

My, my lord (hallelujah)

 

Hm, my lord (hare krishna)

My, my, my lord (hare krishna)

Oh hm, my sweet lord (krishna, krishna)

Oh-uuh-uh (hare hare)

 

Now, I really want to see you (hare rama)

Really want to be with you (hare rama)

Really want to see you lord (aaah)

But it takes so long, my lord (hallelujah)

 

Hm, my lord (hallelujah)

My, my, my lord (hare krishna)

My sweet lord (hare krishna)

My sweet lord (krishna krishna)

My lord (hare hare)

Hm, hm (Gurur Brahma)

Hm, hm (Gurur Vishnu)

Hm, hm (Gurur Devo)

Hm, hm (Maheshwara)

My sweet lord (Gurur Sakshaat)

My sweet lord (Parabrahma)

My, my, my lord (Tasmayi Shree)

My, my, my, my lord (Guruve Namah)

My sweet lord (Hare Rama)

 

[fade:]

 

(hare krishna)

My sweet lord (hare krishna)

My sweet lord (krishna krishna)

My lord (hare hare)

 

- - -

 

Ronald Mack, He's So Fine, int. The Chiffons, 1963

 

(Do-lang, do-lang, do-lang)

(Do-lang, do-lang)

He's so fine

(Do-lang-do-lang-do-lang)

Wish he were mine

(Do-lang-do-lang-do-lang)

That handsome boy overthere

(Do-lang-do-lang-do-lang)

The one with the wavy hair

(Do-lang-do-lang-do-lang)

I don't know how I'm gonna do it

(Do-lang-do-lang-do-lang)

But I'm gonna make him mine

(Do-lang-do-lang-do-lang)

He's the envy of all the girls

(Do-lang-do-lang-do-lang)

It's just a matter of time

(Do-lang-do-lang)

He's a soft [Spoken] guy

(Do-lang-do-lang-do-lang)

Also seems kinda shy

(Do-lang-do-lang-do-lang)

Makes me wonder if I

(Do-lang-do-lang-do-lang)

Should even give him a try

(Do-lang-do-lang-do-lang)

But then I know he can't shy

(Do-lang-do-lang-do-lang)

He can't shy away forever

(Do-lang-do-lang-do-lang)

And I'm gonna make him mine

(Do-lang-do-lang-do-lang)

If it takes me forever

(Do-lang-do-lang)

He's so fine

(Oh yeah)

Gotta be mine

(Oh yeah)

Sooner or later

(Oh yeah)

I hope it's not later

(Oh yeah)

We gotta get together

(Oh yeah)

The sooner the better

(Oh yeah)

I just can't wait, I just can't wait

To be held in his arms

If I were a queen

(Do-lang-do-lang-do-lang)

And he asked me to leave my throne

(Do-lang-do-lang-do-lang)

I'll do anything that he asked

(Do-lang-do-lang-do-lang)

Anything to make him my own

(Do-lang-do-lang-do-lang)

For he's so fine

(So fine) so fine

(So fine) he's so fine

(So fine) so fine

(So fine) he's so fine

[Fades]

(So fine) oh yeah

(He's so fine) he's so fine

(So fine) uh-huh

(He's so fine)

He's so fine...

 

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