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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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1 octobre 2016 6 01 /10 /octobre /2016 00:15
Didier Jung, Disparu – une randonnée en Corse-du-Sud

Didier Jung, Disparu, ETT, 2016 – couverture : Façade à Sant Antonino, Corse / © Géraldine Revillard

Didier Jung, Disparu – une randonnée en Corse-du-Sud

Didier Jung a écrit de nombreux romans, en particulier sur l’île de Ré, où il séjourne une partie de l’année. Il nous entraîne aujourd’hui dans une aventure « à domicile » du commandant de police Ange Morazzani après une croisière dans le Grand Nord (cf « Le chant des baleines ») où son intuition avait fait merveille. En sera-t-il de même sur son île natale ?

4e de couverture

 

Carole et Alain, anciens amants, se retrouvent seize ans après. Alain a divorcé, le mari de Carole, Jean-Marc, a disparu. Alain se souvient qu’il lui avait dit vouloir « prendre le maquis ». Il décide d’appeler un ami corse, le commandant Morazzani pour retrouver Jean-Marc. Commence alors une enquête dans les méandres de l’âme corse, au gré des visites des plus beaux sites de l’île, de ses villages reculés, de ses habitants méfiants, sous un soleil implacable.

4e de couverture

 

Incipit

 

La réunion avait commencé depuis moins d’un quart d’heure. Déjà Carole avait décroché. Non pas parce qu’elle se déroulait en anglais. Cette langue dans laquelle s’exprimaient les participants avec plus ou moins de bonheur, lui était familière. Si Carole s’était volontairement mise en retrait, c’était en raison de la présence de son patron à ses côtés. Il n’appréciait pas qu’elle lui vole la vedette en intervenant dans le débat. Pour lui, la technique était une affaire d’hommes. Sans doute n’était-il pas le seul à le penser, car il n’y avait que deux femmes parmi la vingtaine de personnes assises autour de la longue table rectangulaire.

La salle de réunion se situait au quarante-troisième et dernier étage de la tour Framatome, à La Défense. A travers ses larges baies vitrées, on découvrait tout Paris et ses environs.

 

Jean-Marc, le mari de Carole, a disparu. Carole et Alain – elle, cadre supérieur, lui, ingénieur, faut un minimum – se sont aimés puis séparés, il y a seize ans. Ils se reconnaissent. Alain a épousé Sylvie, un amour de jeunesse qui travaille dans un cabinet d'avocats, ils ont eu deux enfants et ils ont divorcé – Sylvie l'a quitté pour un collègue.

Jean-Marc, diplômé de Sciences-Po travaillait pour une banque. Il s'était découvert une passion, la peinture. Trois ans auparavant, il avait pris le maquis, peut-être dans les environs de Propriano où il avait passé quelques jours de vacances avec Alain.

Alain propose à Carole d'appeler un ami, ancien commandant de police, Ange Morazzani, en retraite dans son île natale. Il accepte de mener l'enquête, même s'il doit s'éloigner un temps, vers le Sud, de sa femme Thelma – leurs noces sont récentes.

 

Le Sud accueille le voyageur au chant du Dio vi salvi Regina.

 

Dio vi salvi Regina, Les voix de l'émotion

Didier Jung, Disparu – une randonnée en Corse-du-Sud

La randonnée commence à Proriano.

 

Ange nous fait découvrir les magnifiques paysages de la Corse-du-Sud.

Didier Jung, Disparu – une randonnée en Corse-du-Sud

Sartène, où Ange déjeune d'une pizza géante à une terrasse de la place Porta d'où l'on a une vue panoramique sur les montagnes environnantes.

Didier Jung, Disparu – une randonnée en Corse-du-Sud

Olmeto, L'Ulmetu en langue corse.

Didier Jung, Disparu – une randonnée en Corse-du-Sud

A Viggianello, il goûte un civet de sanglier, arrosé d'un vin de Sartène – le meilleur.

Didier Jung, Disparu – une randonnée en Corse-du-Sud

Il dîne à Fozzano, au U Pitraghju, d'une généreuse planche de charcuterie – la carte des vins est excellente, et la serveuse, accorte.

 

On retrouve la trace de Jean-Marc. On apprend pourquoi il s'est enfui pour le maquis. Et là...

On ne saurait en dire plus.

L'épilogue est complètement immoral, ou tout au moins illégal : il ne passerait pas à la commission de censure, ou de contrôle, des œuvres cinématographiques.

 

Disparu est un petit roman qui aurait pu figurer dans notre série de l'été, Vivement les congés payés ! – suivre les liens >> en bas de page.

 

Il reste les paysages et les nourritures terrestres que l'on aura pu apprécier.

 

 

* * *

 

Le mot de la fin.

(Pour connaître le dénouement de l'intrigue, surlignez l'espace ci-dessous avec la souris afin de faire apparaître le texte.)

 

Quelques années auparavant, Thierry, que l'on n'a pas encore vu paraître, était directeur d'une petite agence de la Société Générale à Strasboug. Ses comptes n'étaient pas en règle. Jean-Marc, alors inspecteur du siège, lui a réglé son compte.

Thierry n'a jamais oublié les années de galère, il s'est promis de retrouver le maquisard et de lui régler son compte. Il le retrouve, il lui assure qu'il ne lui en veut pas et même qu'il lui est reconnaissant de lui avoir offert une nouvelle et fructueuse carrière. Il l'invite à une ballade en mer. Il prend une rame de secours du bateau et assomme son compagnon de croisière.

On n'a jamais retrouvé le corps de Jean-Marc. En Méditerrannée...

 

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27 septembre 2016 2 27 /09 /septembre /2016 00:15
Vivaldi, Les Orphelines de Venise, Gloria, Magnificat

Vivaldi, Les Orphelines de Venise, Gloria, Magnificat, Les Cris de Paris – Geoffroy Jourdain, Ambronay, 2016

 

Au XVIIIe siècle, les femmes ne chantaient pas dans les églises, sauf à Venise, où les pensionnaires des ospedali, institutions charitables recueillant les orphelines, purent chanter les plus grandes partitions, notamment celles de Vivaldi.

Geoffroy Jourdain recompose ainsi une messe imaginaire, enrichie d'une Sinfonia al Santo Sepulcro, d'un Concerto Madrigalesco et d'un Magnificat.

 

Vivaldi, Les Orphelines de Venise, Gloria, Magnificat, Les Cris de Paris – Geoffroy Jourdain, Ambronay, 2016

 

Jusqu'à aujourd'hui, 27 septembre 2016 : Les Cris de Paris & Geoffroy Jourdain - Live @ Festival d'Ambronay 2015

 

Joyeux, lumineux, rayonnant.

 

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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 00:15
Christos Chryssopoulos, La tentation du vide – Shunyata

Christos Chryssopoulos, La tentation du vide (Σουνυάτα, Odysséas, Aehènes, 1999), traduit du grec par Anne-Laure Brisac, Actes Sud, 2016

 

21 mars 1951. Sur la côte Ouest des États-Unis, la petite ville de Williamstown se réveille. Elle ne sait pas encore que le plus terrible des drames l’a frappée durant la nuit : quatorze adolescents s’y sont donné la mort.

Williamstown est une bourgade sans histoire, terne et tranquille, un peu coupée du monde. On ne tenait pas ces jeunes pour particulièrement malheureux. Que s’est-il passé ? Le FBI enquête, mais les indices exhumés relèvent davantage de préoccupations métaphysiques que criminelles…

Pour effleurer le mystère de l’existence, Christos Chryssopoulos embarque sur le Styx en quête de sens et ramène de son voyage un roman fragmenté, profond et troublant, qui préfère aux réponses la vertigineuse beauté des questions et du doute.

4e de couverture

Christos Chryssopoulos, La tentation du vide – Shunyata

Romancier, essayiste et traducteur né en 1968, Christos Chryssopoulos est l’auteur d'une quinzaine d'ouvrages. Lauréat du prix de l’Académie d’Athènes en 2008, membre du Parlement culturel européen, il est en Grèce l’un des écrivains les plus prolifiques et les plus originaux de sa génération. Ses romans sont publiés en France chez Actes Sud.

4e de couverture

 

Incipit

 

20 mars 1951. Rien de particulièrement notable ne se produisit dans la tranquille bourgade de Williamstown, sur la côte Ouest. Et si un événement inédit marqua cette soirée-là, ce fut sans aucun doute celui qui se répéta à quatorze reprises dans le secret de onze demeures de la ville, entre les parois de chambres d'adolescents à l'étage. Mais personne ne se rendit compte de quoi que ce soit – avant le lendemain matin.

 

Williamstown était forte de son passé et ses habitants en étaient fiers. C'était une petite ville tranquille jusqu'au soir du 20 mars 1951.

 

21 mars 1951, au matin.

 

4, rue Jefferson, Sarah, dix-sept ans, s'est entaillé les veines.

Au coin des rues Whitman et Tweed, Milt s'est pendu au lustre de sa chambre.

12, rue Whitman, Patrick, vingt ans, s'est empoisonné sur la une du Portland Chronicle.

1, rue du Parc, Jennifer, seize ans, s'est jetée par la fenêtre sur un tas de ferraille entassée dans la cour.

Place Darsey Manning, Herman s'est injecté de l'air dans le sang.

8, rue Capri, Darlene et Marlene, les deux jumelles, se sont tranché les veines dans une même bassine en argent.

Maison des Brown, Allan gît dans un coin, les entrailles dévorées par le vitriol.

19, rue Fulton, Tony reste écroulé, un revolver dans la main, le visage déchiqueté par une balle.

A la mairie, Mary, Joan et Ann, trois sœurs, se sont empoisonnées.

2, rue Milton, Michael était étendu sur le sol, comme endormi, il était mort.

7, rue Milton...

 

A l'église, le révérend Brown est effondré dans une flaque de sang.

 

Qui était Betty Carter ? Une enfant dans un monde fantasque. Comment sa sœur aînée, Hillary, est-elle tombée d'un arbre, plongeant son père dans un silence ténébreux et sa mère dans une dépression délirante ?

Betty se lia d'une amitié pieuse avec le révérend Brown.

Quand les Carter quittèrent leur hameau dans la forêt pour s'installer à Williamstown, 7, rue Milton, les choses reprirent leur cours.

Un matin, Gertrud vint réveiller sa fille, elle gisait dans une flaque de sang : Betty allait fêter ses dix-neuf ans.

 

Qui est l'énigmatique Antonios Pearl ?

On ne connaît de lui qu'une brève chronologie aussi incertaine que partielle. Antonios Pearl est un errant dans un monde de bruit et de fureur. Il aurait été mêlé aux événements de Williamstown. L'affaire est classé en 1970, l'année de la mort de Janis Joplin et de Jimi Hendrix, l'année du retrait des troupes américaines du Vietnam.

 

Jimi Hendrix, The Star Spangled Banner, Woodstock, 1969

 

Neuf ans après les événements de Williamstown fut découverte une longue lettre (53 pages dans notre édition) de Pearl à Betty. Un texte fascinant, tout en zig-zags et en louvoiements.

Une invitation à la mort. Dieu a créé le temps, Dieu a créé la mort, Il nous invite à la mort, au vide – Shunyata.

On ne saurait en dire plus de ces pages sans dévoiler le mystère.

 

Un récit en fragments, des questions sans réponse, une œuvre majeure.

Christos Chryssopoulos, La tentation du vide – Shunyata

2016, année grecque, avec Cryssilda et Yueyin !

 

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19 septembre 2016 1 19 /09 /septembre /2016 00:15
Il était une fois... Jodie Devos, Caroline Meng, Quatuor Giardini – une féérie

Il était une fois..., Jodie Devos, Caroline Meng, Quatuor Giardini , Alpha Classics, 2016

 

Il était une fois..., Jodie Devos, Caroline Meng, Quatuor Giardini , Alpha Classics, 2016 – David Violi, piano - Pierre Fouchenneret, violon - Dagmar Ondracek, alto - Pauline Buet, violoncelle

 

Jacques Offenbach, Le voyage dans la lune, acte 2, Mon dieu ! Qu'ai-je ressenti là ?

 

Un opéra imaginaire constitué d'airs d'opérette transcrits par Alexandre Dratwicki pour deux voix et quatuor à cordes et piano. Au programme : Jacques Offenbach, Gioacchino Rossini, Jules Massenet, Charles Silver, Laurent de Rillé, Nicolas Isouard, Frédéric Toulmouche, Gaston Serpette.

 

Un projet curieux, un propos cohérent, un tout enjoué : nous sommes invités au chant, à l'opérette, à la féérie !

 

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15 septembre 2016 4 15 /09 /septembre /2016 00:15
Peter Ackroyd, Trois frères – dans notre monde obscur

Peter Ackroyd, Trois frères (Three Brothers, Chatto & Windus, Londres, Peter Ackroyd, 2013), traduit de l'anglais par Bernard Turle, Editions Philippe Rey, 10/18, 2015 – couverture : Cheeri / photo : © Haywood Magee/Getty Images

Peter Ackroyd, Trois frères – dans notre monde obscur

Né à Londres en 1949, Peter Ackroyd est l’une des plumes les plus brillantes de la littérature anglo-saxonne. Il est l’auteur de plusieurs best-sellers Outre-Manche et il a reçu de nombreux prix pour des biographies, dont celles de Shakespeare ou de William Blake, autant que pour son abondante œuvre romanesque.

Selon l'éditeur

 

Londres, les années 1960. Père déchu, mère enfuie, les fils Hanway se sont élevés seuls : Harry, l’ambitieux aîné, fait carrière dans la presse ; Daniel, cadet introverti, est un critique littéraire redouté ; quant à Sam, le rêveur, il vagabonde… Chacun sa voie. Jusqu’au jour où une sombre histoire de meurtre les réunit, les révélant à eux-mêmes de manière tragique… Entre satire sociale et roman noir, cet attachant portrait nous plonge dans « l’âme » de Londres, véritable héroïne de ce roman magnifique et captivant.

 

« Entre Dickens pour le contexte et Shakespeare pour les sentiments. Du grand, très grand ! »

Madame Figaro

4e de couverture

 

Incipit

 

I

Sandwiches fromage-cornichons

 

Dans la commune de Camden, au nord de Londres, en plein milieu du siècle dernier, vivaient trois frères : trois jeunes garçons, nés à un an d’intervalle. Ils partageaient un point commun remarquable : tous trois étaient nés à la même heure, le même jour du même mois – pour être précis, à midi, le 8 mai. La probabilité était faible, quasi inconcevable. Et pourtant, il en allait ainsi. Après la naissance du troisième enfant, le journal local rapporta la coïncidence et les fils Hanway furent l’objet de nombreuses conjectures. Etaient-ils d’une manière ou d’une autre distingués par le destin ? Existait-il entre eux, en plus de leur affinité naturelle, une sorte de communion insaisissable ? Bien sûr, l’intérêt retomba vite dans un quartier où les difficultés du quotidien étaient encore patentes quatre ou cinq ans à peine après la guerre. D’ailleurs, il existait entre les frères des différences (de tempérament, de sensibilité) qui bientôt se firent jour.

 

Daniel est un étudiant brillant, Sam, un rêveur, et Harry, un homme d'action.

 

Harry Hanway quitte l'école à seize ans, devient coursier pour Le Clairon de Camden, puis journaliste. A la recherche d'une information sur sa mère disparue, il consulte les archives du tribunal : elle a été condamnée à trois mois de prison, en 1957, pour racolage et outrage aux bonnes mœurs – voilà pourquoi elle avait disparu.

Harry s'aperçut d'un coup que, ayant désormais le fin mot de l'histoire, il ne pouvait plus continuer de vivre avec ses frères.

Il fait sa valise et loue un meublé sur Carver Street. Au café ouvrier Zodiac, il rencontre Hilda, jolie et drôle. Ils deviennent amis bien avant d'être amants.

Harry remporte un concours lancé par le Morning Chronicle : il s'agissait de rédiger le profil d'une personnalité de son choix. Il choisit Simon Sim, l'incendiaire qu'il a arrêté dans une église et qui lui a valu ses débuts de journaliste. Harry le rencontre à Wormwood Scrubs, une prison rongée par les vers, où il purge sa peine de trois ans : il parle du Blitz, toujours le feu, dans son enfance.

C'est ainsi que Harry Hanway, à l'âge de dix-huit ans, devient reporter au Morning Chronicle.

 

Daniel Hanway, l'érudit, poursuit ses études dans la petite chambre de la cité ouvrière où vit son père, en se tenant à l'écart du monde. Dans son journal, il se plaint de la vulgarité des gens du quartier. Il est admis à Cambridge : enfin ma vie commence.

 

Sam Hanway est un solitaire, plongé dans ses rêves, loin de l'école. Il se prend de piété naïve, il est engagé comme jardinier dans un couvent. Mère Placentia apprend de lui qu'il y a au dehors des pauvres et des affamés. Elle institue un repas de charité servi par Sam aux grilles du couvent – jusqu'au jour où le couvent, les clochards, les religieuses s'évaporent : un rêve ?

 

Hilda a trouvé une place de serveuse dans un petit café de Bayswater, le On verra bien !. Elle aide les pauvres qui n'ont pas de quoi payer leur écot et elle refile des tuyaux à Harry : elle réussit à intégrer le bureau d'Asher Ruppta, un affairiste, un escroc.

 

Harry est promu directeur adjoint du Chronicle. Daniel est élu professeur assistant à Cambridge. Sam est devenu l'homme à tout faire d'Asher Ruppta.

 

Jusqu'au jour où... Sam, venu apporter des documents à Asher Ruppta, chez lui, à Highgate, découvre son cadavre, la gorge tranchée.

Les frères vont-ils se retrouver ?

 

Une vue perçante, tranchante, juste, de notre monde moderne et cruel.

 

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7 septembre 2016 3 07 /09 /septembre /2016 00:15
Kim Thúy, Vi – Précieuse minuscule microscopique

Kim Thúy, Vi, Les Editions Libre Expression, Montréal, 2016 – Editions Liana Levi, 2016 ; couverture : D. Hoch ; photo : Philippe Chaplain

 

Thủy, Đàn Tranh, musique traditionnelle vietnamienne – La Guêpe (?)

Kim Thúy, Vi – Précieuse minuscule microscopique

Au temps de l'Indochine, le domaine de la famille Lê Van An englobe d'immenses terres et une vaste demeure où s'affairent près de trente domestiques. C'est là que naît le père de Vi, avec le destin d'un prince comblé que l'histoire va déchoir de son royaume. Dans l'ombre dévolue aux femmes, son épouse dirige d'une main de fer l'exploitation fragilisée par les réformes, puis la guerre. Lorsque Vi voit le jour, le dix-septième parallèle sépare déjà le Nord du Sud. La réunification et la chasse aux possédants l'obligent à fuir son pays sur un bateau de fortune. En quittant Saigon pour Montréal, celle dont le prénom signifie "minuscule" et "précieuse" devra apprendre à apprivoiser la grande vie et ses tumultes. Et à saisir les hasards qui lui ouvriront à nouveau, un jour, les portes du pays natal.

 

Kim Thuy est née en 1968 à Saigon en pleine guerre du Vietnam. A l'âge de dix ans, elle fait partie des centaines de milliers de boat people fuyant le régime communiste. Installée à Montréal, elle exerce différents métiers – couturière, interprète, avocate ou encore restauratrice – avant de se consacrer à l'écriture. En 2010, Ru devient un best-seller en France et au Québec. Traduit dans plus de vingt pays, il obtient le Prix du Gouverneur général et le Grand Prix RTL-Lire. Avec Mãn (2013) et Vi (2016), Kim Thuy poursuit l'exploration de son identité double, liant avec force et légèreté le passé et le présent, la mémoire et l'intime.

4e de couverture

 

Kim Thúy a effectué un double cursus universitaire à l'Université de Montréal : diplômée en linguistique et traduction en 1990 et en droit en 1993. Elle a alors été couturière, traductrice, interprète, avocate, restauratrice, chroniqueuse culinaire et, depuis 2009, romancière « par accident », comme elle le dit en riant.

 

Incipit

 

J'avais huit ans quand la maison a été plongée dans le silence.

Sous le ventilateur d'appoint apposé au mur blanc ivoire de la salle à manger, un grand carton rigide rouge vif portait un bloc de trois cent soixante-cinq feuilles. Chaque feuille indiquait l'année, le mois, le jour de la semaine et deux dates : une selon le calendrier solaire et une autre selon le calendrier lunaire. Dès que j'ai été capable de grimper sur une chaise, on m'a réservé le plaisir d'enlever une page à mon réveil. J'étais la gardienne du temps. Ce privilège m'a été retiré quand mes frères aînés Long et Lộc ont eu dix-sept ans. À partir de ce jour d'anniversaire, que nous n'avons pas célébré, ma mère pleurait chaque matin devant ce calendrier. J'avais l'impression qu'elle se déchirait en même temps qu'elle arrachait la feuille du jour. Le tic-tac de l'horloge qui d'habitude nous endormait au moment de la sieste de l'après-midi sonnait soudainement comme celui d'une bombe à retardement.

J'étais la petite dernière, la seule sœur de mes trois grands frères, celle que tout le monde protégeait comme les précieuses bouteilles de parfum derrière des portes vitrées. Même si j'étais tenue à l'écart des préoccupations de la famille en raison de mon âge, je savais que les deux plus vieux devraient partir sur un champ de bataille le jour de leurs dix-huit ans. Qu'ils soient envoyés au Cambodge à combattre Pol Pot ou à la frontière avec la Chine, les deux destinations leur réservaient le même sort, la même mort.

[…]

Mon prénom, Bào Vi, illustrait l'intention de mes parents de « protéger la plus petite ». Si l'on traduit littéralement, je suis « Précieuse minuscule microscopique ».

 

Un récit autobiographique, un de plus, où Kim Thúy conte son odyssée de Saïgon vers Montréal, en passant par Copenhague, Manhattan, Shanghaï, Berlin, Hanoï, à la recherche de son intégration dans un nouveau monde – l'histoire d'un déracinement et d'une construction de soi.

Les lieux et les saisons se bousculent en errance comme dans un rêve.

L'écriture est élégante.

 

Magique ! nous dit Yueyin.

 

Et pourtant, l'ensemble paraît léger, peu consistant, légèrement ennuyeux dans sa flânerie – l'ennui est éminemment subjectif !

 

Kim Thúy présente Vi

 

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3 septembre 2016 6 03 /09 /septembre /2016 00:15
Luisa Gallerini, Un Renard dans le Miroir – la part obscure dans l'inconnu

Luisa Gallerini, Un Renard dans le Miroir, Luisa Gallerini, 2016 – couverture : Auguste Toulmouche, Dolce farniente, détail, 1877

Luisa Gallerini, Un Renard dans le Miroir – la part obscure dans l'inconnu

Auguste Toulmouche, Dolce farniente, 1877

Luisa Gallerini, Un Renard dans le Miroir – la part obscure dans l'inconnu

Edouard Manet, Olympia, 1863

La main cache le chat, le chat noir lève la queue.

N’êtes-vous jamais fier comme un paon ou têtu comme une mule ? Etes-vous plutôt rusé comme un renard ou bête comme une oie ? L'homme, dit-on, est un animal comme les autres.

A sa sortie du couvent, Joséphine reçoit une invitation anonyme accompagnée, dans un paquet soigneusement ficelé, d’un miroir en argent. Conviée à une soirée parisienne très prisée, elle ne résiste pas à sa curiosité naturelle. Et pourtant, les rumeurs les plus folles courent sur le compte de la maîtresse de maison, une riche Américaine à la réputation sulfureuse. En tombant dans ses filets, Joséphine succombe à la première d’une longue série de tentations… Entre aventures éphémères et plaisirs saphiques, pulsions animales et expériences initiatiques, la soirée prend vite un cours inattendu. D’autant que le miroir en argent possède un étonnant pouvoir magique : révéler la véritable nature des êtres vivants. Fascinée par cet extraordinaire secret, Joséphine mène son enquête. Qui a bien pu l’inviter à ce salon mondain, et pourquoi ?

Au fil de ses rencontres avec des créatures surnaturelles aussi séduisantes que menaçantes, Joséphine est confrontée à la formidable complexité de l’espèce humaine. Le but ultime de sa quête ? Sa nature la plus profonde. A l’image du « Portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde et de « L’Ile du docteur Moreau » d’H. G. Wells, « Un Renard dans le Miroir » est une invitation à voir au-delà des apparences ; dans la veine des nouvelles érotiques d'Anaïs Nin, ce roman fantastique est aussi une invitation à vivre une inoubliable nuit… sans sommeil.

Selon l'éditeur

Luisa Gallerini, Un Renard dans le Miroir – la part obscure dans l'inconnu

Née en 1976 à Paris, Luisa Gallerini est une romancière française. Scientifique de formation, elle écrit de nombreux articles pour la presse écrite, où elle publie aussi des nouvelles.

Passionnée d’Egyptologie, d’art et de littérature fantastique, elle publie en 2015 son premier roman, La Momie de Pâques. Chasse aux trésors entre l’Egypte du XIXe siècle et l’Europe contemporaine, ce récit d’aventure mêle histoire, religion, fantastique et romance sentimentale au rythme d’une quête effrénée à la vie éternelle. Son deuxième livre, Un Renard dans le Miroir, paraît en 2016. Entre quête initiatique, enquête policière et roman fantastique, ce récit érotique lève le voile sur l’un des plus célèbres salons littéraires du siècle dernier.

Selon l'éditeur

 

Incipit

 

Il y a les hommes, il y a les animaux, et il y a les « autres ». Les « autres », vous dites-vous, mais quels autres ? En réalité, cette appellation générique regroupe deux catégories : les animhommes et les hommanimaux. Si parfois une telle distinction s'avère délicate, elle n'en reste pas moins capitale car elle permet de déterminer ce qui prime chez ces créatures, l'humanité ou l'animalité. Sans doute pensez-vous que cela ne concerne qu'une minorité d'hommes et de femmes ; détrompez-vous ! Vous seriez étonnés de savoir combien les « autres » sont nombreux. Et à ceux qui se récrient déjà avec indignation, je ne dirai qu'une chose : l'erreur est humaine.

 

Dans les années 1920, un fiacre conduit, à vive allure, Joséphine de Courmont, la narratrice, à une soirée chez Mademoiselle Lampado, l'un des plus hauts lieux parisiens. Elle a reçu une énigmatique invitation accompagnée d'un face-à-main en argent, légèrement patiné, avec une singulière mention au dos : « Les yeux sont le miroir de l'âme. »

Luisa Gallerini, Un Renard dans le Miroir – la part obscure dans l'inconnu
Luisa Gallerini, Un Renard dans le Miroir – la part obscure dans l'inconnu

Miroir du désir.

Kitagawa Utamaro, Femme se poudrant le cou, Epoque d’Edo, 1795-1796, Impression polychrome, 36,9 x 25,4 cm, Cachet de l’éditeur Ise Mago, Paris, musée national des arts asiatiques – Guimet, don C. Salouray, 1894

© RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Droits réservés

 

Le salon de Mademoiselle Lampado est peuplé d'une curieuse faune aux étranges us et coutumes. La délicieuse créature qui nous en fait la relation est venue dans un lieu de débauche et de luxure. Mademoiselle Lampado mène le bal. Nous sommes sur les terres saphiques du « divin marquis ».

Hallucinant ! Les invités apparaissent dans le miroir sous la figure de bêtes. Peut-on se fier aux apparences ? Au salon comme au parc, on rencontre une femme-piranha, un ours, une biche – c'est le Jardin des Plantes.

La lune, qui enveloppait les arbres d'une brume argentée, éclairait au sol la rosée nocturne qui scintillait comme des diamants.

 

Qui avait invité Joséphine ?

 

On entendait le violoncelle du trio en mi bémol majeur de Schubert.

 

Franz Schubert, Trio en mi bémol majeur pour piano et cordes, op. 100, 1827 – Andante con moto, Trio Wanderer, 2007

 

Et si toute l'histoire n'était qu'un délire onirique ?

 

Luisa Gallerini, Un Renard dans le Miroir, 2016

Une très jolie écriture – on aura pu le lire, et l'art du mystère.

* * *

Le baiser d'Irène, lu par Luisa Gallerini.

 

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29 août 2016 1 29 /08 /août /2016 00:15

La rentrée en musique !

Ophélie Gaillard, Carl Philipp Emanuel Bach, Pulcinella Orchestra

Ophélie Gaillard, Carl Philipp Emanuel Bach, Pulcinella Orchestra, Aparté, 2016

 

Troisième enfant de Johann Sebastian, Carl Philipp Emanuel Bach a donné une œuvre inventive, au croisement des courants de l'Empfindsamkeit, sensibilité, et du Sturm und Drang, tempête et passion.

Une écriture effervescente autant que mélancolique et dramatique.

Cet esprit libre, admiré par Hasse, Haydn, Mozart ou Beethoven, est à l'honneur grâce à la passion profondément inteligente de la violoncelliste Ophélie Gaillard et de son Pulcinella Orchestra.

 

Ophélie Gaillard, Carl Philipp Emanuel Bach, Opus 2, Pulcinella Orchestra, Aparté, 2016

 

Suave et incandescent.

 

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25 août 2016 4 25 /08 /août /2016 00:15

LIMINAIRE

Vivement les congés payés ! – Sara Seale, La cage d'argent

Jean-Pierre Coasne, Vivement les congés payés ! – linogravure, 2016

Vivement les congés payés ! – Sara Seale, La cage d'argent

Remerciements à Jean-Pierre Coasne, qui nous a autorisé à reprendre ici son travail d'artiste – que l'on ne saurait confondre avec les petits romans que nous chroniquons pour la plage.

Vivement les congés payés ! – Sara Seale, La cage d'argent

Sara Seale, La cage d'argent (The Silver Sty, 1942), traduction française, Harlequin, 1982

 

Lors d’une soirée organisée au manoir de Fallow, Sarah rencontre un séduisant inconnu, bien différent des autres… Quelle n’est pas sa stupeur, lorsqu’elle découvre enfin son identité : il n’est autre que son tuteur, James Fane, dont elle redoutait tant le retour !

Le nouveau venu va-t-il imposer sa loi et inculquer les bonnes manières à sa fougueuse pupille, qui aime vivre à sa guise, sans souci des convenances ?

Certes non, l’adolescente ne l’entend pas de cette oreille… Mais aura-t-elle le dessus ?...

4e de couverture

Vivement les congés payés ! – Sara Seale, La cage d'argent

Sara Seale was the pseudonym by Mary Jane MacPherson (d. March 11, 1974) and/or A.D.L. MacPherson (d. October 30, 1978), a British writing team of over 45 romance novels as from 1932 to 1971. Seale was one of the first Mills & Boon's authors published in Germany and the Netherlands.

 

Incipit

 

A l'intérieur, quelqu'un jouait au piano J'aurais pu danser toute la nuit. C'était étrange, songea James, debout devant la porte dont il venait de presser la sonnette. Treize ans auparavant, par une soirée d'été semblable à celle-ci – celle où Clare avait rompu avec lui... – il avait entendu la même mélodie, se mêlant dans l'air chaud et embaumé au clapotis de la rivière toute proche...

 

George Cukor, My Fair Lady, 1964, un film inspiré de la pièce de George Bernard Shaw, Pygmalion, 1914 – I could have danced all night

 

Finis coronat opus

 

Oui, acqiesça-t-elle, souriant à travers ses larmes. En souvenir...

Nous en cueillerons beaucoup d'autres, Sarah.

Glissant tendrement son bras autour de ses épaules, il l'entraîna vers l'escalier.

 

Remerciements à Patrick Szymanek qui nous a offert ce beau livre.

 

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17 août 2016 3 17 /08 /août /2016 00:15

LIMINAIRE

Vivement les congés payés ! – Karen Van Der Zee, Les ombres d'Amsterdam

Jean-Pierre Coasne, Vivement les congés payés ! – linogravure, 2016

Vivement les congés payés ! – Karen Van Der Zee, Les ombres d'Amsterdam

Remerciements à Jean-Pierre Coasne, qui nous a autorisé à reprendre ici son travail d'artiste – que l'on ne saurait confondre avec les petits romans que nous chroniquons pour la plage.

Vivement les congés payés ! – Karen Van Der Zee, Les ombres d'Amsterdam

Karen Van Der Zee, Les ombres d'Amsterdam (Waiting, 1982), traduction française, Harlequin, 1983

 

« Je vous en prie, Lex, ne vous enfermez pas dans le silence. Cela ne vous aidera pas à oublier le passé, croyez-moi... »

« Douce Andréa, pourquoi vous souciez-vous tellement de moi ? »

Pourquoi ? Parce qu'elle comprend parfaitement le désespoir de cet homme qui a surgi un soir dans sa vie. Ils ont tous les deux perdu l'être qu'ils aimaient. Mais Andréa a su retrouver la force d'espérer. Et elle doit la communiquer à Lex...

Il le faut, pour que la jeune femme continue à avoir confance en l'avenir...

4e de couverture

Vivement les congés payés ! – Karen Van Der Zee, Les ombres d'Amsterdam

Windela Kilmer (born 26 May 1947 in the Netherlands) is a popular globetrotting writer of over 33 romance novels since 1979 as Karen Van der Zee. She also signed two novels as Mona Van Wieren and she received a RITA for Rhapsody in Bloom.

Vivement les congés payés ! – Karen Van Der Zee, Les ombres d'Amsterdam

Incipit

 

Quelque chose était en train de brûler !

Les clefs à la main, Andréa se figea devant l'entrée de son appartement situé sous les combles. Pendant quelques secondes, une éternité, elle demeura immobile, les yeux fixés sur la porte. Puis, lentement, elle regarda sa main tremblante : elle n'avait pas besoin des clefs, la porte était ouverte.

 

Dès la première ligne, c'est chaud !

L'éternité... ce ne sont que quelques secondes.

Quand la porte est ouverte, on n'a pas besoin des clefs – on connaît son Musset.

 

Andréa est seule, à Amsterdam, sous les combles, elle a appris à vivre avec sa solitude depuis la mort de Bart. Lex vient de surgir dans sa vie. Il est seul, depuis la mort de sa femme.

Andréa quitte le bureau de bonne heure et rentre chez elle à pied.

 

Nourritures terrestres

 

Un peu de laitue, un œuf dur, une tomate, une tranche de jambon et un plat de macaroni.

 

Finis coronat opus

 

Andréa ! Comment vous expliquer... J'ignorais qu'il me serait un jour possible de connaître un tel bonheur, une joie aussi parfaite.

Elle se blottit contre lui sans répondre.

Vous savez, murmura-t-il après un court silence, nous vieillirons ensemble, vous et moi. Je le sens. Rien ne nous arrivera. Nous deviendrons très vieux...

Il parlait avec une conviction absolue, comme s'il venait de signer un pacte avec le destin, un pacte qui ne serait jamais rompu.

Oui, répliqua-t-elle en levant son visage vers lui. J'en suis sûre, moi aussi.

 

Remerciements à Patrick Szymanek qui nous a offert ce beau livre.

 

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