« J'avais désespéré d'entendre ça un jour, c'est bon ! »
Henri Verneuil, Le Président, 1961 – d'après le roman éponyme de Georges Simenon
« J'avais désespéré d'entendre ça un jour, c'est bon ! »
Henri Verneuil, Le Président, 1961 – d'après le roman éponyme de Georges Simenon
Eric Miles Williamson, Bienvenue à Oakland, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alexandre Thiltges, Librairie Arthème Fayard, 2011
Eric Miles Williamson est né à Oakland le 20 juin 1961. L'ancien jeune des chantiers et de la rue a repris le chemin des études et obtenu un doctorat de littérature en 1998. Il est aujourd'hui professeur de littérature à l'université d'Oakland et critique littéraire.
Il a témoigné de la vie quotidienne de ceux qui l'entourent, et de ce qu'il a vécu, dans Gris-Oakland, Gallimard, 2003, et Noir Béton, Fayard Noir, 2008 : ghettos délabrés, pauvreté, violence. Bienvenue à Oakland est une nouvelle variation sur le rêve, le cauchemar, américain.
« L’écriture de Williamson, lit-on dans The New York Times, est transcendante. Sa prose flotte sur des rythmes torrides qui évoquent la hardiesse et l’exubérance du jazz. »
Art Blakey & The Jazz Messengers, avec Freddie Hubbard, Curtis Fuller, Wayne Shorter, Cedar Walton, Reggie Workman, Free for All, 1964
La galerie de portraits de T-Bird Murphy est une collection de déglingués, à commencer par son père, Pop, puis les désespérés, Duke, P.J., Mike, Antonio, et cette liste n'en finit pas, franchement, c'est tellement triste que c'en est presque insupportable, et les habitués de chez Dick, Shapiro, Louie, le barman, Glenn, Joey Polizzi, Owen Jorgensen, et Blaise et tant d'autres.
C'est l'histoire d'un roman en train de se raconter.
Rien ne me rend plus heureux que de vivre dans un trou, et je dois dire que j'ai vécu dans des sacrés trous de merde.
[…]
Ce livre parle des gens qui travaillent pour gagner leur vie, les gens qui se salissent et ne seront jamais propres, les gens qui se lavent les mains à la térébenthine, au solvant ou à l'eau de Javel et se récurent tellement souvent la peau avec des produits chimiques qu'elle se dessèche et brille comme un cuir tanné – quand ils pèlent comme un serpent qui mue, en dessous il reste encore de la graisse, de l'huile et de la crasse, imprégnées jusqu'à l'os.
[…]
Le « je » de cette histoire, cette chose, c'est le personnage le plus important. C'est moi, T-Bird Murphy.
[…]
J'ai regardé par ma fenêtre, de nuit, et j'ai vu le smog, j'ai respiré les mêmes saloperies que toi, je suis sorti de chez moi à trois heures du mat' et j'ai reniflé à pleins poumons l'aisselle puante de l'Amérique. Je sais qu'elle est là et je vais certainement pas faire comme si je trouvais ça sympa. C'est tout ce que je méprise. Et toi aussi, je te méprise.
[…]
Donc, quand je ne travaillais pas – je n'ai jamais lâché l'info à personne –, eh bien, je lisais. La bibliothécaire de la Bibliothèque publique d'Oakland s'appelait Mrs Weismann, je la connaissais depuis l'école primaire. Déjà, à l'époque, elle me collait les bons bouquins entre les mains : Jack London, Theodore Dreiser, John Dos Passos, Lipton Sinclair, Mark Twain. Elle m'a refourgué Marx, Nietzsche, Herbert Spencer, Walter Lippman, Sartre, Camus, Trotsky, et tout un tas de types dont t'as sans doute jamais entendu parler, parce que, ce qui est sûr, c'est que Mrs Weismann connaissait des bouquins carrément géniaux.
Oakland, California
Oakland, Downtown, Lake Merritt, and Lakeside Park, California
L'essence et la vraie beauté d'Oakland, on les perçoit lorsqu'on y voit plus à six mètres. Oakland, c'est le plus bel endroit de la planète, et je sais de quoi je parle, parce que je suis un diapason posé sur le trou du cul de la beauté.
[…]
Y a rien de plus beau que la volonté de vivre lorsqu'on baigne dans le désespoir absolu. L'espoir, c'est pour les connards.
[…]
trente-deux caractéristiques d'un enculé : qualités et repères.
[…]
32. J'encule les enculés.
[…]
J'ai montré ce que j'avais écrit à mon barman […] « Trop d'insultes » […] 160 enculés ou autres déclinaisons de ce terme, 17 chattes, 51 bites (en comptant le nom du bar*), 9 queues, 26 culs, 90 merdes, 58 putains, 4 pétasses, 7 pédales, 52 nègres, 53 foutres, 21 salopes, 16 putes et 3 coches.
* Le bar-restau que fréquente T-Bird s'appelle le « Dick's », ce qui, en argot, veut aussi dire « bite ».
[…]
« Si tu veux vraiment dire quelque chose, mets-le dans la bouche d'un de tes personnages. Sinon, le lecteur va penser que c'est toi qui parles et qui penses toutes ces choses horribles, ignobles et injurieuses, et si le lecteur n'est pas d'accord avec toi, il se peut que le lecteur ne t'aime pas, ne t'aime pas toi, l'Auteur, et cela pourrait avoir un impact négatif sur la vente de tes livres. »
[…]
Ce dont on a besoin, c'est d'une littérature imparfaite, d'une littérature qui ne tente pas de donner de l'ordre au chaos de l'existence, mais qui, au lieu de cela, essaie de représenter ce chaos en se servant du chaos, une littérature qui hurle à l'anarchie.
[...]
« Epouse-moi. »
Elle a souri et m'a pris la main.
[…]
« Epouse-moi », j'ai dit, et je ne sais pas ce que j'ai dit après ça, mais ce que j'aurais dû dire, et ce que je raconte, quand j'explique ce que j'ai dit, c'est ça : Je ne suis pas comme eux. Vraiment pas.
* * *
Remerciements à despasperdus, dont la chronique nous a permis de connaître cet écrivain majeur de notre temps.
Un cri vers Dieu / Marie VILOIN, CFRT / France Télévisions, pour Le Jour du Seigneur, 17 février 2013
Jean de la Croix Robert, moine bénédictin, est venu se retirer dans le massif de la Chartreuse, en ermite, pour prier et méditer les textes bibliques.
Ecoutons-le lire, dans son ermitage, le psaume 30.
Un cri vers Dieu – lecture du psaume
Un cri vers Dieu – méditation, première partie
Un cri vers Dieu – méditation, seconde partie
* * *
A lire.
Jean de la Croix Robert, La falaise et l'horizon, Desclée De Brouwer, 2012
* * *
Je t'exalte, Seigneur : tu m'as relevé, tu m'épargnes les rires de l'ennemi.
Quand j'ai crié vers toi, Seigneur, mon Dieu, tu m'as guéri ; *
Seigneur, tu m'as fait remonter de l'abîme et revivre quand je descendais à la fosse.
Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles, rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu'un instant, sa bonté, toute la vie ; * avec le soir, viennent les larmes, mais au matin, les cris de joie.
Dans mon bonheur, je disais : Rien, jamais, ne m'ébranlera !
Dans ta bonté, Seigneur, tu m'avais fortifié sur ma puissante montagne ; * pourtant, tu m'as caché ta face et je fus épouvanté.
Et j'ai crié vers toi, Seigneur, j'ai supplié mon Dieu :
« A quoi te servirait mon sang si je descendais dans la tombe ? * La poussière peut-elle te rendre grâce et proclamer ta fidélité ?
« Écoute, Seigneur, pitié pour moi ! Seigneur, viens à mon aide ! »
Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie.
Que mon coeur ne se taise pas, qu'il soit en fête pour toi, * et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce !
Psaume 30, Bible de la liturgie
Copyright AELF - Paris - 1980 - Tous droits réservés
[mention exigée par l'AELF]
Fidèlalous, festoyons ensemble !
Scène 1
Plage des Sept milles, Grand Caïman
Plage des Sept milles [un clic pour une plus haute résolution]
De gauche à droite : Paul-Hervé, Philomène-Héloïse, Clothilde-Eléonore, Charles-Edouard, avec la tonsure qui fait tout son charme.
Clothilde-Eléonore ne paraît pas son âge, le miracle des cocotiers !
Un demi-siècle, ça se fête !
Philomène-Héloïse a une voix très jeune, elle est jeune.
Clothilde-Eléonore nage comme un poisson, elle est Poissons, enlacée à son Charles-Edouard qui nage dans la finance entre deux eaux.
_ Quelle délicate attention !
_ On n'a pas tous les jours cinquante ans !
_ J'ai 't-neuf ans, depuis... quelques années, je m'y tiens : - )
_ Et Moscou ?
_ Ce n'était pas notre paradis. Le voici !
_ Madame, j'ai préparé une conche marinée en salade, une tortue grillée sur la pierre, avec lait de coco, fruits et légumes du marché.
_ Merci, Tahiana, ce sera parfait ! Venez vous joindre à nous, le foyer est à trois pas, je veillerai sur notre Chelona.
_ Je vais chercher l'entrée et je reviens, merci, Madame.
_ Tu fais dans le social, maintenant ?
_ Tahiana est très gentille, et...
_ … Tahiana... Tahiana... Elle n'est pas d'ici ?
_ Son île est le huitième continent. Sous les ouragans. Il y a cinq ans de cela, elle était encore une enfant. Après le passage du terrible Ivan, elle s'est retrouvée orpheline, elle est venue sous d'autres cieux tropicaux. Tahiana, chez elle, c'est « La Protégée ». Elle est un peu notre fille, et... qui sait ? Matthieu-Simon s'intéresse à elle.
_ Ha ! Je te vois en grand-mère, biberonnant le petit, et vous, Charles-Edouard, poussant le landau sur la plage.
_ ...
_ Et vous avez trouvé sur l'île ?
_ Une villa spacieuse, trois chambres, vos bagages y sont déjà. Tu l'aperçois ?
_ La plage est à vous ?
_ Evidemment ! Nous logeons Tahiana. La chambre d'amis est libre quand Matthieu-Simon est retenu par ses affaires.
_ Demain matin, nous te ferons visiter notre jet, espace conseil, salon privé, chambre avec bains, logement pour les pilotes et le cuisinier, bien.
_ Vous n'aviez pas pensé à un yacht ?
_ Et les pirates des Caraïbes !?
_ Tu restes quelques jours ?
_ On ira à la pêche aux conches. Paul-Hervé doit rentrer demain, tu sais, l'éolien, le solaire, le social...
_ Charles-Edouard accompagnera et nos pilotes à nous iront le reprendre en fin de semaine... Nous ferons les folles, ma chérie, shopping !
_ Ouiii !
_ Tu ne finis pas ta tortue ? Tahiana, resservez-vous ! Maintenant, je souffle les 29 bougies, quelle délicate attention !
Scène 2
Un bigophone longue portée, Paris
_ Tu me captes, ma chérie ?
_ 5 sur 5 !
_ Dans la rue, un déchet, je viens de voir...
_ … ?
_ L'exilé russe !
« _ Philomène, en souvenir du bon vieux temps, laissez le sou venir.
_ Vous n'aviez qu'à prendre le bon cap ! »
* * *
Le thérondelle
http://www.libellus-libellus.fr/article-29729004.html
Le thérondelle 02
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_02-a-va-casser-50786154.html
Le thérondelle 03
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_03-a-casse-de-partout-66024478.html
Le thérondelle 04
Le thérondelle 05
Le thérondelle 06
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_06-rondelle-ou-nuage-69437987.html
Le thérondelle 07
Le thérondelle 08
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_08-la-dame-au-camelia-71042830.html
Le thérondelle 09
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_09-colchiques-dans-les-pres-73592474.html
Le thérondelle 10
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_10-un-cauchemar-74204346.html
Le thérondelle 11
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_11-des-idees-pres-de-chez-vous-75035415.html
Le thérondelle 12
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_12-fromages-78050510.html
Le thérondelle 13
Le thérondelle 14
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Le thérondelle 15
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_15-y-a-bon-banania-111362006.html
Le thérondelle 16
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_16-place-eud-clichy-111977305.html
Le thérondelle 17
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_17-chez-mimile-113481887.html
Le thérondelle 18
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_18-from-russia-with-love-114655152.html
Le thérondelle 19
http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_19-115304785.html
Despas nous met à la question, et nous l'en remercions – perd rien pour attendre !
Despas :
« PensezBibi nous a soumis à La Question !
N'imaginez pas le pire, notre ami nous a invité à répondre à 11 questions, selon le principe d'une chaîne de blogueurs imaginée par un Kremlinologue distingué, bien connu de nos services pour son soutien inconditionnel au gouvernement Ayrault.
Voici la règle à respecter :
La marche à suivre est simple. La plupart du temps, une ou plusieurs questions nous sont posées. Le blogueur doit y répondre et envoyer son article à d’autres blogueurs. Ils y répondent et envoient eux aussi l’article à d’autres blogueurs, etc. Il faut poster les règles sur les blogs, répondre aux 11 questions et inventer 11 nouvelles questions puis partager le tag avec 11 personnes en mettant un lien vers leurs blogs et leur annoncer la nouvelle ! »
Les 11 nominés et les 11 questions nouvellàlous sont à la fin.
Nous avions d'abord répondu aux questions de Bibi (on s'était trompé de liste, on ne va pas gâcher la marchandise).
1. Votre actuel livre de chevet ?
Eric Miles Williamson, Bienvenue à Oakland.
2. Petit inventaire de choses insupportables (trois au minimum)…
Les cérémonies de repentance normale pour le massacre des indiens d'Amérique, pour l’assassinat de l'archiduc d'Autriche, pour le dernier album de Carla Bruni de France.
3. Une blogroll de gauche avec des blogs de Droite Extrême dedans, ça vous inspire quoi ?
De la politique, maintenant !?
4. « Aube Dorée » en Grèce ?
Une funeste légende. Reviens, Socrate !
5. Qui pour diriger les Chaînes publiques : C. Ockrent, L. Joffrin ou Jean-M. Aphatie ?
Lou de Libellus. Le pilote de sa nouvelle émission, très tendance mieux-disant culturel, à 4 h 35, entre Poubelle à vie et Très chiasse, très prout, sort le 1er avril prochain.
6. Pourquoi l’Argentine ?
Pourquoi l'Argentine n'est-elle pas membre de l'Union européenne ? Nous avons bien la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion, Mayotte, et même la Corse ! Et puis nous avons un pape argentin des pauvres, on l'attend à ses actes, selon l'épître de Jacques.
7. A quoi sait-on que l’on aime ?
Quand on ne confond pas le désir et l'amour.
8. Que faites-vous quand vous ne faites rien ?
Rien.
9. On vous traite d’«intellectuel». Une insulte ? Un compliment ?
L'intellectuel est celui qui se mêle de ce qui ne le regarde pas. Et, justement, ce sont les affaires des autres qui m'intéressent.
10. Un malheur d’enfance ?
Pas eu le temps.
11. Pour vous reposer : une urne funéraire, une tombe, un caveau de famille, un relax, un hamac ?
Repos éternel ? Je ne fais pas la sieste, pas le temps, la retraite, tu sais, petit...
Nous répondons aux questions de Despas.
1 : pourquoi as-tu un blog ?
Pour répondre à des tags.
2 : quel bouquin lis-tu actuellement ?
Eric Miles Williamson, Bienvenue à Oakland.
3 : ta citation préférée ?
faisons quelque chose encore...
4 : une émission tv ou radio à conseiller ?
La nouvelle émission de Lou de Libellus, dont le pilote sort le 1er avril prochain, c'est très tendance mieux-disant culturel, à 4 h 35, entre Poubelle à vie et Très chiasse, très prout.
5 : une passion (presque) inavouable ?
Je me délecte à la lecture des affiches de Transe Du Manche et de Pipi Rassis.
6 : Libération, un journal de gauche ?
Edouard de Rothschild, Louis Dreyfus, Anne Lauvergeon... Non, vraiment, je ne vois pas.
7 : que penses-tu du mécénat ?
Tu veux parler du mécénat d'entreprise ? Le fou rire étant déconseillé à ma tachycardie par l'Académie, je ne te répondrai pas. Pourtant, Lou est mécène.
8 : alors le changement, c'est maintenant ?
Décidément, on te l'a déjà dit, tu te crois encore au temps de l'accordéoniste ! Maintenant, ce n'est plus le changement dans la continuité, c'est la continuité dans la continuité. L'immuable parménidien ou bouddhiste, si tu veux, mais dévoyé.
9 : L'Islande ?
On y paie moins d'impôts qu'aux Caïmans ?
10 : es-tu favorable au revenu minimum garanti et décent sans obligation d'un travail salarié ?
Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun ;
ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun.
Actes, 2, 44-45 (trad. Bible de Jérusalem)
La multitude des croyants n'avait qu'un cœur et qu'une âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout était commun.
Avec beaucoup de puissance, les apôtres rendaient témoignage à la résurrection du Seigneur Jésus, et ils jouissaient tous d'une grande faveur.
Aussi parmi eux nul n'était dans le besoin ; car tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente
et le déposaient aux pieds des apôtres. On distribuait alors à chacun suivant ses besoins.
Actes, 4, 32-35 (trad. Bible de Jérusalem)
11 : le nucléaire, un mal nécessaire ?
♪♫♪ Je te promets l'oursel au césium de ma bouche ♪♫♪
Des pas :
« A votre tour les aminches ! Et surtout, ne vous dégonflez pas ! Vous manquez de temps? Comme tout le monde ! L'exercice est contraignant au 1er abord ? Mais, c'est peut-être l'occasion d'aborder des thèmes inédits dans vos blogs... »
Et sois tranquille, ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place.
Alors, voici la liste des victimes.
Br'1 et ses chroniques toulousaines
http://chroniquestoulousaines.hautetfort.com/
Escargolio du Kikimundo
Idothée
http://tentatives.hautetfort.com/
Laure, une chose et son contraire
http://unechoseet.wordpress.com/
maintenant, chronique de la vie normale
Music Lodge
Un partageux
http://partageux.blogspot.com/
The Golb
WLouve, les rêves de l'iguane
Xaba
http://contingences.wordpress.com/
Yueyin, chroniques de lecture
http://lireouimaisquoi.overblog.com/
Et les nouvelles questions.
1/ Votre belle-mère s'est invitée à dîner : vous allez aux champignons ? Vous lui déclamez tout Saint-John Perse ? Vous vous exilez en Patagonie ?
2/ Le suffrage universel est devenu obligatoire, le vote blanc est interdit, au second tour des élections présidentielles il reste Frédéric Nihous et Christine Boutin. Quel est votre choix ?
3/ Sur la table de chevet de votre tourne-disque, il y a au moins 3 musiciens, de tous les genres, de tous les temps et de tous les pays. Lesquels ?
4/ Après tirage au sort, vous avez gagné un trekking au Mali ou un séjour d'une semaine à Caussade, en pension complète au Foyer EDF (fromage ET dessert, Labastide-Saint-Pierre à volonté). Quel est votre choix ?
5/ Mécène que vous êtes, vous encouragez régulièrement les jeunes artistes. Quel est votre prochain placement ?
6/ Il neige. Vous pensez : chic ! et vous enfilez vos skis ? Ou bien : zut ! je vais faillir à mon patron chéri ?
7/ Au conclave, c'est le jour où il faut conclure. Vous votez pour un Africain intégriste ? Un Asiatique intégriste ? Un Français intégriste ?
8/ Vous participez à un Fort Boyard. Vous attrapez 7 clés ? Vous chopez 7 nains ? Vous enlevez Raphaëlle Lenoble ou Olivier Minne ?
9/ La Creuse, vous connaissez ?
10/ A la cantine, vous avez le poisson, le steak ou les lasagnes. Que préférez-vous ?
11/ L'éolien, c'est du vent ? ou c'est aussi rentable que le nucléaire ?
Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place.
je suis un homme oisif à une époque de paix
Ryokan, le moine fou est de retour, poèmes traduits de l'original par Cheng Wing fun & Hervé Collet, calligraphie de Cheng Wing fun, Moundarren, 1988
Yamamoto Eizo est né à Izumozaki en 1758. A dix-huit ans il décide d'entrer au monastère zen Kosho ji, proche du village. Il y devient le moine Ryokan, qui signifie " bon et bienveillant ".
Après le suicide de son père, il se retire dans un ermitage vide sur un versant du mont Kugami, à neuf kilomètres du village. L'ermitage, une hutte en chaume, a été baptisé Gogo an (l'ermitage Cinq mesures de riz) par le moine qui a vécu là précédemment.
Il adopte pour second nom de moine le sobriquet qu'on lui a donné, dans les villages avoisinants où il se joint aux jeux des enfants, à la vie des paysans, aux fêtes champêtres : Taigu, le Grand fou.
Il reste vingt années à Gogo an.
A soixante ans il juge préférable de descendre habiter au pied du mont Kugami. Il s'installe dans un petit ermitage dans le parc du temple shinto Otago.
Neuf années plus tard il va s'installer dans la résidence de son ami Kimura Motoemon à Shimazaki. C'est là qu'il rencontre Teishin, une jolie bonzesse âgée de vingt-neuf ans, avec qui il entretient aussitôt une amitié très complice.
Elle est auprès de lui lorsqu'il meurt en 1831.
ayant fini de mendier ma nourriture à un croisement,
je vais flâner du côté du temple de Hachiman
les enfants m'aperçoivent et se disent
" le moine fou de l'année dernière aujourd'hui est de retour "
Le recueil, le moine fou est de retour, rassemble des poèmes que Ryokan a composés en chinois à Gogo an.
les montagnes bleues, devant, derrière
les nuages blancs, à l'ouest, à l'est
même si quelqu'un vient à passer
je n'ai aucune nouvelle à lui communiquer
* * *
le vent printanier peu à peu s'adoucit
faisant tinter ma canne j'entre dans la ville de l'est
verts, verts, les saules dans les jardins
flottent, flottent les lentilles d'eau sur l'étang
dans mon bol le parfum du riz de mille familles
mon cœur a renoncé à la gloire des dix mille carrosses
suivant pieusement les traces des anciens bouddhas
j'ai pour discipline de mendier ma nourriture
* * *
Le jeu de balle que le moine partage avec les enfants consiste à jongler avec la balle. On compte les reprises jusqu'à ce que la balle tombe.
mon adresse est sans égale, écrit-il.
mon secret,
" un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept "
* * *
longue nuit d'hiver, longue nuit d'hiver
nuit d'hiver interminable, quand fera-t-il jour ?
la lampe sans flamme, le poêle sans charbon
la nuit sur l'oreiller j'entends seulement le son de la pluie
* * *
après avoir marché, marché je tombe sur une ferme
c'est la saison où ormes et mûriers sont à maturité
les moineaux se rassemblent dans un bosquet de bambous
ils gazouillent et voltigent en se suivant
un vieux paysan portant sa houe entre
il m'accueille comme une ancienne connaissance
il demande à sa femme de filtrer du vin trouble
et de cueillir des légumes pour l'accompagner
ensemble nous parlons et buvons
discuter et rire quoi de plus merveilleux ?
ensemble, joyeux et ivres,
au-delà du vrai et du faux
* * *
qui dit que mes poèmes sont des poèmes ?
mes poèmes ne sont pas des poèmes
si vous comprenez que mes poèmes ne sont pas des poèmes,
nous pourrons alors parler poésie
Eglise Saint-Pierre, Vigneux-sur-Seine
Sanctus
Evangile et Homélie
On observe des variantes dans l'homélie entre la version écrite pour publication et la parole dite en chaire : écoutez !
Evangile de Jésus Christ selon saint Luc
Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : 'Père, donne-moi la part d'héritage qui me revient.' Et le père fit le partage de ses biens.
Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre. Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région, et il commença à se trouver dans la misère. Il alla s'embaucher chez un homme du pays qui l'envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il réfléchit : 'Tant d'ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Prends-moi comme l'un de tes ouvriers.'
Il partit donc pour aller chez son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit : 'Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils...'
Mais le père dit à ses domestiques : 'Vite, apportez le plus beau vêtement pour l'habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras, tuez-le ; mangeons et festoyons. Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.' Et ils commencèrent la fête.
Le fils aîné était aux champs. A son retour, quand il fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des domestiques, il demanda ce qui se passait.
Celui-ci répondit : 'C'est ton frère qui est de retour. Et ton père a tué le veau gras, parce qu'il a vu revenir son fils en bonne santé.'
Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d'entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait.
Mais il répliqua : 'Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est arrivé après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer pour lui le veau gras !'
Le père répondit : 'Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »
Lc 15, 1-3.11-32
*
Homélie, Père Luc René, prêtre du diocèse d'Albi
Prendre le temps de la relation à Dieu et aux autres
Que vous soyez dans cette église ou devant votre poste de télévision, voilà un problème auquel nous sommes tous confrontés. Tout d’abord, comment mener de front notre vie de prière personnelle et notre travail ? Ensuite, comment le faire tout en gardant du temps gratuit pour les autres ? C’est une vraie question de Carême, parce que c’est un combat permanent : « Quand le démon n’arrive pas à t’arrêter, il te fait courir. »
Au lieu de vous parler de la Miséricorde du Père, j’ai donc choisi d’aborder ce thème de la gestion de notre temps à travers les trois personnages de cette parabole.
Commençons par le temps que nous consacrons à Dieu : Comment le fils prodigue gère-t-il son temps ? Pour lui, il n’y a pas de temps à perdre, on ne vit qu’une fois. Il réclame l’héritage et s’en va faire la fête. Il passe son temps dans le plaisir. Il ne consacre visiblement aucun temps pour Dieu et lorsqu’il consacre du temps pour les autres, il ne le fait que parce que ça lui procure du plaisir à lui-même !
L’épreuve va brutalement arrêter cette fuite en avant. Comme vous le savez, il en arrive à désirer manger la nourriture des porcs. Il vit « un vrai temps de cochons » ! Alors, il décide de revenir chez son père. Comment le père gère-il son temps ? Il passe son temps à attendre son fils, à scruter l’horizon. Dès qu’il le voit au loin, il n’attend pas, c’est lui le père qui court vers le fils. Il le prend dans ses bras, le couvre de baisers. Et lorsque son fils commence à s’excuser, il lui coupe la parole pour ordonner à ses serviteurs d’organiser une fête. Et pendant ces préparatifs, le père continue de serrer son fils dans ses bras de longues, très longues minutes. Le fils doit se sentir bien au chaud dans le manteau de son père, il n’a rien d’autre à faire que de s’abandonner à cette étreinte.
C’est bien le message essentiel que Jésus nous a donné dans cette parabole : Revenez au Seigneur et laissez-vous étreindre par Dieu ! Cette étreinte se réalise dans la prière. Peu importe si nous sentons la chaleur du manteau ou pas, nous savons que Dieu est heureux du temps que nous lui accordons à ce moment-là. Le temps que nous consacrons à Dieu est la mesure de l’amour que nous avons pour lui.
Alors posons-nous la question : Dans ma journée, est-ce que j’accorde suffisamment de temps à Dieu ou bien mes priorités sont ailleurs au risque de finir un jour avec les cochons ?
Venons-en maintenant à notre second point : Le temps que nous consacrons à nos relations aux autres. Comment le fils ainé gère-t-il son temps ? Pour lui, le travail passe avant les relations. Il vit chez son père, mais pas avec son père. Même son frère est comme un étranger pour lui. À son retour, il l’ignore totalement et fait une grosse crise de jalousie. Il reproche même à son père de ne pas lui avoir donné un chevreau pour festoyer avec ses amis. Nous avons vu les qualités de cœur de ce père, on peut bien imaginer qu’il n’était pas à un chevreau prêt. Mais le fils ainé est resté dans une relation de droit et de dû.
La relation aux autres devrait pourtant être la préoccupation principale de sa vie et de la nôtre ! La plus belle chose que nous pouvons donner à une personne c’est de notre temps. On peut gagner plus d’argent, mais on ne peut pas gagner plus de temps. Lorsque nous donnons de notre temps à une personne, nous lui avons donné pour la vie ! On ne pourra jamais nous le rendre. Beaucoup d’hommes et de femmes consacrent énormément de temps à leur travail et peu à leurs enfants en se justifiant : « Je fais tout ça pour qu’ils ne manquent de rien plus tard ! » Mais leurs propres enfants se plaignent de leur absence, car ils ont plus besoin de relations que de sécurité matérielle !
Posons-nous donc cette seconde question : Est-ce que ma priorité est de prendre du temps dans mes relations avec les autres, ou bien est ce que je préfère me couper de la fête comme le fils ainé ?
En conclusion, nous pouvons décider pour la semaine à venir de consacrer un peu plus de temps à la prière personnelle, un vrai « câlin» avec le Bon Dieu. Si vous avez déjà l’habitude de prier, bravo, mais faites en un peu plus ! On ne priera jamais assez ! Et soyons particulièrement attentifs aux rencontres imprévues qui vont se présenter à nous. Si nous consacrons plus de temps pour Dieu et pour les autres pendant ce Carême, je suis sûr que de son côté, notre Père de Miséricorde prendra le temps de nous préparer quelques délices spirituels pour le festin de Pâques !
Maria Messina, La maison dans l'impasse, roman traduit de l'italien par Marguerite Pozzoli, illustration de couverture : Colette Portal, Avant-propos de Leonardo Sciascia, Actes Sud, 1986
La Casa nel vicolo, Treves, Milano, 1921, pour la première édition – Sellerio editore, Palermo, 1982, réédition
Maria Messina, Palermo, 14 marzo 1887 – Pistoia, 19 gennaio 1944
Première phrase.
Nicolina cousait sur le balcon ; elle se hâtait de finir son ouvrage, dans la lumière blême du crépuscule.
Dernières lignes.
– Tu n'as pas l'impression, dit Agata, de sentir l'odeur de la mer ?
– Tais-toi ! s'écrie Carmelina, qui pense toujours à Alessio quand on parle de la mer. Elles écoutent. Un bruit de pas, des voix. Une sève impétueuse bouillonne dans leur jeune poitrine. Elles grandissent comme certaines plantes bizarres et délicates, qui apparaissent entre les lézardes des vieux murs, et que la pluie aura tôt fait d'abîmer. Don Lucio toussote. Les deux jeunes filles sursautent, et rient aussitôt d'avoir sursauté ; elles se taisent et attendent encore, émues, le cœur battant, tandis que les heures passent, graves et silencieuses, dans le ciel étoilé.
Don Pasquale Restivo et sa femme, donn'Amalia ont eu trois filles, Caterina, Antonietta et Nicolina. Le secrétaire communal de Sant'Agata s'est ruiné dans sa fabrique. Don Lucio Carmine, administrateur, mieux, homme de confiance du baron Rossi, lui prête l'argent nécessaire au remboursement de ses dettes. Chaque année, il reporte le terme de l'échéance – les affaires de don Pasquale, le secrétaire, vont de plus en plus mal.
Les filles ont grandi. L'aînée est trop indépendante pour un homme qui tient à sa tranquillité, la plus jeune est encore une enfant. Don Lucio demande au père la main d'Antonietta. Elle donne son consentement, comme le veut son prétendant, mais elle aimerait emmener Nicolina, sa sœur. Le huis-clos est en place, dans la maison de l'impasse.
Don Lucio et Antonietta ont bientôt un fils, Alessio, puis une fille, Carmelina.
Au moment où commence l'histoire, Alessio est fiévreux depuis six jours, sa mère veille à son chevet.
La mort brutale du secrétaire avait laissé une veuve sans ressources. Caterina est restée auprès d'elle. La famille est dispersée.
A la naissance d'Alessio, le fils de Don Lucio et Antonietta, Nicolina se charge encore plus lourdement des corvées ménagères.
Dans la tradition sicilienne, les femmes travaillent et servent le maître, en silence, à leur place. Les religieuse cloîtrées, se disait don Lucio, s'en trouvent très bien et vivent longtemps... Oui, le bonheur se trouve dans l'habitude.
[…] L'état d'Alessio empirait[…] C'était le typhus.
[…] Le temps semblait alors passer plus lentement ; le silence était à peine troublé par le faible battement de l'horloge et par le bruit de succion que faisait don Lucio tirant sur sa pipe. Dans un demi-sommeil, [Nicolina] se disait que le balancier rythmait la marche du temps qui avance sans trêve, inexorable.
[…] Avec la guérison d'Alessio, Nicolina se sentit délivrée.
[…] En ce qui concernait ses habitudes, don Lucio faisait preuve du même ordre que dans ses comptes et ses objets personnels. Comme le débarras et les registres, sa vie était elle aussi divisée en de multiples cases, dont chacune contenait une occupation, une habitude ou une nécessité. L'avenir était bien tracé, sans aucune incertitude... Tout était méthodiquement décidé, prévu.
La vie au jour le jour, dans la ruelle : la solitude, le silence, l'immobilité – les trois termes dont l’occurrence est la plus fréquente. Depuis la terrasse, on aperçoit la misère, on entend mille voix brisées et lointaines, on connaît le dégoût – bruits confus dans la tiédeur d'un été finissant.
La couleur dominante du roman est le rouge : le sang, le crépuscule, le feu – le brasier de la haine. Le noir et le blanc sont les marques du deuil, comme la fin du crépuscule, dans l'air devenu violet.
Nicolina est devenue jalouse de sa sœur. Elle attend que don Lucio lui prête un regard d'amour.
A la naissance d'Agata, Antonietta se retrouve exsangue, épuisée.
Un après-midi, tandis qu'Antonietta est toujours alitée, don Lucio force Nicolina. Une habitude pour l'avenir.
Alessio était encore enfant lorsqu'il avait compris que "quelque chose" de très grave et de très laid assombrissait la maison, si paisible en apparence. Il avait compris qu'une rancune sourde, irrémédiable, dressait les deux sœurs l'une contre l'autre.
Irrité par les querelles et les scènes de ménage, don Lucio impose son droit à un peu de tranquillité chez lui.
[…] Dans le silence de la pièce passèrent d'amères paroles informulées.
Alessio s'évade parfois en longeant la mer.
Un matin, Alessio est parti voir son camarade de classe, le jeune baron Rossi. Sur la table de la chambre était posé un livre intitulé La vie est une sottise.
[…] A un moment, rapporte le domestique, mon petit maître a dû se rendre dans le bureau de son grand-père, le vieux baron. Il a laissé l'autre seul.
Le soir, Alessio n'est pas rentré à la maison de l'impasse.
Don Lucio aurait-il à porter le poids de la faute ? La fuite* d'Alessio aurait-elle une valeur expiatoire pour ses deux sœurs? Sont-elles sorties de la cage ?
La vie est une sottise.
Quelque chose de *Pirandello, ou mieux, de Tchekhov, de Katherine Mansfield, que Maria Messina ne connaissait peut-être pas.
* * *
Remerciements à Yueyin. Aller sur le motif.
Ludwig van Beethoven, The Symphonies, Live from Rotterdam, 2011, Orchestra of the Eighteenth Century, Frans Brüggen, Glossa-The Grand Tour/Harmonia Mundi, 2012
Ludwig van Beethoven, Symphony No. 7, Allegretto, extrait, pour Lola
Ludwig van Beethoven, Symphony No. 5, Allegro con brio, extrait, pour César Birotteau
Ludwig van Beethoven, Symphony No. 9 – Freunde ! Freude !
Vingt-cinq ans après sa première intégrale Beethoven – avant Roger Norrington, Frans Brüggen revient en concerts enregistrés en live à Rotterdam en 2011. Le corps est affaibli, mais l'esprit est là, apollinien, clair, en grâce.
Ailleurs.
Ludwig van Beethoven, Symphony No. 7, Allegretto, Simon Rattle, 2002
Ludwig van Beethoven, Symphony No. 7, Allegretto, extrait, in Jacques Demy, Lola, 1961
= = =
Jacques Demy est un des plus grands cinéastes de l'histoire du cinéma, au scénario, aux dialogues, à la mise en scène.
Nous n’allons pas jouer aux Dix-films-que-vous-emporteriez-dans-une-île-déserte où l'on ne voit pas bien comment vous pourriez les projeter sur un écran en feuilles de bananier.
Dix films, inclassables, sinon par ordre alphabétique. Lola serait à la lettre L.
Tous les films de Jacques Demy sont des chefs-d’œuvre, tout est déjà dans Lola.
Nous nous faisons un plaisir de retranscrire les contributions de mentrel222 et vertxxgg – que tout l'honneur leur en revienne, après la bande-annonce de la version restaurée par Agnès Varda, disponible sur Youtube.
mentrel222 il y a 3 semaines
(suite).Voici un passeport, vous y collerez votre photo !!!!!!!! (pour la taille et la couleur des yeux, vous vous arrangerez.....).Et alors? ce cabaret avec pour seuls clients 5 marins US.
De plus, il aurait été intéressant d'apprendre à Anouk à danser et à chanter. Et les retrouvailles avec son mec , aucun choc, rien de fort après 7 ans d'absence. Elle a du apprendre son métier par la suite car tout était mal joué. Il faut dire qu'en 1960, le public était facile. Quelle daube ce film.....
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mentrel222 il y a 3 semaines
je viens de voir ce film, un navet? d'entre les navets avec pleins de clichés : au début le mec qui a réussi avec son stetson, son cigare,son costume blanc, lunettes de soleil et grosse voiture. Et à la fin, terrible, le gamin qui n'a jamais vu son père et qui se précipite dans ses bras en disant "papa" (cela a du faire rire tous les psychologues du monde). Et les escrocs de l'époque: je ne vous connais pas mais je vous donne cette valise de billets à porter en afrique. (à suivre)
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vertxxgg il y a 3 mois
triste portrait? de la collaboration angloamericaine
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Oui ? Non, ils n'ont pas regardé le film.
Soyons charitable, une fois, ne répondons pas aux bourdes orthographiques.
[la première personne du pluriel est, ici, un pluriel de modestie, parfois dit de majesté, il s'accorde au singulier]
Anouk Aimée ne sait pas danser ?
Elle a étudié la danse chez Andrée Bauer-Thérond.
Rappelons que dans Les Demoiselles de Rochefort, sur la demande de Jacques Demy, Françoise Dorléac, danseuse classique de formation, tient le rôle d'une compositrice, Catherine Deneuve, musicienne, se retrouve danseuse. Elle ne savait pas danser, elle apprend, elle danse admirablement.
Françoise est plus à l'aise, plus naturelle, d'une seconde nature étudiée. Georges Chakiris, Gene Kelly dominent leurs ballets. Jacques voulait confier toute la chorégraphie à Gene, mais celui-ci ne pouvait rester que quelques semaines : il a assuré la mise en scène – danse, caméra, montage – des moments où il apparaît.
Anouk Aimée ne sait pas chanter ?
Tout le son est postsynchronisé. Jacques aurait donc laissé filer une synchro ratée ? Doit-on répondre ?
La scène finale est dépourvue d'émotion ? Dans la Cadillac, Lola / Anouk semble indifférente. Dans la bande-annonce, oui. Quand on vous dit qu'ils n'ont pas vu le film ! Avant la Cadillac, Michel et Lola se retrouvent au cabaret. Ils fondent et se fondent l'un dans l'autre.
Nous sommes amoureux d'Anouk depuis... Lola.
Et le chéri d'Agnès ? Comment est-il parti sans prendre le temps, lui qui mettait tellement de temps à enfiler son pull-over, à un rythme qui n'appartenait qu'à lui ?
Et Françoise, la sœur aînée de Catherine – chez Jacques, tout est vrai ? Un accident bête – comme s'il y avait des accidents intelligents. La demoiselle avait 25 ans.
Nous sommes de grands fous : "Il a passé sa vie dans l'oisiveté, disons-nous ; je n'ai rien fait d'aujourd'hui. - Quoi, n'avez-vous pas vécu ? C'est non seulement la fondamentale, mais la plus illustre de vos occupations. Ah ! si on m'avait donné l'occasion de traiter de grandes affaires, j'aurais montré ce que je savais faire. - Avez-vous su méditer et conduire votre vie ? Alors vous avez fait la plus grande besogne de toutes." Composer nos mœurs est notre office, non pas composer des livres et gagner des batailles et des provinces, mais l'ordre et tranquillité à notre conduite. Notre grand et glorieux chef-d'oeuvre, c'est vivre à propos... Il n'est rien si beau et légitime que de faire bien l'homme et dûment, ni science si ardue que de bien et naturellement savoir vivre cette vie ; et de nos maladies la plus sauvage, c'est mépriser notre être.
Montaigne, Essais, Livre III, 13
Les calembours !
Dans les Demoiselles.
[Maxence, un marin] _ Je vais en perm' à Nantes !
Version anglaise : I'm off to see my family in Toulouse... born to lose in Toulouse !
Dans les Parapluies. Madeleine, l'épouse de Guy, pleure, de bonheur, dit-elle, elle pleure comme une Madeleine.
Les couleurs !
Le Jaune Demy, comme on dit le Bleu Yves Klein, ce Jaune qui se marie si bien au Bleu Demy et donne le Vert Demy, en résonnance avec le Rouge Demy, la complémentaire.
Dans la dernière séquence des Parapluies, la station-service est à ESSO. Nulle allégeance aux pétroliers, ce n'était pas dans la manière de Jacques dont les affinités, en politique, en amitié, en amour, sont bien connues. ESSO : les deux voyelles sont masquées un instant. Le dernier plan est presque en noir et blanc, travelling arrière, en plongée, la station blanche, isolée dans la nuit noire, sur fond blanc – il neige.
Les mouchoirs !
Michel Legrand ponctuait sa partition, en compagnie de Jacques, avec des Premier mouchoir, Deuxième mouchoir, Troisième mouchoir...
Je filmais son calme... et son sourire rêveur.
Images et citations sont extraites des films de Jacques Demy, Lola, Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort, et de ceux d'Agnès Varda, L'Univers de Jacques Demy, Les Demoiselles ont eu 25 ans.
Cherbourg, Nantes, le pont tournant, le théâtre Graslin, le passage Pommeraye et la brasserie La Cigale...
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