Lou

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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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Uncontacted tribes

 

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26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 23:01

 

François est né à Assise en 1181, son père est un marchand.

 

En 1205, il rompt avec son père et s'unit à dame Pauvreté (Témoignages, 45).

 

Sur son chemin, les aveugles voient, les paralytiques marchent, les sourds entendent.

 

Il meurt le 3 octobre 1226.

 

Ses propos sur l'éducation sont d'une curieuse actualité.

 

« C'est parce que nous avons grandi parmi les activités de nos parents que tous les maux nous suivent dès l'enfance. » [libre citation de Sénèque, Lettres à Lucilius, 8, 1]

[…]

lorsque les enfants ont commencé à franchir les portes de l'adolescence, que penses-tu qu'ils deviennent ? Alors ils voguent à coup sûr au gré des dissolutions de toutes sortes et, du fait qu'ils ont le droit d'accomplir tout ce qui leur plaît, ils mettent toute leur ardeur à se vautrer dans le scandale. Ainsi, devenus esclaves du péché par une servitude volontaire [nous soulignons], présentent-ils en effet tous leurs membres comme des armes d'iniquité.

Thomas de Celano, Vie du bienheureux François, 1 (1229)

 

 

François, Ecrits 339

François d'Assise, Écrits, Vies, témoignages, Editions du Cerf – Éditions franciscaines, 2010

François d'Assise, Écrits (texte latin et traduction), Éditions du Cerf – Éditions franciscaines, 1981

 

Saint François d'Assise est bien connu du grand public : le Poverello, le petit pauvre qui prêcha aux oiseaux et dompta un loup féroce, le saint amoureux de la nature, écologiste avant la lettre. Innombrables les biographies, les compositions musicales, les peintures et les sculptures qui, depuis huit cents ans, lui ont été consacrées. Moins nombreux sont ceux qui savent que frère François, qui se disait pourtant simple et sans lettres, a laissé des écrits qui figurent parmi les trésors de la littérature médiévale, chrétienne, universelle ; des écrits qui livrent la fine fleur de l'esprit de l’Évangile tel qu'il l'avait saisi.

Jean-François Godet-Calogeras

 

 

Légende.

 

 

Le prêche aux oiseaux.

 

Giotto, Le prêche aux oiseaux

Giotto, Le prêche aux oiseaux, fresque, 270 x 200, église supérieure San Francesco, Assise, 1297-1299

 

Entre temps, tandis que de nombreux hommes, comme on l'a dit, s'étaient joints aux frères, le très bienheureux père François faisait route à travers la vallée de Spolète. Il parvint à un endroit près de Bevagna, où se trouvait assemblée une très grande multitude d'oiseaux d'espèces diverses : colombes, corneilles et d'autres qu'on appelle ordinairement des moineaux. En les voyant, le très bienheureux serviteur de Dieu François, en homme d'une très grande ferveur et qui portait un grand sentiment de piété et de douceur même aux créatures inférieures et privées de raison, courut vers eux avec allégresse, laissant ses compagnons sur le chemin. Une fois qu'il fut assez près, voyant que les oiseaux l'attendaient, il les salua à sa manière habituelle. Mais voyant non sans étonnement que les oiseaux ne prenaient pas la fuite comme ils le font d'ordinaire, il fut rempli d'une joie immense et les pria humblement, disant qu'ils devaient entendre la parole de Dieu. Parmi les nombreuses choses qu'il leur dit, il ajouta encore celles-ci : « Mes frères les oiseaux, vous devez beaucoup louer votre Créateur et l'aimer toujours, lui qui vous a donné des plumes pour vous revêtir, des pennes pour voler et tout ce dont vous avez eu besoin. Dieu vous a rendus nobles parmi ses créatures et il vous a accordé d'habiter dans la pureté de l'air ; car comme vous ne semez ni ne moissonnez, lui-même ne vous en protège et gouverne pas moins, sans que vous vous en souciiez le moins du monde. » A ces paroles, les petits oiseaux – à ce qu'il disait, lui et les frères qui s'étaient trouvés avec lui – exultèrent de façon étonnante, selon leur nature : ils commencèrent à allonger le cou, à étendre leurs ailes, à ouvrir le bec et à regarder vers lui. Mais lui, passant au milieu d'eux, allait et revenait, touchant leurs têtes et leurs corps de sa tunique. Enfin il les bénit et, après avoir fait un signe de croix, il leur donna congé de s'envoler pour aller dans un autre lieu. Quant au bienheureux père, il allait avec ses compagnons, se réjouissant sur son chemin, et il rendait grâces à Dieu, que toutes les créatures vénèrent par une confession suppliante.

Thomas de Celano, Vie du bienheureux François, 58 (1229)

 

Il invite tous les êtres créés à louer le créateur.

 

Laudent eum gloriosum caeli et terra

Et laudemus et superexaltemus eum in saecula

Et omnis creatura quae in caelo est et super terram et quae subtus terram et mare et quae in eo sunt

Et laudemus et superexaltemus eum in saecula

(Louange pour toutes les heures, 7-8)

 

 

L’exorcisme des démons à Arezzo.

 

Giotto, L’exorcisme des démons à Arezzo

Giotto, L’exorcisme des démons à Arezzo, fresque, 270 x 230, église supérieure San Francesco, Assise, 1297-1299

 

Alors qu'ils parvenaient à Arezzo, il y avait un très grand scandale et une guerre par presque toute la cité, jour et nuit, du fait de deux factions qui se haïssaient l'une l'autre depuis longtemps. Voyant cela et entendant une si grande rumeur et clameur de jour et de nuit, le bienheureux François, comme il était hébergé dans un hôpital, dans le bourg à l'extérieur de la cité, eut l'impression que les démons exultaient de la situation et incitaient tous les gens à détruire la cité par le feu et d'autres fléaux. Aussi, ému de compassion envers cette cité, dit-il à frère Sylvestre, prêtre, homme de Dieu, d'une grande foi, d'une admirable simplicité et pureté, que le saint père vénérait comme un saint : « Va devant la porte de la cité et, à voix haute, ordonne à tous les démons de tous sortir de cette cité. » Frère Sylvestre se leva et alla devant la porte de a cité en s'écriant d'une voix forte : « Loué et béni soit le Seigneur Jésus Christ. De la part de Dieu tout-puissant et en vertu de la sainte obéissance à notre très saint père François, j'ordonne à tous les démons de tous sortir de cette cité ! » Et par la divine miséricorde et la prière du bienheureux François, il advint que, sans aucune prédication, ils revinrent peu après à la paix et à l'unité.

Compilation d'Assise, 108 (début du XIVe siècle, texte initial de frère Léon, entre 1247 et 1271)

 

 

La parole de celui qui est dans le cœur, une légende qui n'est plus une légende.

 

Un jour, à l'heure de sa prédication, François s'aperçut qu'il avait oublié son texte.

 

_ Qu'importe ! Parle ! entendit-il.

 

Il prêcha avec ferveur, simplicité, spontanéité inouïes.

 

Ses frères en restaient étonnés.

 

_ D'où as-tu parlé ? demandèrent-ils.

_ Celui qui est dans mon cœur a parlé.

 

Les franciscains parlent du cœur.

 

 

 

 

Charlie Chaplin, Les Temps modernes, 1936

 

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 23:01

 

Scène 1

Dans un salon de thérondelle

 

_ Charles Edouard...

_ …Attends ! Nous étions dans la misère. Paul-Hervé a fait une grille à l'Euro Millions, par un intermédiaire, tu comprends... depuis l'affaire des paris... et on a gagné ! 190 millions. Ni vus ni connus. Paul-Hervé a laissé 5% au petit personnel, honnête, non ?

_ Et ?

_ Et on a changé la Mercedes, on a pris un petit hôtel du XVIIIe, près de Buffon, pour Ludovic-Antoine, en Seconde, c'est important les études, on a mis 1/3 dans l'éolien, 1/3 dans le solaire, 1/3 en logements sociaux, la part du pauvre.

_ Ça fait plaisir de voir que tu participes enfin au redressement, surtout pour les éoliennes, elles ont comme un penchant à se coucher.

_ Et Matthieu-Simon ?

_ Il est autonome, à 25 ans, président du Consistoire Régional d'Ile-de-France, démocratiquement choisi par le Conseil, Charles-Edouard ne possède que 99% des parts.

 

Tête de nègre 255

 

_ Mesdames, aujourd'hui, nous avons la tête de nègre, c'est très fin, une alliance délicate du blanc et du noir, du craquant et du fondant, une meringue nappée de cacao. En accompagnement, nous conseillons un bol de Banania bien chaud, nous l'importons directement de là-bas en jet privé.

_ Oh ouiii ! Entrons dans l'histoire moderne !

_ Pour moi, une part de Kouglof aux raisins de Corinthe et un thé au citron de Valence. Restons européens.

_ Quelle merveille ! Je craque et je fonds.

_ Oui... enfin... Tiens, regarde ce que Charles-Edouard m'a rapporté de là-bas, comme elle dit.

_ Un diamant ?! Il est trop gros.

_ Tu sais, pour 60 millions de francs CFA, on a trois fois rien, il paraît qu'il est pur et blanc-bleu.

_ Il y est allé ?

_ Au discours ? Non. Il a profité de l'avion pour aller faire quelques emplettes. Il était assis tout près de qui tu sais qu'il connaît, au même rang que l'humoriste Manuel Vals.

_ Et alors ?

_ Il a rapporté le caillou et une cinquantaine de volontaires pour notre réacteur en construction. Logés, nourris, blanchis... hi ! hi ! ils n'ont pas à se plaindre. Note qu'on réduit les frais, en temps de crise, ils ont voyagé dans la soute, c'est leur coutume.

_ Tu as lu le discours ?

_ Je l'ai écouté, d'une oreille distraite... la repentance, le plein emploi en France, l'égalité idéale des femmes et des hommes, des pauvres et des riches, chez eux.

_ Ah ?

_ Tu ne finis pas ton Banania ?

 

 

Scène 2

Dans la rue, un panafricain déchu

 

_ Mesdames, s'il vous plaît, je n'ai plus rien. La semaine dernière j'avais encore mon petit 600 m2 de Passy, ma Logan de Casablanca, ma Rolex de Bucarest. Ils m'ont tout pris. Mesdames, un bon geste ! Je suis un bon noir.

 

_ Vous n'aviez qu'à entrer dans l'histoire !

 

 

* * *

 

Le thérondelle

http://www.libellus-libellus.fr/article-29729004.html

 

Le thérondelle 02

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_02-a-va-casser-50786154.html

 

Le thérondelle 03

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_03-a-casse-de-partout-66024478.html

 

Le thérondelle 04

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_04-la-crise-n-est-pas-une-fatalite-66681861.html

 

Le thérondelle 05

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_05-banderille-ou-banderole-a-chie-de-partout-67717438.html

 

Le thérondelle 06

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_06-rondelle-ou-nuage-69437987.html

 

Le thérondelle 07

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_07-moi-j-aime-le-music-hall-et-charles-trenet-fukushima-03-70005841.html

 

Le thérondelle 08

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_08-la-dame-au-camelia-71042830.html

 

Le thérondelle 09

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_09-colchiques-dans-les-pres-73592474.html

 

Le thérondelle 10

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_10-un-cauchemar-74204346.html

 

Le thérondelle 11

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_11-des-idees-pres-de-chez-vous-75035415.html

 

Le thérondelle 12

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_12-fromages-78050510.html

 

Le thérondelle 13

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_13-voila-justement-ce-qui-fait-que-votre-fille-est-muette-103708088.html

 

Le thérondelle 14

http://www.libellus-libellus.fr/article-le-therondelle_14-le-macaron-111360683.html

 

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 23:01

 

des pas perdus a une passion, chacun porte sa croix, lui, c'est le lèche-vitrine.

Vous l'avez déjà vu dans le chat à la gidouille, dans fourrures et cosmétiques.

Aujourd'hui, il a droit à un hommage pré-posthume, avant fermeture.

des pas perdus flingue au f11 les petits commerces fermés pour cause d'ouverture de grandes surfaces.

Il vous dira que le vieux Gouda, homo socialistus des temps modernes... enfin, suivez des pas perdus, allez, lisez des pas, à l'Elysée, des pas !

 

 

 

Entrées.

 

Preuve number one.

 

Des pas, Route, 2008

des pas, Route, juin 2008

 

A gauche, le talus, à droite, les poteaux, au milieu, la ligne jaune.

des pas ne prend que les routes secondaires.

 

 

 

Commençons par sa série catalane, lento, on avance doucement, on ménage le suspense, on vous ménage.

 

 

 

Preuve number two.

 

Des pas, bestiaire 1

des pas, Bestiaire 1

 

Oui, c'est un Picasso revu par Keith Haring, les balcons se regardent, dans une perspective biseautée, un peu comme dans un tableau de Piero della Francesca.

A l'extrême gauche, un magasin fermé, un mur qui s’effrite, signes des temps modernes.

Au centre, une fenêtre sur un balcon d'où l'on ne se penchera plus pour voir le spectacle de la rue.

A droite et en haut, un arbre chétif, un coin de verdure.

 

Preuve number three.

 

Des pas, bestiaire 2

des pas, Bestiaire 2

 

Là, on est chez les Mayas, ou à Metropolis, le Morloch.

Ceux qui sont derrière les barreaux ne peuvent pas voir, en bas et à droite, le point vert.

 

Preuve number four.

 

Des pas, bestiaire 3

des pas, Bestiaire 3

 

Le Nierdoi Sseaurou, façon Chagall & Miró.

 

Preuve number five.

 

Des pas, bestiaire 4

des pas, Bestiaire 4

 

Les petits cochons pervers, la moisissure qui gagne.

 

Preuve number six.

 

Des pas, couleurs 1

des pas, Couleurs 1

 

C'est bien un presque Keith Haring, en bleu et jaune orangé, manière Bauhaus, avec l'arbre de la tentation, le mont sacré et, très loin, la terre promise.

 

Preuve number seven.

 

Des pas, couleurs 2

des pas, Couleurs 2

 

Dali... C'est mou, on ne peut pas l'encadrer... En haut, une petite note de couleur.

 

Preuve number eight.

 

Des pas, couleurs 3

des pas, Couleurs 3

 

Une guitare qui ressemble étrangement à un moule mâlic de Duchamp.

 

Preuve number nine.

 

Des pas, femme catalane

des pas, Femme

 

On croirait Edward Hopper.

 

Preuve number ten.

 

Des pas, vanité catalane

des pas, Vanité

 

Vanitas vanitatum, et omnia vanitas.

Écclésiaste, 1, 2

 

 

Plats de résistance.

 

Preuve number eleven.

 

Des pas, fermeture dominicale, mai 2012

des pas, Fermeture dominicale, mai 2012

 

Maintenant, ça devient plus difficile.

Il s'agit d'une œuvre minimaliste.

Vous avez deux portes noires à gauche et à droite, c'est rien. Vous avez deux bouches d'aération, à gauche et à droite, passons. Vous avez trois rouleaux de néon, deux à gauche, un à droite. Il y a un manque. Celui-là avait écrit 7/7, peine perdue, il ne lui reste que la couleur orange dans ce deuil en noir et blanc.

 

Preuve number twelve.

 

Des pas, kebab relax

des pas, Kebab Relax

 

Le Restaurant Le Relax est venu poser son ardoise devant le Kebab' Land, qui ne serait pas un restaurant. A droite, il y a une balise de priorité, pour le « Restaurant ». Il semble que le Kebab se soit fait casser une vitrine. Les rues ne sont plus sures.

 

Preuve number thirteen.

 

Des pas, clouet garibaldi

des pas, Clouet Garibaldi

 

Boulevard Garibaldi, rue Clouet, tout près du métro Cambronne, Merdre ! dirait le Père Ubu. Le magasin d'à côté dit bien qu'on peut faire une croix sur la chose, elle est très abîmée, Ilya Kabakov en ferait peut-être une de ses créations.

 

Ilya, Kabakov 255

Ilya Kabakov, The Man Who Flew into Space from His Apartment, 1981-1988

[image cliquable]

 

Comme dans toutes ses constructions, des pas renvoie, en contrepoint, de la porte de la boutique à celle de l'immeuble, à gauche, avec, au bas de celle-ci, deux petits pans de lumière jaune qui nous ramènent à l’échoppe. Au-dessus, le point vert au balcon.

 

Preuve number fourteen.

 

Des pas, fermeture dominicale, juillet 2012

des pas, Fermeture dominicale, juillet 2012

 

Piero della Francesca, encore.

 

Preuve number fifteen.

 

Des pas, manif 29-09-2012

des pas, Manif, 29-09-2012

 

Oui, il est plutôt de gauche, à bâbord toute, il ne prend pas le cap de l'homo socialistus.

Comme vous le voyez, il se rend chez le coiffeur avant le défilé, rebelle mais prudent.

Il y a trois bornes qui saluent, tête basse, des voitures transparentes.

 

 

Douceurs.

 

des pas a trois qualités, au moins.

Il est un merveilleux photographe, vous l'avez vu.

Il est un merveilleux écrivain, vous l'avez lu.

Il a reçu cette grâce de faire confiance à Lou. Il lui a donné carte blanche. Et pourtant il sait que Lou est carte noire.

En vérité, on a tous quelque chose de Tennessee.

 

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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 23:01

 

[Les images 'Etant donnés', 'Réplique' et 'Suppo' sont cliquables]

 

Marcel Duchamp

 

Profil, papier découpé, 1958

Marcel Duchamp, Autoportrait de profil, papier découpé sur fond noir, 1958

 

 

Etant donnes 700

Marcel Duchamp, Etant donnés : 1° La Chute d'eau, 2° Le Gaz d'éclairage, 1946-1966, Museum of art, Philadelphie

 

Qu'est-il donné à voir ?

 

Etant donnés, porte 700

Une porte encastrée dans un mur.

Pour voir, il faut placer son œil contre une petite échancrure située au milieu de la porte à hauteur du regard.

 

Un jeu entre caché et dévoilé.

 

On découvre à l'arrière-plan la chute d'eau. Celle qui, un peu plus loin, viendrait alimenter un moulin à eau, lié à la broyeuse de chocolat ?

 

Glissière contenant un moulin à eau (en métaux voisins),

Marcel Duchamp, Glissière contenant un moulin à eau (en métaux voisins), 1915

 

Broyeuse de chocolat n°2, 1914

Marcel Duchamp, Broyeuse de chocolat n°2, 1914

 

Eau & gaz

Au premier plan, le gaz d'éclairage, dont la forme rappelle des moules mâlics.

 

Neuf moules mâlics

Marcel Duchamp, Neuf moules mâlics, 1914

 

Il s'agit d'une plaque de cuivre ciselée, serrée entre deux verres que Marcel Duchamp a brisés volontairement.

Cet élément sera repris, comme d'autres, dans La Mariée mise à nu par ses célibataires, même.

 

La Mariée mise à nu par ses célibataires, même

Marcel Duchamp, La Mariée mise à nu par ses célibataires, même, 1915-1923, Philadelphia Museum of Art

 

En écart entre la chute d'eau et le gaz d'éclairage, une femme nue.

 

Nu assis dans un tub, 1910

Marcel Duchamp, Nu assis dans un tub, 1910

 

La femme est caractérisée non par son sexe mais par une blessure, en léger décalage, comme si elle avait reçu un coin.

 

Coin de chasteté, 1954

Marcel Duchamp, Coin de chasteté, 1954

 

Dans sa version originale, l’œuvre, éditée en bronze en 1966, est fabriquée en plâtre et résine, comme une dent insérée dans sa prothèse.

 

Un exercice de perspective.

 

Albrecht Durër, L'Instruction sur l'art de mesurer avec la

Albrecht Durër, L'Instruction sur l'art de mesurer avec la règle et le compas, 1525

 

Etant donnés, photographie du plan de montage 700

Marcel Duchamp, Etant donnés, photographie du plan de montage

 

« C'est le regardeur qui fait le tableau. »

Marcel Duchamp, Duchamp du signe, Écrits réunis et présentés par Michel Sanouillet, Flammarion, 1975

 

L'histoire sans fin d'un tableau.

 

 

A voir ou revoir :

 

 

Marcel duchamp - de la fontaine à la chute d'eau

 

Marcel duchamp - les clefs de la cave

 

Comment apprivoiser un reinhardt - qu'y a-t-il à voir ?

 

 

   

Richard Baquié

 

Étant donnés a inspiré, notamment, André Raffray et Richard Baquié.

 

André Raffray, La Vie illustrée de Marcel Duchamp, 1977 7

André Raffray, La Vie illustrée de Marcel Duchamp, 1977

 

 

Richard Baquié 1, Réplique, Etant donnés, 1991 700Richard Baquié, Réplique, Étant donnés °1 La chute d'eau, °2 Le gaz d'éclairage, 1991

 

Réplique : Cet acte iconoclaste, la Réplique de l'étant donnés, marque pour moi un terme à la participation passive. La référence dans son application abusive entretient l'ignorance. Démonter le système de perception, inscrire dans le réel. "Subvertir" une métaphysique symboliste, sans intention de détruire le mythe moteur de Duchamp.

La rupture, c'est détruire le mythe, ouvrir la sculpture et comprendre le mécanisme de perception.

 

Faire de l'individu un être en évolution autonome et sujet.

Richard Baquié, Catalogue Rétrospective

 

 

 

Wim Delvoye

 

 

Wim Delvoye, l'art et la lutte des classes, 2012

 

Ses cochons tatoués sont apparus en 1995.

 

Jamie, 2005 700

Wim Delvoye, Jamie, 2005

 

Le portrait de Lénine sur le jambon. Quelle audace... en 2005 : - ) !

 

 

 

Encore une histoire de peau... mais les cochons ne connaissaient pas l'acné.

 

Cloaca N° 5, 2006, 303 x 79 x 333, MONA, Hobart, Tasmania

Wim Delvoye, Cloaca N° 5, matériaux mixtes, 303 x 79 x 333 cm, 2006, MONA, Hobart, Tasmanie

 

Oui, c'en est, et pas de la daube !

Rien à voir avec le geste de Piero Manzoni qui mettait ses excréments en boîte : la « matière » était inaccessible au regard (jusqu'à ce qu'un autre artiste, en hommage, n'ouvre une boîte, en l'exposant sous vitrine dans un musée) et à l'odeur (bien que certaines boîtes acquises par des collectionneurs aient explosé).

 

 

Suppo 1, Louvre, 2012 700

Wim Devoye, Suppo, acier mis en dentelle gothique, haut. 11 mètres

 

Jeff Koons, Hanging heart, Versailles, 2008 700

Jeff Koons, Hanging heart, Versailles, 2008

 

Wim Delvoye s'inscrit dans la mouvance d'artistes kitsch comme Jeff Koons. Celui-ci a eu les honneurs de Versailles, Wim Delvoye s'est exposé récemment au Louvre en pointant, de son braquemart d'acier taillé au laser, la pyramide de Ieoh Ming Pei, créée en 1989.

Le kitsch est très tendance, très déco, très high-tech. La déco, ça brille, ça se vend, c'est insignifiant.

On a pu lire dans la presse marchande, clinquante, chic, que « l'œuvre » envoyait un questionnement qui nous interrogeait.

 

Quelle est la question ?

 

La question du sens.

 

Nous cherchons toujours un sens, un fil, une idée.

 

Felice Varini, rappelez-vous.

 

 

Quand un artiste fait l'iconoclaste pour épater le bourgeois ravi de s'encanailler, il ne dit rien, il ne fait rien, il n'existe pas (la môme néant).

 

 

 

* * *

 

 

Récréation arithmétique

 

 

 

 

 

Etant donnés : 1° une baignoire de 50 l, 2° un robinet qui coule à un débit de 5 l/mn. En sachant que la baignoire a une fuite et que l'eau s'échappe à un débit de 0,5 l/mn, en combien de temps la baignoire sera-t-elle remplie ?

 

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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 23:01

 

Woody Allen, Manhattan, 1979

L'histoire d'Isaac (Woody Allen) se présente d'abord en deux dimensions.
Une longue focale plaque les personnages sur le décor.

Manhattan, bridge scene

Ou bien ils sont en bord cadre, ou encore en ombres chinoises comme Isaac et Mary (Diane Keaton) au Planétarium.

Woody Allen, Planetarium
 

 

 
La dernière séquence montre Isaac courant à travers Manhattan pour rejoindre Tracy (Mariel Hemingway) en un long travelling entre voitures et maisons, la troisième dimension.

_ I'll be back in six months.
_ Six months, are you kidding ?
_ What's six months if we still love each other ?
_ Hey, don't be so mature, OK ?
_ Six months is not so long.

Le passage à la 3e dimension est une aventure menant de l'adolescence à la maturité, un travelling, la vie.
 

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 23:01

 
Hercule Savinien Cyrano de Bergerac, L’Autre monde ou les états et empires de la Lune, ca 1650

Lisons les pages 341-344.

En relief, le passage qui nous intéresse.

Les deux professeurs que nous attendions entrèrent presque aussitôt, nous fûmes tous quatre ensemble dans le cabinet du souper où nous trouvâmes ce jeune garçon dont il m’avait parlé qui mangeait déjà. Ils lui firent de grandes usalades, et le traitèrent d’un respect aussi profond que d’esclave à seigneur ; j’en demandai la cause à mon démon, qui me répondit que c’était à cause de son âge, parce qu’en ce monde-là les vieux rendaient toute sorte d’honneur et de déférence aux jeunes ; bien plus, que les pères obéissaient à leurs enfants aussitôt que, par l’avis du Sénat des philosophes, ils avaient atteint l’usage de raison.
« Vous vous étonnez, continua-t-il, d’une coutume si contraire à celle de votre pays ? elle ne répugne point toutefois à la droite raison ; car en conscience, dites-moi, quand un homme jeune et chaud est en force d’imaginer, de juger et d’exécuter, n’est-il pas plus capable de gouverner une famille qu’un infirme sexagénaire. Ce pauvre hébété dont la neige de soixante hivers a glacé l’imagination se conduit sur l’exemple des heureux succès et cependant c’est la fortune qui les a rendus tels contre toutes les règles et toute l’économie de la prudence humaine ? Pour du jugement, il en a aussi peu, quoique le vulgaire de votre monde en fasse un apanage à la vieillesse ; et pour le désabuser, il faut qu’il sache que ce qu’on appelle en un vieillard prudence n’est qu’une appréhension panique, une peur enragée de rien entreprendre qui l’obsède. Ainsi, mon fils, quand il n’a pas risqué un danger où un jeune homme s’est perdu, ce n’est pas qu’il en préjugeât la catastrophe, mais il n’avait pas assez de feu pour allumer ces nobles élans qui nous font oser, et l’audace en ce jeune homme était comme un gage de la réussite de son dessein, parce que cette ardeur qui fait la promptitude et la facilité d’une exécution était celle qui le poussait à l’entreprendre. Pour ce qui est d’exécuter, je ferais tort à votre esprit de m’efforcer à le convaincre de preuves. Vous savez que la jeunesse seule est propre à l’action ; et si vous n’en êtes pas tout à fait persuadé, dites-moi, je vous prie, quand vous respectez un homme courageux, n’est-ce pas à cause qu’il vous peut venger de vos ennemis ou de vos oppresseurs ? Pourquoi donc le considérez-vous encore, si ce n’est par habitude quand un bataillon de septante janviers a gelé son sang et tué de froid tous les nobles enthousiasmes dont les jeunes personnes sont échauffées pour la justice ? Lorsque vous déférez au fort, n’est-ce pas afin qu’il vous soit obligé d’une victoire que vous ne lui sauriez disputer ? Pourquoi donc vous soumettre à lui, quand la paresse a fondu ses muscles, débilité ses artères, évaporé ses esprits, et sucé la moelle de ses os  ! Si vous adoriez une femme, n’était-ce pas à cause de sa beauté ? Pourquoi donc continuer vos génuflexions après que la vieillesse en a fait un fantôme à menacer les vivants de la mort ? Enfin lorsque vous honoriez un homme spirituel, c’était à cause que par la vivacité de son génie il pénétrait une affaire mêlée et la débrouillait, qu’il défrayait par son bien dire l’assemblée du plus haut carat, qu’il digérait les sciences d’une seule pensée et que jamais une belle âme ne forma de plus violents désirs que pour lui ressembler. Et cependant vous lui continuez vos hommages, quand ses organes usés rendent sa tête imbécile et pesante, et lorsqu’en compagnie, il ressemble plutôt par son silence la statue d’un dieu foyer qu’un homme capable de raison.
Concluez par là, mon fils, qu’il vaut mieux que les jeunes gens soient pourvus du gouvernement des familles que les vieillards. Certes, vous seriez bien faible de croire qu’Hercule, Achille, Epaminondas, Alexandre et César, qui sont tous morts au deçà de quarante ans, fussent des personnes à qui on ne devait que des honneurs vulgaires, et qu’à un vieux radoteur, parce que le soleil a quatre-vingt-dix fois épié sa moisson, vous lui deviez de l’encens.
Mais, direz-vous, toutes les lois de notre monde font retentir avec soin ce respect qu’on doit aux vieillards ? Il est vrai, mais aussi tous ceux qui ont introduit des lois ont été des vieillards qui craignaient que les jeunes ne les dépossédassent justement de l’autorité qu’ils avaient extorquée et ont fait comme les législateurs aux fausses religions un mystère de ce qu’ils n’ont pu prouver.
Oui, mais, direz-vous, ce vieillard est mon père et le Ciel me promet une longue vie si je l’honore. Si votre père, ô mon fils, ne vous ordonne rien de contraire aux inspirations du Très-Haut, je vous l’avoue ; autrement marchez sur le ventre du père qui vous engendra, trépignez sur le sein de la mère qui vous conçut, car de vous imaginer que ce lâche respect que des parents vicieux ont arraché de votre faiblesse soit tellement agréable au Ciel qu’il en allonge pour cela vos fusées, je n’y vois guère d’apparence. Quoi ! Ce coup de chapeau dont vous chatouillez et nourrissez la superbe de votre père crève-t-il un abcès que vous avez dans le côté, répare-t-il votre humide radical, fait-il la cure d’une estocade à travers votre estomac, vous casse-t-il une pierre dans la vessie ? Si cela est, les médecins ont grand tort : au lieu de potions infernales dont ils empestent la vie des hommes, qu’ils n’ordonnent pour la petite vérole trois révérences à jeun, quatre "grand merci" après dîner, et douze "bonsoir, mon père et ma mère" avant que s’endormir. Vous me répliquerez que, sans lui, vous ne seriez pas ; il est vrai, mais aussi lui-même sans votre grand-père n’aurait jamais été, ni votre grand-père sans votre bisaïeul, ni sans vous, votre père n’aurait pas de petit-fils. Lorsque la nature le mit au jour, c’était à condition de rendre ce qu’elle lui prêtait ; ainsi quand il vous engendra, il ne vous donna rien, il s’acquitta ! Encore je voudrais bien savoir si vos parents songeaient à vous quand ils vous firent. Hélas, point du tout ! Et toutefois vous croyez leur être obligé d’un présent qu’ils vous ont fait sans y penser. Comment ! parce que votre père fut si paillard qu’il ne put résister aux beaux yeux de je ne sais quelle créature, qu’il en fit le marché pour assouvir sa passion et que de leur patrouillis vous fûtes le maçonnage, vous révérerez ce voluptueux comme un des sept sages de Grèce ! Quoi ! parce que cet autre avare acheta les riches biens de sa femme par la façon d’un enfant, cet enfant ne lui doit parler qu’à genoux ? Ainsi votre père fit bien d’être ribaud et cet autre d’être chiche, car autrement ni vous ni lui n’auriez jamais été ; mais je voudrais bien savoir si quand il eut été certain que son pistolet eut pris un rat, s’il n’eût point tiré le coup ? Juste Dieu ! qu’on en fait accroire au peuple de votre monde.
Vous ne tenez, ô mon fils, que le corps de votre architecte mortel ; votre âme part des cieux, qu’il pouvait engainer aussi bien dans un autre fourreau. Votre père serait possible né votre fils comme vous êtes né le sien. Que savez-vous même s’il ne vous a point empêché d’hériter d’un diadème ? Votre esprit était peut-être parti du ciel à dessein d’animer le roi des Romains au ventre de l’Impératrice ; en chemin, par hasard, il rencontra votre embryon ; pour abréger son voyage, il s’y logea. Non, non, Dieu ne vous eût point rayé du calcul qu’il avait fait des hommes, quand votre père fût mort petit garçon. Mais qui sait si vous ne seriez point aujourd’hui l’ouvrage de quelque vaillant capitaine, qui vous aurait associé à sa gloire comme à ses biens. Ainsi peut-être vous n’êtes non plus redevable à votre père de la vie qu’il vous a donnée que vous le seriez au pirate qui vous aurait mis à la chaîne, parce qu’il vous nourrirait. Et je veux même qu’il vous eût engendré roi ; un présent perd son mérite, lorsqu’il est fait sans le choix de celui qui le reçoit. On donna la mort à César, on la donna pareillement à Cassius ; cependant Cassius en est obligé à l’esclave dont il l’impétra, non pas César à ses meurtriers, parce qu’ils le forcèrent de la prendre. Votre père consulta-t-il votre volonté lorsqu’il embrassa votre mère ? vous demanda-t-il si vous trouviez bon de voir ce siècle-là, ou d’en attendre un autre ? si vous vous contenteriez d’être le fils d’un sot, ou si vous auriez l’ambition de sortir d’un brave homme ? Hélas ! vous que l’affaire concernait tout seul, vous étiez le seul dont on ne prenait point l’avis ! Peut-être qu’alors, si vous eussiez été enfermé autre part que dans la matrice des idées de la nature, et que votre naissance eût été à votre option, vous auriez dit à la Parque : "Ma chère demoiselle, prends le fuseau d’un autre ; il y a fort longtemps que je suis dans le rien, et j’aime mieux demeurer encore cent ans à n’être pas que d’être aujourd’hui pour m’en repentir demain !" Cependant il vous fallut passer par là ; vous eûtes beau piailler pour retourner à la longue et noire maison dont on vous arrachait, on faisait semblant de croire que vous demandiez à téter. »


En quoi le gouvernement de la jeunesse serait-il plus juste ou différent ?

Les jeunes apprennent des anciens.

Hypothèse.

Les jeunes sont libertaires, par nature. Devenus vieux, ils deviennent de vieux croûtons traditionalistes.
Les anciens qui auraient été de jeunes traditionalistes deviendraient de vieux libertaires, ce qui est impossible puisque ce sont les jeunes qui, par nature, sont révoltés.
La nature est un mythe.

Ratzinger, jeune libertaire engagé dans les jeunesses hitlériennes.

« L'imagination imite, c'est l'esprit critique qui crée. »
Oscar Wilde, Intentions, 1891
 

 

 


Georges Brassens, Le Temps ne fait rien à l'affaire, Bobino, 1972

* * *

Onfray-Ramette

A lire.

Michel Onfray, Les libertins baroques, Grasset, 2007

En couverture : Philippe Ramette, Inversion de pesanteur, 2003

 

Une autre lecture de Cyrano.

 

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 23:01

 
Hynkel, rappelez-vous.

Charles Chaplin, Le Dictateur, 1940
Charlie Chaplin, 1940

Il rêvait de tenir le monde entre ses mains.

 


Alain Minc, 2009
Alain Minc, 2009

Les nouveaux maîtres du monde caressent ce rêve.
Leur Famille a été persécutée au temps du Vél' d'Hiv'.
Dans une inversion mimétique de l'histoire, ils prennent les traits de leurs anciens bourreaux, sous l'uniforme des temps modernes.

Hynkel, souvenez-vous, c'était l'année dernière à Berchtesgaden.

Son plus beau discours, son appel à la paix entre hommes de bonne volonté - à condition qu'ils ne soient pas trop basanés, pas trop communistes, pas trop homosexuels -, vous l'avez écouté et vous n'avez rien compris, parce que vous, vous connaissez l'allemand et vous n'avez pas oublié les paroles.
Eh oui ! C'était du n'importe quoi, du yaourt, du gibberish en anglais. On dit qu'un chanteur fait du yaourt, sans lactose, quand il a oublié les paroles et les remplace par un charabia.

Remerciements à Laïla Cherrat qui nous a donné la recette en anglais.

 

 

Highway To Hell, vous connaissez les paroles. 

 

Ecoutez Steeve Estatof, attentivement.


 

Steeve Estatof, Highway To Hell

Eh oui ! Dans les paroles, on reconnaît seulement « Highway to hell », mais reconnaissez la performance : 3' 30" en voix saturée, c'est rien, mais faut l'faire.

Ecoutez le sud.

Il shunte la dernière strophe, trop noire.


 

Steeve Estatof, Le Sud

On aime Steeve Estatof et la Messe de Tournai.



N'oubliez pas Nino Ferrer, Chez Harry, un moment rare.

 

Nino Ferrer, Le Sud, in album Concert Chez Harry, 1995

 

 

Et Charlot ? Il a oublié les paroles. Qu'importe ! dit-elle. Chante !


Charlie Chaplin, Les Temps modernes, 1936

La musique est de Léo Daniderff, les paroles de Bertal-Maubon et Henri Lemonnier.
En 1917.
Titine !


Andrex, Je cherche après Titine, 1958



* * *



En annexe

Highway to hell

livin' easy
lovin' free
season ticket on a one way ride
askin' nothin'
leave me be
takin' everythin' in my stride
don't need reason
don't need rhyme
ain't nothin' that I'd rather do
goin' down
party time
my friends are gonna be there too
I'm on the highway to hell
on the highway to hell
highway to hell
I'm on the highway to hell

no stop signs
speed limit
nobody's gonna slow me down
like a wheel
gonna spin it
nobody's gonna mess me around
hey satan
payin' my dues
playin' in a rockin' band
hey mumma
look at me
I'm on the way to the promised land
I'm on the highway to hell


 

 

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 23:01

 
Ouvrage
Adolf Hitler, Mon combat, traduction intégrale de "Mein Kampf" par J. Gaudefroy-Demombynes et A. Calmettes, Nouvelles Editions Latines, 1934

 

 

Edouard Molinaro, Au bon beurre, 1981 (d'après le roman de Jean Dutourd, 1952)

Le bercement du rail au temps des vrais chemins de fer.

À 4'45", une autre berceuse se fait entendre.

_ Et Hitler, vous pensez que c'est aussi un grand ami de la France ?
_ Oh, j'en suis convaincu, Monsieur.
_ Mais alors, vous n'avez pas lu Mein Kampf ! Parce que dans Mein Kampf, Hitler, la France, y s'la fout au cul !

Le rôle que la France, aiguillonnée par sa soif de vengeance et systématiquement guidée par les Juifs, joue aujourd'hui en Europe, est un péché contre l'existence de l'humanité blanche et déchaînera un jour contre ce peuple tous les esprits vengeurs d'une génération qui aura reconnu dans la pollution des races le péché héréditaire de l'humanité.

Considérant que la France est le principal obstacle au succès de son plan, il annonce : « Ces résultats ne seront atteints ni par des prières au Seigneur, ni par des discours, ni par des négociations à Genève. Ils doivent l'être par une guerre sanglante. »

 Adolf Hitler, im Atelier, 1927, Deutsches Bundesarchiv
Adolf Hitler, im Atelier, 1927, Deutsches Bundesarchiv

Une heureuse prédestination m'a fait naître à Braunau am Inn, bourgade située précisément à la frontière de ces deux Etats allemands dont la nouvelle fusion nous apparaît comme la tâche essentielle de notre vie, à poursuivre par tous les moyens.

 Adolf Hitler als Kleinkind, ca 1889, Deutsches Bundesarchiv
Adolf Hitler als Kleinkind, ca 1889, Deutsches Bundesarchiv

Le poupon a déjà l'œil vif et la mèche rebelle du visionnaire.

 Adolf Hitler avec deux enfants
Il a toujours beaucoup aimé les enfants.

Arrivé à l'âge de la conscience, à trois ans, selon lui, il se lance dans des études d'architecture - il a toujours beaucoup aimé l'architecture -, et le dessin d'architecture – il a toujours beaucoup aimé le dessin. Voyez ces ruines – il a toujours beaucoup aimé les ruines.

 Adolf Hitler, Ruines d'un cloître à Messines, ca 1914
Adolf Hitler, Ruines d'un cloître à Messines, ca 1914

Et ce pont admirable, en ruines, où il se serait représenté, rêveur jeune homme ! Hélas, l'œuvre millénaire est seulement « attribuée à », les Juifs, les Juifs toujours recommencés...

 Adolf Hitler, aquarelle, ca 1910
Adolf Hitler, aquarelle, ca 1910

 Adolf Hitler, détail
Adolf Hitler, aquarelle, détail, ca 1910

Le génie précoce trop précoce s'en est allé le 30 avril 1945. Il a été incinéré.

Son mausolée, tendu de lin des Vosges - il a toujours beaucoup aimé le lin bleu des Vosges -, est vénéré par les foules.

 Christo et Jeanne-Claude, Reichstag emballé, 1995 700
Christo et Jeanne-Claude, Reichstag emballé, 1995

 

 

Ecoutez une fois encore son message de paix.
 


Charlie Chaplin, Le Dictateur, Discours d'Hynkel, 1940

 

 

Un profond désir de.

 

Lefires, imitateur de Joseph Pujol, le pétomane du Moulin Rouge, 1903

 


卐  卐  卐

 

 

Einsatzgruppen  1 000 000   卐   Arbeit Macht Frei

Auschwitz-Birkenau  1 100 000   卐   Arbeit Macht Frei

Belzec  550 000   卐   Arbeit Macht Frei
Chełmno  153 000   卐   Arbeit Macht Frei
Dachau  30 000   卐   Arbeit Macht Frei
Jasenovac  85 000   卐   Arbeit Macht Frei
Majdanek  78 000   卐   Arbeit Macht Frei
Sobibor  250 000   卐   Arbeit Macht Frei
Treblinka  1 200 000   卐   Arbeit Macht Frei

 

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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 23:01

 
Chan2509 700

Chan, le cascadeur émérite, présent sur tous les plateaux - Plus belle la vie, L'Amour est dans le pré, Singapour as Lewis Hamilton -, se concentre avant le plan de tous les dangers, une scène de Picrate des Carabins où il descend du grand mât pour livrer un combat sans merci avec Le Mulot.
 

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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 23:01

 
Hellzapoppin', rappelez-vous.
Nous en étions resté à l'art du déplacement.
Quand on se déplace, on change de point de vue, on perçoit le monde autrement.
L'univers est peut-être courbe, il nous apparaît informe. Question de perspective.


Filippo Brunelleschi, tavoletta
En 1415, Filippo Brunelleschi réalise sa première expérience sur la place San Giovanni à Florence. Il peint une vue du baptistère grâce à un dispositif permettant de faire coïncider le tableau avec l’édifice : la tavoletta. Le tableau est peint sur une face de la tavoletta qui est percée d’un œilleton. On tient la tavoletta face à soi du côté qui n’est pas peint et l’on regarde l’édifice par l’œilleton. On intercale alors un miroir tendu à bout de bras entre la tavoletta et l’édifice. Si tous les éléments du dispositif sont correctement disposés, l’image de la peinture reflétée par le miroir coïncide avec la vue de l’édifice. La perspective à l'italienne est née.

 


Leon Battista Alberti, Tableau de verre
En 1436, dans son De pictura, Leon Battista Alberti donne la théorie de l'expérience. On parle alors de construzione legitima : une vision géométrique du monde.
Sur le tableau de verre d’Alberti, le réel semble s'inscrire pour l’œil situé au sommet de la pyramide visuelle.
De là l'idée de la peinture comme une fenêtre ouverte sur le monde.

L'anamorphose est une application des recherches de Piero della Francesca sur la perspective.

 


 

Piero della Francesca, Flagellation du Christ 700
Piero della Francesca, Flagellation du Christ, huile sur bois, 1450, 81 x 59

Tableau complexe.
L'éclairage de la scène de flagellation et celui de la ville viennent de sources différentes, le ciel et le monde.
La perspective est comme fausse : il y a plusieurs points de fuite.

L'anamorphose est une application particulière de la perspective.

« La perspective est généralement considérée, dans l’histoire de l’art, comme quelque chose de réaliste restituant la 3e dimension. C’est avant tout un artifice qui peut servir à toutes les fins. Nous en traitons ici le côté fantastique et aberrant : une perspective dépravée par une démonstration logique de ses lois. »
Jurgis Baltrušaitis, Anamorphoses ou Thaumaturgus Opticus – Les Perspectives dépravées, Flammarion, 1984

Avant de poursuivre notre parcours historique, voyons une icône bien connue d'Andreï Roublev.

 


 Andreï Roublev, Icône de la Sainte-Trinité, vers 1411 70
Andreï Roublev, Icône de la Sainte-Trinité, tempera sur bois, vers 1411, 100 x 150

En haut, de gauche à droite, la maison d’Abraham, le chêne de Mambré et le rocher.
[voir NOTE 1]

En bas, un quadrangle qui figure la terre.

Au centre, une coupe, la coupe de la Nouvelle Alliance, le sang du Christ (Luc, 22, 20). À l’intérieur de la coupe, on aperçoit une tête d’agneau, ou, si l’on tourne la coupe vers la droite, le visage du Christ mort.

 


 Andreï Roublev détail

Ainsi, l’agneau est une image de l’Ancienne Alliance et, en même temps, du Christ, l’Agneau immolé (1 Pierre, 1, 19). Quand saint Jean Baptiste voit arriver Jésus, il l’appelle l’Agneau : Voici l’Agneau de Dieu (Jean, 1, 29).

Revenons à nos moutons.

 


 Leonard-de-Vinci--Tete-de-bebe-et-oeil--Codex--copie-1.jpg
Léonard de Vinci, anamorphose d’un visage d’enfant et d’un œil, Codex Atlanticus,1485
À regarder depuis la droite du dessin, en regard frisant.

 


 Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs 700
Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs, huile sur bois, 1533, 209,5 x 207

Il s'agit d'un double portrait de Jean de Dinteville et Georges de Selve.
Ses dimensions sont exceptionnelles dans l'œuvre de Holbein.
Au premier plan, une serpillière, ou un os de seiche comme on en trouvait dans les cabinets de curiosités.

 


 Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs anamorphose   Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs crâne
Depuis un point de vue oblique, un crâne humain, souvent présent dans les vanités.

 

 

Felice Varini, Couloir des illusions, Oiron, 1993 700
Felice Varini, Couloir des illusions, Château d'Oiron, collection Curios & Mirabilia, 1993

L'installation se compose de quatre lignes bleues, sur les murs et au plafond, chaque ligne se reflétant dans le miroir placé au centre où apparaît une ellipse.
Il y a donc quatre tracés et quatre ellipses.
Pour voir une figure géométrique dans le miroir, il faut se poser à l'un des quatre coins du tableau.

1/ Il faut être quatre, en regards croisés, pour voir l'ensemble : une invitation à l'échange ;
2/ L'appareil photographique n'enregistre qu'un cercle et non une ellipse (on notera que la prise de vue est légèrement décalée, annonçant une autre figure) ;
3/ Dans le coin gauche (masqué) de la grande porte vitrée, Felice Varini a mis un léger trait de crayon à la hauteur de ses yeux pour diriger le travail ; voilà comment nous connaissons la taille de l'artiste, la même que celle de Lou.


* * *

NOTE 1

Relisons la visite de trois étrangers à Abraham et Sara (Genèse, 18)

Yahvé apparut à Abraham au Chêne de Mambré, tandis qu'il était assis à l'entrée de la tente, au plus chaud du jour. Ayant levé les yeux, voilà qu'il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui ; dès qu'il les vit, il courut de l'entrée de la Tente à leur rencontre et se prosterna à terre. Il dit : « Monseigneur, je t'en prie, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, veuille ne pas passer près de ton serviteur sans t'arrêter. Qu'on apporte un peu d'eau, vous vous laverez les pieds et vous vous étendrez sous l'arbre. Que j'aille chercher un morceau de pain et vous vous réconforterez le cœur avant d'aller plus loin ; c'est bien pour cela que vous êtes passés près de votre serviteur ! » Ils répondirent : « Fais donc comme tu as dit. »

Abraham se hâta vers la tente auprès de Sara et dit : « Prends vite trois boisseaux de farine, de fleur de farine, pétris et fais des galettes. » Puis Abraham courut au troupeau et prit un veau tendre et bon ; il le donna au serviteur qui se hâta de le préparer. Il prit du caillé, du lait, le veau qu'il avait apprêté et plaça le tout devant eux ; il se tenait debout près d'eux, sous l'arbre, et ils mangèrent.

Ils lui demandèrent : « Où est Sara, ta femme ? » Il répondit : « Elle est dans la tente. » L'hôte dit : « Je reviendrai vers toi l'an prochain ; alors, ta femme, Sara, aura un fils. » Sara écoutait, à l'entrée de la tente, qui se trouvait derrière lui. Or Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d'avoir ce qu'ont les femmes. Donc, Sara rit en elle-même, se disant : « Maintenant que je suis usée, je connaîtrais le plaisir ! Et mon mari qui est un vieillard ! » Mais Yahvé dit à Abraham : « Pourquoi Sara a-t-elle ri, se disant : ‘Vraiment, vais-je encore enfanter, alors que je suis devenue vieille ?’ Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Yahvé ? À la même saison l'an prochain, je reviendrai chez toi et Sara aura un fils. » Sara démentit : « Je n'ai pas ri », dit-elle, car elle avait peur, mais il répliqua : « Si, tu as ri. »

S'étant levés, les hommes partirent de là et se dirigèrent vers Sodome. Abraham marchait avec eux pour les reconduire.
 

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