François est né à Assise en 1181, son père est un marchand.
En 1205, il rompt avec son père et s'unit à dame Pauvreté (Témoignages, 45).
Sur son chemin, les aveugles voient, les paralytiques marchent, les sourds entendent.
Il meurt le 3 octobre 1226.
Ses propos sur l'éducation sont d'une curieuse actualité.
« C'est parce que nous avons grandi parmi les activités de nos parents que tous les maux nous suivent dès l'enfance. » [libre citation de Sénèque, Lettres à Lucilius, 8, 1]
[…]
… lorsque les enfants ont commencé à franchir les portes de l'adolescence, que penses-tu qu'ils deviennent ? Alors ils voguent à coup sûr au gré des dissolutions de toutes sortes et, du fait qu'ils ont le droit d'accomplir tout ce qui leur plaît, ils mettent toute leur ardeur à se vautrer dans le scandale. Ainsi, devenus esclaves du péché par une servitude volontaire [nous soulignons], présentent-ils en effet tous leurs membres comme des armes d'iniquité.
Thomas de Celano, Vie du bienheureux François, 1 (1229)
François d'Assise, Écrits, Vies, témoignages, Editions du Cerf – Éditions franciscaines, 2010
François d'Assise, Écrits (texte latin et traduction), Éditions du Cerf – Éditions franciscaines, 1981
Saint François d'Assise est bien connu du grand public : le Poverello, le petit pauvre qui prêcha aux oiseaux et dompta un loup féroce, le saint amoureux de la nature, écologiste avant la lettre. Innombrables les biographies, les compositions musicales, les peintures et les sculptures qui, depuis huit cents ans, lui ont été consacrées. Moins nombreux sont ceux qui savent que frère François, qui se disait pourtant simple et sans lettres, a laissé des écrits qui figurent parmi les trésors de la littérature médiévale, chrétienne, universelle ; des écrits qui livrent la fine fleur de l'esprit de l’Évangile tel qu'il l'avait saisi.
Jean-François Godet-Calogeras
Légende.
Le prêche aux oiseaux.
Giotto, Le prêche aux oiseaux, fresque, 270 x 200, église supérieure San Francesco, Assise, 1297-1299
Entre temps, tandis que de nombreux hommes, comme on l'a dit, s'étaient joints aux frères, le très bienheureux père François faisait route à travers la vallée de Spolète. Il parvint à un endroit près de Bevagna, où se trouvait assemblée une très grande multitude d'oiseaux d'espèces diverses : colombes, corneilles et d'autres qu'on appelle ordinairement des moineaux. En les voyant, le très bienheureux serviteur de Dieu François, en homme d'une très grande ferveur et qui portait un grand sentiment de piété et de douceur même aux créatures inférieures et privées de raison, courut vers eux avec allégresse, laissant ses compagnons sur le chemin. Une fois qu'il fut assez près, voyant que les oiseaux l'attendaient, il les salua à sa manière habituelle. Mais voyant non sans étonnement que les oiseaux ne prenaient pas la fuite comme ils le font d'ordinaire, il fut rempli d'une joie immense et les pria humblement, disant qu'ils devaient entendre la parole de Dieu. Parmi les nombreuses choses qu'il leur dit, il ajouta encore celles-ci : « Mes frères les oiseaux, vous devez beaucoup louer votre Créateur et l'aimer toujours, lui qui vous a donné des plumes pour vous revêtir, des pennes pour voler et tout ce dont vous avez eu besoin. Dieu vous a rendus nobles parmi ses créatures et il vous a accordé d'habiter dans la pureté de l'air ; car comme vous ne semez ni ne moissonnez, lui-même ne vous en protège et gouverne pas moins, sans que vous vous en souciiez le moins du monde. » A ces paroles, les petits oiseaux – à ce qu'il disait, lui et les frères qui s'étaient trouvés avec lui – exultèrent de façon étonnante, selon leur nature : ils commencèrent à allonger le cou, à étendre leurs ailes, à ouvrir le bec et à regarder vers lui. Mais lui, passant au milieu d'eux, allait et revenait, touchant leurs têtes et leurs corps de sa tunique. Enfin il les bénit et, après avoir fait un signe de croix, il leur donna congé de s'envoler pour aller dans un autre lieu. Quant au bienheureux père, il allait avec ses compagnons, se réjouissant sur son chemin, et il rendait grâces à Dieu, que toutes les créatures vénèrent par une confession suppliante.
Thomas de Celano, Vie du bienheureux François, 58 (1229)
Il invite tous les êtres créés à louer le créateur.
Laudent eum gloriosum caeli et terra
Et laudemus et superexaltemus eum in saecula
Et omnis creatura quae in caelo est et super terram et quae subtus terram et mare et quae in eo sunt
Et laudemus et superexaltemus eum in saecula
(Louange pour toutes les heures, 7-8)
L’exorcisme des démons à Arezzo.
Giotto, L’exorcisme des démons à Arezzo, fresque, 270 x 230, église supérieure San Francesco, Assise, 1297-1299
Alors qu'ils parvenaient à Arezzo, il y avait un très grand scandale et une guerre par presque toute la cité, jour et nuit, du fait de deux factions qui se haïssaient l'une l'autre depuis longtemps. Voyant cela et entendant une si grande rumeur et clameur de jour et de nuit, le bienheureux François, comme il était hébergé dans un hôpital, dans le bourg à l'extérieur de la cité, eut l'impression que les démons exultaient de la situation et incitaient tous les gens à détruire la cité par le feu et d'autres fléaux. Aussi, ému de compassion envers cette cité, dit-il à frère Sylvestre, prêtre, homme de Dieu, d'une grande foi, d'une admirable simplicité et pureté, que le saint père vénérait comme un saint : « Va devant la porte de la cité et, à voix haute, ordonne à tous les démons de tous sortir de cette cité. » Frère Sylvestre se leva et alla devant la porte de a cité en s'écriant d'une voix forte : « Loué et béni soit le Seigneur Jésus Christ. De la part de Dieu tout-puissant et en vertu de la sainte obéissance à notre très saint père François, j'ordonne à tous les démons de tous sortir de cette cité ! » Et par la divine miséricorde et la prière du bienheureux François, il advint que, sans aucune prédication, ils revinrent peu après à la paix et à l'unité.
Compilation d'Assise, 108 (début du XIVe siècle, texte initial de frère Léon, entre 1247 et 1271)
La parole de celui qui est dans le cœur, une légende qui n'est plus une légende.
Un jour, à l'heure de sa prédication, François s'aperçut qu'il avait oublié son texte.
_ Qu'importe ! Parle ! entendit-il.
Il prêcha avec ferveur, simplicité, spontanéité inouïes.
Ses frères en restaient étonnés.
_ D'où as-tu parlé ? demandèrent-ils.
_ Celui qui est dans mon cœur a parlé.
Les franciscains parlent du cœur.
Charlie Chaplin, Les Temps modernes, 1936