Lou

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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 23:01

 
Adonc le Père Ubu hoscha la poire, dont fut depuis nommé par les Anglois Shakespeare, et avez de lui sous ce nom maintes belles tragœdies par escript.


Le chat, la gidouille et la 'Pataphysique

 
  

 

Les moines de Saint-Bernardin, traditionnel, XVe siècle, int. André Mondé au Lapin agile, vers 1950

Ce chat portant fièrement la gidouille était de sortie près du Lapin agile, le doyen des cabarets de Montmartre, déjà présenté ici même. En quelques clics, vous découvrirez tous ceux qui ont fait leurs débuts dans ce nid de joyeux noctambules.
 

Le chat, la gidouille et la 'Pataphysique


Au commencement, la gidouille, emblème de la 'Pataphysique, est la gravure ornant la bedaine de Monsieur Ubu et, par une synecdoque particularisante, ladite bedaine elle-même. On la retrouve dans les jurons dont il est friand. Un mois du calendrier 'Pataphysique lui est dédié, en consécration de la tripaille.

La gidouille est le signe le plus beau dont un pataphysicien puisse se parer.


Qu'est-ce que la 'Pataphysique ?

Selon le Collège de 'Pataphysique, dans un texte du 1er absolu XCVIII, c'est « la plus vaste et la plus profonde des Sciences, celle qui d'ailleurs les contient toutes en elle-même, qu'elles le veuillent ou non ».
Voyez ceux qui étaient, qui sont au Collège...


Alfred Jarry, le père fondateur, en parle ainsi dans son ouvrage Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien , 1897-1898, édité en 1911 : « La pataphysique […] est la science de ce qui se surajoute à la métaphysique soit en elle-même, soit hors d’elle-même, s’étendant aussi loin au-delà de celle-ci que celle-ci au-delà de la physique. Exemple : l’épiphénomène étant souvent l’accident, la pataphysique sera surtout la science du particulier, quoi qu’on dise qu’il n’y a de science que du général. Elle étudiera les lois qui régissent les exceptions…
Définition : la pataphysique est la science des solutions imaginaires […] ».


 Le chat, la gidouille et la 'Pataphysique
Hendrik ter Brugghen, Democritus, 1628

A la source, on trouve l'hypothèse du clinamen, énoncée par Lucrèce et, peut-être déjà, par Epicure dont les écrits nous manquent en grande partie. Selon Démocrite, encore plus anciennement, l'univers est composé d'atomes et de vide. Comme cela se produit chez les Shadoks, les atomes, même bien crochetés les uns aux autres pour former une fleur, un papillon, un médecin viennois, en arrivent parfois, au hasard, à choir, à déchoir, le plein rejoignant le vide où il se vide alors que le vide se remplit. Suivez, prenez des notes. Ainsi le plein et le vide écrivent l'équation de l'équivalence des contraires : le vrai est aussi faux que le faux est vrai, le beau...
 
Mézenfin, direz-vous, ce chat gidouillé, que nous avons vu, serait bête comme le père Ubu ?

Ignobles palotins que vous êtes !

Le chat, la gidouille et la 'Pataphysique


Vrout, merdre, il faudra bien un jour, vrout, merdre, réhabiliter Monsieur Ubu, notre souverain souverain.
En attendant, écoutez la chanson du décervelage et reprenez en choeur !

 

 
Alfred Jarry, Charles Pourny, Claude Terasse, Chanson du décervelage, Ubu roi, V, 4, 1888, éd. 1900, int. Choeur et Orchestre du Collège de 'Pataphysique, 1951

Je fus pendant longtemps ouvrier ébéniste,
Dans la ru’ du Champ d’ Mars, d’ la paroiss’ de Toussaints.
Mon épouse exerçait la profession d’ modiste,
Et nous n’avions jamais manqué de rien.
Quand le dimanch’ s’annonçait sans nuage,
Nous exhibions nos beaux accoutrements
Et nous allions voir le décervelage
Ru’ d’ l’Echaudé, passer un bon moment.
Voyez, voyer la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
(Chœur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !

Nos deux marmots chéris, barbouillés d’ confitures,
Brandissant avec joi’ des poupins en papier,
Avec nous s’installaient sur le haut d’ la voiture
Et nous roulions gaîment vers l’Echaudé.
On s’ précipite en foule à la barrière,
On s’ fich’ des coups pour être au premier rang ;
Moi je m’ mettais toujours sur un tas d’ pierres
Pour pas salir mes godillots dans l’ sang.
Voyez, voyer la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
(Chœur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !

Bientôt ma femme et moi nous somm’s tout blancs d’ cervelle,
Les marmots en boulott’nt et tous nous trépignons
En voyant l’ Palotin qui brandit sa lumelle,
Et les blessur’s et les numéros d’ plomb.
Soudain j’perçois dans l’coin, près d’la machine,
La gueul’ d’un bonz’ qui n’ m’revient qu’à moitié.
Mon vieux, que j’ dis, je r’connais ta bobine,
Tu m’as volé, c’est pas moi qui t’ plaindrai.
Voyez, voyer la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
(Chœur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !

Soudain j’ me sens tirer la manch’ par mon épouse :
Espèc’ d’andouill’, qu’ell’ m’ dit, v’là l’ moment d’te montrer :
Flanque-lui par la gueule un bon gros paquet d’bouse,
Vlà l’ Palotin qu’a just’ le dos tourné.
En entendant ce raisonn’ment superbe,
J’attrap’ sus l’coup mon courage à deux mains :
J’ flanque au Rentier une gigantesque merdre
Qui s’aplatit sur l’ nez du Palotin.
Voyez, voyer la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
(Chœur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !

Aussitôt j’ suis lancé par-dessus la barrière,
Par la foule en fureur je me vois bousculé
Et j’ suis précipité la tête la première
Dans l’grand trou noir d’ous qu’on n’ revient jamais.
Voilà c’ que c’est qu’ d’aller s’ prom’ ner l’ dimanche
Ru’ d’ l’Echaudé pour voir décerveler,
Marcher l’ Pinc’-Porc ou bien l’ Démanch’-Comanche,
On part vivant et l’on revient tudé.
Voyez, voyez la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
(Chœur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !


Et pour ceux qui préfèrent les nouvelleries, vive le Québec libre ! 

 

 
Jean Derome, Chanson du Décervelage, 3 musiques pour Ubu, 1998

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Remerciements à Des pas perdus qui nous a fait connaître le matou.
 

Précédemment.

Balade en 'Pataphysique


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DOCUMENTS

 


 Le chat, la gidouille et la 'Pataphysique
 

 

Le chat, la gidouille et la 'Pataphysique
 

 

 Le chat, la gidouille et la 'Pataphysique
 

 

Le chat, la gidouille et la 'Pataphysique
 

 

Le chat, la gidouille et la 'Pataphysique

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Les moines de Saint Babouyn
(transcription moderne)

Nous sommes de l'ordre de Saint Babouyn
L'ordre ne dit mye de lever matin
Dormir jusqu'a prime et boire bon vin
Et din din din
Et dire matines sur un pot de vin

A nostre diner le beau chapon gras
La soupe au jaunet comme au mardi gras
La pièce de bœuf et le gras mouton
Et don don don
Et voila la vie que nous demandons

A nostre gouter le bon vin clairet
La belle salade au harenc soret
Pastés de pigeons si-sont de saison
Et don don don...

A nostre souper les connys rotis
Faisans et butor et aussi perdrix
Poussins a l'eau rose et force chapons
Et don don don...

Et après souper le beau hypocras
La tourte sucrée au fromage gras
Les poires confites en plusieurs façons
Et don don don...

A notre coucher nous aurons blancs draps
Et la belle fille entre nos deux bras
Les tetins poignans, la motte du con
Et don don don...

Et quand ce vint l'eure qu'on sonne minuit
Et fille s'eveille pour prendre déduit
Le compagnon saute chassant a son con
Et don don don...

A notre lever les beaux instruments
Trompettes et clairons, tambourins d'argent
Enfants sans soucis jouant du bedon
Et don don don...


"L'Ordre de Saint-Babouyn" aurait été créé en 1324. Il aurait disparu vers 1520. Un "Babouyn" était un "sot".

Benoît Huwart a eu la grande amabilité de nous communiquer les informations suivantes :
La source du texte, la plus ancienne connue semble être le recueil de Nicolas Buffet (circa 1549) intitulé: Sensuivent les Ténèbres du Champ Gaillard, composées selon lestat du dict lieu et se peuvent chanter ou lire à plaisir. Il fut réédité notamment par Lahure en 1856. Quant à la source musicale, elle a été publiée dans l'Odhecaton par Petrucci à Venise en 1501 et est due à Loyset Compère.
Xavier Hubaut

Xavier Hubaut est professeur émérite du Département de Mathématique à l'Université Libre de Bruxelles.
 
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A propos de la gidouille...
 
Cet essai a paru dans l'Expectateur n° 7 , 50 ° des Monitoires

La gidouille est une forme importante dans l'imaginaire - donc la réalité - de la 'Pataphysique. A la fois bedaine de Monsieuye Ubu, Comte de Sandomir, Roi de Pologne & d'Aragon et graphisme tracé sur la dite bedaine, elle fait l'objet d'une vénération d'Ubu dans ses jurons. Un mois du calendrier 'Pataphysique lui est dédié : les fêtes de ce mois montrent à l'évidence que c'est bien la tripaille qui est reconnue plutôt que la courbe ci après étudiée.
La gidouille est accompagnée sur le sceau du Collège de la devise :
EADEM MUTATA RESURGO .....
... Ce que d'aucuns traduisent (trahissent ?) en :
"Je suis la même quand, différente, je me relève (/resurgis/)"
ou :
 "Changée en la même, je reprends ma force (/ je me ranime/)"
Nous ne donnerons pas dans la facilité pour explorer avec Monsieur Sigmund Freud les connes notations que l'on voit surgir avec une évidence aveuglante: même si en dehors de l'organe du canard qui présenterait quelque analogie morphologique avec une spirale - ou un tire-bouchons - , nonobstant les nombreuses dénominations de l'organe dit viril (cf le dictionnaire de l'Argot "Le cru et le cuit" de Noël Arnaud et tous les essais sur les mots de la chose) , peu d'entre elles se réfèrent à une spirale ou à une gidouille. Il serait bon de rappeler ici le contrepet classique quoique complexe : "L'aspirant habite Javel" seule allusion notoire à une déformation plutôt rare. Cette antiphrase a été initialement relevée par le TS Marcel Duchamp qui dans un roto relief auto-censuré a donné : Javel habite en spirale / l'aspirant habite Javel .
Sans se lancer dans des analyses psychologisantes, ni s'allonger sur des divans aux ressorts fatigués, il est notable qu'il y a là une prise de parole i.e. une affirmation de soi en tant qu'être autonome, soulignée par l'emploi du "je" qui ici n'est pas un autre mais bien la gidouille: faut-il y voir un embryon de revendication ou pire de contestation ? A qui la locutrice (car c'est bien du genre féminin) s'adresse-t-elle ? Pourquoi ce besoin de rappeler ses aptitudes ? Qui veut-elle convaincre - sinon elle même- ? Serait-ce, tapi dans son subconscient, un aveu de faiblesse ?
Cette devise, emblématique de la Gidouille, n'est pas sans faire écho à Mallarmé qui dans "Le Tombeau d'Edgar Poe" a commis ce vers "Tel qu'en lui même enfin l'ét(h)ernité le change". Ce changement, cette mutation qui se ramène au voisinage du point de départ symbolise le mythe de "l'Eternel Retour" cher à Mircéa Eliade quoique ici on ne retrouve pas l'image de la circularité parfaite - prenez un cercle, cas particulier de la gidouille, caressez le, il deviendra vicieux comme le remarque le TS Ionesco - mais d'un retour décalé. La gidouille, c'est le Phénix qui resurgit de ses cendres, intact, tel qu'en elle même: c'est un symbole de l'indestructibilité dans le Temps. Et nous savons bien que derrière cette Gidouille majestueuse, se tient Monsieuye Ubu, Comte de Sandomir et autres lieux, Roi de Pologne et d'Aragon, toujours égal à lui même.
Après les délires herméneutiques qui, ces dernières années, se sont emparés d'esprits à l'évidence bien intentionnés, pour qui il n'est point de domaine qui ne relève de la Science, mais pris de vertige devant un tel abîme, une mise au point provisoirement définitive s'impose et nous avancerons quelques compendieuses considérations.
L'oxymoron "Eadem // mutata", union du même et de l'autre fait allusion - par anticipation - à Sengle, double de Valens un autre moi même aurait pu écrire Jarry dans ce roman autobiographique des Jours & des Nuits. Il n'y a pas de changement stricto sensu mais une dérive immobile, analogue au voyage de Paris à Paris par la mer sur l'As du Docteur Faustroll. Un zeste de freudo-marxisme noyé dans un soupçon de dialectique hegélienne pourrait faire avancer l'analyse de ce conflit. Après la thèse de l'égalité, "Eadem", l'antithèse du changement "mutata" vient enfin la synthèse "ressurgo": le retour à l'unité en quoi se résout cette apparente antinomie.
Pour une analyse plus poussée, on peut (si on a le temps) (re)lire "De la Contradiction" de Philippe Sollers écrit dans sa période Tel-Quellienne premier genre, alors qu'il donnait dans le maoïsme le plus dur avant de devenir ce qu'il est devenu: Monsieur Kristeva , ce qui doit nous rendre indulgents et compréhensifs.
Les différentes épiphanies de la Gidouille, la laissent toujours "égale", équanime devant le Monde. Les phases descendantes et montantes "ressurgo" évoquent les phases de la lune, et plus généralement de tout phénomène périodique, pour laquelle on emploie le plus simple "surgere", le redoublement "ressurgere" étant réservé à la Gidouille et à la résurrection. L’Ecclésiaste confirme le fait: la vulgate utilise le verbe "ressurgere" pour les ressuscités qui sont à la fois les mêmes et d'autres quand ils sortent de leurs cercueils et déroulent leurs bandelettes auxquelles adhérent encore quelques lambeaux racornis de viande..
La plupart des Gidouilles sont levogyres: orientées dans le "sens direct" , contraire aux aiguilles d'une montre, sens dit aussi "sens trigonométrique". Derrière le miroir, dans un univers supplémentaire ou après un voyage dans la quatrième dimension, elles pourraient revenir dextrogyres et réapparaître alors la même mais différente. Tel n'est pas le cas ici.
En quoi les Gidouilles sont-elles "la même" tout en étant "différente" ? Après les cons sidérations relevant des "sciences humaines" il est temps de passer aux sciences inhumaines dites de façon amusante "exactes".
Par définition une gidouille est la portion de plan comprise entre deux spirales voisines: il faut donc regarder un peu du coté du peuple des spirales. En première approximation il y a trois grandes catégories de spirales: les spirales hyperboliques, les spirales arithmétiques ou d'Archimède et les spirales exponentielles ou logarithmiques.
Les spirales hyperboliques ont pour équation générale: r = k/q
Pour q égale zéro, elle n'est pas "définie" mais vient de l'infini et est asymptote à l'horizontale. Lorsque q tend vers l'infini, r tend vers zéro et la courbe vient s'enrouler lentement mais indéfiniment autour de son ombilic, sans toutefois le rejoindre sauf -peut être - dans les limbes.
Les spirales arithmétiques d'Archimè(r)d(r)e ont une équation de la forme r = k.q
Le "rayon vecteur" est proportionnel à l'argument (ou à l'angle). D'un tour à l'autre le rayon croît d'une quantité constante 2pk
Ce sont ces spirales que l'on peut voir sur la couverture des Cahiers et autres publications du Collège. C'est la spirale que fait un cordage lové sur le pont d'une embarcation - ou un tuyau d'arrosage enroulé sur un plan.
Boris Vian dans son étude sur la construction pratique de la Gidouille - on reconnaît là l'Ingénieur - choisit la développante de cercle non pour des raisons théoriques mais essentiellement pratiques [7]: le gidouillographe est de réalisation facile. La forme de la "spirale" de Vian est assez voisine de la spirale d'Archimède. On en trouve des variantes dans certaines publications du Cymbalum comme par exemple sur la couverture de l'Agenda perpétuel qui s'orne d'une Gidouille obtenue en dessinant des quarts de cercles dont les centres sont les sommets d'un carré et dont les rayons successifs sont en progression arithmétique de raison le coté du carré. L'aspect de cette "spirale" est analogue à celui de la développante de cercle.
Les spirales logarithmiques ont une équation polaire de la forme : r = ek.q
Le rayon vecteur est proportionnel à l'exponentielle de l'argument et l'angle que fait la tangente et le rayon est constant. D'un tour à l'autre les rayons sont en progression géométrique de raison e2kp.
C'est cette spirale qui est "merveilleuse" et qui a tant ébloui Jacob Bernouilli au point qu'il a voulu sur sa tombe, avec le tracé de la dite spirale, inscrire la devise "Eadem Mutata Ressurgo". Il est piquant de remarquer que le sculpteur de pierres tombales, piètre mathématicien, a tracé sur la stèle de Bernouilli en l'an de grâce 1705 dans la cathédrale de Bâle, une spirale d'Archimède ce qui, à l'évidence, ne correspond pas à l'idée qu'avait Jacob Bernouilli [8] . Cette sculpture se retrouve sur la couverture des Organographes avec sa devise pour souligner l'idée que nonobstant l'occultation, le Collège égal à lui même resurgira dans le Monde.
La propriété de cette spirale est que , agrandie ("mutata" = changée), elle a exactement les mêmes forme et dimension ("eadem" = égale) : elle se superpose à elle même après agrandissement par une simple rotation et reste même tout à fait immobile dans un agrandissement de rapport multiple de ek.2p. Elle semble jaillir sans fin de son ombilic, des limbes, et toutefois reste égale à elle même, "fille trés-semblable à sa mère" comme le dit Bernouilli.
On trouve ce type de spirale dans le nautile qui décore les couvertures de la Pléïade, et aussi de façon approximative dans le sceau du Collège où le texte COLLEGI:PATAPHYSICA:SIG s'enroule en gidouille dextrogyre plus ou moins logarithmique, le "C" de départ initiant le processus, les dimensions des lettres allant croissant.
Il est clair que c'est cette spirale logarithmique à laquelle s'applique "Eadem Mutata Ressurgo" et à elle seule.
Alors que dire de la Gidouille Ubique et Collégiale ? D'ailleurs y a-t-il "UNE" gidouille Collégiale ?
On peut se cacher derrière l'autorité morale et Satrapique de Boris Vian pour accepter sa Gidouille avec sa devise. On peut aussi remarquer que la Gidouille n'est pas unique dans sa forme et que d'un usage à l'autre elle peut varier. L'Ordre de la Grande Gidouille utilise à l'évidence une spirale de type archimédien, le tampon du Collège aussi. Dans le Dossier n° 13, Gyroscopie de la Gidouille, on trouve toutes sortes de "spirales", certaines n'ayant aucune formulation mathématique bien déterminée [9]; alors y a-t-il une seule forme de Gidouille ou bien doit-on admettre toute "spirale" comme susceptible de générer une gidouille?
La gidouille ubique est tracée sur une hémisphère : le plan - ou la surface - sur lequel on dessine la gidouille est-il ou non euclidien est une question préalable qu'il faudra trancher, bien des conséquences peuvent en découler... Les représentations montrent à l'évidence que la gidouille est une surface et non pas une simple courbe (qui serait alors invisible comme tout objet mathématique de dimension 1). C'est concrètement une partie de plan comprise entre deux spirales certes mais de quel type ?
Ces questions d'importance capitale devraient être débattues par une Sous-Commission ad-hoc, Sa Sommité, le Régent d'Hélicologie impulsant les travaux.

Le technicien chargé de l'héliciculture

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Qu'est-ce que la 'Pataphysique ?
 

La plus vaste et la plus profonde des Sciences, celle qui d'ailleurs les contient toutes en elle-même, qu'elles le veuillent ou non, la 'Pataphysique ou science des solutions imaginaires a été illustrée par Alfred Jarry dans l'admirable personne du Docteur Faustroll. Les Gestes et Opinions du Docteur Faustroll, pataphysicien, écrits en 1897-1898 et parus en 1911 (après la mort de Jarry) contiennent à la fois les Principes et les Fins de la Pataphysique, science du particulier, science de l'exception (étant bien entendu qu'il n'y a au monde que des exceptions, et que la «règle» est précisément une exception à l'exception ; quant à l'univers, Faustroll le définissait «ce qui est l'exception de soi»).

Cette Science, à laquelle Jarry avait voué sa vie, les hommes la pratiquent tous sans le savoir. Ils se passeraient plus facilement de respirer. Nous trouvons la 'Pataphysique dans les Sciences Exactes ou Inexactes (ce qu'on n'ose avouer), dans les Beaux-Arts et les Laids, dans les Activités et Inactivités Littéraires de toutes sortes. Ouvrez le journal, voyez la télévision, parlez : 'Pataphysique !

La 'Pataphysique est la substance même de ce monde.

Ce texte date du 1er absolu XCVIII

 

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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 23:01

 

 

Le Tigre, TKO, 2004

 

tigre

toi ruisselant de tous tes feux

dans la trouée rare

tant et plus ovalement et

fauve

 

tigre blanc

d'écume

deux fois tigre par la cruauté du sang

dis par le velours de ton cœur divin parfumé d'outrances

et dis par ton œil d'un flou vert doré de distances

 

tigre

dis

qui donc d'un bond t'a doué de tant de puissance ô

 

tigre harmonie rêvée du crime

symétrie sauvage

qui parfois te perds dans un tendre agenouillement

 

 

* En pensant à The Tyger de William Blake *

 

 

 

Le Tigre, TKO, 2004

 

- - -

 

The Tyger

 

Tyger Tyger. burning bright,

In the forests of the night :

What immortal hand or eye,

Could frame thy fearful symmetry ?

 

In what distant deeps or skies.

Burnt the fire of thine eyes !

On what wings dare he aspire !

What the hand, dare sieze the fire ?

 

And what shoulder, & what art,

Could twist the sinews of thy heart ?

And when thy heart began to beat,

What dread hand? & what dread feet ?

 

What the hammer ? what the chain,

In what furnace was thy brain ?

What the anvil ? what dread grasp,

Dare its deadly terrors clasp !

 

When the stars threw down their spears

And water'd heaven with their tears :

Did he smile his work to see ?

Did he who made the Lamb make thee ?

Tyger, Tyger burning bright,

In the forests of the night :

What immortal hand or eye,

Dare frame thy fearful symmetry ?

 

Songs of Experience, 1794

 

 

The Lamb

 

Little Lamb who made thee

Dost thou know who made thee

Gave thee life & bid thee feed.

By the stream & o'er the mead ;

Gave thee clothing of delight,

Softest clothing wooly bright ;

Gave thee such a tender voice,

Making all the vales rejoice :

Little Lamb who made thee

Dost thou know who made thee.

 

Little Lamb I'll tell thee,

Little Lamb I'll tell thee :

He is called by thy name,

For he calls himself a Lamb :

He is meek & he is mild,

He became a little child:

I a child & thou a lamb,

We are called by his name.

Little Lamb God bless thee.

Little Lamb God bless thee.

 

Songs of Innocence, 1789

 

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précédemment

 

tendre amour

http://www.libellus-libellus.fr/article-tendre-amour-105143304.html

 

aujourd'hui

http://www.libellus-libellus.fr/article-aujourd-hui-106532746.html

 

brûle la nuit

http://www.libellus-libellus.fr/article-brule-la-nuit-107106709.html

 

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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 23:01

 
Le Jardin des Délices - Obsidienne 300

 

 

Guillaume Dufay, Par droit je puis bien complaindre et gemir, ensemble Obsidienne, dir. Emmanuel Bonnardot, in album Le Jardin des Délices - Chansons de la Renaissance / Manuscrit de Bayeux / Dufay / Josquin, Calliope, 2004

[Certaines lignes ne figurent pas dans l'enregistrement]


Par droit je puis bien complaindre et gemir,
Qui sui esent de liesse et de joye.
Un seul confort ou prendre ne scaroye,
Ne scay comment me puisse maintenir.

Raison me nuist et me veut relenquir,
Espoir me fault, dansen quel lieu que je soye:
  Par droit je puis bien complaindre et gemir,
  Qui sui esent de liesse et de joye.

Dechassiés suy, ne me scay ou tenir,
Par Fortune, qui si fort me gueroye ;
Anemis sont ceus qu'amis je cuidoye,
Et ce porter me convient et souffrir.

  Par droit je puis bien complaindre et gemir,
  Qui sui esent de liesse et de joye.
  Un seul confort ou prendre ne scaroye,
  Ne scay comment me puisse maintenir.


Guillaume Dufay

Guillaume Dufay (Du Fay, Du Fayt) (1397 ? - 1474) est un compositeur franco-flamand fort en grâce à la cour des ducs de Bourgogne. Né à Beersel, près de Bruxelles, il est le fils naturel d'un prêtre par ailleurs inconnu et d'une femme nommée Marie Du Fayt.

En nous proposant une de ses chansons, Par droit je puis bien complaindre et gemir, G. T., depuis sa Music Lodge, nous a conviés à le découvrir.

Répéter, comme je le fais souvent, que la musique n'a pas besoin des maisons de disques, c’est bien, encore faut-il le démontrer. J’ai écrit il y a quelques années un long article sur le sujet, mais, pour les fainéants, il existe une manière beaucoup plus simple de s’en convaincre : écouter ce petit bijou qu’est Par droit je puis bien complaindre et gémir. On a encore un pied dans le Moyen Age lorsque cette chanson a été écrite, la Renaissance n’en est qu’à ses débuts. Pas d’industrie du disque brassant des centaines de millions de dollars, pas de droits d’auteur ; on est à mille lieux de l’accumulation de savoirs, cultures, techniques et technologies de notre époque.
[...]
Je vous recommande particulièrement la très belle version […] d'Emmanuel Bonnardot et l’ensemble Obsidienne.

 Obsidienne

Obsidienne, ensemble vocal et instrumental dirigé par Emmanuel Bonnardot, entend faire vivre le répertoire du Moyen Age et de la Renaissance, simplement, avec naturel, en réconciliant l’art de l’interprétation avec celui de l’improvisation.

Catherine Sergent, chant, psaltérion
Florence Jacquemart, chant, flûtes et cornemuses
Fabienne Etuin, chant
Hélène Moreau, chant, psaltérion
Nicole Jolliet, chant, organetto
Pascale Haarscher, chant, flûtes, chalemie
Barnabé Janin, chant, vièles
Raphaël Picazos, chant
Xavier Terrasa, chant, chalemies, flûtes
Pierre Bourhis, chant, récitant
Pierre Tessier, chant, récitant
Ludovic Montet, chant, tympanon, percussions
Daniel Sarda, chant
Emmanuel Bonnardot, direction, chant (baryton ou contre-ténor), vièles

 Vièliste 350


Jérôme Bosch, le Jardin des Délices

Jérôme Bosch - Le Jardin des délices - 700
Jérôme Bosch, Le Jardin des délices, huile sur bois, 1504, 220 x 195, Museo del Prado, Madrid

[un clic droit sur l'image, nouvel onglet, et vous aurez l’œuvre tout près du texte]

Peu de documents permettent de connaître la vie de Jérôme Bosch. Jan van Aken, de son vrai nom, est né dans une famille de peintres (son père et son grand-père, la famille étant venue deux siècles plus tôt d'Aix-la-Chapelle, Aken), vers 1450, à Bois-le-Duc, en néerlandais s'Hertogenbosch : il trouve ainsi son pseudonyme et, suivant la mode en cours, il latinise son prénom en Hieronymus. Après son mariage, en 1478, avec Aleyd van de Meervenne - issue de la riche société -, il est accueilli à la confrérie de Notre-Dame, association religieuse et caritative, consacrée au culte de Marie.

Ses personnages monstrueux sont inspirés des bestiaires du Moyen Âge – Jehan de Mandeville, Voyage d'outre mer, Marco Polo, Le Devisement du monde - et des récits accompagnant la récente découverte de l'Amérique.

Marco Polo Le Devisement du monde 1298 miniature 640

Plus récemment, encore, en 1993, Joan Fontcuberta invente le mystérieux et monstrueux cocatrix évoluant dans les douves du château d'Oiron.

 Joan Fontcuberta Cocatrix 1993 600


Le Jardin des Délices

Martin Berhaim le plus ancien globe connu 1492 600
Martin Berhaim, le plus ancien globe connu,1492

 

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 Jérôme Bosch - Le Jardin des délices - Panneaux fermés
 Jérôme Bosch, Le Jardin des délices, huile sur bois, 1504, 220 x 195, Museo del Prado, Madrid

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Panneaux latéraux fermés

Les panneaux latéraux fermés montrent un globe transparent, baigné par des eaux animées de vie végétale dans un décor minéral.
En haut, à gauche, dans le creux d'un nuage, on aperçoit la figure de Dieu, un peu à la manière dont elle a été sculptée par Jehan Aert van Tricht, en 1492, dans l’un des fonts baptismaux de la cathédrale Saint-Jean, à Bois-le-Duc, ville natale de Jérôme Bosch (Sint-Janskathedraal, s'Hertogenbosch).

 Jehan Aert van Tricht Doopvont Sint-Janskathedraal s'Hertog Jehan Aert van Tricht Doopvont Sint-Janskathedraal-copie-1

Il s’agit du troisième jour de la Création, avant la génération, le quatrième jour, du Soleil, de la Lune et des étoiles. Toutefois, pour Ernst Gombrich, le sujet serait la Terre de laquelle se retirent les eaux du déluge, l'arc-en-ciel étant le signe de l'alliance renouée entre Dieu et les hommes.

La figuration de la Genèse est mise en évidence par deux phrases en lettres d'or gothiques en haut de chaque panneau : Ipse dixit et facta sunt - Ipse mandavit et creata sunt , Il dit et cela se fit, Il commanda et cela se créa, une citation de Psaumes, 33, 9, rappelant la Genèse :

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux.
Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres.
Dieu appela la lumière jour et les ténèbres nuit . Il y eut un soir et il y eut un matin : premier jour.
Dieu dit : Qu'il y ait un firmament au milieu des eaux et qu'il sépare les eaux d'avec les eaux et il en fut ainsi.
Dieu fit le firmament, qui sépara les eaux qui sont sous le firmament d'avec les eaux qui sont au-dessus du firmament,
et Dieu appela le firmament ciel . Il y eut un soir et il y eut un matin : deuxième jour.
Dieu dit : Que les eaux qui sont sous le ciel s'amassent en une seule masse et qu'apparaisse le continent et il en fut ainsi.
Dieu appela le continent terre et la masse des eaux mers, et Dieu vit que cela était bon.
Dieu dit : Que la terre verdisse de verdure : des herbes portant semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semence et il en fut ainsi.
La terre produisit de la verdure : des herbes portant semence selon leur espèce, des arbres donnant selon leur espèce des fruits contenant leur semence, et Dieu vit que cela était bon.
Il y eut un soir et il y eut un matin : troisième jour.
Genèse, 1, 1-13
(trad. Bible de Jérusalem)


Panneaux ouverts

On lit.
A gauche : la création d'Eve, le péché originel, l'exil du paradis terrestre ; flore et faune fantastiques, selon la représentation de l'époque.
A droite : l'enfer et ses tourments, un prêche de la terreur.
Au centre : le Jardin, sa sensualité, ses jouissances éphémères.

Dès le XVIe siècle, l’œuvre a été louée pour sa haute moralité par le Chroniqueur de l'Ordre de Saint-Jérôme, et historien de l'Escorial.
En 1593, lors de son entrée au monastère San Lorenzo el Real, le triptyque, alors intitulé L'Arbouse, était décrit comme une figure de la complexité du monde résumée par diverses extravagances de Jérôme Bosch.
Le peintre aurait trouvé sa source dans les commentaires des Psaumes de saint Augustin, et ceux du livre de Job de saint Grégoire.

On est bien loin de l'iconoclaste que les surréalistes ont cru voir.


Avant le Jardin

Jérôme Bosch Tryptique du Chariot de foin 600
Jérôme Bosch, Le Chariot de foin, huile sur bois, 212 x 147, Museo del Prado, Madrid

La datation demeure dans l'ordre de l'hypothèse : l’œuvre aurait été exécutée entre 1501 et 1502, selon Walter Bosing (Jérôme Bosch, entre le ciel et l'enfer, Taschen, 2001) et Mia Cinotti (Tout l'œuvre peint de Jérôme Bosch, coll. Les Classiques de l'art, Flammarion, 1967) ou plus tôt, entre 1485 et 1490, selon Charles de Tolnay (Hieronymus Bosch, Les Éditions Holbein, 1937).

Une voix dit : "Crie", et je dis : "Que crierai-je ? " - "Toute chair est de l'herbe et toute sa grâce est comme la fleur des champs.
L'herbe se dessèche, la fleur se fane, quand le souffle de Yahvé passe sur elles; oui, le peuple, c'est de l'herbe
l'herbe se dessèche, la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu subsiste à jamais.
Isaïe, 40, 6-8

Mes jours sont comme l'ombre qui décline, et moi comme l'herbe je sèche.
Mais toi, Yahvé, tu trônes à jamais ; d'âge en âge, mémoire de toi !
Psaumes, 102, 12-13
(trad. Bible de Jérusalem)


Panneaux latéraux fermés

 Jérôme Bosch Tryptique du Chariot de foin panneaux fermé
 

 

Un voyageur entrevoit les dangers de la vie.

[un clic droit sur l'image]

 

 

Panneaux ouverts

 Jérôme Bosch Tryptique du Chariot de foin panneau central
 

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On lit.
A gauche : le paradis terrestre, la création d'Eve, la tentation, le péché, l'exclusion.
A droite : l'enfer.
Au centre : le chariot de foin.
Au sommet du tas de foin, à l'ombre d'un arbre, un couple, trois musiciens, un voyageur (?), un ange en prière et un démon sonnant du cor.
Chevauchant sur le chemin, le pape, l'empereur, le roi, le duc... des Etats de ce temps.
Certains figurants se battent pour monter sur le chariot et se retrouvent écrasés sous ses roues. D'autres annoncent la parousie de Christ au travers des nuages.
Au bord inférieur, six groupes mystérieux, notamment celui des religieuses.

 


Les sources.
Au XVIe siècle, le père Fray José de Sigüenza, historien de l'Escorial explique le sujet de l’œuvre en citant Isaïe et Psaumes (cf. supra).
Charles de Tolnay rapporte un proverbe flamand : « Le monde est une montagne de foin d'où chacun se tire comme il peut. »

Une allégorie moralisante annonçant le Jardin.

 

 

~ ~ ~
 

 


G.T. conclut ainsi :
 
Et si jamais cela faisait naître chez certains un goût pour les chansons anciennes, je vous conseille vivement d’écouter l’ensemble italien de musiques médiévales La Reverdie […]. C’est d’ailleurs grâce à eux que je me suis intéressé il y a de nombreuses années à la musique du Moyen Age, alors qu’elle m’indifférait auparavant. Pour la petite histoire, c’est à la même période, fin des années 90, que je me suis pris de passion pour le rap US… j’aime les grands écarts.

 

 

La Reverdie

Un ensemble italien de musique ancienne.

La Reverdie 600

 

 

Bestiarium Nuova Era 1990 300

 


Ar Bleizi-Mor / Anonyme, Bretagne, IXe siècle, in album Bestiarium - Animals in the Music of the Middle Ages, Nuova Era Internazionale, 1990-2010

Ar Bleizi-Mor

Ballade recueillie par Jean- Marie de Penguern (1807 – 1856) et publiée par François-Marie Luzel (1821 - 1895) dans Gwerzioù Breizh-Izel, 1868

    Lemmomp hor c'hleveïou,
    War-lein ar meneziou,
    'Vit mont d'ar brezeliou

[Certaines lignes ne figurent pas dans l'enregistrement]

Arru e listri 'r bleizdi-mor,
Da digass brezel en Arvor;
Ar Ieodet ho deuz komerret.
Hag ann iliz ho deuz dewet.

    Lemmomp, etc.

Ann eskop-koz n' em skuill daero,
Hen euz renket leuskel hë vro;
Et ez e da glask ur vro-all,
E-lec'h na deui ket an dut-fall.

Den na gred ken chomm en Arvor,
Gant an euz ouz ann dut-a-vor;
Parko, tier, loened ha tud,
Holl int gwallet, braz ha munud.

Met ar roue, p'hen euz klewet,
He dent gant broüer 'n euz skrignet:
Em laket e prest en he hent,
Gant he holl dut, he holl gerent.

Un arme vraz 'zo bet savet,
Hag en Arvor 'z omp arruet;
Bars ur blenenn, en bro-Arvor,
E meump bet kat ar bleizdi-mor.

Epad tri de hon euz stourmet,
Epad tri de hon euz kannet;
Epad ter noz, hep heana,
N'hon ëuz gret tra nemet laza

Laza, ken a ruille 'r goad-ru,
'Vel diou waz vraz, euz ann daou-du;
Laza, evel dorna kolo,
Kolo-segal, pa ve daro !

Strakal 're hor zaoliou-kleze,
'Vel taoliou 'n horz war an anne,
Ken a fraille pennou tud-vor,
Evel istrenn hanter-digor.

Keit ma pade ann argadenn,
Ar brini 'nije uz d'hon fenn;
Pa zo bet fin, en em goagal,
Int bet diskennet d'ar festal !

    Lemmomp hor c'hleveïou,
    War-lein ar meneziou,
    'Wit mont d'ar brezeliou !


TRADUCTION

Les loups de mer

Aiguisons nos épées,
Sur le haut des montagnes,
Pour aller aux combats !

Voici venir les navires des loups de mer,
Qui apportent la guerre en Armorique !
Ils ont pris le Guéodet,
Et en ont incendié l'église.

Aiguisons, etc.

Le vieil évêque, les larmes aux yeux,
A été forcé de quitter sa patrie;
Il est allé chercher un autre pays
Où ne viendront pas les méchants.

Personne n'ose plus rester en Armorique,
Tant on a en horreur les hommes de mer;
Moissons, animaux et gens,
Ils détruisent tout, grands et petits.

Mais le roi, dès qu'il en a été instruit,
A grincé des dents avec rage,
Et vite il s'est mis en route,
Avec tous ses gens et ses parents.

Une grande armée a été levée,
Et nous sommes descendus en Armorique ;
Dans une grande plaine, au pays d'Arvor.
Nous avons rencontré les loups de mer.

Pendant trois jours nous avons résisté,
Pendant trois jours nous nous sommes battus ;
Pendant trois nuits, sans reprendre haleine,
Nous n'avons fait que tuer

Tuer, a faire ruisseler le sang rouge,
Des deux côtés, comme deux grands ruisseaux :
Tuer, comme on bat la paille,
La paille de seigle, quand il est mûr !

Et nos coups d'épée retentissaient,
Comme les coups de masse sur l'enclume,
Et fracassaient les crânes des hommes de la mer,
Comme des huîtres entr'ouvertes !

Pendant que dura le combat,
Les corbeaux voltigeaient sur nos têtes;
Et quand ce fut fini, en croassant,
Ils s'abattirent pour le festin

Aiguisons nos épées,
Sur le haut des montagnes,
Pour aller aux combats !
 
 

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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 16:17

  
Magali de Piau Engaly : le tunnel du Somport, comme vous l'avez toujours rêvé sans jamais oser l'imaginer.
 

 

Les Chevaliers du fiel, Magali de Piau Engaly


Les routes ne sont plus sures.

 


 

 

 

 

 

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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 06:07

 

Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, La Guerre en dentelles / Les compagnons de la chanson, La Guerre en dentelles

Il téléphone.
Il est encore maire, il n'est pas près d'être père.

_ Alleu, mon p'tit Leu ?
[Ne faites pas attention, il a une élocution curieuse depuis sa mue.]
_ Oui ! On s'inquiétait, on n'avait plus de tes nouvelles. Que deviens-tu ? Je veux dire : comment vas-tu ?
_ Trou bien, trou bien, trou bien, mé j'suis fashé, fashé, fashé, après c'que tu as diiit à mon néveu s'critère, ouh !
_ Ton neveu ?
_ Non, mon néveu s'critère. La s'critère d'avant, j'l'ai viiirée, viiirée, viiirée, une fame, quelle horreur ! Et j'ai pris un néveu s'critère, il est trou gentiiil, gentiiil, gentiiil, mé c'que tu lui as diiit, c'est pa gentiiil, gentiiil.
_ Je ne lui ai rien dit. La layette rose, ce n'est pas mon rayon, mais c'est sa liberté.
_ Ouh ! Tu lui as dit – pleur' paaa, mon p'tiiit shouuu – tu lui as diiit, il en est toute à l'envers, tu lui as diiit qu'il dévrait fair' sa formassiiion en déhors des trou rares heuuures d'ouvertuuure. Alors, j'te diiirai qu'il travaiiille siii zeuuures par séméne, et il faiiit sa formassiiion avec mua ! Et siii t'as quelqu' chose contre, tu viiiens me le diiire en fasse !
_ Tu sais bien que je ne te tournerai pas le dos...
_ Ouh !
[Noir !]



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23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 16:17

 
Non, il ne s'agit pas de votre Lou. Seulement une réplique de la scène que vous allez voir ou revoir.
En deux parties, pour des raisons techniques, mais sans qu'il manque une virgule.
http://demo.eklablog.com/
 

Les Chevaliers du fiel, Jean-Paul André, La simca 1000, 1


Les Chevaliers du fiel, Jean-Paul André, La simca 1000, 2

Quand on y pense...
… le Jean-Paul André, alias Magali de Piau Engaly (dans nos réserves), Eric Carrière, est docteur en sociologie et le présentateur, Francis Ginibre, est diplômé des Beaux-Arts.

 


En version originale.


Les Chevaliers du fiel, La simca 1000, 1996



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23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 10:01

  

Michel Sardou, Le Rire du sergent, Musique : Jacques Revaux, Paroles : Michel Sardou, Yves Dessca, 1971

Le maire de notre bien-aimé petit village est sorti des burnes il y a des lustres. Notre Cousin préféré, dont nous ne sommes pas le cousin, n'était pas encore maire, quand nous l'avons connu, ni même père inconnu de beaux bébés des champs. Mézalors ?

Mézalors, mézalors, comment est-il entré dans les burnes des mots critiques ?

Il a promis de reboucher les trous, il ne savait pas qu'un artiste à deux balles, l'incroyable Bernar, viendrait arracher le macadam du bled en mémoire de son ancien et lucratif séjour au Maghreb où il faisait la grue pour empiler casbah sur casbah sur casbah.
Du haut de l'engin dont est sorti un réformé P4 – le petit Stef, 1 m 90, 220 livres, a enfermé le major de son régiment dans une armoire métallique, c'est bénin, et administrative, c'est grave, puis il est devenu routier, oui, les routes ne sont plus sures, entre les képisés nerveux et les malades mentaux en 40 tonnes, on ne peut plus se faufiler, peut-être encore filer vers une aire de stationnement, un refuge de Roms qui se maintiennent tant que dure la grève des pilotes de charters – et un escroc - le fameux G-Rom, inventeur d'une méthode de l'artisanat sans peine (faire payer et ne rien faire) – virgule, or donc, du haut de l'engin, haut comme un minaret, notre cher Bernar voyait, à deux mille kilomètres au nord, un petit village.

Le pas encore père, pas encore maire, a promis de sauver le commerce. Quand l'accordéoniste au joli nom d'emprunt a déchaîné les uniformisés, en 1974, le dernier bistrot a fait faillite. Il restait un boulanger. Quand sa femme, une certaine Pomponette, est partie courir les routes qui ne sont plus sures, il n'a plus fait de pain (Pétain ! C'est pourtant vrai).

Le candidat, ni maire ni père, a promis de maintenir et faire prospérer l'école. Elle va fermer. Les IUFM et leurs ersatz n'en veulent plus : il faut une vie intérieure d'une richesse extraordinaire, un sacré don d'abstraction ou une forte aptitude à l'ennui pour survivre ici.

Notre Cousin, dont nous ne sommes pas le cousin, s'est mis à délirer. Il est parti en vadrouille chez tonton, en bas résille.

Il téléphone.




 


DOCUMENTS

Michel Sardou, Le Rire du sergent
Musique : Jacques Revaux, Paroles : Michel Sardou, Yves Dessca

Je suis arrivé un beau matin du mois de mai
Avec à la main les beignets que ma mère m'avait faits.
Ils m'ont demandé
Mon nom, mon métier,
Mais quand fier de moi j'ai dit "artiste de variétés",
A ce moment-là,
Je ne sais pas pourquoi,
J'ai entendu rire un type que je ne connaissais pas.

Le rire du sergent,
La folle du régiment,
La préférée du Capitaine des Dragons,
Le rire du sergent,
Un matin de printemps,
M'a fait comprendre comment gagner du galon
Sans balayer la cour,
En chantant simplement
Quelques chansons d'amour.
Le rire du sergent,
La fleur du régiment,
Avait un coeur de troubadour.

Je me suis présenté tout nu devant un infirmier.
Moyennant dix sacs, il m'a dit: "Moi, je peux vous aider."
Je me voyais déjà
Retournant chez moi,
Mais quand ils m'ont dit
Que j'étais bon pour dix-huit mois,
A ce moment-là,
Juste derrière moi,
J'ai entendu rire un type que je ne connaissais pas.

Le rire du sergent,
La folle du régiment,
La préférée du Capitaine des Dragons,
Le rire du sergent,
Un matin de printemps,
M'a fait comprendre comment gagner du galon
Sans balayer la cour,
En chantant simplement
Quelques chansons d'amour.
Le rire du sergent,
La fleur du régiment,
Avait un coeur de troubadour.

Depuis ce temps-là,
Je ne sais pas pourquoi,
Il y a toujours un sergent pour chanter avec moi.

Le rire du sergent,
La folle du régiment,
La préférée du Capitaine des Dragons,
Le rire du sergent,
Un matin de printemps,
M'a fait comprendre comment gagner du galon.

Le rire du sergent,
La folle du régiment,
La préférée du Capitaine des Dragons,
Le rire du sergent,
Un matin de printemps,
M'a fait comprendre comment gagner du galon.



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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 23:01

 

Ça brûle (Unplugged), Paroles et Musique : Noémie Brosset, 2011, int. Noemi

 

 

brûle la nuit tendue de silence
hurle danse fou la tête
la nuit des puits depuis le feu

et ce qui suit l'or bleu
dans l'éponge du crâne dort
magie de la chute avec les cendres
danse hurle tourne fou à tour de rôle l'or

de l’œil clos en feu
dans ce qui hurle

 

 

Ça brûle (Unplugged), Paroles et Musique : Noémie Brosset, 2011, int. Noemi, Réalisation : Thomas Roger, Luis Tamayo

Si nos petits poèmes en écriture (presque) automatique vous plaisent, demandez : ils vous seront toujours servis avec garniture.

 

 


 

 

tendre amour

aujourd'hui

 

 


 


DOCUMENTS

Sur la Toile, de noemifans, c'est dire.

Chanteuse, auteur, compositeur, comédienne et danseuse, Noemi met ses frasques en musique et nos sens en émoi.
Une voix suave et débridée, des textes charnels, des mélodies pop et un style qui n'ont rien à envier à ses glorieuses aînées, Kate Bush et Catherine Ringer.

Nous apprenons à l'instant que Catherine Ringer a été victime d'un malaise et qu'une secousse sismique d'une ampleur jusque là inconnue au cimetière de Montmartre avait soulevé la tombe de Frédéric Chichin.

- - -

Ça brûle

Ça commence par les pieds
Et comme ça, ça viendrait
Comme un fil que tu tires qui sortirait par ta bouche

C'est comme sentir le danger
Le regarder s'approcher
C'est la fièvre en délire qui sortirait par ta bouche

Ouh ouh je brûle, je brûle,
Ouh ouh ouah ah, ah ah, ah ah ah ah
Ouh ouh ça brûle, ça brûle, ça brûle,
Cette fois je laisserais faire, feu je laisserais faire
Ah ah ouh oh, ah ah ouh oh ouh oh oh

Et le long de ton corps
Remonter jusqu'au cœur
Comme le fil que tu tires qui sortirait par ta bouche

C'est comme sentir le désir
Le regarder grandir
Le serpent qui t'enivre et sortirait par ta bouche
_ _ _

Encore plus brûlant !

On demande à Marie-Chantal :
_ est-ce que vous fumez après ?
_ je ne sais pas, je n'ai jamais regardé.

C'est vrai, elle ne fait pas rire à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, pas tous les jours.
 
 

 

 

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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 23:01

 
Musiques, oui, prenez le temps d'écouter.
 

Liu Fang in Ottawa-

 

 

Wang Huiran, Dance of the Yi People, 1960, int. Liu Fang


Tianyi, lié d'amitié avec Haolang, jeune peintre et lettré, rencontre la peinture.
>>> François Cheng, Le dit de Tianyi – entre ciel et terre

Là où l'Extrême Orient, par réductions successives, cherche à atteindre l'essence insipide où l'ultime de soi rejoint l'ultime de l'univers, l'Extrême Occident, par surabondance physique, exalte la matière, glorifie le physique et, ce faisant, glorifie son propre rêve le plus secret et le plus fou.
[…]
Les œuvres de Romain Rolland et de Gide, Jean Christophe, La Vie de Beethoven, La Symphonie pastorale, … avaient aiguisé chez nous l'envie d'entendre de la musique classique occidentale.
[…]
La fièvre nous saisit à la vue d'une banale affiche annonçant un concert symphonique – où figurait justement La Symphonie pastorale – au Conservatoire national qui se trouvait dans une ville à plus de trente kilomètres de distance. Il nous fallut marcher un jour entier […]

 

 

Ludwig van Beethoven, Symphonie n°6 (Pastorale), 1er mvt, Orchestre du XVIIIe siècle (instruments anciens), dir. Franz Brüggen


[La danse pastorale comme vous ne l'avez peut-être jamais entendue]

Le maître de Tianyi lui enseigne à s'exercer à la calligraphie, puis au dessin et enfin à l'encre.
>>> François Cheng, Le dit de Tianyi – entre ciel et terre
http://www.libellus-libellus.fr/article-fran-ois-cheng-le-dit-de-tianyi-entre-terre-et-ciel-brumes-et-nuages-du-mont-lu-105963016.html

Le vieil ermite, peintre et poète, lui fait découvrir les correspondances entre la Chine et l'Occident.

A Dunhuang, il lit toute l'évolution de la peinture chinoise.
>>> François Cheng, Le dit de Tianyi – entre ciel et terre

En Hollande, la peinture flamande.

Je suis allé en Hollande. J'ai vu Rembrandt à Amsterdam et Vermeer à La Haye. Je reconnus en eux deux sommets de la peinture occidentale : la flamme passionnelle de l'un et la musique silencieuse de l'autre.

 


Claude Debussy, Sonate pour violon et piano en sol m, int. Ivry Gitlis, Martha Argerich, 1976


[Nous avons en réserve, sur demande, l'interprétation – inégalée ? - de Christian Ferras et Pierre Barbizet, en 1953, mais Ivry Gitlis est un immense musicien, qui se bat avec son archet comme Pao Casals dans ses fameuses Suites de Bach : tous les deux cultivent la « limite » - quelle émotion ! Et que dire de Martha Argerich ! Entre terre et ciel ! Tout près du ciel]

[…] je me posais une question […] : « Ces toiles que j'admire en ce moment, dans l'état où je me trouve, me sont-elles de quelque secours ? Me guérissent-elles de ma peur, de ma soif, de ma blessure, de ma solitude ? »
C'est oui.

Quant à Rembrandt [il voyait] que sa lumière venait de quelque obscurité originelle […]
Une leçon que nous enseignent les icônes : leur lumière vient du noir, dont émergent les couleurs, alors que la théorie scientifique nous apprend l'inverse.

En Italie, la peinture de la Renaissance.
Florence, Rome...
>>> François Cheng, Le dit de Tianyi – entre ciel et terre

C'était fort de ma propre tradition et de mon expérience à Dunhuang que je parvins finalement à affronter cette autre peinture ; faute de quoi, je me serais senti écrasé.
Ce qu'on appelle « l'accroche dans l'expérience personnelle », une méthode qui rend plus familières les œuvres d'art, qui autorise leur parcours. Cette astuce est beaucoup plus difficile à mettre en pratique avec des œuvres anciennes qui requièrent connaissance non seulement de l'histoire de l'art (c'est vrai pour les œuvres d'aujourd'hui), mais également de l'histoire de notre monde.

[Sur demande, il sera offert une « accroche » de notre universel jeu]

>>> voir Musée haut, Musée bas de Jean-Michel Ribes (une série récente en trois épisodes dans Libellus) : « Jé té dis qué c'est une extincteur » - « Non ! ». Il faut regarder, et se regarder, regardant.

[…] ce que m'avait enseigné le maître : que la Création provient du Souffle primordial, lequel dérive du Vide originel. Ce Souffle primordial se divisant à son tour en souffles vitaux yin et yang et en bien d'autres a rendu possible la naissance du Multiple. Ainsi reliés, l'Un et le Multiple sont d'un seul tenant. Tirant conséquence de cette conception, les peintres visaient non pas à imiter les infinies variations du monde créé mais à prendre part aux gestes mêmes de la Création.

Lors d'un récital du violoncelliste Pierre Fournier, il rencontre Véronique, une musicienne assistant comme lui au concert.
Musique et peinture vont ensemble.
>>> François Cheng, Le dit de Tianyi – entre ciel et terre

Tandis que résonnaient les sons de sa clarinette dans la pièce d'à côté, je travaillais à mes toiles.
[…]
L'homme s'apaiserait s'il consentait à écouter seulement la musique qui résonne là, en lui et hors de lui – d'écouter humblement la femme devenue un chant trop nostalgique pour être accessible.

Ecoutons Jiang Ting, regardons de magnifiques photographies qui nous rappellent les brumes du mont Lu.
Retour à >>> François Cheng, Le dit de Tianyi – entre ciel et terre

 

 

Jiang Ting-

 

 

Wang Huiran, Dance of the Yi People, 1960, int. Jiang Ting


 


 


Pages précédentes

François Cheng, Le dit de Tianyi – entre ciel et terre, brumes et nuages du mont Lu

François Cheng, Le dit de Tianyi – nourritures terrestres, une vie de saveurs

François Cheng, Le dit de Tianyi, Editions Albin Michel, 1998

 

 


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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 23:01

 

Abeilles-Nepal-récolte dans la fumée-

Le Perengge récolte le miel.

La fumée éloigne des abeilles, pas toutes.

 

Abeilles-Nepal-Bolo Kesher, le Perengge

Bolo Kesher, le Perengge de Bung, on l'appelle Guru,

au retour de l'expédition

- son visage est encore boursouflé des piqûres d'abeilles.

 

 

On trouve du miel dans tous les paradis :

Paradis perdus des temps passés,

Paradis promis des temps à venir,

Utopies d'hier,

Utopies de demain.

 

Toutes les utopies connaissent :

Les ruisseaux de lait

Les sources d'eau fraîche

Les arbres ployant sous les fruits

Les jardins luxurieux

L'arbre de vie

L'arbre de la connaissance.

 

Et les fontaines de miel.

 

S'y abreuver,

C'est se faire semblable aux dieux.

 

Le goûter,

C'est accéder au mystère de leur immortalité.

 

III, Miel, Le miel des initiés, 1

 

Michel Onfray, La Sagesse des abeilles – Première leçon de Démocrite, Editions Galilée, 2012

 

 


 

 

La Sagesse des abeilles 01

 

La Sagesse des abeilles 02 

 

 

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