Lou

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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 00:15
Paul Klee, L'ironie à l'œuvre

Paul Klee, L'ironie à l'œuvre, sous la direction d'Angela Lampe, Editions du Centre Pompidou, 2016

Paul Klee, L'ironie à l'œuvre

Angela Lampe propose une nouvelle approche dans la relation de Paul Klee à ses contemporains et met en relief son influence en héritage. En échange gracieux avec Dada et le Bauhaus, Paul Klee a toujours affirmé sa liberté. La rétrospective organisée par le Centre Pompidou propose de relire pour la première fois l'ensemble de son œuvre à travers le prisme de l'ironie romantique et met en évidence le caractère subversif de son œuvre.

Paul Klee, L'ironie à l'œuvre

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 00:15
Little Bob, Howlin'

Little Bob Blues Bastards, Howlin', Roberto Piazza aka Little Bob : Vocals, Mickey Blow : Harmonica, Gilles Mallet : Guitar, Bertrand Couloume : Bass, Jérémy Piazza : Drums, Dixiefrog, 2015

Little Bob, Howlin'

Tout a commencé autour du grand port du nord de la France.

Un trou grisâtre, balayé par le vent, appelé Le Havre.

C'est de là que vient Little Bob, et pour ceux pour qui ces choses là ont de l'importance, sachez que l'histoire de Little Bob est parsemée de tous les bons ingrédients du Rock 'N'Roll.

Bob en connaît plus que quiconque en matière de rues et bas fonds.

Bob chante toujours en anglais, il estime, en esthète de la musique qu'il aime, que c'est mieux ainsi !

Avec sa voix qui hurle (Howlin') aux étoiles il chante le Rock et le Blues qui nous soulèvent la peau et tourmentent nos sens.

 

Little Bob, Howlin', I'm Howlin', in Concert, Espace le Bois aux Dames, Samoëns, Haute Savoie, Saturday, March 21st, 2015

 

Et au final, l'amour ! Respect, nous dit l'ami Des pas perdus.

 

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7 juin 2016 2 07 /06 /juin /2016 00:15
Hervé Chayette, 76, avenue Marceau – an ordinary man

Hervé Chayette, 76, avenue Marceau, Seuil, 2005

 

Le narrateur, enfant, croyait que les Champs-Élysées étaient le centre du monde. Des Champs à l’avenue Marceau, et, dans le trop vaste appartement familial, de chambre en chambre, il retrouve ses terreurs, ses premières espérances, en une promenade qui ressemble à un inventaire. « A présent, parfois, au milieu de la nuit, dans un demi-sommeil, je visite et je revisite dans le détail cet appartement où chaque recoin recèle un souvenir mauvais, ou un souvenir trouble. » Au passage se dessine une galerie très bourgeoise de portraits : parents, amis, précepteurs, domestiques, premières amours, mélancoliques et carnavalesques. Mai 68, quelques « maos » ajoutent à cet accrochage des figures qui, en fin de compte, ne déparent guère. C’est plutôt celle de la Mort assise qui inquiète le plus.

« Les souvenir et les oublis sont logés à la même enseigne… Seules comptent les âmes mortes, celles qui me rendent visite à la tombée du jour, quand l’hiver fait la nuit trop précoce. »

La promenade s’interrompt, le récit tire sa révérence au sortir de l’adolescence.

H. C.

 

Hervé Chayette est né en 1947. Ancien élève de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégé de lettres classiques, il exerce la profession de commissaire-priseur.

4e de couverure

Hervé Chayette, 76, avenue Marceau – an ordinary man

Hervé Chayette, 2012

Les bulles ne sont pas d'un mousseux d'chez chaptal.

 

I

Avenues

Lorsque nous nous installâmes avenue Marceau, mes parents et moi, il me sembla que je m'éloignais, même si de très peu, de ce que je considérais alors comme le centre du monde : les Champs-Elysées. C'était comme si j'avais quitté la scène pour la coulisse, le décor pour son envers, la suite donnant sur la mer pour une chambre sur cour.

 

Suit un long travelling de la mémoire en remontant les Champs-Elysées.

Cafés, cinémas, magasins.

[…]

le Prisunic (toujours là), grouillant de petites vendeuses à croquer ;

[…]

le Français, café à la réputation sulfureuse, car, selon mon père qui ne les aimait guère, c'était un rendez-vous de pédérastes ;

[…]

Sinfonia […], Lido-Musique […], j'y acquis mes premiers disques de jazz : Jelly Roll Morton, Art Tatum, et mes maîtres ès boogie, Memphis Slim, Albert Ammons et Pete Johnson.

 

Memphis Slim, Every Day I Have The Blues, Kansas Fields on drums, R.T.F., Studio 4, 30 juillet 1962

 

[…]

Un peu plus loin dans la rue [de Marignan], une petite annexe, un café plus populaire où mon père m'emmenait parfois prendre le petit-déjeuner, et nous nous gavions d'énormes croissants dégoulinants de beurre. Sempiternelle plaisanterie de mon père au garçon :

– J'espère que ce ne sont pas des croissants Bayard ?

– ???

– Oui, des croissants Bayard : sans beurre et sans reproche !

[…]

le Fouquet's, que je n'ai pas cessé de fréquenter depuis l'enfance.

 

Depuis le café Le Rostand à Paris, Olivier Barrot s'entretient avec Hervé Chayette, 2005

 

Dress Code Chayette, 2005

 

C'est brillant, savant, élégant avec juste ce qu'il faut d'un peu canaille pour épicer.

Hervé Chayette, 76, avenue Marceau – an ordinary man

Lou de Libellus, Londres, avril 1979

Quelle bassesse, quelle indécence, une offense au bon goût.

I'm an ordinary man, why can't he be like me ?

 

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1 juin 2016 3 01 /06 /juin /2016 00:15
Johann Sebastian Bach, Johannes Passion – « les fleurs ouvrent le ciel »

Johann Sebastian Bach, Johannes Passion, RIAS Kammerchor, Staats-und Domchor Berlin, Akademie für Alte Musik Berlin, dir. René Jacobs, Harmonia Mundi, 2016

Johann Sebastian Bach, Johannes Passion – « les fleurs ouvrent le ciel »

René Jacobs est né à Gand le 30 octobre 1946. Il a étudié la philologie classique à l'université de Gand, tout en suivant des cours de chant chez le ténor Louis Devos et le contre-ténor Alfred Deller. Sa technique particulière de chant mixe sa voix de ténor naturelle et son registre de tête d'alto : cette « voix moyenne » le distingue d'autres falsettistes qui n'utilisent que le registre de tête. Il a enseigné le latin et le grec (tiens, tiens...) pendant trois ans avant de se consacrer uniquement à la musique, il est cousu de prix.

 

Une interprétation déchirante de La Passion selon saint Jean, dans son ultime version, une Passion où « les fleurs ouvrent le ciel ».

Une interprétation exceptionnelle, dans les couleurs de l'ensemble, l'Akademie für Alte Musik, dans les voix, dans les chœurs. Et un riche et passionnant livret.

 

Ecoutez.

 

Johann Sebastian Bach, Johannes Passion, présentation

 

Johann Sebastian Bach, Johannes Passion, RIAS Kammerchor, Staats-und Domchor Berlin, Akademie für Alte Musik Berlin, dir. René Jacobs, Harmonia Mundi, 2016 – Nr. 26. Choral

 

In meines Herzens Grunde,

Dein Nam und Kreuz allein

Funkelt all Zeit und Stunde,

Drauf kann ich fröhlich sein.

Erschein mir in dem Bilde

Zu Trost in meiner Not,

Wie du, Herr Christ, so milde,

Dich hast geblut' zu Tod !

 

Au fond de mon cœur,

Seuls ton nom et ta croix

Brillent à chaque moment,

Et je m'en réjouis.

Ils apparaissent comme le symbole

De la consolation dans ma misère,

Et toi, doux Seigneur,

Tu as souffert la mort.

 

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25 mai 2016 3 25 /05 /mai /2016 00:15
Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis

Luisa Gallerini, La Momie de Pâques, 2015

 

Des bains turcs du Caire aux hypogées de la Vallée des Rois, des catacombes d’Alexandrie au désert du Sinaï, une jeune égyptologue mène au XIXe siècle une mystérieuse chasse aux momies morcelées. Le Nil, fleuve ancestral qui relie le monde des vivants à celui des morts, la mènera au cœur de l’Egypte occulte, celle des prêtres magiciens, des dieux d’Héliopolis, des premiers chrétiens et des évangiles, des prophéties millénaires, des stèles et des cérémonies funéraires, des monastères orthodoxes et des gemmes aux extraordinaires vertus.

Lorsque, déguisée en homme, elle rencontre Madame Gallerini sur une cange qui les conduit à Thèbes, elle ne sait pas encore que celle-ci lui sera d’une aide précieuse pour déchiffrer l’ultime héritage du Christ et comprendre pourquoi l’Eglise, depuis sa naissance, ne cesse de fabriquer de pieuses reliques de Saints. Elle ne sait pas non plus qu’en se liant d’amitié avec la belle vacancière, cette dernière prendra peu à peu dans son existence une place inattendue.

Un siècle et demi plus tard, c’est le hasard avancent certains, le Destin affirment d’autres, qui met entre les mains de Marie le carnet de voyage de l’exploratrice. Du jour au lendemain, sa vie bascule ; entre Paris, Londres et Rome s’engage alors une périlleuse course poursuite pour la Vie Eternelle.

4e de couverture

Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis

Passionnée de littérature et d'aventure, Luisa Gallerini fait partie de ces êtres imaginaires qui n'ont d'existence qu'aux yeux de leurs lecteurs. Pourtant, quand la fiction se mêle à la réalité, il arrive parfois qu'un personnage se libère des pages d'un livre pour pénétrer dans le monde réel ; à l'inverse, certains de leurs créateurs deviennent prisonniers de leurs œuvres, et délaissent la réalité pour la folie.

4e de couverture

 

Incipit

 

La prise de la Bastille

 

Ce qui est hasard à l'égard des hommes est dessein à l'égard de Dieu.

(Bossuet, La Politique tirée des propres paroles de l'Ecriture sainte)

 

Claudio Monteverdi, L'incoronazione di Poppea (1642), III, VIII, Pur ti miro, Anne Sophie von Otter (Poppea), Mireille Delunsch (Nerone), Les Musiciens du Louvre, dir. Marc Minkowski, Aix-en-Provence, 1999

 

Les journaux avaient annoncé la réhabilitation de la place de la Bastille, mais la réalité dépassait de loin ce qu’avait imaginé Marie. Le carrefour n’était plus qu’un vaste chantier et la pluie, qui ruisselait dans la panse des caniveaux, giclait sur les trottoirs disloqués. Aucune voiture ne circulait plus et les rares promeneurs s’éteignaient aussi vite qu’ils surgissaient. La clameur de Paris, sourde, froissait les arbres et barbotait dans la Seine. Marie ne savait pas encore, alors qu’elle grommelait sous l’averse, ce qui l’attendait ce soir-là. Toute à la joie d’assister au Couronnement de Poppée, elle marchait d’un pas rapide. Quand une lueur rouge entra furtivement dans son champ de vision, elle n’y prêta aucune attention. Ce fut l’énorme bétonneuse, qui stationnait tous feux éteints à l’entrée de l’Opéra Bastille, la pelle enterrée dans l’épaisse brume, qui la tira de ses méditations.

[...]

Quittant la chaussée, elle s’engagea, confiante, sur les vestiges de la place. Pourtant, si la magie de Paris illuminait cette nuit-là les décombres fantomatiques de son habituelle majesté, quelque chose d’autre émanait de l’esplanade désarticulée, quelque chose d’insaisissable. A mi-chemin, la lueur rouge, à laquelle elle n’avait pas pris garde quelques heures auparavant, attira son regard. Intriguée, elle revint sur ses pas et emprunta, pour s’en approcher, un remblai de ciment aussi étroit qu’une poutre. Mais son imagination lui avait sans doute joué des tours car elle ne trouva sur place qu’un amas de cailloux, de mégots, de terre et de ferraille. De surcroît, lorsqu’elle se redressa, elle constata avec désespoir que l’on pouvait d’ores et déjà inventorier sur sa robe de soirée délicatement maculée, de nombreuses souillures représentatives des richesses du sous-sol parisien. Consternée, elle considérait avec dégoût l’état déplorable de ses escarpins lorsqu’elle aperçut la bandelette.

Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis

Papyrus d'Hounefer, ca 1310 avant J.-C.

Une bandelette couverte de hiéroglyphes.

Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis

Un oiseau de pierre au bec élancé.

Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis
Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis
Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis
Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis
Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis

Une amulette.

 

Très excitée par sa découverte, Marie remporte son trésor chez elle. Le lendemain matin, elle reprend son travail, ennuyeux et purement alimentaire.

 

Nourritures terrestres

 

A l’heure du déjeuner, elle évite Chez Gégène, fuyant une nourriture douteuse, baignant dans la sauce et le graillon, sa population de cadres moyens, son odeur de tabac froid aux relents de friture, avec une tarification prohibitive, inversement proportionnelle à la qualité des mets. Elle contourne le troupeau bien discipliné de ses collègues ventripotents, qui devaient à leurs fréquentes bacchanales culinaires leurs panses rebondies : comment renoncer à un hamburger gorgé de mayonnaise, ou à une andouillette bien grasse bordée de pommes de terre rances sautées à l’ail ou aux frites épaisses à peine cuites, huileuses et molles, servies Chez Gégène sur un lit de vieille salade terreuse.

Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis

Luisa Gallerini, Marie, bleue

 

Marie Desjardins, la narratrice, est une jolie fille âgée de trente-cinq ans : de longs cheveux lui tombent dans les yeux en une épaisse frange ; son visage est doux et gracieux ; mince, elle mesure près d’1m70, et affiche des formes généreuses qui attisent bien souvent la convoitise de la gente masculine. D’un naturel gaffeur, elle collectionne les brèves rencontres. Pour gagner sa croûte, elle assure sans conviction un emploi de gestionnaire de projets au sein d'une société bancaire localisée à la Défense – elle s'ennuie souvent mais laisse une large part au rêve et à l'imaginaire. Elle vit à Paris, rue d’Enghien, dans le 10e arrondissement.

 

 

Le revers de la médaille

 

Ne sais-tu pas que la source de toutes les misères de l'homme, ce n'est pas la mort, mais la crainte de la mort ?

(Epictète)

 

Marie se rend au Louvre, département des antiquités égyptiennes.

C’est alors qu’elle aperçut, nichés dans une vitrine sombre et poussiéreuse, des oiseaux comme le sien, des oiseaux-âmes.

Elle rencontre Philippe Roussel, chercheur en égyptologie, trente ans. Elle lui montre son amulette : c'est un faux ; le long de la patte gauche de l'oiseau, une date est inscrite à l'encre, MDCCCLXV. Le papyrus, en revanche, un papyrus funéraire, serait beaucoup plus ancien, entre 50 et 100 avant J.-C.

Une idylle se forme.

 

Le récit tient son fil dans le labyrinthe du temps et des lieux, du XIXe siècle à nos jours, du Nil à la Bastille.

Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis

Partons en Dahabeya vers Thèbes.

 

Nourritures terrestres

 

A bord de la cange, l'exploratrice dîne d'un filet de poisson sans saveur, servi sur une nappe de riz trop cuit, avec une galette de pain ramollie et un verre de vin blanc.

 

Marie nageait dans des eaux troubles.

 

Elle s'identifie à une jeune égyptologue du XIXe siècle, elle en rêve en prenant son café.

Le soleil flânait sur la toile cirée et le ciel revêtait les rideaux de reflets bleu océan. La journée s'annonçait magnifique.

 

Philippe est arrêté sous l'inculpation de vols au département des antiquités égyptiennes du Louvre et, notamment, le vol d'un précieux papyrus connu sous le nom de Rituel de l'embaumement. Il refuse de reconnaître les faits et de livrer l'identité de sa complice, une jeune femme. Il s'ensuit des tensions entre le musée du Louvre et le musée du Caire, la France et l'Egypte.

Marie découvre sur une page du carnet de voyage de l'exploratrice un message inscrit en marge à l'encre sympathique – un jus d'oignon blanc.

Au matin, en lisant le journal, elle apprend que Philippe a été retrouvé mort dans une cellule du commissariat du 1er arrondissement de Paris. Les experts sont formels : il s'est suicidé dans la nuit en se plantant un crayon dans la carotide.

On aime ce burlesque.

[NDL : le meurtre déguisé en suicide au cours d'une garde à vue est devenu un usage]

 

Grâce au réconfort d'un carré de chocolat noir, elle peut reprendre le décryptage du message caché. Les dernières lignes l'appellent à Rome – loin des recherches de la police.

 

Carnet de l'exploratrice, lundi 23 mars 1863, à Thèbes.

 

Elle s'engage dans un couloir funéraire, une fissure étroite, une tombe. Et là ! Une momie en morceaux, un phylactère, un hypocéphale – et une amulette, qu'elle emporte avec un rouleau de papyrus conservé en parfait état dans une jarre.

L'hypocéphale annoncerait la venue du Christ près de deux millénaires avant sa naissance !

 

Dans le labyrinthe, le mystère repose également sur le travestissement, un jeu entre le féminin et le masculin.

 

Marie est à Rome, en l'église Santa Maria in Cosmedin – une sculpture à l'entrée recèle un trésor.

Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis

Bocca della Verità, Santa Maria in Cosmedin, Rome.

La Bocca della Verità est un masque en bas-relief sur marbre, datant de 1632, muré dans la paroi du pronaos de l'église Santa Maria in Cosmedin de Rome.

La Bouche de la Vérité est peut-être piégée, mais l'héritière légitime du carnet de voyage des exploratrices du XIXe siècle est autorisée.

 

Un vieux cafetier rencontré plus tôt lui apporte un dîner : une cuisse de poulet grillée, une copieuse portion de riz. On mange parfois bien dans ce roman.

 

On ne saurait en dire plus, sinon très peu : l'auteur est un personnage du roman ; il s'agit d'un roman érudit, lisible par tous grâce aux nombreuses notes, dans une écriture transparente comme on a pu le voir.

 

Nous ne sortions pas de l'Enfer, mais du Purgatoire ; le Paradis, enfin, nous avait ouvert ses portes.

 

A commander sur Amazon – il s'agit d'une auto-édition, imprimée par Amazon.

 

- - -

 

Annexe

Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis

Pur ti miro,

Pur ti godo,

Pur ti stringo,

Pur t'annodo,

Più non peno,

Più non moro,

O mia vita, o mi tesoro.

Io son tua...

Tuo son io...

Speme mia, dillo, dì,

Tu sei pur, speme mia

L'idol mio, dillo, dì,

Tu sei pur,

Sì, mio ben,

Sì, mio cor, mia vita, sì.

Pur ti miro,

Pur ti godo,

Pur ti stringo,

Pur t'annodo,

Più non peno,

Più non moro,

O mia vita, o mi tesoro.

Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis
Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis
Luisa Gallerini, La Momie de Pâques – un labyrinthe vers le paradis

Patrick Szymanek, Oiron, Collégiale

Le Sobek n'apparaît pas dans le récit, mais Patrick Szymanek et son compagnon nous l'ont trouvé dans leur chantier de fouilles – dont nous gardons le secret, et il s'accorde tellement bien à l'Egypte ancienne et à notre proche collégiale !

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17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 00:15
Jean-Pierre Minaudier, Poésie du gérondif – du rêve et de la poésie

Jean-Pierre Minaudier, Poésie du gérondif, Vagabondages linguistiques d'un passionné de peuples et de mots, illustration de couverture : Denis Dubois, Le Tripode, 2014

Jean-Pierre Minaudier, Poésie du gérondif – du rêve et de la poésie

Jean-Pierre Minaudier n'est pas un homme ordinaire. Cet amateur de mots est victime d'une terrible addiction : il possède une des plus grandes bibliothèques personnelles au monde de grammaires et s'en nourrit comme d'autres lisent des poèmes et des BD (qu'il lit aussi). Dans Poésie du gérondif, armé de ses quelque 1163 grammaires, concernant plus de 800 langues, il nous raconte avec humour et quantité d'exemples pourquoi chaque langue véhicule une vision particulière de l'univers...

Ancien élève de l'Ecole normale supérieure et historien de formation, Jean-Pierre Minaudier s'est découvert sur le tard un amour pour les langues rares. Depuis, il enseigne le basque et l'estonien (qu'il traduit aussi, on lui doit notamment la version française de L'Homme qui savait la langue des serpents, d'Andrus Kivirähk) et jongle compulsivement avec les centaines d'autres idiomes qui nichent dans sa bibliothèque.

4e de couverture

 

Incipit

 

Alexandre Vialatte a donné de l’homme une définition éternelle autant qu’irréfutable : « Animal à chapeau mou qui attend l’autobus 27 au coin de la rue de la Glacière ». On peut tout aussi bien le concevoir comme le seul être susceptible de poésie, le seul capable de jongler avec les mots dans un but esthétique car le seul à en avoir à sa disposition ; le seul aussi, sans doute, qui sache porter à l’infinie diversité du monde une attention gratuite et bienveillante. Dans ce sens où la poésie est gaîté et se fond dans le rêve, l’humour et la curiosité, le grand Alexandre est indépassable.

[…]

Ce livre invite son lecteur à flâner sur d’autres chemins : il chante un objet poétique injustement négligé, le gérondif. Non pas un gérondif particulier, embarqué dans tel poème de Prévert (« En sortant de l’école, nous avons rencontré… »), d’Apollinaire (« Les vaches y paissant lentement s’empoisonnent ») ou de Rimbaud (« accrochant follement aux herbes ses haillons d’argent »), mais bien le gérondif en son essence, celui qui date de la plus haute antiquité, celui qui est irréfutable — et tout ce qui volète, furète, halète autour de lui : adverbes de manière, concordance des temps, accord du participe passé. En un mot, ce livre chante la poésie de la grammaire. Car il est des êtres dans la vie desquels cet art occupe la place de la lune pour Hugo, de la mer pour Valéry, de Lou pour Guillaume et de Verlaine pour Rimbaud ; enfin, il en est au moins un, et il se trouve que c’est moi.

[…]

Je collectionne les ouvrages de linguistique — j’en possède à ce jour très exactement 1186, concernant 878 langues *.

* Il se parle actuellement environ 6 000 langues.

[…]

Il faut dire que tout cela ne m’empêchait nullement d’être un lycéen, puis un khâgneux fort médiocre en langues, surtout anciennes : en sa probable maison de retraite, le jury de latin au concours de la rue d’Ulm (session 1980) doit encore trembler d’horreur lorsque ma prestation revient hanter ses rêves. C’était du Lucrèce, j’en fis du Onfray.

 

Collectionner les grammaires, les lire, comme les pièces d'un puzzle.

Pour le dernier rang qui bavarde : une grammaire, c'est avant tout du rêve et de la poésie.

 

La langue orale – doit-on rappeler l'enseignement de Socrate ? – est plus intéressante que la langue écrite, souvent plus pauvre et artificielle.

La grammaire peut devenir un jeu et une passion, même si l'on n'est pas linguiste.

 

Voyageons, rêvons, comme les lycéens de Vialatte, en leurs « tristes Hollandes » auvergnates, rêvaient aux seins de la négresse.

Parcourons en croisière les langues et leurs grammaires. Sauriez-vous dire en kalam, une langue papoue de Nouvelle-Guinée orientale : « J'ai vu un animal de ce type » ? On dit : Knm nb nŋnk.

Quand la consonne fait rage...

 

Chaque langue est un archipel, une vision du monde, une représentation dont on peut dresser la carte – et dont on peut fleurer « l'odorante fleur du langage », selon les mots d'Aragon *.

* Aragon, Le Conscrit des cent villages, 1943, in La Diane française, 1944.

 

La diversité des langues est l'une des richesses fondamentales de l'humanité.

 

La lecture d'une grammaire peut constituer un véritable roman policier. Qui diantre est le coupable, l'accusatif ou le génitif ? Parfois le suspense monte, insoutenable, sur plusieurs chapitres : l'accord du verbe avec le complément d'objet direct se fera-t-il jusque dans les subordonnées ? A l'issue d'une haletante démonstration dont la conclusion est que « toutes les voyelles brèves du khalkha sont en réalité des schwas épenthétiques » (les garces !), le lecteur convenablement excité éprouvera une volupté proche de celle du tchékiste démasquant un nid de saboteurs hitléro-trotskystes dans une usine biélorusse en 1937.

 

L’étude des grammaires nous apprend encore que les concepts de droite et gauche sont relatifs (on est toujours à droite ou à gauche de quelque chose) et n’ont rien d’universel : certaines langues possèdent des systèmes d’orientation absolus, comme le taba, langue austronésienne parlée au large d’Almahera, en Indonésie, où l’on distingue « le côté mer » et le « côté de la terre » (les locuteurs du taba habitent les côtes d’une île, laquelle est ronde – il ne s’agit donc pas de points cardinaux). On ne dit pas « Les cigarettes sont à gauche (ou à droite) de la chaise » mais Tabako adia kurusi ni lewe lema, « les cigarettes sont du côté de la terre par rapport à chaise, ou Tabako adiia kurusi ni laema pope, « les cigarettes sont du côté de la mer par rapport à la chaise » : chacune de ces deux phrases veut dire « à droite » ou « à gauche » selon la position du locuteur.

 

Féminin, masculin...

 

Pourquoi diable « un laideron » est-il toujours une femme, et « une sentinelle » presque toujours un homme ?

 

Ecoutez La Bonne Nouvelle, en langue abui, ca 2010 – l'abui est une langue papoue parlée par 16.000 personnes sur l’île d’Alor, en Indonésie.

 

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9 mai 2016 1 09 /05 /mai /2016 00:15
Yevgeny Sudbin plays Medtner & Rachmaninov – flamboyant

Yevgeny Sudbin plays Medtner & Rachmaninov, BIS Records, 2015

Yevgeny Sudbin plays Medtner & Rachmaninov – flamboyant

Oui, l'artiste a signé pour Lou de Libellus, tout simplement.

 

Rachmaninov – sa virtuosité –, a fait un peu oublier l'œuvre de son jeune ami Medtner. Yevgeny Sudbin, un russe né en 1980 à Saint-Pétersbourg, présente les deux mages et nous offre son Medtner, son romantisme, sa nostalgie joyeuse.

Yevgeny Sudbin plays Medtner & Rachmaninov – flamboyant

Nikolaï Karlovitch Medtner, Николай Карлович Метнер, né le 24 décembre 1879 à Moscou, est un compositeur et pianiste russe.

 

Nikolaï Medtner, Fairy Tale, Op. 51, n° 3 – Yevgeny Sudbin, piano

Yevgeny Sudbin plays Medtner & Rachmaninov – flamboyant

Sergueï Vassilievitch Rachmaninov, Сергей Васильевич Рахманинов, né le 1er avril 1873 à Semionovo, près de Novgorod, est un compositeur, pianiste et chef d'orchestre russe – son œuvre s'inspire du romantisme de ses maîtres, Tchaïkovski et Rimski-Korsakov.

 

Sergueï Rachmaninov, Six Préludes, G Minor, Op. 23, n° 5 – Yevgeny Sudbin, piano

 

Flamboyant, doit-on le dire ?

 

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1 mai 2016 7 01 /05 /mai /2016 00:15
Camille Moulin-Dupré, Le Voleur d'estampes

Camille Moulin-Dupré, Le Voleur d'estampes, Editions Glénat, 2016

 

Japon, fin du XIXe siècle. Dans une société en crise, le Voleur mène une double vie. Le jour, il œuvre dans le restaurant portuaire de son père. La nuit, il dévalise la colline aux palais. Ce qui le guide : le frisson de l’aventure, la sensation de liberté, le sentiment que le monde lui appartient.

Jusqu’au jour où il cambriole le gouverneur. Jusqu’au jour où sa fille découvre son visage. Entre l’héritière, promise à un destin qu'elle refuse, et le Voleur, piqué dans son orgueil, se noue alors un étrange chassé-croisé...

Inclassable, poétique et artistique, Le Voleur d’estampes saura vous inviter au voyage dans une histoire dessinée et racontée comme un recueil d'estampes japonaises...

Selon l'éditeur

Camille Moulin-Dupré, Le Voleur d'estampes

Après des études aux Beaux-Arts de Rennes, Camille Moulin-Dupré s'engage au sein du collectif Un regard moderne (auprès de Bazooka, Kiki et Loulou Picasso, Olivia Clavel, Placid, Chris Marker, et bien d'autres). Il crée plus de trois cents animations pour la Toile et participe aux résidences lors des projections ou expositions du groupe. En 2005, il se consacre aux comics alternatifs américains et à l’animation nipponne. En 2009, il publie pour Vivement lundi ! son premier court-métrage, Allons-y ! Alonzo !, en hommage à Jean-Paul Belmondo – il s’inspire d’Hergé et de sa ligne claire. A la maison des auteurs d’Angoulême, entre 2011 et 2013, il invente Le Voleur d'estampes, dans la tradition des grands maîtres : Hiroshige, Harunobu et Hokusaï.

Camille Moulin-Dupré, Le Voleur d'estampes

Camille Moulin-Dupré, Le Voleur d'estampes, pp. 22-23

Camille Moulin-Dupré, Le Voleur d'estampes

Camille Moulin-Dupré, Le Voleur d'estampes, pp. 72-73

Camille Moulin-Dupré, Le Voleur d'estampes

Camille Moulin-Dupré, Le Voleur d'estampes, pp. 86-87

Camille Moulin-Dupré, Le Voleur d'estampes

Camille Moulin-Dupré, Le Voleur d'estampes, pp. 154-155

 

L'histoire d'un jeune homme, commis de cuisine le jour et monte-en-l'air la nuit, qui s'introduit chez les notables pour leur dérober toutes sortes d'objets, nous rappelle Arsène Lupin. L'histoire est là. Ce n'est pas seulement une histoire, c'est une écriture, un graphisme calme et tranquille en noir et blanc.

 

Un chef-d'œuvre.

 

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23 avril 2016 6 23 /04 /avril /2016 00:15
Trio Esperança, De Bach à Jobim

Trio Esperança, De Bach à Jobim, Gérard Gambus & Philippe Avril, Dreyfus/Sony, 2010

Trio Esperança, De Bach à Jobim

Trio Esperança est un ensemble vocal brésilien composé par les sœurs Correa – Regina, Eva et Mariza –, dès les années '60. La France est leur second pays. Elles y donnent leur album De Bach à Jobim, puis Doce França en hommage à la chanson française.

 

Trio Esperança, A Rosa (Rancho Das Flores), in album De Bach à Jobim, 2010

 

Trio Esperança, Caminho Da Razão, Desafinado, A Rosa (extraits), in album De Bach à Jobim, 2010

 

On aura reconnu Johann Sebastian Bach dans Caminho Da Razão et A Rosa, Antônio Carlos Jobim dans Desafinado.

 

Trio Esperança, La vie en rose, 1993

 

Trio Esperança, La bohème, ca 2010

 

Quelle merveille !

 

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19 avril 2016 2 19 /04 /avril /2016 00:15
Epictète, De l'attitude à prendre envers les tyrans – une couronne de roses

Epictète, De l'attitude à prendre envers les tyrans et autres textes, texte établi et traduit du grec ancien par Joseph Souilhé avec la collaboration d'Amand Jagu – extraits des Entretiens –, Folio Sagesses, Gallimard, 2016

 

« Si un homme possède une supériorité quelconque, ou s’imagine du moins la posséder, alors qu’il n’en est rien, cet homme, s’il manque d’éducation philosophique, en sera inévitablement tout bouffi d’orgueil. Le tyran dit, par exemple : "Je suis le plus puissant du monde." »

L’enseignement du sage Épictète est d’une grande modernité : un manuel de savoir-vivre et de liberté de pensée.

4e de couverture

Epictète, De l'attitude à prendre envers les tyrans – une couronne de roses

Epictète, Ἐπίκτητος – homme acheté, serviteur –, est né à Hiérapolis, en Phrygie, vers l'année 50. Esclave d'un affranchi de Néron, Epaphrodite, il devient lui-même affranchi. Dans les années '90, il est banni de Rome – l'empereur Domitien s'accommodant mal des philosophes qui dénoncent la tyrannie. Il se retire à Nicopolis, en Epire où il vit dans la pauvreté en compagnie d'une femme et d'un enfant adopté. Il ouvre une école stoïcienne de grande renommée. Son enseignement est oral. Il meurt à Nicopolis, probablement vers l'an 125 ou 130.

Epictète est, avec Sénèque et Marc Aurèle, une grande figure du stoïcisme romain des premiers siècles. Il présente une philosophie qui repose essentiellement sur la raison de nature divine et la liberté de l’homme. Son enseignement se fonde sur la distinction entre « ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion, en un mot toutes nos œuvres propres ; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considération, les hautes charges, en un mot les choses qui ne sont pas nos œuvres propres. »

 

Le tyran n'a aucun pouvoir. Il ne peut faire que mon désir se réalise ni même que son désir advienne.

Mais quoi ? Est-ce que je ne prends pas soin de mon âne ? Est-ce que je ne lui lave pas les pattes, ne l'étrille pas ? Ne sais-tu pas que tout homme prend soin de lui-même ? Et pour toi, est-on aux petits soins comme on l'est pour son âne ?

 

_ Mon nom restera [dit le tyran].

_ Ecris-le sur une pierre et il y restera. Voyons, hors de Nicopolis, qui gardera ton souvenir ?

_ Mais je porterai une couronne d'or.

_ Si en tout et pour tout tu désires une couronne, prends une couronne de roses et mets-la sur ta tête : ton aspect en sera plus élégant.

 

Une belle leçon d'élégance en temps de corruption.

Epictète, De l'attitude à prendre envers les tyrans – une couronne de roses

2016, année grecque, avec Cryssilda et Yueyin !

 

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