Epictète, De l'attitude à prendre envers les tyrans et autres textes, texte établi et traduit du grec ancien par Joseph Souilhé avec la collaboration d'Amand Jagu – extraits des Entretiens –, Folio Sagesses, Gallimard, 2016
« Si un homme possède une supériorité quelconque, ou s’imagine du moins la posséder, alors qu’il n’en est rien, cet homme, s’il manque d’éducation philosophique, en sera inévitablement tout bouffi d’orgueil. Le tyran dit, par exemple : "Je suis le plus puissant du monde." »
L’enseignement du sage Épictète est d’une grande modernité : un manuel de savoir-vivre et de liberté de pensée.
4e de couverture
Epictète, Ἐπίκτητος – homme acheté, serviteur –, est né à Hiérapolis, en Phrygie, vers l'année 50. Esclave d'un affranchi de Néron, Epaphrodite, il devient lui-même affranchi. Dans les années '90, il est banni de Rome – l'empereur Domitien s'accommodant mal des philosophes qui dénoncent la tyrannie. Il se retire à Nicopolis, en Epire où il vit dans la pauvreté en compagnie d'une femme et d'un enfant adopté. Il ouvre une école stoïcienne de grande renommée. Son enseignement est oral. Il meurt à Nicopolis, probablement vers l'an 125 ou 130.
Epictète est, avec Sénèque et Marc Aurèle, une grande figure du stoïcisme romain des premiers siècles. Il présente une philosophie qui repose essentiellement sur la raison de nature divine et la liberté de l’homme. Son enseignement se fonde sur la distinction entre « ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion, en un mot toutes nos œuvres propres ; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considération, les hautes charges, en un mot les choses qui ne sont pas nos œuvres propres. »
Le tyran n'a aucun pouvoir. Il ne peut faire que mon désir se réalise ni même que son désir advienne.
Mais quoi ? Est-ce que je ne prends pas soin de mon âne ? Est-ce que je ne lui lave pas les pattes, ne l'étrille pas ? Ne sais-tu pas que tout homme prend soin de lui-même ? Et pour toi, est-on aux petits soins comme on l'est pour son âne ?
_ Mon nom restera [dit le tyran].
_ Ecris-le sur une pierre et il y restera. Voyons, hors de Nicopolis, qui gardera ton souvenir ?
_ Mais je porterai une couronne d'or.
_ Si en tout et pour tout tu désires une couronne, prends une couronne de roses et mets-la sur ta tête : ton aspect en sera plus élégant.
Une belle leçon d'élégance en temps de corruption.