La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne est une œuvre de Léonard de Vinci, conçue vers 1499-1500. Elle est mentionnée pour la première fois en 1501, dans la correspondance d’Isabelle d’Este. Elle est inachevée à la mort de Léonard, en 1519.

Léonard de Vinci, Vierge à l'Enfant avec sainte Anne, 1501-1519, avant restauration

Léonard de Vinci, Vierge à l'Enfant avec sainte Anne, huile sur peuplier, 168 × 130, 1501-1519, Paris, Musée du Louvre [clic]
Le thème, souvent traité du XIIIe au XVIe siècle, est celui de la « Sainte Anne trinitaire » où Sainte Anne, la Vierge Marie et l'enfant Jésus sont réunis, dans un propos exégétique : l'abandon accueillant de la mère et de la grand-mère au sacrifice librement consenti de l'Agneau.
Genèse

Léonard de Vinci, Vierge à l'Enfant avec sainte Anne et saint Jean-Baptiste enfant, Carton de Burlington House, vers 1499-1500, Londres, The National Gallery

Léonard de Vinci, Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant avec un petit agneau, 8,7 x 15,2, vers 1500-1501, Venise, Galleria dell'Accademia
Ce petit dessin, où l'agneau remplace saint Jean-Baptiste, est le point de départ de la composition en cours.

Léonard de Vinci, Etude pour la tête de la Vierge, vers 1507-1510, New York, The Metropolitan Museum of Art

Léonard de Vinci, Etude pour le manteau de la Vierge, vers 1507-1510, Paris, Musée du Louvre
Le sfumato.

Léonard de Vinci, Vierge à l'Enfant avec sainte Anne, vers 1501-1519, détail
En toi, Yahvé, j'ai mon abri, sur moi pas de honte à jamais !
En ta justice défends-moi, délivre-moi, tends vers moi l'oreille et sauve-moi.
Sois pour moi un roc hospitalier, toujours accessible; tu as décidé de me sauver, car mon rocher, mon rempart, c'est toi.
Psaumes, 71 (trad. Bible de Jérusalem)

Léonard de Vinci, La Vierge aux Rochers, huile sur toile 199 x 122, 1483, Paris, Musée du Louvre

Léonard de Vinci, La Vierge aux Rochers, huile sur bois, 190 x 120, 1495-1508, Londres, The National Gallery,
La Vierge aux Rochers, peinte pour une église de Milan, dit le mystère de l’Incarnation à travers les figures de Marie, de Christ et de saint Jean-Baptiste. Pour la première fois, les personnages sont placés dans un paysage naturel éclairé de multiples sources lumineuses : le sfumato estompe, comme la brume, les marques du pinceau.
D'autres versions du thème.

Atelier de Quentin Metsys († 1530), Vierge à l'Enfant dans un paysage, Poznan, Musée National

Bernardino Luini, Vierge à l'Enfant avec sainte Anne, saint Joseph et saint Jean Baptiste enfant, vers 1530, Milan, Veneranda Biblioteca Ambrosiana

Raphaël, La Vierge à l'Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste (La Belle Jardinière), huile sur bois, 1505-1508, 122 x 80, Paris, Musée du Louvre
[clic]
Léonard ingénieur.

Léonard de Vinci, Machines hydrauliques, Codex Atlanticus, 1483-1518, Biblioteca Pinacoteca Accademia Ambrosiana

Léonard de Vinci, Aile volante, Codex Atlanticus, 1483-1518, Biblioteca Pinacoteca Accademia Ambrosiana

Marcel Duchamp, Tu m', 1918, New Haven, Connecticut, détail d'après 3 stoppages étalon, 1913, MoMA

Léonard de Vinci, Bicyclette, Codex Atlanticus, 1483-1518, Biblioteca Pinacoteca Accademia Ambrosiana

Marcel Duchamp, Avoir l'apprenti dans le soleil, 1914, Philadelphia Museum of Art
Un vautour ?

Peter Paul Rubens, Un enfant avec un oiseau, 1624

« Il semble que j'aie depuis toujours été destiné à m'occuper du vol des oiseaux. Dans mon plus ancien souvenir d'enfance, il me semble qu'un vautour a volé jusqu'à moi, m'a ouvert la bouche de sa queue et l'a plusieurs fois battue de-ci de-là entre mes lèvres. »
Léonard de Vinci, Codex sur le vol des oiseaux, 1505, Biblioteca Nazionale Universitaria di Torino
A partir de cette petite phrase, Sigmund Freud (Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, 1910) analyse sauvagement Léonard : il serait homosexuel (se distinguant des « normaux » - cf. infra), le vautour (que Freud, qui n'a jamais vu la Sainte Anne, voit dans le manteau de la Vierge) étant associé à la mère charognarde, source de perversion dans sa relation à la femme. Cette conclusion précoce (!) est fondée sur une erreur de transcription, non pas seulement en français (vautour en place de milan), erreur connue dès 1923, les psychanalystes freudiens préférant encore écouter l'uccello dans leur Gleichschwebende Aufmerksamkeit.
Regardons.

Léonard de Vinci, Vierge à l'Enfant avec sainte Anne, 1501-1519, détail

Milan royal

Vautour fauve
Il n'y a pas de milan dans le giron de la Vierge.
Et pourtant, il pourrait y avoir un vautour dans les plis contournés du manteau : il faudrait alors une juste accommodation pour déchiffrer ce qui est à percevoir, comme dans les images d'Epinal.


Charles Pinot, Enfance de Paul et Virginie, 1864
Un trait de Léonard de Vinci, peut-être.
Le vautour a inspiré Max Ernst.

Max Ernst, Le Baiser, 1927, huile sur toile, 129 x 161,2, The Solomon R. Guggenheim Foundation, Peggy Guggenheim Collection, Venise
On y vient, on y vient, préparez vos mouchoirs.
La Juive, le goy et le vautour.
Elisabeth Roudinesco, Pourquoi tant de haine ?, Mediapart, 2010
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Oublions les bourdes, amusantes, comme cette répétition fébrile « de de » dans la phrase où la psychanalyste parle des « hésitations » de Freud.
Passons sur l'orthographe hésitante...
Laissons les erreurs.
Elle reproche à Michel Onfray de n'être « formé à aucune tradition de recherche universitaire », alors qu'il a soutenu, à Caen, en 1986, une thèse de troisième cycle, intitulée « Les implications éthiques et politiques des pensées négatives de Schopenhauer à Spengler »
Elle écrit : « Onfray a pu affirmer qu'Emmanuel Kant, philosophe allemand des Lumières, n'était qu'un précurseur d'Adolf Eichmann ». Non, le propos est « inverti », c'est Eichmann qui s'était référé à Kant. Il reste la part d'ombre du philosophe des Lumières, qui autorise la lecture d'Eichmann : l'impératif catégorique, au cœur de la morale de Kant, impose de suivre un commandement, sans conditions, lorsqu'il est de droit.
La loi variant selon les saisons et les pays, on en arrive à des monstruosités.
1/ Dans notre pays, les Juifs sont raflés du 3 octobre 1940 au 9 août 1944.
En France, le 3 octobre 1940, l'Etat français promulgue le premier « Statut des Juifs ». La loi du 4 octobre 1940 sur « les ressortissants étrangers de race juive » prévoit d'enfermer ces derniers dans des camps d'internement comme celui de Gurs, en zone libre, où sont ensuite parqués les Juifs déportés par les Allemands, depuis l'Alsace, la Lorraine, la Belgique (cette loi est annulée le 9 août 1944).
[Sous les gouvernements d'Edouard Daladier, le 12 novembre 1938, un décret porte création de centres de rétention pour les étrangers indésirables ; le 6 février 1939, les membres des Brigades internationales et les réfugiés républicains de la Guerre civile espagnole sont internés dans les camps de Rivesaltes ou de Gurs]
Il y aurait alors un impératif de droit, une loi émanant d'un état libre : il serait, inconditionnellement, interdit de cacher un Juif, obligatoire de le dénoncer s'il n'a pas rejoint un camp, dans un « départ volontaire » (terme qu'on entend en ce moment). Etes-vous kantien ?
2/ Au XVIIIe siècle, un enfant naturel n'existe pas en droit.
Au temps de Kant, un enfant naturel n'a pas d'existence selon la loi : on peut donc l'effacer, l'homicide d'ectoplasmes n'étant pas prévu. Alors ?
Allons encore, et nous passons des pages dans un texte déjà étique.
Selon l'historienne de la psychanalyse, « Freud n'était ni homophobe ni misogyne ».
Lisons : « Les homosexuels se distinguent des normaux par leur objet sexuel [...] [Ils] ont renoncé à l'accouplement des organes génitaux opposés et [...], dans leur acte sexuel, remplacent chez leur partenaire l'organe sexuel par une autre partie ou région du corps. Peu importe que cette partie ou région se prête mal, par sa structure, à l'acte en question : les individus de ce groupe font abstraction de cette considération, ainsi que de l'obstacle que peut opposer la sensation de dégoût (ils remplacent le vagin par la bouche, par l'anus). [...] Mais assez de ces horreurs ! »
Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse, 1916, Traduit de l’Allemand, avec l’autorisation de l’auteur, par le Dr. S. Jankélévitch, en 1921
Elle poursuit l'Onfray « reprenant à son compte des accusations grotesques contre Daniel Cohn-Bendit ».
Assez de ces horreurs erreurs ! Lisez, vous verrez.
Michel Onfray, Réponse de Michel Onfray à Elisabeth Roudinesco, Mediapart, 2010
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Jacques Van Rillaer, Analyse d’affirmations d’Elisabeth Roudinesco dans « Mais pourquoi tant de haine ? » (Seuil, 2010), Science... & pseudo-sciences, 2010
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Michel Onfray, Le crépuscule d'une idole , L'affabulation freudienne, Grasset, 2010 - 612 p., 22,40 euros
Elisabeth Roudinesco, avec Guillaume Mazeau (Paris), Christian Godin (Clermont-Ferrand), Franck Lelièvre (Caen), Pierre Delion (Lille), Roland Gori (Marseille), Mais pourquoi tant de haine ?, Seuil, 2010 - 100 p. (dont 18 / E. R.), 12,20 euros
12,20 euros nous donnent 2,48 roudinescos, soit 0,122 euro / page
22,40 euros onfray nous donnent 0,0366013071895425 euro / page
Au cours du change, le onfray est nettement plus avantageux.
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Pourquoi tant de haine est le premier album du groupe Ministère A.M.E.R. (pour Action, Musique et Rap), sorti en 1992.
Ministère AMER, Pourquoi tant de haine, 1992
(c'est pénible)
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Georges Léonnec, Le Clou du Louvre, La Vie Parisienne 35, 1911 - allusion au vol de la Joconde
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Deux juifs se rencontrent au voisinage d'un établissement de bains : « As-tu pris un bain ? » demande l'un d'eux - « Comment ? dit l'autre, en manquerait-il donc un ? »
Sigmund Freud, Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, 1905, traduit de l'allemand par Marie Bonaparte et le Dr. M. Nathan, Gallimard, 1930