Lou

  • : Libellus
  • Libellus
  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

Recherche

l'heure à Lushan

France + 7 heures

 

Archives

pour mémoire

Survival

 

Uncontacted tribes

 

Un lien en un clic sur les images.

29 septembre 2015 2 29 /09 /septembre /2015 00:15
Françoise Sagan, Château en Suède – et cette neige, cette neige...

Françoise Sagan, Château en Suède, Julliard, 1960

Françoise Sagan, Château en Suède – et cette neige, cette neige...

Françoise Sagan (Françoise Quoirez) est née le 21 juin 1935 à Cajarc (Lot), elle est morte le 24 septembre 2004 à Honfleur.

 

Dans un château pris par la neige, une curieuse famille demeure enfermée jusqu'au printemps. Cette année, Frédéric, un lointain cousin, est l'invité. Ce petit monde s'ennuie et passe le temps entre jeux de séduction et fantômes de la mémoire.

 

Agathe, 40 ans, sœur d'Hugo

Hugo, 40 ans, époux d’Éléonore et d'Ophélie

Éléonore, 28 ans, actuelle épouse d'Hugo

Sébastien, 30 ans, frère d’Éléonore

Ophélie, 30 ans, première femme d'Hugo

Frédéric, 25 ans, cousin éloigné d'Hugo et d'Agathe

Gunther, 60 ans, vieux serviteur

La grand-mère, mère d'Hugo et d'Agathe (impotente)

 

La première représentation (avant-première) eut lieu le 4 mars 1960, au Théâtre de l'Atelier, dans une mise en scène d'André Barsacq.

Décors et costumes : Jacques Dupont

Interprètes :

Sébastien, Claude Rich

Éléonore, Françoise Brion

Agathe, Marcelle Arnold

Hugo, Philippe Noiret

Ophélie, Huguette Hue

Gunther, Paul Barral

Frédéric, Henri Piegay

La grand-mère, Alice Frey

 

Éléonore. – Nous badinons, je crois .

Frédéric. – Je badine encore. Sérieusement, Éléonore, sérieusement, croyez-moi un instant ...

Éléonore. – Oui, oui, vous me désirez sérieusement. C'est une des rares choses sérieuses, chez les jeunes hommes riches.

Un badinage tragique.

 

Sébastien. – Vous savez, Frédéric, il va bientôt neiger.

(Il sort)

Frédéric. – Quelle est cette obsession de la neige ?

Éléonore. – Il commence à neiger ici un beau jour et cela ne cesse pas durant quatre mois. Nous sommes coupés du monde extérieur, et bien que le changement ne soit pas grand, c'est angoissant.

Frédéric. – J'adorerai être bloqué dans la neige à vos côtés.

Éléonore. – Vous avez tort.

Frédéric. – Ça m'est égal.

Éléonore. – Ah ! ne dites pas de sottises, voulez-vous ! […] J'ai eu quinze liaisons avant d'épouser Hugo, elles m'ont distraite et excédée, dans l'ordre. Tenez-vous-le pour dit. […] Et méfiez-vous de la neige.

 

Frédéric. – Vous me plaisez.

Éléonore. – Je suppose.

Frédéric. – Vous ne m'avez pas découragé, vous... et... Éléonore, vous avez raison, ça ne veut rien dire mais je t'aime.

Éléonore. – Je te retrouverai ici à deux heures cette nuit. Mais je ne t'aime pas. Ces brûlantes amours me glacent. A deux heures.

 

Quelle étrange maison..., dit Frédéric. Étrange et terrible : le temps semble immobile, éternel, immaculé comme la neige qui enchâsse le château. Il y a pourtant un « après ». Un apprêt. Enchâsser, chasser... Vivement le printemps, dit Hugo.

 

Frédéric. – Que vais-je faire ?

Sébastien. – Rester là. Attendre la fin de la neige.

 

Ophélie attend un enfant. Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille applaudit à grands cris. Un vers de Hugo, tiens tiens...

Depuis des mois, seule demeure au château la famille, dans son écrin de neige.

 

Agathe, lisant. – Ah non ! Ils exagèrent. On nous envoie encore un cousin : Eric Ettingen ! Il y a trois ans, c'était ce pauvre Gund, deux ans, ce Vladimir, l'an dernier, Christian, cet hiver, ce pauvre Frédéric... Et vous vous rappelez dans quel état on l'a retrouvé lui aussi, au coin du bois de Zema. De si petit os... Il n'y aura plus la moindre goutte de sang jeune en Suède !

Éléonore. – Et comment est-il, cet Eric Ettingen ?

 

Adultère, inceste, meurtre rituel.

Le temps passe, il revient, il n'est chaque fois ni tout à fait le même ni tout à fait un autre.

Château en Suède est une messe noire, avec son rituel chaque année, au temps de la neige.

Le génie de Françoise Sagan est dans son écriture transparente et glacée comme un cristal de neige, brûlante comme le feu du printemps qui réduit en cendres la mémoire.

 

Françoise Sagan, Château en Suède – et cette neige, cette neige...

Yueyin a eu le fin mot.

Denis a lu attentivement 'Bonjour tristesse'. Sa lecture apporte beaucoup, lisez sa chronique.

 

Partager cet article

Repost0

commentaires

Y
Voilà, c'est cela badinage... c'est le mot qui me manquait :-) brrrrr jouer comme ça avec ses proies c'est digne d'un chat :-)
Répondre
L
Je suis un chat - comme vous, chère cousine.<br /> Je ne dévoile pas complètement l'intrigue mais chacun peut comprendre. Ainsi, il est clair, même entre les lignes, que le malheureux Frédéric, arrivé en pleine forme avant la neige, n'a pas pu s'effondrer d'épuisement au coin du premier bois lors de son retour.<br /> Je n'ai pas dit que Hugo était un grand chasseur - notamment de sarcelles (http://www.libellus-libellus.fr/2014/09/eric-dupont-la-fiancee-americaine-ses-yeux-sarcelle.html).<br /> Ophélie est enceinte, les regards se tournent vers Hugo : il proteste, il n'a pas touché à Ophélie depuis au moins deux mois. Qui est le séducteur ?<br /> Restons en famille.<br /> "Et comment est-il, cet Eric Ettingen ?" Séduisant, sans doute. Il ne passera pas l'hiver.
L
Comme tu le sais j'ai lu cet été 'Bonjour tristesse' et 'Un certain sourire', empruntés en médiathèque dans un choix de quatre autres oeuvres.<br /> Il faisait très chaud. J'étais près de la petite table ronde posée en canicule à un angle du jardin où une brise coulait parfois. <br /> J'étais nue ou presque, personne ne me voit là. Collée contre les langoureuses branches des forsythias. Ainsi donc, court vêtue, ai-je découvert la Sagan que je n'avais jamais lue.<br /> Comment dire, je me suis retrouvée en cinq-sept près des criques où des shorts rouge délavé glissent sur des cuisses qui veulent bronzer. Je me suis retrouvée dans une chambre chaude, qui cherche l'ombre sous des draps blancs, qui cherche les corps, dans la tête les jambes s'allongent. J'ai entendu sa voix, j'ai senti les cigarettes et savoir exactement comment les tenir dans ses doigts.<br /> Le temps paraissait long dans ses lignes et tout à coup se raccourcissait diaboliquement. A l'orée de drames évités, comme on redresse le volant au dernier moment. La passion sous le vent, des voitures sur la corniche. L'ennui et l'été, l'indolence et la maturité.<br /> Comment une jeune fille déjà femme avait-elle pu écrire cela, de cette façon ? Une oeuvre, en somme, de toutes pièces. Avec cette fragilité et cette connaissance déjà des plis de l'amour, des inconséquences, des brûlures sévères, déjà dans le flou, déjà décrire les êtres, aimant autant les femmes que les hommes, dans une profonde affection des craquements silencieux de chacun.<br /> Oui, j'ai aimé.
Répondre
L
Une première oeuvre publiée, mais pas sa première oeuvre, ni une oeuvre de jeunesse, c'est très rare. Tout est déjà dans 'Bonjour tristesse'. A 18 ans, Sagan écrivait depuis au moins une demi-douzaine d'années : des récits historiques avec une fin dramatique. Des exercices d'école d'une écolière particulièrement douée. Un génie paresseux.

 


 
Handicap International

un clic sur les images