Lou

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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 23:01

 

On trouvera dans les écrits des maîtres et sur la Toile une présentation informée du bouddhisme.

 

Notre propos est seulement de vous faire connaître, par des chants et des percussions, la sagesse du bouddhisme tibétain : la vie, l'espérance, l'impermanence de l'instant.

 

Tibet-Om Tara

 

 

Om Tara Tutara Ture Soha, Préparation (extrait), album Mantras from Tibet, 1999

 

La Préparation reprend 54 fois le chant rituel. La Méditation et la Célébration, 108 fois.

 

Le Mantra s'inspire de quelques pages de Sogyal Rinpoché, Le Livre Tibétain de la Vie et de la Mort, 1992, traduction française, 1993, nouvelle édition, 2003.

 

Tibet-Gelugpa

 

 

Les Moines Gelugpa Du Monastère Samtem Ling, Chants sacrés Gelugpa, 2006

 

Tibet-Swayambunath

 

 

Musique sacrée des moines tibétains, Temples de Bodh Gaya, Dharamsala et Swayambunath, tambours à deux peaux, 1976

 

Dans son ouvrage, Le Livre Tibétain de la Vie et de la Mort, Première partie, Deux, Sogyal Rinpoché nous rappelle à Montaigne.

 

_ _ _

 

L'heur et la beatitude qui reluit en la vertu, remplit toutes ses appartenances et avenues, jusques à la premiere entree et extreme barriere. Or des principaux bienfaicts de la vertu, c'est le mespris de la mort, moyen qui fournit nostre vie d'une molle tranquillité, et nous en donne le goust pur et amiable : sans qui toute autre volupté est esteinte.

Voyla pourquoy toutes les regles se rencontrent et conviennent à cet article. Et combien qu'elles nous conduisent aussi toutes d'un commun accord à mespriser la douleur, la pauvreté, et autres accidens, à quoy la vie humaine est subjecte, ce n'est pas d'un pareil soing : tant par ce que ces accidens ne sont pas de telle necessité, la pluspart des hommes passent leur vie sans gouster de la pauvreté, et tels encore sans sentiment de douleur et de maladie, comme Xenophilus le Musicien, qui vescut cent et six ans d'une entiere santé : qu'aussi d'autant qu'au pis aller, la mort peut mettre fin, quand il nous plaira, et coupper broche à tous autres inconvenients. Mais quant à la mort, elle est inevitable.

Omnes eodem cogimur, omnium
Versatur urna, serius ocius
Sors exitura, et nos in æternum exitium impositura cymbæ.

Et par consequent, si elle nous faict peur, c'est un subject continuel de tourment, et qui ne se peut aucunement soulager. Il n'est lieu d'où elle ne nous vienne. Nous pouvons tourner sans cesse la teste çà et là, comme en pays suspect :quæ quasi saxum Tantalo semper impendet. Nos parlemens renvoyent souvent executer les criminels au lieu où lecrime est commis : durant le chemin, promenez les par de belles maisons, faictes leur tant de bonne chere, qu'il vous plaira.

non Siculæ dapes
Dulcem elaborabunt saporem,
Non avium, cytharæque cantus
Somnum reducent.

Pensez vous qu'ils s'en puissent resjouir ? et que la finale intention de leur voyage leur estant ordinairement devant les yeux, ne leur ayt alteré et affadi le goust à toutes ces commoditez ?

Audit iter, numeratque dies, spatioque viarum
Metitur vitam, torquetur peste futura.

Le but de nostre carriere c'est la mort, c'est l'object necessaire de nostre visee : si elle nous effraye, comme est-il possible d'aller un pas avant, sans fiebvre ? Le remede du vulgaire c'est de n'y penser pas. Mais de quelle brutale stupidité luy peut venir un si grossier aveuglement ? Il luy faut faire brider l'asne par la queuë.

Qui capite ipse suo instituit vestigia retro.

Ce n'est pas de merveille s'il est si souvent pris au piege. On fait peur à nos gens seulement de nommer la mort, et la pluspart s'en seignent, comme du nom du diable. Et par-ce qu'il s'en faict mention aux testamens, ne vous attendez pas qu'ils y mettent la main, que le medecin ne leur ayt donné l'extreme sentence. Et Dieu sçait lors entre la douleur et la frayeur, de quel bon jugement ils vous le patissent.

Par ce que cette syllabe frappoit trop rudement leurs oreilles, et que cette voix leur sembloit malencontreuse, les Romains avoient apris de l'amollir ou l'estendre en perifrazes. Au lieu de dire, il est mort, il a cessé de vivre, disent-ils, il a vescu. Pourveu que ce soit vie, soit elle passee, ils se consolent. Nous en avons emprunté, nostre, feu Maistre-Jehan.

A l'adventure est-ce, que comme on dict, le terme vaut l'argent. Je nasquis entre unze heures et midi le dernier jour de Febvrier, mil cinq cens trente trois : comme nous contons à cette heure, commençant l'an en Janvier. Il n'y a justement que quinze jours que j'ay franchi 39. ans, il m'en faut pour le moins encore autant. Ce pendant s'empescher du pensement de chose si esloignee, ce seroit folie. Mais quoy ? les jeunes et les vieux laissent la vie de mesme condition. Nul n'en sort autrement que si tout presentement il y entroit, joinct qu'il n'est homme si décrepite tant qu'il voit Mathusalem devant, qui ne pense avoir encore vingt ans dans le corps. D'avantage, pauvre fol que tu es, qui t'a estably les termes de ta vie ? Tu te fondes sur les contes des Medecins. Regarde plustost l'effect et l'experience. Par le commun train des choses, tu vis pieça par faveur extraordinaire. Tu as passé les termes accoustumez de vivre : Et qu'il soit ainsi, conte de tes cognoissans, combien il en est mort avant ton aage, plus qu'il n'en y a qui l'ayent atteint : Et de ceux mesme qui ont annobli leur vie par renommee, fais en registre, et j'entreray en gageure d'en trouver plus qui sont morts, avant, qu'apres trente cinq ans. Il est plein de raison, et de pieté, de prendre exemple de l'humanité mesme de Jesus-Christ. Or il finit sa vie à trente et trois ans. Le plus grand homme, simplement homme, Alexandre, mourut aussi à ce terme.

Combien a la mort de façons de surprise ?

Quid quisque vitet, nunquam homini satis
Cautum est in horas.

Je laisse à part les fiebvres et les pleuresies. Qui eust jamais pensé qu'un Duc de Bretaigne deust estre estouffé de la presse, comme fut celuy là à l'entree du Pape Clement mon voisin, à Lyon ? N'as tu pas veu tuer un de nos Roys en se jouant ? et un de ses ancestres mourut il pas choqué par un pourceau ? Æschylus menassé de la cheute d'une maison, à beau se tenir à l'airte, le voyla assommé d'un toict de tortue, qui eschappa des pattes d'un Aigle en l'air : l'autre mourut d'un grain de raisin : un Empereur de l'egratigneure d'un peigne en se testonnant : Æmylius Lepidus pour avoir heurté du pied contre le seuil de son huis : Et Aufidius pour avoir choqué en entrant contre la porte de la chambre du conseil. Et entre les cuisses des femmes Cornelius Gallus preteur, Tigillinus Capitaine du guet à Rome, Ludovic fils de Guy de Gonsague, Marquis de Mantoüe. Et d'un encore pire exemple, Speusippus Philosophe Platonicien, et l'un de nos Papes. Le pauvre Bebius, Juge, cependant qu'il donne delay de huictaine à une partie, le voyla saisi, le sien de vivre estant expiré : Et Caius Julius medecin gressant les yeux d'un patient, voyla la mort qui clost les siens. Et s'il m'y faut mesler, un mien frere le Capitaine S. Martin, aagé de vingt trois ans, qui avoit desja faict assez bonne preuve de sa valeur, jouant à la paume, reçeut un coup d'esteuf, qui l'assena un peu au dessus de l'oreille droitte, sans aucune apparence de contusion, ny de blessure : il ne s'en assit, ny reposa : mais cinq ou six heures apres il mourut d'une Apoplexie que ce coup luy causa. Ces exemples si frequents et si ordinaires nous passans devant les yeux, comme est-il possible qu'on se puisse deffaire du pensement de la mort, et qu'à chasque instant il ne nous semble qu'elle nous tienne au collet ?

Qu'importe-il, me direz vous, comment que ce soit, pourveu qu'on ne s'en donne point de peine ? Je suis de cet advis : et en quelque maniere qu'on se puisse mettre à l'abri des coups, fust ce soubs la peau d'un veau, je ne suis pas homme qui y reculast : car il me suffit de passer à mon aise, et le meilleur jeu que je me puisse donner, je le prens, si peu glorieux au reste et exemplaire que vous voudrez.

prætulerim delirus inérsque videri,
Dum mea delectent mala me, vel denique fallant,
Quam sapere et ringi.

Mais c'est folie d'y penser arriver par là. Ils vont, ils viennent, ils trottent, ils dansent, de mort nulles nouvelles. Tout cela est beau : mais aussi quand elle arrive, ou à eux ou à leurs femmes, enfans et amis, les surprenant en dessoude et au descouvert, quels tourmens, quels cris, quelle rage et quel desespoir les accable ? Vistes vous jamais rien si rabaissé, si changé, si confus ? Il y faut prouvoir de meilleure heure : Et cette nonchalance bestiale, quand elle pourroit loger en la teste d'un homme d'entendement (ce que je trouve entierement impossible) nous vend trop cher ses denrees. Si c'estoit ennemy qui se peust eviter, je conseillerois d'emprunter les armes de la coüardise : mais puis qu'il ne se peut ; puis qu'il vous attrappe fuyant et poltron aussi bien qu'honeste homme.

Nempe et fugacem persequitur virum,
Nec parcit imbellis juventæ
Poplitibus, timidoque tergo.

Et que nulle trampe de cuirasse vous couvre.

Ille licet ferro cautus se condat in ære,
Mors tamen inclusum protrahet inde caput.

Aprenons à le soustenir de pied ferme, et à le combatre : Et pour commencer à luy oster son plus grand advantage contre nous, prenons voye toute contraire à la commune. Ostons luy l'estrangeté, pratiquons le, accoustumons le, n'ayons rien si souvent en la teste que la mort : à tous instans representons la à nostre imagination et en tous visages. Au broncher d'un cheval, à la cheute d'une tuille, à la moindre piqueure d'espeingle, remachons soudain, Et bien quand ce seroit la mort mesme ? et là dessus, roidissons nous, et nous efforçons. Parmy les festes et la joye, ayons tousjours ce refrein de la souvenance de nostre condition, et ne nous laissons pas si fort emporter au plaisir, que par fois il ne nous repasse en la memoire, en combien de sortes cette nostre allegresse est en butte à la mort, et de combien de prinses elle la menasse. Ainsi faisoient les Egyptiens, qui au milieu de leurs festins et parmy leur meilleure chere, faisoient apporter l'Anatomie seche d'un homme, pour servir d'avertissement aux conviez.

Omnem crede diem tibi diluxisse supremum,
Grata superveniet, quæ non sperabitur hora.

Il est incertain où la mort nous attende, attendons la par tout. La premeditation de la mort, est premeditation de la liberté. Qui a apris à mourir, il a desapris à servir. Il n'y a rien de mal en la vie, pour celuy qui a bien comprins, que la privation de la vie n'est pas mal. Le sçavoir mourir nous afranchit de toute subjection et contraincte.

Michel Eyquem de Montaigne, Essais, I, 19, 1580 (présente édition, 1595)

 

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commentaires

G
<br /> <br /> Merci d'avoir participé, j'ai (enfin) lu l'article et écouté ces deux titres... il n'y a pas la quantité, mais la qualité ! En plus, je les ai écouté à un moment idéal, où j'avais vraiment<br /> besoin de cette envoûtante quiétude...  <br /> <br /> <br /> <br />
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