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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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7 mars 2014 5 07 /03 /mars /2014 00:01

 

Pierre Assouline, Sigmaringen

Pierre Assouline, Sigmaringen, Gallimard, 2014

 

Pierre Assouline, Gallimard

 

Sigmaringen, Schloss, ca 1900 700

Sigmaringen, ca 1900

 

 

Marlene Dietrich, Lili Marlene

 

C'est un moment de l'histoire de France qu'on veuille ou non... Ça a existé. Et un jour on en parlera dans les écoles.

Louis-Ferdinand Céline

 

Quand la vérité dépasse cinq lignes, c'est du roman.

Jules Renard

 

Immendigen est la première étape d'un périple qui doit me mener de l'autre côté de la frontière, jusqu'à un village alsacien dont j'ignore tout, à l'exception de l'identité de celle que je vais y retrouver, la femme à qui je dois d'avoir perturbé le confort de mes évidences. Une Française, Jeanne Wolfermann.

 

Que nous est-il arrivé ?

 

« […] Un télégramme.

[…]

C'est Ribbentrop. Le château est réquisitionné. »

 

Le prince de Hohenzollern ne se cachait pas de considérer les nazis comme des aventuriers incultes et athées.

La famille Hohenzollern, treize personnes, est forcée d'abandonner une maison qui était la sienne depuis quatre siècles.

En septembre 1944, les Français de Vichy viennent habiter le château. Julius, le majordome (le narrateur), peut rester à son poste, ainsi que tout le personnel.

La sécurité est assurée par le major Boemelburg et le SS-Obersturmfürher Detering, des hommes de Himmler, deux caricatures de la terreur ordinaire.

Le maréchal Pétain, le premier arrivé, accompagné de sa suite, le 8 septembre, est logé au septième étage, dit l'Olympe.

Le président Laval arrive quelques jours après, avec sa suite. Il est placé au sixième étage. « M. Laval a l'habitude : à Vichy, déjà, il était juste en dessous. »

« Combien de pièces au juste, dans ce château ?

Trois cent quatre-vingt-trois.

 

La visite de la salle Saint-Hubert aux murs ornés de massacres produisait son effet. Quelques petits cris d'effroi ne purent être réprimés à la vue des têtes de cerfs empaillés, des animaux que seule la haute noblesse avait le droit de chasser ; elles témoignaient également de la richesse de cette famille, qui possède des réserves dans la région aussi bien qu'à l'étranger. Les bêtes paraissaient si vivantes dans leur mort.

 

La princesse Marguerite de Hohenzollern s'exprimait dans un excellent français mâtiné de quelques formules soigneusement argotiques à la limité de la grossièreté, comme seuls les aristocrates peuvent se l'autoriser.

 

Lou de Libellus, n'est-ce pas ?

 

Le reste du gouvernement français arriva les jours suivants.

 

Mlle Wolfermann, l'intendante du maréchal, est une femme à l'allure décidée, la taille bien prise et proportionnée, un visage fin aux traits réguliers.

Le majordome, en compagnie de Mlle Wolfermann, vient briefer ses troupes – un rappel aux principes : tenir, se tenir, maintenir.

 

Il y avait les ministres actifs, ceux qui y croyaient encore, et les passifs, ceux qui n'y croyaient plus.

 

Abel Bonnard

 

Abel Bonnard, lui au moins sera ravi d'appartenir au clan des ministres passifs. Entre eux, ils l'appellent tous Gestapette.

 

Dans une sordide lutte de pouvoir et d'influence, une guerre civile entre partisans d'un même monde […], les différents microcosmes de Sigmaringen s'ignoraient comme autant de clans qui ne frayaient pas.

 

Le décor d'une sinistre comédie était planté.

 

Personnages.

Le président Laval, et le nouveau président, celui de la Commission gouvernementale, M. de Brinon, que Pétain déteste – autant qu'il méprise Laval. Déat, Bichelonne, Marion, Darnand... une galerie de portraits.

 

L'affaire de l'ascenseur.

Seul le maréchal y avait droit. Un jour, le maréchal s'est retrouvé coincé dans l'ascenseur.

 

Octobre s'achevait. […] la campagne prenait ses plus belles couleurs.

 

En ville, on connaissait le Café Schön, interdit aux Allemands, réservé aux Français... Bruyant et enfumé, il était désormais comme occupé.

On y voyait Lucien Rebatet, Les décombres, toute la bande de Je suis partout, Louis-Ferdinand Céline et son chat. Et son art de faire scandale en crachant dans la soupe.

 

Mlle Wolfermann esquisse quelques notes des Gymnopédies.

 

 

Erik Satie, Gymnopédies, I, piano : Daniel Varsano, 1980

 

Tout cela finit mal.

 

Pour Julius, tout est en ordre, comme avant.

 

Tout a une fin.

 

Philippe Pétain, maréchal de France

 

Philippe Pétain a purgé sa peine et sa vie à l'île d'Yeu, en Vendée, jusqu'en 1951.

Pierre Laval a été exécuté le 15 octobre 1945.

Fernand de Brinon, le 15 avril 1947, au fort de Montrouge.

Joseph Darnand, fusillé au fort de Châtillon.

Bernard Ménétrel, le médecin personnel du maréchal, un accident de voiture, en 1947.

Abel Bonnard, † à Madrid en 1968.

Marcel Déat, de mort naturelle en 1955, sous l'égide des sœurs de la Providence.

Eugène Bridoux, mort en exil, auprès du général Franco, en 1955.

Jean Luchaire, exécuté en 1946.

Louis-Ferdinand Céline mourut chez lui en 1961.

Lucien Rebatet, chez lui, à Moras(Maurras?)-en-Valloire, en 1972.

Otto Abetz, 1958, un accident de voiture – il y avait beaucoup d'accidents à l'époque.

Major Karl Boemelburg, évaporé.

 

Le roman est suivi d'une Reconnaissance de dettes, une bibliographie, six pages.

 

Écrit d'un style alerte et, nonobstant, académique, tendance Goncourt, ce roman d'intrigue(s) nous plonge dans un passé... peut-être dans un antérieur futur...

 

Sigmaringen, de nos jours 700

Sigmaringen, de nos jours

 

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commentaires

D
<br /> Même si le bonhomme me porte parfois sur le système (il a un blog ), je dois reconnaitre que ta présentation me donne<br /> envie de lire ce bouquin. Une belle tripotée d'ordures...<br />
Répondre
L
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> _ Allons, allons, nous sommes entre Français !<br /> <br /> <br /> _ Entre Français ? J'aime mieux entendre ça que d'être sourd.<br /> <br /> <br /> Jean Dutourd, Edouard Molinaro, Au bon beurre (à un "e" près)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Blog et blog et blog. La Toile est notre château, il y a des clans. Y a-t-il des blogueurs actifs et des passifs ?<br /> <br /> <br /> Je n'ai pas pu bien rendre compte de ce roman qui fourmille, paisiblement, d'anecdotes savoureuses (j'ai noté la bibliographie), de croche-pieds (ce n'est pas toujours une image) entre<br /> partisans d'un même monde.<br /> <br /> <br /> Tu voudras bien ne pas mettre dans le même panier de crabes "Louis-Ferdinand Céline et son chat. Et son art de faire scandale en crachant dans la soupe." Et sur la bande de guignols - on ne le<br /> respectait que parce qu'il était, déjà, Céline, et peut-être parce qu'il était très grand.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je sais que tu préfères les essais, ou les romans qui sont comme des essais mis en fiction, et même comme une anticipation (Lointain souvenir de la peau).<br /> <br /> <br /> N'ai-je pas écrit que le roman d'Assouline évoquait un passé, peut-être un antérieur futur ? L'ordre des mots est important. ♪♫♪ L'important, c'est bien l'ordre,<br /> l'important... ♪♫♪<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> La couverture interpelle, comme on dirait au Nouvel Observateur. Le château, qu'Assouline, en bon académicien de Goncourt, qualifie de "maison", de même qu'il qualifie de<br /> "personnes" -"treize personnes"- ce qu'en bon français, s'agissant d'une famille -"la famille Hohenzollern"-, on appelle "les membres" (car en famille le membre est<br /> tout, fait tout), le château donc, disais-je, sur la couverture est si aplati en fond qu'il fait songer à un Rathaus. Le clocher massif, à droite, l'égale presque en présence. Et ces diaphanes<br /> trois couleurs si françaises. Cela nous renvoie à un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître : la fameuse affiche de campagne de François Mitterrand en 1981. Il n'y manque que<br /> lui sur la couverture,  qui est comme un appel, une attente. Que nous serions alors rajeunis, nous qui ne sommes que trop rejaunis.  Pour n'être pas tout à fait hasardeux, je m'appuie<br /> sur mes classiques, en l'espèce Jean-Claude Milner, L'archéologie d'un échec 1950-1993 (Le Seuil, septembre 1993), qui écrit, pp. 84-85 :"Le progressisme a porté François Mietterrand<br /> au pouvoir et, en tant que personne, François Mitterrand en a été le représentant. Ou plutôt l'incranation, au sens où Céline disait à propos du Maréchal qu'il "incarnait" C'en est au point<br /> qu'aux yeux de certrains progressistes le nom propre de François Mitterrand devint le seul signifiant politique acceptable. Le mitterrandisme authentique n'est lié ni à des idées, ni à<br /> des actions ; il est seulement lié à des phonèmes." Milner renvoie en note, p. 136, pour Céline, "D'un château l'autre (Paris, Gallimard, "Folio", p. 190). Tout le passage,<br /> ajoute-t-il, vaudrait d'être cité et la transposition serait facile, mais inutilement offensante." Il est douteux qu'on doive cette couverture à Assouline, bien connu pour n'être pas<br /> traversé par les idées. Y aurait-il dans le dédale des couloirs de chez Gallimard quelque malicieux (-yeuse, pour le féminin) ? À défaut de vraiment savoir, on ne peut s'en tenir qu'à répondre,<br /> comme lorsque, en ces temps d'autrefois, on se convainquait que toute Résistance était inutile :" Ben, c'est comme ça." <br />
Répondre
L
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est bien pourquoi, mon chéri, nous te donnons deux belles et bonnes photographies du château, l'une de 1900 - ça n"avait pas changé en '45 -, l'autre, présentement actuelle - ça n'a pas changé,<br /> pour l'architecture.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tu dis des choses sur Mitterrand, oui, le vieux, qui a procréé encore sur le tard sa Mazarine - la seule bibliothèque fréquentable, je ne suis jamais allé à Sainte-Geneviève, même au temps où<br /> j'aurais pu y renconter Marcel Duchamp. Simple agrégée de philosophie, la Mazarine, professeur des universités, une paille.<br /> <br /> <br /> Tous tarés, Baudelaire, Verlaine, Musset, nés de pères trop âgés, c'est toi qui l'a écrit : http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/02/28/22054-lage-peres-aussi-influe-sur-sante-bebes<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> On est revenu de Sigmaringen, on écoute Henri Dutilleux.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

 


 
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