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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 17:01

 

Le secret d’Antonio est gravé sur un mur de la cave, au pensionnat : deux noms.

 

CORQUISART ASESINO

A CUEVAS

 

Sur la route du Rom, le concierge accompagne Gabriel et Andres, le père de celui qu’il a tué, par peur.

_ Je ne pouvais pas savoir… C’était impossible.

[…]

_ Il y avait un docteur Corquisart, à l’hôpital…

 

Le docteur Corquisart a pris sa retraite. Gabriel et Andres vont le voir. Il a un peu oublié les temps anciens.

 

_ Au printemps 41, l’ancien couvent a été réquisitionné par Ernest Beuglat, le héros de Corneville, pour être transformé en camp d’internement pour les déviants de ce temps-là : les juifs, les homosexuels, les Gitans, plus quelques droit-commun pour faire bonne mesure… Les documents que j’ai retrouvés indiquent que le nombre de personnes incarcérées, uniquement des hommes, atteignait le chiffre de deux cents.

[…]

On [les] employait comme esclaves à la construction des blockhaus, des bases de V1.

Il a oublié Antonio Cuevas.

_ Le problème, je veux dire votre problème, c’est que, lui, il ne vous a pas oublié.

Le docteur Corquisart a participé aux expériences pratiquées dans les sous-sols du centre.

_ C’était quoi ces expériences, exactement ?

_ La stérilisation…

 

La réalité du camp de Valognes - affecté aux Juifs, aux Tsiganes, aux homosexuels, des conditions insupportables de détention, de l’emploi des prisonniers au mur de l’Atlantique où ils étaient traités en esclaves, des promenades du dimanche en ville, est attestée par des témoignages, notamment celui de Karl-Georg Roessler, No time to die : A Holocaust survivor’s story, Davies Publishing, 1998 [note 1].

 

Le camp de Valognes fut le seul où la stérilisation ait été pratiquée en France, comme l’établit l’historien Martin Gilbert, Atlas de la Shoah (Atlas of the Holocaust), L’Aube, 1982 – préface de Bernard Kouchner, postface de Jean Kahn – carte 182, p. 141.

 

A Valognes même, l’Institution Sainte-Marie n’a pas dissimulé ce moment de son histoire : il est clairement rapporté à la page 15 de la plaquette éditée en 1996 à l’occasion du Centième Anniversaire de l’installation des Ecoles Catholiques dans l’Hôtel du Mesnildot de la Grille.

 

Les archives départementales de la Manche disposent de documents de trésorerie qui font état de l’indemnité versée à l’Eglise pour l’occupation des locaux – versement effectué de fait par l’Etat français de Vichy (s.c. Mr le Maire pour un relevé du 17 juillet 1943) pendant une partie de la période intéressée, les impayés ayant été compensés en 1945 par le Gouvernement provisoire de la République, le tout se montant à plus de 320.000 francs.

 

Un Avis de Mise en Vente de deux Cabinets Dentaires - appartenant à un israélite - respectivement situés à Carentan et Valognes - le 27 avril 1943, mise en vente forcée, pour la raison donnée, par les autorités françaises, montre que le programme de purification ethnique a été développé localement par les serviteurs du gouvernement de Vichy.

 

On aura ainsi bien de la peine à soutenir avec Fernand Leboyer, maire de Valognes et brillant historien, au cours de la veillée du 60e anniversaire du Débarquement et de la bataille de Normandie s’étant déroulée à Valognes, que l’occupation s’est faite d’une façon correcte.

La Presse de la Manche, mardi 23 mars 2004 / Page 14

 

 

Edouard Molinaro, Au Bon Beurre, 1980, d’après le roman de Jean Dutourd, 1952

Charles-Hubert et Julie Poissonnard (Roger Hanin et Andréa Ferréol) éduquent leurs enfants.

On peut dire c'qu'on veut, mais ces gens-là y sont corrects, on peut pas leur enlever ça, c'est des gens corrects.

[...]

Quand on dit rien, il arrive jamais rien.

 

A l’occasion du 56e anniversaire du débarquement […] quarante-cinq vétérans US du 507e régiment parachutiste de l’armée américaine sont venus à Valognes où ils ont été reçus […] à l’hôtel de ville par le maire, Fernand Leboyer.

Ecoutons-le.

Il a regretté que les alliés aient utilisé des « bombes incendiaires » et qu’ils les aient « largués très haut » sur la ville. « La guerre a fait 280 morts à Valognes, deux fois plus qu’en 14-18 ».

Entendez bien : deux fois plus de morts au cours de la Seconde guerre mondiale, du fait des Alliés, qu’en 14-18, du fait des Allemands.

Ne dissimulons pas que le maire a salué « le courage » des combattants venus libérer l’Europe du nazisme.

La Presse de la Manche, mercredi 7 juin 2000 / Page 11

 

[Fernand Leboyer a, depuis l’an dernier, accédé à l’honorariat.

Lors du lancement de sa candidature, son successeur, Jacques Coquelin, s'est déclaré lié par le gaullisme et par l'éducation catholique qui est la nôtre, avoir de la tolérance, de la compréhension et du respect pour l'autre.

La Presse de la Manche, jeudi 11 octobre 2007 / Page 14] 

 

L’occupation était hitlérienne ou, si on préfère encore, nazie, un non-dit persistant, peut-être pour ne pas blesser la nostalgie de ceux qui pourraient porter le souvenir d’un nazisme à visage humain propre à remonter enfin du fond de ses eaux troubles.

« … monter du fond des eaux le regret souriant… », texte d’un passionné de l’histoire locale, distribué en juin 2004 à Valognes et, notamment, à ses élus.

 

Le 23 novembre 2003, Mgr Jacques Filhey, évêque de Coutances et Avranches, a publié dans La Presse de la Manche un article sur le rejet des gens du voyage qui se manifeste parfois dans son diocèse (ces gitans qui nous dérangent et dont on ne veut pas près de chez nous). Sa protestation, d’inspiration chrétienne, dénonçait dans cette attitude une forme de racisme.

Quelques semaines plus tard, informé du sombre lieu de Valognes, il a écrit : J’ignorais absolument ce qui s’était passé à Valognes. La lutte contre le racisme est un enjeu majeur de notre époque.

Lettre du 18 décembre 2003

 

Les élus, les journalistes, les électeurs et les lecteurs pourraient-ils encore sincèrement se maintenir dans leur dévotion à Henri Cornat ?

 

Sont-ils bien chrétiens ceux qui souffrent d’une amnésie particulière ? Sont-ils bien sincères ? Doit-on curer Le Merderet ?

 

Edouard Molinaro, Au Bon Beurre, 1980, d’après le roman de Jean Dutourd, 1952

En 1942, les Actualités cinématographiques sont chahutées.

Une même chair, l’Europe.

 

A suivre…

 


[note 1]

 

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commentaires

D
<br /> <br /> ça me rappelle qu'à Vichy, il y a une dizaine d'années, le livret disponible à l'office du tourisme omettait de signaler l'époque où elle était la capitale du gouvernement français...<br /> <br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> Toujours aussi bon raconteur d'histoire mon Lou :)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> As-tu reçu ? mon courrier ? J'espère n'avoir pas mal recopié l'adresse de mes blanches mimines :)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bisous Lou !<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Bien écrit... L'Histoire bégaie souvent, hélas à cause de l'amnésie sélective des hommes.<br /> <br /> <br /> Bravo à Alf pour le dessin.<br /> <br /> <br /> <br />
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