Lou

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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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Un lien en un clic sur les images.

22 mars 2014 6 22 /03 /mars /2014 00:01

 

Ecole

Lou, c'est le petit au premier plan, un peu de profil, le regard insolent.

 

A la rentrée prochaine, Libellus entre à la grande école, pour apprendre à lire, écrire, compter.

 

 

François Couperin, Alexandre Tharaud, Les Baricades Mistérieuses

Scott Ross, molto sensuale

 

22 mars – le printemps déjà...

 

Robert Doisneau, Les Lilas de Ménilmontant, 1956 ht700

Robert Doisneau, Les Lilas de Ménilmontant, 1956

Lou, déjà, en plein élan.

 

Paris, rue de Ménilmontant

Paris, rue de Ménilmontant

Il y avait encore des carrioles.

 

Paris, rue Pelleport, à l'angle de la rue de Ménilmontant

Paris, rue Pelleport, à l'angle de la rue Orfila

Encore une carriole.

 

Paris, Au Bon Coin, à l'angle de la rue Pelleport et de la

Paris, Au Bon Coin, un autre, à l'angle de la rue Pelleport et de la rue de Ménilmontant

Tout près, il y avait la maison des Saint-Simoniens.

Le jour où un camion a raté le carrefour, le chauffeur s'est retrouvé sur le zinc, on a reconstruit le coin.

 

Paris, rue Pelleport, école

Paris, rue Pelleport, école

C'est devenu moderne, mais c'était là.

 

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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 00:01

 

Ellis Peters, The Virgin in the Ice 357

Ellis Peters, The Virgin in the Ice, Sphere, 1995 – illustration : David Senior / première édition : Macmillan, 1982

 

Ellis Peters

Edith Mary Pargeter, Ellis Peters

 

Derek Jacobi, Cadfael

 

 

 

It was early in November of 1139 that the tide of civil war, lately so sluggish and inactive, rose suddenly to sweep over the city of Worcester, wash away half its livestock, property and women, and send all those of its inhabitants who could get away in time scurrying for their lives northwards away from the marauders, to burrow into hiding wherever there was manor or priory, walled town or castle strong enough to afford them shelter. By the middle of the month a straggle of them had reached Shrewsbury, and subsided thankfully into the hospitable embrace of monastery or town, to lick their wounds and pour out their grievances.

 

Noël approche. Dans la région de Worcester, la guerre civile est de retour avec son cortège de pillards. Yves et Ermina Hugonin, treize et dix-huit ans, orphelins d'une famille noble, fuient Worcester sous la protection d'une jeune bénédictine, sœur Hilaria, et de leur oncle, Laurence d'Angers, retour de Terre Sainte et allié à l'impératrice, non légitime, Maud : ils disparaissent en chemin vers Shrewsbury. L'abbaye étant responsable de leur vie, Frère Cadfael se lance à leur recherche. Il retrouve la religieuse dans les glaces d'une rivière, puis les deux enfants, sains et saufs. Ermina a rencontré l'amour auprès d'un jeune chevalier revenant de la croisade, Olivier de Bretagne.

 

Même les moines ont un passé. Cadfael se rappelle sa jeunesse... Antioche, la croisade, l'amour.

 

He had good cause to remember Antioch, for it was there he had begun and ended his long career as a crusader, and his love affair with Palestine, that lovely, inhospitable, cruel land of gold and sand and drought. From this quiet, busy harbour in which he had chosen at last to drop anchor, he had had little time to hark back to those remembered haunts of his youth. The town came back to him now vividly, the lush green of the river valley, the narrow, grateful shade of the streets, the babel of the market. And Mariam, selling her fruit and vegetables in the Street of the Sailmakers, her young, fine-boned face honed into gold and silver by the fierce sunlight, her black, oiled hair gleaming beneath her veil. She had graced his arrival in the east, a mere boy of eighteen, and his departure, a seasoned soldier and seafarer of thirty-three. A widow, young, passionate and lonely, a woman of the people, not to everyone's taste, too spare, too strong, too scornful. The void left by her dead man had ached unbearably, and drawn in the young stranger heart and soul into her life, to fill the gap. For a whole year he had known her, before the forces of the Cross had moved on to invest Jerusalem.

 

Cadfael revient dans les bois pour reprendre son enquête. Il a prudemment emporté une dague. A l'entrée d'une cabane, il recueille une trace : quand la vérité tient à un crin de cheval...


Cadfael, The Virgin in the Ice, scénario : Russell Lewis, d'après le roman d'Ellis Peters, réalisation : Malcolm Mowbray, int. Derek Jacobi, Mark Charnock, Terrence Hardiman, 26 décembre 1995


Il apprend vite, le petit – mais n'anticipons pas.


 

Antioche... Mariam... fondness and pride.

  

 

Eleven more days to the Christmas feast, and no shadow hanging over it now, only a great light. A time of births, of triumphant begettings, and this year how richly celebrated the son of the young woman from Worcester, the son of Aline and Hugh, the son of Mariam, the son of Man...

A son to be proud of ! Yes, amen !

 

A l'approche de Noël, un fils est donné à Cadfael. Un très bel épisode, où l'on apprend que la vérité se lit dans la paille et le crin, et que la confusion entre la gauche et la droite nuit à l'entendement.

 

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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 23:01

 

Charles-Henri Bodin

 

Écoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre pour anéantir les humbles du pays, car vous dites : « Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée, pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini, pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix, et fausser les balances. Nous pourrons acheter le malheureux pour un peu d’argent, le pauvre pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! »

Le Seigneur le jure par la Fierté d’Israël : « Non, jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits. »

Amos, 8, 4-7

 

Jésus disait à ses disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé parce qu'il gaspillait ses biens. Il le convoqua et lui dit : 'Qu'est-ce que j'entends dire de toi ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car désormais tu ne pourras plus gérer mes affaires.'

Le gérant pensa : 'Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gérance ? Travailler la terre ? Je n'ai pas la force. Mendier ? J'aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu'une fois renvoyé de ma gérance, je trouve des gens pour m'accueillir.'

Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : 'Combien dois-tu à mon maître ? — Cent barils d'huile.' Le gérant lui dit : 'Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.'

Puis il demanda à un autre : 'Et toi, combien dois-tu ? — Cent sacs de blé.' Le gérant lui dit : 'Voici ton reçu, écris quatre-vingts.'

Ce gérant trompeur, le maître fit son éloge : effectivement, il s'était montré habile, car les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l'Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.

Celui qui est digne de confiance dans une toute petite affaire est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est trompeur dans une petite affaire est trompeur aussi dans une grande. Si vous n'avez pas été dignes de confiance avec l'Argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ? Et si vous n'avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera le premier, et aimera le second ; ou bien il s'attachera au premier, et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'Argent. »

Lc 16, 1-13

 

Homélie

 

 

Charles-Henri Bodin, en l'église Saint-Antoine à Lyon, dimanche 22 septembre 2013

Références bibliques :

Am 8, 4-7 ; Ps 112 ; 1 Tm 2, 1-8 ; Lc 16, 1-13

 

L’habileté et la lumière

 

Frères et sœurs, en entendant cet évangile, nous sommes en droit de trouver que Jésus nous scandalise. « Comment ça ? Jésus fait l’éloge d’un homme malhonnête ? » Aujourd’hui encore, tant et tant d’affaires de finance ou autres escroqueries, se déroulent sous nos yeux et, si je suis l’évangile, je devrais, comme Jésus, faire l’éloge de ces escroqueries ?

Ce n’est pas de la malhonnêteté de cet homme que Jésus fait l’éloge, mais de son habileté : « Ce gérant trompeur, le maître fit son éloge : effectivement, il s’était montré habile. » Jésus fait l’éloge de cet homme qui est sur le point de se faire licencier pour faute grave : il gaspillait les biens de son maître. Et cet homme, face à la crise qui lui arrive, s’arrête et prend le temps de réfléchir sur lui-même : « Que vais-je faire ? Ah ! Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois licencié je trouve des gens pour m’accueillir. »

Et voilà toute l’habileté de cet homme : il profite de son préavis de licenciement pour se servir encore une fois de son pouvoir de gérant. Il se fait des amis pour son intérêt personnel. Ce gérant trompeur prépare son avenir pour lui. Cet homme est très fort ! C’est pour cela que Jésus fait son éloge. Jésus fait l’éloge de cet homme qui prépare sa reconversion. Mais il prend cet exemple pour nous provoquer. Ils sont forts et habiles entre eux, les hommes de ce temps ! Et nous ?

Frères et sœurs, par cet évangile, Jésus nous invite à être encore plus habiles et plus forts que les hommes de ce temps. Mais il nous dit de passer du « côté obscur de la force » au « côté lumineux de la force. » Jésus nous invite à vivre avec habileté en Fils de lumière et à en profiter pour éclairer le monde. Et du coup, nous pressentons qu’être chrétiens, c’est être lumineux. Souvenez-vous qu’on nous a remis un cierge au jour de notre baptême, pour que nous soyons sans cesse témoins de la lumière du christ en nous. Alors, hormis son habileté, nous comprenons déjà qu’être témoin de cette lumière, c’est refuser d’être comme le gérant qui ne pense qu’à lui et qui pose des actes pour son propre intérêt. Et donc, tout en gardant notre habileté, être lumineux, c’est vivre avec les autres. Car à quoi sert-il d’être lumineux pour soi-même ? C’est pour les autres que je suis lumineux !

J’agis de façon lumineuse lorsque, dans les temps de crise, j’ai la capacité à prendre du recul pour me « reconvertir ». Me convertir à l’autre : le voir, à côté de moi. Et bien sûr me convertir à Dieu : reconnaître que je peux compter sur lui pour me faire vivre. En fait, nous devenons lumineux lorsque nous choisissons Dieu en servant l’autre. Il s’agit de choisir Dieu et de l’aimer en l’autre. Manifestons autour de nous que Dieu est vital pour nous ! Ne restons pas sans l’annoncer. C’est ce qu’a fait l’abbé Charles-Michel de Lépée, cher au cœur des sourds depuis 300 ans. Il avait choisi Dieu et il était vital pour lui de l’annoncer aux personnes sourdes. Il a donc été inventif, créatif : en mettant au point une nouvelle langue. Une langue faite de gestes et de signes. Ce fut un précurseur : voilà comment il fut habile devant l’urgence qu’il voyait. Et Jésus nous appelle à être d’une lumineuse habileté dans les circonstances difficiles de nos vies.

Frères et sœurs, ne soyons pas comme une « lampe cachée ». Soyons habiles pour rayonner auprès des autres que nous avons choisi Dieu, car il est source de la lumière. Amen.

 

* * *

 

Dimanche 22 septembre 2013

 

http://www.lejourduseigneur.com/Replay/Dimanche-dernier/Emission-integrale

 

http://www.lejourduseigneur.com/Replay/Dimanche-dernier/Homelie

 

http://www.lejourduseigneur.com/Replay/Dimanche-dernier/Texte-de-l-homelie

 

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16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 23:01

 

Yves Combeau

 

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter.

Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »

Alors Jésus leur dit cette parabole :

« Si l'un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il la retrouve ?

Quand il l'a retrouvée, tout joyeux, il la prend sur ses épaules,

et, de retour chez lui, il réunit ses amis et ses voisins ; il leur dit : 'Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !'

Je vous le dis : C'est ainsi qu'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion.

Ou encore, si une femme a dix pièces d'argent et en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu'à ce qu'elle la retrouve ?

Quand elle l'a retrouvée, elle réunit ses amies et ses voisines et leur dit : 'Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé la pièce d'argent que j'avais perdue !'

De même, je vous le dis : Il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »

Lc 15, 1-10

 

 

C’est une histoire vraie. Un garçon de mes connaissances, un de mes scouts, en fait, traînait la nuit avec une bande de gamins de la Porte de Montreuil à Paris, pas dangereux, mais certainement délinquants. Naturellement, ses parents n’en savaient rien.

Une nuit, au métro Télégraphe, il se fait attraper par la Police et emmener au poste. A quelques semaines près, il est encore mineur. On appelle ses parents, qui habitent à l’autre bout de la ville. A trois heures du matin, son père doit quitter l’appartement familial et traverser Paris désert pour chercher son fils au commissariat de Ménilmontant. Quand j’ai appris l’histoire, j’ai dit au père : « Vous deviez être furieux ! À trois heures du matin ! » Eh bien ! Il m’a répondu : « Pas du tout… En fait, j’étais très heureux dans ma voiture. J’allais chercher mon fils qui s’était mis en danger et je me sentais père, parce que les pères sont faits pour ça. »

Mon histoire vraie, c’est l’histoire de l’Évangile d’aujourd’hui. Quelles que soient les paraboles qu’emploie Jésus, et il y en a d’autres que les deux que nous venons d’entendre, elles signifient que le Père, parce qu’il est père, ne cesse pas de nous chercher, nous ses enfants, et qu’il trouve sa joie dans cette quête.

Je sais bien que nous nous inquiétons souvent de ne pas trouver Dieu ; nous disons : « Je suis en recherche », mais en réalité, c’est le contraire : c’est Dieu qui est « en recherche ». De nous. Dieu nous cherche, comme il le fait depuis le début, depuis qu’il appelait Adam dans le jardin. Et non seulement Dieu nous cherche, mais il nous cherche par amour, et c’est sa joie que de traverser la nuit, la nuit de la ville, la nuit de notre paresse ou de notre faiblesse, ou de notre aveuglement, pour venir nous prendre dans ses bras. C’est ce qu’a compris saint François de Sales, puisque nous sommes aujourd’hui dans l’église de son baptême et de son enfance, lorsqu’adolescent, il a découvert que la seule volonté de Dieu était une volonté d’amour. Que Dieu, qu’il craignait comme le garçon dont je parlais craignait son propre père, ne voulait que son bonheur. Que tout ce qu’il avait à faire, lui, François de Sales, était de faire confiance, parce que jamais, en aucun cas, le Père ne l’abandonnerait.

La voiture roule dans la nuit de Paris. Rue du Quatre Septembre, place de la République, rue de Belleville. Le père de mon histoire n’est jamais venu dans ces quartiers. Mais il est heureux. Il est heureux parce qu’il va chercher son fils. Chez lui, sa femme et ses deux autres fils dorment. Mais lui roule dans la nuit et approche d’un commissariat. Il a eu peur, il se demande ce qui se passe, quelle bêtise a fait son grand garçon, qu’il sait têtu et rebelle, mais dans cette inquiétude, il se sent père. Il n’a pas de colère. Il n’a que de l’amour à donner.

Dieu, notre Père, est comme ce père. Il cherche la brebis dans le désert, la pièce de monnaie dans les lattes du plancher, son fils dans la nuit ; il cherche chacun d’entre nous là où nous sommes, quoi que nous ayons fait, si loin de lui que nous nous sentions. Jamais il ne pourra nous abandonner. Tout à l’heure, nous dirons ensemble le « Notre Père ». Je voudrais que ces deux mots, quand nous les prononcerons, vous rappellent le père qui roule dans la nuit et qui sourit à son volant.

 

Frère Yves Combeau, o.p., en l'église Saint-Maurice & Saint-François-de-Sales, Thorens-Glières, le 15 septembre 2013

 

Références bibliques :

Ex 32, 7-11.13-14 ; Ps 50 ; 1 Tm 1, 12-17 ; Lc 15, 1-32

 

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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 23:01

 

Jean de la Croix Robert, La falaise et l'horizon

Jean de la Croix Robert, La falaise et l'horizon, Desclée de Brouwer, 1998-2012

 

Jean de la Croix Robert

 

La falaise et l'horizon est une longue méditation sur le chemin de la vie, celui où l'on part sans savoir où l'on va, en laissant d'où l'on vient, pour devenir.

Devenir ? Mais nous sommes, non ? demandent certains.

 

Non, la vie ne peut être condamnée au destin.

Notre liberté , c'est de connaître les flots de l’abîme pour renaître à la source.

Partir, fuyard ou pèlerin, trimard ou touriste, nous répondons à un appel.

Vers ce chemin de la Parole.

 

Tout ruisselant de mille grâces,

En hâte il traversa nos bois,

Dans sa course, il les regarda,

Sa figure qui s’y grava

Suffit à les laisser revêtus de beauté.

Jean de la Croix, Cantique spirituel, st. 5

 

Bien sais-je la source qui jaillit et fuit,

Mais c’est de nuit !

Cette source éternelle bien est celée

Et pourtant sa demeure je l’ai trouvée,

Mais c’est de nuit !

En l’obscure nuit de cet exil mauvais

La source fraîche, par la foi, bien la sais,

Mais c’est de nuit !

Ne sais son origine, car n’en a mie, Père

Mais que toute origine d’elle est jaillie

Mais c’est de nuit !

Bien sais que ne peut être chose si belle

Et sais que ciel et terre s’abreuvent en elle,

Mais c’est de nuit !

Bien sais que de fond jamais on n’y trouva

Et que nul à gué oncques ne la passa,

Mais c’est de nuit !

Que nul voile à sa clarté ne fut connu

Et que toute lumière d’elle est venue,

Mais c’est de nuit !

Bien sais que si riches roulent ses courants

Qu’enfers et ciels et mondes ils vont arrosant,

Mais c’est de nuit !

Et le courant de cette source naissant Fils

Bien sais qu’il est aussi riche et tout puissant,

Mais c’est de nuit !

Et le courant qui des deux autres procède Saint-Bien

sais que nul des autres ne le précède, Esprit

Mais c’est de nuit !

Bien sais que les Trois en une seule eau vive

Résident et que l’un de l’autre dérive,

Mais c’est de nuit !

Cette source éternelle bien est blottie

Au pain vivant afin de nous donner vie,

Mais c’est de nuit !

Elle est là criant vers toute créature

Qui de cette eau s’abreuve mais à l’obscur,

Car c’est de nuit !

Cette source vive à qui tant me convie

Mon désir, je la vois en ce pain de vie,

Mais c’est de nuit !

Jean de la Croix, La nuit obscure 

 

 

Tver, Dormition de la Vierge 700

Tver, Dormition de la Vierge, XVe siècle, tempera sur bois, Galerie Tretiakov

 

L'Assomption est un dogme, proclamé par Pie XII, pourtant nullement attesté dans l'évangile, c'est une croyance, ancienne et coutumière.

 

Chantons !

 

 

Giovanni Battista Pergolesi, Salve Regina, 1735, Il Seminario musicale, Véronique Gens, soprano, Gérard Lesne, contre-ténor, 1997

 

Relisons l'homélie de Jean de la Croix Robert, au premier dimanche de Carême, le17 février 2013, à Voreppe, Monastère des Clarisses.

 

L’Homme vrai et le menteur

 

En ce premier dimanche de Carême, la liturgie nous présente un Évangile qui, toujours, nous surprend : celui de la tentation de Jésus par Satan. Si Jésus est le Fils unique de Dieu, peut-il vraiment être tenté par le Diable ? « Si tu es le Fils de Dieu », cette parole, qui n’exprime que l’ironie de Satan, proclame pourtant la pleine identité de Jésus. Satan qui se croit tout-puissant n’est donc qu’un aveugle. En effet, il ne voit pas que Jésus arrive au désert poussé par l’Esprit Saint, Esprit de lumière et de force, dont il a été comblé et investi, par Dieu lui-même, lors de son baptême au Jourdain.

Comprenons bien : c’est pour nous, les hommes, que Jésus se livre à la tentation comme, plus tard, pour nous toujours, il se livrera à la mort. En cela, Jésus assume toute l’histoire d’Israël puisqu’il est son Messie et même, celle de toute l’humanité qui a commencé par la tentation d’Ève et d’Adam avant de se poursuivre dans l’histoire du peuple élu. Ce peuple déjà tenté en Égypte, puis au pied du Sinaï et dans sa marche au désert durant quarante ans. Peuple de Dieu, toujours tenté, toujours vaincu ! Quand Jésus sort victorieux de la tentation, et cela par trois fois, c’est pour Israël et pour tous les hommes qu’il remporte cette victoire et, en cela, il est déjà notre Sauveur. L’Évangile présente la tentation de Jésus en trois étapes successives. Elle concerne la faim, relation de l’homme avec lui-même, puis, en un second temps, le pouvoir, relation de l’homme avec le monde, enfin la mise à l’épreuve de Dieu lui-même, l’homme dans sa relation avec Dieu. Les trois réponses de Jésus, reprenant des paroles de Dieu dans l’Ancien Testament, mettent fin provisoirement aux tentations de Satan, lequel va s’écarter de lui « jusqu’au moment fixé », c'est-à-dire jusqu’au moment de la Passion.

Pourquoi Satan tente-t-il Jésus ? Sans doute pour le gagner à lui-même tout en le séparant de Dieu, ce qui confirme bien l’ignorance de Satan. Cependant, derrière ces tentations se révèle l’intention profonde du Diable, à savoir la destruction de l’homme lui-même. Satan, en effet, depuis le commencement, reste toujours jaloux de l’homme et de ce qu’il est en vérité : la seule créature à l’image et ressemblance de Dieu. Satan sait bien que s’il arrive à écarter Dieu de la vie de l’homme et du monde, il aura détruit l’homme en ce qu’il a de plus vrai et de plus beau.

Si l’humanité est vraiment sauvée en Jésus le Seigneur, elle peut toujours, en ne comptant que sur ses seules forces, se détruire elle-même en raison de ses propres convoitises et illusions. De cette destruction, toujours possible et toujours à l’œuvre en notre monde, l’histoire récente, hélas, nous en donne des preuves irréfutables. Si nous savons les discerner !

Pour conclure sur une note d’espérance, en cette marche avec le Christ vers Pâques, voyons comment Jésus, concrètement, sauve l’homme. La seconde lecture de ce jour nous donne la bonne réponse : l’homme est sauvé quand est restaurée son unité profonde, quand ce qu’il croit en son cœur, il le confesse sur ses lèvres. Quand le cœur et les lèvres son accordés, l’homme retrouve alors son unité originelle. Tel est aussi l’enseignement de saint Benoît qui nous rappelle cette vérité de l’homme, à savoir que son esprit doive s’accorder avec sa voix. C’est ainsi que l’homme est de nouveau accordé avec lui-même quand, avec Dieu, il se retrouve pleinement accordé. Réconcilié avec Dieu, l’homme peut alors l’être avec lui-même et avec tous ses frères les hommes. Beau programme de Carême pour nous tous !

 

Références bibliques : Dt 26, 4-10 ; Ps 90 ; Rm 10, 8-13 ; Lc 4, 1-13

 

*

 

 

Précédemment : Jean de la Croix Robert, Un cri vers Dieu

 

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31 juillet 2013 3 31 /07 /juillet /2013 23:01

 

Le Rose Pingouin, la maison sur la falaise

La cabane avec vue imprenable sur la mer,

 

Le Rose Pingouin, le cycliste

one small step for a man,

 

Le Rose Pingouin, un faux pli

a highway to heaven,

 

 

Gospel Legends – Highway To Heaven

 

Le Rose Pingouin, tribal yachting

quite civilized natives,

 

Le Rose Pingouin, la pince à linge

et leur stèle à Beethoven...

 

 

Pierre Dac et Francis Blanche, La pince à linge, int. Les Quatre Barbus, 1955

 

Un rêve... La vie en rose pingouin !

 

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 00:01

 

Un cri vers Dieu 357

Un cri vers Dieu / Marie VILOIN, CFRT / France Télévisions, pour Le Jour du Seigneur, 17 février 2013

 

Jean de la Croix Robert, moine bénédictin, est venu se retirer dans le massif de la Chartreuse, en ermite, pour prier et méditer les textes bibliques.

Ecoutons-le lire, dans son ermitage, le psaume 30.

 

Jean de la Croix Robert, 1

 

 

Un cri vers Dieu – lecture du psaume

 

 

Un cri vers Dieu – méditation, première partie

 

 

Un cri vers Dieu – méditation, seconde partie

 

* * *

 

A lire.

Jean de la Croix Robert, La falaise et l'horizon, Desclée De Brouwer, 2012

 

* * *

 

Je t'exalte, Seigneur : tu m'as relevé, tu m'épargnes les rires de l'ennemi.

 

Quand j'ai crié vers toi, Seigneur, mon Dieu, tu m'as guéri ; *

 

Seigneur, tu m'as fait remonter de l'abîme et revivre quand je descendais à la fosse.

 

Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles, rendez grâce en rappelant son nom très saint.

 

Sa colère ne dure qu'un instant, sa bonté, toute la vie ; * avec le soir, viennent les larmes, mais au matin, les cris de joie.

 

Dans mon bonheur, je disais : Rien, jamais, ne m'ébranlera !

 

Dans ta bonté, Seigneur, tu m'avais fortifié sur ma puissante montagne ; * pourtant, tu m'as caché ta face et je fus épouvanté.

 

Et j'ai crié vers toi, Seigneur, j'ai supplié mon Dieu :

 

« A quoi te servirait mon sang si je descendais dans la tombe ? * La poussière peut-elle te rendre grâce et proclamer ta fidélité ?

 

« Écoute, Seigneur, pitié pour moi ! Seigneur, viens à mon aide ! »

 

Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie.

 

Que mon coeur ne se taise pas, qu'il soit en fête pour toi, * et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce !

Psaume 30, Bible de la liturgie

Copyright AELF - Paris - 1980 - Tous droits réservés

[mention exigée par l'AELF]

 

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11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 00:01

 

10 mars 2013, messe 

Eglise Saint-Pierre, Vigneux-sur-Seine 

 

 

Sanctus

 

 

Evangile et Homélie

 

On observe des variantes dans l'homélie entre la version écrite pour publication et la parole dite en chaire : écoutez !

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

 

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter.

Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »

Alors Jésus leur dit cette parabole :

« Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : 'Père, donne-moi la part d'héritage qui me revient.' Et le père fit le partage de ses biens.

Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre. Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région, et il commença à se trouver dans la misère. Il alla s'embaucher chez un homme du pays qui l'envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il réfléchit : 'Tant d'ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Prends-moi comme l'un de tes ouvriers.'

Il partit donc pour aller chez son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.

Le fils lui dit : 'Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils...'

Mais le père dit à ses domestiques : 'Vite, apportez le plus beau vêtement pour l'habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras, tuez-le ; mangeons et festoyons. Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.' Et ils commencèrent la fête.

Le fils aîné était aux champs. A son retour, quand il fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des domestiques, il demanda ce qui se passait.

Celui-ci répondit : 'C'est ton frère qui est de retour. Et ton père a tué le veau gras, parce qu'il a vu revenir son fils en bonne santé.'

Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d'entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait.

Mais il répliqua : 'Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.

Mais, quand ton fils que voilà est arrivé après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer pour lui le veau gras !'

Le père répondit : 'Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »

Lc 15, 1-3.11-32

 

*

 

Homélie, Père Luc René, prêtre du diocèse d'Albi

 

Prendre le temps de la relation à Dieu et aux autres

 

Que vous soyez dans cette église ou devant votre poste de télévision, voilà un problème auquel nous sommes tous confrontés. Tout d’abord, comment mener de front notre vie de prière personnelle et notre travail ? Ensuite, comment le faire tout en gardant du temps gratuit pour les autres ? C’est une vraie question de Carême, parce que c’est un combat permanent : « Quand le démon n’arrive pas à t’arrêter, il te fait courir. »

 

Au lieu de vous parler de la Miséricorde du Père, j’ai donc choisi d’aborder ce thème de la gestion de notre temps à travers les trois personnages de cette parabole.

 

Commençons par le temps que nous consacrons à Dieu : Comment le fils prodigue gère-t-il son temps ? Pour lui, il n’y a pas de temps à perdre, on ne vit qu’une fois. Il réclame l’héritage et s’en va faire la fête. Il passe son temps dans le plaisir. Il ne consacre visiblement aucun temps pour Dieu et lorsqu’il consacre du temps pour les autres, il ne le fait que parce que ça lui procure du plaisir à lui-même !

 

L’épreuve va brutalement arrêter cette fuite en avant. Comme vous le savez, il en arrive à désirer manger la nourriture des porcs. Il vit « un vrai temps de cochons » ! Alors, il décide de revenir chez son père. Comment le père gère-il son temps ? Il passe son temps à attendre son fils, à scruter l’horizon. Dès qu’il le voit au loin, il n’attend pas, c’est lui le père qui court vers le fils. Il le prend dans ses bras, le couvre de baisers. Et lorsque son fils commence à s’excuser, il lui coupe la parole pour ordonner à ses serviteurs d’organiser une fête. Et pendant ces préparatifs, le père continue de serrer son fils dans ses bras de longues, très longues minutes. Le fils doit se sentir bien au chaud dans le manteau de son père, il n’a rien d’autre à faire que de s’abandonner à cette étreinte.

 

C’est bien le message essentiel que Jésus nous a donné dans cette parabole : Revenez au Seigneur et laissez-vous étreindre par Dieu ! Cette étreinte se réalise dans la prière. Peu importe si nous sentons la chaleur du manteau ou pas, nous savons que Dieu est heureux du temps que nous lui accordons à ce moment-là. Le temps que nous consacrons à Dieu est la mesure de l’amour que nous avons pour lui.

 

Alors posons-nous la question : Dans ma journée, est-ce que j’accorde suffisamment de temps à Dieu ou bien mes priorités sont ailleurs au risque de finir un jour avec les cochons ?

 

Venons-en maintenant à notre second point : Le temps que nous consacrons à nos relations aux autres. Comment le fils ainé gère-t-il son temps ? Pour lui, le travail passe avant les relations. Il vit chez son père, mais pas avec son père. Même son frère est comme un étranger pour lui. À son retour, il l’ignore totalement et fait une grosse crise de jalousie. Il reproche même à son père de ne pas lui avoir donné un chevreau pour festoyer avec ses amis. Nous avons vu les qualités de cœur de ce père, on peut bien imaginer qu’il n’était pas à un chevreau prêt. Mais le fils ainé est resté dans une relation de droit et de dû.

 

La relation aux autres devrait pourtant être la préoccupation principale de sa vie et de la nôtre ! La plus belle chose que nous pouvons donner à une personne c’est de notre temps. On peut gagner plus d’argent, mais on ne peut pas gagner plus de temps. Lorsque nous donnons de notre temps à une personne, nous lui avons donné pour la vie ! On ne pourra jamais nous le rendre. Beaucoup d’hommes et de femmes consacrent énormément de temps à leur travail et peu à leurs enfants en se justifiant : « Je fais tout ça pour qu’ils ne manquent de rien plus tard ! » Mais leurs propres enfants se plaignent de leur absence, car ils ont plus besoin de relations que de sécurité matérielle !

 

Posons-nous donc cette seconde question : Est-ce que ma priorité est de prendre du temps dans mes relations avec les autres, ou bien est ce que je préfère me couper de la fête comme le fils ainé ?

 

En conclusion, nous pouvons décider pour la semaine à venir de consacrer un peu plus de temps à la prière personnelle, un vrai « câlin» avec le Bon Dieu. Si vous avez déjà l’habitude de prier, bravo, mais faites en un peu plus ! On ne priera jamais assez ! Et soyons particulièrement attentifs aux rencontres imprévues qui vont se présenter à nous. Si nous consacrons plus de temps pour Dieu et pour les autres pendant ce Carême, je suis sûr que de son côté, notre Père de Miséricorde prendra le temps de nous préparer quelques délices spirituels pour le festin de Pâques !

 

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 06:29

 

Jehan Rictus

Félix Valloton, Jehan-Rictus, in Remy de Gourmont, Le Livre des masques, vol. II, 1898

 

Le jeudi, c'est citation

 

Jehan Rictus, Les Soliloques du pauvre, 1897-1921

 

Je m’ dis : — Tout d’ même, si qu’y r’viendrait !

Qui ça ?... Ben quoi ! Vous savez bien,

Eul’ l’ trimardeur galiléen,

L’ Rouquin au cœur pus grand qu’ la Vie !

 

Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps ; par la miséricorde, libère-nous du péché, rassure-nous devant les épreuves en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l'avènement de Jésus Christ notre Sauveur.

Liturgie de la communion

 

Le Revenant

I

I

 

Des fois je m’ dis, lorsque j’ charrie

À douète... à gauche et sans savoir

Ma pauv’ bidoche en mal d’espoir,

Et quand j’ vois qu’ j’ai pas l’ droit d’ m’asseoir

Ou d’ roupiller dessus l’ trottoir

Ou l’ macadam de « ma » Patrie,

 

Je m’ dis : — Tout d’ même, si qu’y r’viendrait !

Qui ça ?... Ben quoi ! Vous savez bien,

Eul’ l’ trimardeur galiléen,

L’ Rouquin au cœur pus grand qu’ la Vie !

 

De quoi ? Ben, c’lui qui tout lardon

N’ se les roula pas dans d’ beaux langes

À caus’ que son double daron

Était si tell’ment purotain

 

Qu’y dut l’ fair’ pondr’ su’ du crottin

Comm’ ça à la dure, à la fraîche,

À preuv’ que la paill’ de sa crèche

Navigua dans la bouse de vache.

 

Si qu’y r’viendrait, l’Agneau sans tache ;

Si qu’y r’viendrait, l’ Bâtard de l’ Ange ?

C’lui qui pus tard s’ fit accrocher

À trent’-trois berg’s, en plein’ jeunesse

(Mêm’ qu’il est pas cor dépendu !),

Histoir’ de rach’ter ses frangins

Qui euss’ l’ont vendu et r’vendu ;

Car tout l’ monde en a tiré d’ l’or

D’pis Judas jusqu’à Grandmachin !

 

L’ gas dont l’ jacqu’ter y s’en allait

Comm’ qui eût dit un ruisseau d’ lait,

Mais qu’a tourné, qui s’a aigri

Comm’ le lait tourn’ dans eun’ crém’rie

Quand la crémière à ses anglais !

 

(La crémièr’, c’est l’Humanité

Qui n’ peut approcher d’ la Bonté

Sans qu’ cell’-ci, comm’ le lait, n’ s’aigrisse

Et n’ tourne aussitôt en malice !)

 

Si qu’y r’viendrait ! Si qu’y r’viendrait,

L’Homm’ Bleu qui marchait su’ la mer

Et qu’était la Foi en balade :

 

Lui qui pour tous les malheureux

Avait putôt sous l’ téton gauche

En façon d’ cœur... un Douloureux.

(Preuv’ qui guérissait les malades

Rien qu’à les voir dans l’ blanc des yeux,

C’ qui rendait les méd’cins furieux.)

 

L’ gas qu’en a fait du joli

Et qui pour les muffs de son temps

N’tait pas toujours des pus polis !

 

Car y disait à ses Apôtres :

— Aimez-vous ben les uns les autres,

Faut tous êt’ copains su’ la Terre,

Faudrait voir à c’ qu’y gn’ait pus d’ guerres

Et voir à n’ pus s’ buter dans l’ nez,

Autrement vous s’rez tous damnés.

 

Et pis encor :

— Malheur aux riches !

Heureux les poilus sans pognon,

Un chameau s’ enfil’rait ben mieux

Par le petit trou d’eune aiguille

Qu’un michet n’entrerait aux cieux !

 

L’ mec qu’était gobé par les femmes

(Au point qu’ c’en était scandaleux),

L’Homme aux beaux yeux, l’Homme aux beaux rêves

Eul’ l’ charpentier toujours en grève,

L’artiss’, le meneur, l’anarcho,

L’entrelardé d’ cambrioleurs

 

(Ça s’rait-y paradoxal ?)

L’ gas qu’a porté su’ sa dorsale

Eune aut’ croix qu’ la Légion d’Honneur !

 

II

 

Si qu’y r’viendrait, si qu’y r’viendrait !

Tout d’un coup... ji... en sans façons,

L’ modèl’ des méniss’s économes,

Lui qui gavait pus d’ cinq mille hommes

N’avec trois pains et sept poissons.

 

Si qu’y r’viendrait juste ed’ not’ temps

Quoi donc qu’y s’ mettrait dans l’ battant ?

Ah ! lui, dont à présent on s’ fout

(Surtout les ceuss qui dis’nt qu’ils l’aiment).

 

P’têt’ ben qu’y n’aurait qu’ du dégoût

Pour c’ qu’a produit son sacrifice,

Et qu’ cette fois-ci en bonn’ justice

L’aurait envie d’ nous fout’ des coups !

 

Si qu’y r’viendrait... si qu’y r’viendrait

Quéqu’ jour comm’ ça sans crier gare,

En douce, en pénars, en mariolle,

De Montsouris à Batignolles,

Nom d’un nom ! Qué coup d’ Trafalgar !

 

Devant cett’ figur’ d’honnête homme

Quoi y diraient nos négociants ?

(Lui qui bûchait su’ les marchands)

Et c’est l’ Pap’ qui s’rait affolé

Si des fois y pass’rait par Rome

 

(Le Pap’, qu’est pus riche que Crésus.)

J’en ai l’ frisson rien qu’ d’y penser.

Si pourtant qu’y r’viendrait Jésus,

 

Lui, et sa gueul’ de Désolé !

 

II

III

 

Eh ben ! moi... hier, j’ l’ai rencontré

Après menuit, au coin d’eun’ rue,

Incognito comm’ les passants

Des tifs d’argent dans sa perrugue

Et pour un Guieu qui s’ paye eun’ fugue

Y n’était pas resplendissant !

 

Y n’est v’nu su’ moi et j’y ai dit :

— Bonsoir... te v’là ? Comment, c’est toi ?

Comme on s’ rencontr’... n’en v’là d’eun’ chance !

Tu m’épat’s... t’es sorti d’ ta Croix ?

Ça n’a pas dû êt’ très facile...

Ben... ça fait rien, va, malgré l’ foid,

Malgré que j’ soye sans domicile,

J’ suis content d’ fair’ ta connaissance

 

— C’est vraiment toi... gn’a pas d’erreur !

Bon sang d’ bon sang... n’en v’là d’eun’ tuile !

Qué chahut d’main dans Paris !

Oh ! là là, qué bouzin d’ voleurs :

Les jornaux vont s’ vend’ par cent mille !

— Eud’mandez : « Le R’tour d’ Jésus-Christ ! »

— Faut voir : « L’Arrivée du Sauveur !!! »

 

— Ho ! tas d’ gouapeurs ! Hé pauv’s morues,

Sentinell’s des miséricordes,

Vous savez pas, vous savez pas ?

(Gn’a d’ quoi se l’esstraire et s’ la morde !)

 

Rappliquez chaud ! Gn’a l’ fils de Dieu

Qui vient d’ déringoler des cieux

Et qui comme aut’fois est sans pieu,

Su’ l’ pavé... quoi... sans feu ni lieu

Comm’ nous les muffs, comm’ vous les grues !!!

 

— (Chut ! fermons ça... v’là les agents !)

T’entends leur pas... intelligent ?

Y s’ charg’raient d’ nous trouver eun’ turne.

(Viens par ici... pet ! crucifié.)

Tu sais... faurait pas nous y fier.

Déjà dans l’ squar’ des Oliviers,

Tu as fait du tapag’ nocturne ;

 

— Aujord’hui... ça s’rait l’ mêm’ tabac,

Autrement dit, la même histoire,

Et je n’ te crois pus l’estomac

De r’subir la scèn’ du Prétoire !

— Viens ! que j’ te r’garde... ah ! comm’ t’es blanc.

Ah ! comm’ t’es pâl’... comm’ t’as l’air triste.

(T’as tout à fait l’air d’un artiste !

D’un d’ ces poireaux qui font des vers

Malgré les conseils les pus sages,

Et qu’ les borgeois guign’nt de travers,

Jusqu’à c’ qu’y fass’nt un rich’ mariage !)

 

— Ah ! comm’ t’es pâle... ah ! comm’ t’es blanc,

Tu guerlott’s, tu dis rien... tu trembles.

(T’ as pas bouffé, sûr... ni dormi !)

Pauv’ vieux, va... si qu’on s’rait amis

Veux-tu qu’on s’assoye su’ un banc,

Ou veux-tu qu’on balade ensemble...

 

— Ah ! comm’ t’ es pâle... ah ! comm’ t’ es blanc,

T’ as toujours ton coup d’ lingue au flanc ?

De quoi... a saign’nt encor tes plaies ?

Et tes mains... tes pauv’s mains trouées

Qui c’est qui les a déclouées ?

Et tes pauv’s pieds nus su’ l’ bitume,

Tes pieds à jour... percés au fer,

Tes pieds crevés font courant d’air,

Et tu vas chopper un bon rhume !

 

— Ah ! comm’ t’ es pâle... ah ! comm’ t’ es blanc,

Sais-tu qu’ t’ as l’air d’un Revenant,

Ou d’un clair de lune en tournée ?

T’ es maigre et t’ es dégingandé,

Tu d’vais êt’ comm’ ça en Judée

Au temps où tu t’ proclamais Roi !

À présent t’ es comme en farine.

Tu dois t’en aller d’ la poitrine

Ou ben... c’est ell’ qui s’en va d’ toi !

 

— Quéqu’ tu viens fair’ ? T’ es pas marteau ?

D’où c’est qu’ t’ es v’nu ? D’en bas, d’en haut ?

Quelle est la rout’ que t’ as suivie ?

C’est-y qu’ tu r’commenc’rais ta Vie ?

Es-tu v’nu sercher du cravail ?

(Ben... t’ as pas d’ vein’, car en c’ moment,

Mon vieux, rien n’ va dans l’ bâtiment) ;

(Pis, tu sauras qu’ su’ nos chantiers

On veut pus voir les étrangers !)

 

— Quoi tu pens’s de not’ Société ?

Des becs de gaz... des électriques.

Ho ! N’en v’là des temps héroïques !

Voyons ? Cause un peu ? Tu dis rien !

T’ es là comme un paquet d’ rancœurs.

T’ es muet ? T’ es bouché, t’ es aveugle ?

Yaou... ! T’ entends pas ce hurlement ?

C’est l’ cri des chiens d’ fer, des r’morqueurs,

C’est l’ cri d’ l’Usine en mal d’enfant,

 

C’est l’ Désespoir présent qui beugle !

 

IV

 

— Ed’ ton temps, c’était comme aujord’hui ?

Quand un gas tombait dans la pure

Est-c’ qu’on l’ laissait crever la nuit

Sans pèz’, sans rif et sans toiture ?

 

— (Pass’ que maint’nant gn’a du progrès,

Ainsi quand gn’a trop d’ vagabonds

Ben on les transmet au Gabon.)

Ceux d’ bon gré et ceux d’ mauvais gré

Et ceuss comm’ toi qu’ont la manie

D’ trouver que l’ monde est routinier,

Ben on les fout dans l’ mêm’ pagnier.

(Dam ! le Français est casanier,

Faut ben meubler les colonies !)

 

— On parle encor de toi, tu sais !

Voui on en parle en abondance,

On s’ fait ta tête et on s’ la paie,

T’ es à la roue... t’ es au théâtre,

On t’ met en vers et en musique,

T’ es d’venu un objet d’ Guignol,

(Ça, ça veut dir’ qu’ tu as la guigne.)

 

— Ousqu’il est ton ami Lazare ?

Et Simon Pierre ? Et tes copains...

Et Judas qui bouffait ton pain

Tout en t’ vendant comme au bazar ?

Et tes frangins et ta daronne

Et ton dab, qu’était ben jean-jean !

 

Te v’là, t’es seul ! On t’abandonne !

 

— Et Mad’leine... ousqu’alle est passée ?

(Ah ! pauv’ Mad’leine... pauv’ défleurie,

Elle et ses beaux nénés tremblants,

Criant pitié, miaulant misère,

Ses pauv’s tétons en pomm’s d’amour

Qu’ étaient aussi deux poir’s d’angoisse

Qu’on s’ s’rait ben foutu dans l’ clapet.)

 

— C’était la paix, c’était la Vie.

Ah ! tout fout l’ camp et vrai, ma foi,

T’ aurais mieux fait d’ te mett’ en croix

Contr’ son ventr’ nu... contr’ sa poitrine,

Ces dardés-là t’euss’nt pas blessé,

Sûr t’aurais mieux fait... d’ l’embrasser :

A n’avait un pépin pour toi !

 

V

 

Ah ! Généreux !... ah ! Bien-aimé,

Tout ton monde y s’a défilé

Et comm’ jadis, au Golgotha :

Eli lamma Sabacthani,

Ou n, i, ni c’est ben fini.

 

Eh ! blanc youpin... eh ! pauv’ raté !

Tout ton Œuvre il a avorté

Toi, ton Étoile et ta Colombe

Déringol’nt dans l’éternité ;

Tu dois en avoir d’ l’amertume.

Même à présent quand la neig’ tombe :

 

(On croirait tes Ang’s qui s’ déplument !)

 

Là, là, mon pauv’ vieux, qué désastre !

Gn’en a pas d’ pareil sous les astres,

Et faut qu’ ça soye moi qui voye ça ?

Et dir’ que nous v’là toi z’et moi,

Des bouff-la-guign’, des citoyens

Qu’ ont pas l’ moyen d’avoir d’ moyens.

 

Et que j’ suis là, moi, bon couillon,

À t’ causer... à t’ fair’ du chagrin,

Et que j’ sens qu’ tu vas défaillir

Et que j’ai mêm’ rien à t’offrir,

Pas un verre... un bol de bouillon !

 

Ohé, les beaux messieurs et dames

Qui poireautez dans les Mad’leines,

Curés, évêques, sacristains,

Maçons, protestants, tout’ la clique,

Maqu’reaux d’ vot’ Dieu, hé ! catholiques,

Envoyez-nous un bout d’hostie :

 

G’na Jésus-Christ qui meurt de faim !

 

VI

 

— Et pourtant, vrai, c’ qu’on caus’ de toi !

(Ah ! faut voir ça dans les églises,

Dans les jornaux, dans les bouquins !)

Tout l’ monde y bouff’ de ton cadavre

(Mêm’ les ceuss qui t’en veul’nt le plus !)

 

Sous la meilleur’ des Républiques

Gn’en a qu’ ont voulu t’ décrocher,

D’aut’s inaugur’nt des basiliques

Où tu peux seul’ment pas coucher.

 

— Et tout ça s’ passe en du clabaud !

Et quand y faut payer d’ sa peau,

Quand faut imiter l’ Fils de l’Homme,

Oh ! là, là, gn’a rien d’ fait... des pommes !

 

Les sentiments sont vit’ bouclés,

À la r’voyure, un tour de clé !

Les uns y z’ont les pieds nick’lés,

Les aut’s y les ont en dentelles !

 

— (Toi au moins t’ étais un sincère,

Tu marchais... tu marchais toujours ;

(Ah ! cœur amoureux, cœur amer)

Tu marchais mêm’ dessur la mer

Et t’ as marché... jusqu’au Calvaire !)

 

— Et dir’ que nous v’là dans les rues

(Moi, passe encor, mais toi ! oh ! toi !)

Et nous somm’s pas si loin d’ Noël ;

T’es presque à poils comme autrefois,

Tout près du jour où ta venue

Troublait les luisants et les Rois !

 

Ah ! mes souv’nirs... ah ! mon enfance

(Qui s’est putôt mal terminée),

Mes ribouis dans la cheminée,

Mes mirlitons... mes joujoux d’ bois !

 

— Ah ! mes prièr’s... ah ! mes croyances !

— Mais ! gn’a donc pus rien dans le ciel !

 

—  Sûr ! gn’a pus rien ! Quelle infortune !

(J’ suis mêm’ pas sûr qu’y ait cor la Lune.)

Sûr ! gn’a pus rien, mêm’ que peut-être

Y gn’a jamais, jamais rien eu...

 

VII

 

Mais à présent... quoi qu’ tu vas foutre ?

Fair’ des bagots... ou ben encor

Aux Hall’s... décharger les primeurs !

(N’ va pas chez Drumont on t’ bouff’rait)

Après tout, tu n’étais qu’un youtre !

 

— Si j’ te servais tes Paraboles !

 

Heureux les Simpl’s, heureux les Pauvres,

Eul’ Royaum’ des Cieux est à euss.

 

— (C’est avec ça qu’on nous empaume,

Qu’on s’ cal’ des briqu’s et des moellons)

Ben, tu sais, j’ m’en fous d’ ton Royaume ;

J’am’rais ben mieux des patalons

Eun’ soupe, eun’ niche et d’ l’amitié.

 

(Car quoiqu’ t’ ay’ ben fait ton métier

Toi, ton grand cœur et ta pitié,

N’empêch’nt pas d’avoir foid aux pieds !)

 

— Ainsi arr’gard’ les masons closes

Où roupill’nt ceuss’ qui croient en Toi.

Sûr qu’ t’es là, su’ des bénitiers

Dans les piaul’s... à la têt’ des pieux ;

Crois-tu qu’un seul de ces genss’ pieux

Vourait t’abriter sous son toit ?

 

VIII

 

Ah ! toi qu’on dit l’Emp’reur des Pauvres

Ben ton règne il est arrivé.

Tu d’vais r’venir, tu l’as promis,

Assis su’ ton trône et « plein d’ gloire »

Avec les Justes à ta droite ;

Et te v’là seul dans la nuit noire

Comm’ un diab’ qu’est sorti d’ sa boîte !

Sais-tu seul’ment où est ta gauche ?

 

Oh ! voui t’es là d’pis deux mille ans

Su’ un bout d’ bois t’ouvr’ tes bras blancs

Comme un oiseau qu’ écart’ les ailes,

Tes bras ouverts ouvrent... le ciel

Mais bouch’nt l’espoir de mieux bouffer

Aux gas qui n’ croient pus qu’à la Terre.

 

Oh ! oui t’es là, t’ouvr’ tes bras blancs

Et vrai d’pis Y temps qu’on t’a figé

C’ que t’en as vu des affligés,

Des fous, des sag’s ou des d’moiselles

Combien d’ mains s’ sont tendues vers toi

Sans qu’ t’aye pipé, sans qu’ t’aye bronché !

 

Avoue-le va... t’ es impuissant,

Tu clos tes châss’s, t’ as pas d’ scrupules,

Tu protèg’s avec l’ mêm’ sang-froid

L’ sommeil des Bons et des Crapules.

Et quand on perd quéqu’un qu’on aime,

Tu décor’s, mais tu consol’s pas.

 

Ah ! rien n’ t’émeut, va, ouvr’ les bras,

Prends ton essor et n’ reviens pas ;

T’ es l’Étendard des sans-courage,

T’ es l’Albatros du Grand Naufrage,

T’ es le Goëland du Malheur !

 

IX

 

Quiens ! ôt’-toi d’ là et prends ta course,

Débin’, cavale ou tu vas voir,

 

Aussi vrai qu’ j’ai un nom d’ baptême

Et qu’ nous v’là tous deux dans la boue,

Aussi vrai que j’ suis qu’eun’ vadrouille,

Un bat-la-crève, un fout-la-faim

Et toi un Guieu magasin d’ giffes.

 

Ej’ m’en vas t’ buter dans la tronche,

J’ vas t’ boulotter la pomm’ d’Adam,

J’ m’en vas t’ rincer, gare à ta peau !

 

En v’là assez... j’ m’en vas t’ saigner.

J’ai soupé, moi, des Résignés

J’ai mon blot des Idéalisses !

 

— Arrière, arrièr’, n’ va pas pus loin !

Un moment vient où tout s’ fait vieux,

Où les pus bell’s chos’s perd’nt leurs charmes :

 

(Oh ! v’là qu’ tu pleur’s, et des vraies larmes !

Tout va s’écrouler, nom de Dieu !)

 

— Ah ! je m’ gondole... ah ! je m’ dandine...

Rien n’ s’écroule, y aura pas d’ débâcle ;

Eh l’Homme à la puissance divine !

Eh ! fils de Dieu ! fais un miracle !

 

X

 

— Et Jésus-Christ s’en est allé

Sans un mot qui pût m’ consoler,

Avec eun’ gueul’ si retournée

Et des mirett’s si désolées

Que j’ m’en souviendrai tout’ ma vie.

 

Et à c’ moment-là, le jour vint

Et j’ m’aperçus que l’Homm’ Divin..

C’était moi, que j’ m’étais collé

D’vant l’ miroitant d’un marchand d’ vins !

 

On perd son temps à s’engueuler...

 

III

Il suffit d’un Homme pour

changer la face du monde.

J. R.

 

XI

 

Mais ça fait rien si qu’y r’viendrait

Quéqu’ nuit d’Hiver quand l’ frio semble

Fair’ péter pavés et carreaux

(Mais durcir les cœurs les pus tendres),

Et g’ler les pleurs aux cils qui tremblent,

Si qu’y planquait son blanc mensonge

Quéqu’ nuit autour d’un brasero !

 

Ça s’rait p’têt’ moi qui yi dirait

Les mots qui s’raient l’ pus nécessaire

Et ça s’rait p’têt’ ben moi qui s’rait

L’ pus au courant d’ sa grand’ misère,

Ça s’rait p’ têt’ moi qui l’ consol’rais...

 

— Ah ! qu’ j’y crierais, n’ va pas pus loin,

A branl’nt dans l’ manch’ tes cathédrales ;

N’ va pas pus loin, n’ va pas pus loin,

Ton pat’lin bleu est cor pus vide

Qu’ nos péritoin’s réunis.

Ah ! enfonc’-toi les poings dans l’ bide

Jusqu’à la colonn’ vertébrale !

 

— Arrière, arrièr’, n’ va pas pus loin !

Ou n’ viens qu’ la s’main’ des quat’-jeudis

Car tu r’trouv’rais tes Ponce-Pilate

Présent en limace écarlate,

Trempée dans l’ sang des raccourcis !

 

— Arrière, arrièr’, n’ va pas pus loin !

(Car l’Iscariot a fait des p’tits)

Tu pourrais pus confier ta peine

Qu’aux grands torchons ou... à la Seine.

 

T’ as cru à l’Homm’ toi, ma pauv’ vieille ?

Ah ben ! tu sais, moi je n’ sais pus !

{Ventre affamé n’a pas d’oreilles

Et les vent’s pleins n’en ont pas plus !)

 

XII

 

— Pleur’ ! Pleure encor, pleur’ tout’s tes r’ssources

(Comm’ pleur’ le gas qui n’ peut payer

Son enterr’ment ou son loyer).

Qu’ tes trous à voir d’vienn’nt deux gross’s sources

Et qu’ l’Univers en soye noyé !

 

— Pleur’ ! pleure encore et sois béni,

Ta banq’ d’amour a fait faillite

Coffret d’ sanglots, boîte à génie.

 

Ah ! le beau rêv’ que t’ as conté.

Ton Paradis ? La belle histoire

Sans c’te vach’ de Réalité :

 

— T’ étais l’ pus pauv’ d’entre les Hommes

Car tu sentais qu’ tu pouvais rien

Contre leur débine indurée :

 

(Or comm’ les Pauv’s n’ont d’aut’ moyen

Pour bouffer un peu leur chagrin

Que d’ se réciter leur détresse

Ou d’en dir’ du mal à part eux

Et rêvasser quéqu’ chose de mieux

Pour le surlend’main des lend’mains)

 

— Toi, t’ as voulu sécher d’un coup

Le très vieux cancer des Humains

Et pour ça leur en faire accroire...

Ton Paradis ? la belle histoire !

Et tu leur aimantas les yeux

Vers le vide enivrant des cieux

Qui dans ton pat’lin sont si bleus !

 

(Ton Paradis ? Eh ben ! c’était

Un soliloque de malheureux !)

 

XIII

 

— Ah ! sors-toi l’ cœur, va, pauv’ panné,

Ton cœur de pâle illuminé,

Au lieur d’histoir’s à la guimauve

Hurle ta peine à plein gosier.

 

— Pisqu’y gn’a pus personn’ qui t’aime

Et qu’ te v’là comme abandonné

Le cul su’ ta Mason ruinée,

Sors-moi ton cœur désordonné

Lui qui n’a su que pardonner,

Tremp’-le dans la boue et dans l’ sang

Et dans ton poing qu’y d’vienne eun’ fronde

Et fous-le su’ la gueule au monde

Y t’en s’ra p’têt’ reconnaissant !

 

(T’ en as déjà donné l’exemple

Mais d’puis... l’a passé d’ l’eau sous l’ pont)

Faut rester l’ gas au coup d’ tampon

Qui boxait les marchands du Temple !

 

— Chacun a la Justice en lui,

Chacun a la Beauté en lui,

Chacun a la Force en lui-même,

L’Homme est tout seul dans l’Univers,

Oh ! oui, ben seul et c’est sa gloire,

 

Car y n’a qu’ deux yeux pour tout voir.

 

Le Ciel, la Terre et les Étoiles

Sont prisonniers d’ ses cils en pleurs.

Y n’ peut donc compter qu’ su’ lui-même.

J’ m’en vas m’ remuer, qu’ chacun m’imite,

C’est là qu’est la clef du Problème,

L’Homm’ doit êt’ son Maître et son Dieu !

 

XIV

 

— Quiens ! V’là l’ Souriant en flanquet bleu,

V’là l’ coq qui crach’ son vieux catarrhe

Comme au matin d’ ton agonie

Alors que Pierr’ copiait Judas

 

(Tu vois c’te bête alle a s’en fout

A sonn’ la diane de la Vie,

La Vie qui n’ meurt pas comm’ les Dieux !)

 

— Viens çà un peu que j’ te délie

Et que j’ t’aide à sortir tes clous

(Eustach’s pour qui qui nous touch’ra)

 

Viens avec moi par les Faubourgs,

Par les mines, par les usines

On ballad’ra su’ les Patries

Où tes frangins sont cor à g’noux

(Car c’est toi qui les y a mis !)

 

Faut à présent leur prend’ les pattes,

Les aider à se r’mett’ debout,

Y faut secouer au cœur des Hommes

Le Dieu qui pionc’ dans chacun d’ nous !

 

XV

 

Ou ben alorss si tu peux pas,

Si tu n’as pus rien dans les moëlles,

[Retourn’ chez l’Accrocheur d’Étoiles]

Remont’ là-haut ! Va dire au Père,

À celui qui t’a envoyé,

Quéqu’ chos’ qu’aurait l’air d’eun’ prière

Qui s’rait d’ not’ temps, eh ! crucifié.

 

XVI

 

Notre dab qu’on dit aux cieux,

 

(C’est y qu’on n’ pourrait pas s’entendre !)

 

Notre daron qui êt’s si loin

Si aveug’, si sourd et si vieux,

 

(C’est y qu’on n’ pourrait pas s’entendre !)

 

Que Notre effort soit sanctifié,

Que Notre Règne arrive

 

À Nous les Pauvr’s d’pis si longtemps,

 

(C’est y qu’on n’ pourrait pas s’entendre !)

 

Su’ la Terre où nous souffrons

Où l’on nous a crucifiés

Ben pus longtemps que vot’ pauv’ fieu

Qu’a d’jà voulu nous dessaler.

 

(C’est y qu’on n’ pourrait pas s’entendre !)

 

Que Notre volonté soit faite

Car on vourait le Monde en fête,

D’ la vraie Justice et d’ la Bonté,

 

(C’est y qu’on n’ pourrait pas s’entendre !)

 

Donnez-nous tous les jours l’ brich’ton régulier

(Autrement nous tâch’rons d’ le prendre) ;

Fait’s qu’un gas qui meurt de misère

Soye pus qu’un cas très singulier.

 

(C’est y qu’on n’ pourrait pas s’entendre !)

 

Donnez-nous l’ poil et la fierté

Et l’estomac de nous défendre,

 

(Des fois qu’on pourrait pas s’entendre !)

 

Pardonnez-nous les offenses

Que l’on nous fait et qu’on laiss’ faire

Et ne nous laissez pas succomber à la tentation

De nous endormir dans la misère

Et délivrez-nous de la douleur

(Ainsi soit-il !)

 

*

 

Cette page s'inscrit dans les siècles des siècles. On pourra lire en regard ce qui est de maintenant : Le thérondelle_18 – From Russia with Love, Le thérondelle_19 – вокру́г самовара (à paraître ce dimanche 17 février).

 

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 23:01

 
Ouvrage
Adolf Hitler, Mon combat, traduction intégrale de "Mein Kampf" par J. Gaudefroy-Demombynes et A. Calmettes, Nouvelles Editions Latines, 1934

 

 

Edouard Molinaro, Au bon beurre, 1981 (d'après le roman de Jean Dutourd, 1952)

Le bercement du rail au temps des vrais chemins de fer.

À 4'45", une autre berceuse se fait entendre.

_ Et Hitler, vous pensez que c'est aussi un grand ami de la France ?
_ Oh, j'en suis convaincu, Monsieur.
_ Mais alors, vous n'avez pas lu Mein Kampf ! Parce que dans Mein Kampf, Hitler, la France, y s'la fout au cul !

Le rôle que la France, aiguillonnée par sa soif de vengeance et systématiquement guidée par les Juifs, joue aujourd'hui en Europe, est un péché contre l'existence de l'humanité blanche et déchaînera un jour contre ce peuple tous les esprits vengeurs d'une génération qui aura reconnu dans la pollution des races le péché héréditaire de l'humanité.

Considérant que la France est le principal obstacle au succès de son plan, il annonce : « Ces résultats ne seront atteints ni par des prières au Seigneur, ni par des discours, ni par des négociations à Genève. Ils doivent l'être par une guerre sanglante. »

 Adolf Hitler, im Atelier, 1927, Deutsches Bundesarchiv
Adolf Hitler, im Atelier, 1927, Deutsches Bundesarchiv

Une heureuse prédestination m'a fait naître à Braunau am Inn, bourgade située précisément à la frontière de ces deux Etats allemands dont la nouvelle fusion nous apparaît comme la tâche essentielle de notre vie, à poursuivre par tous les moyens.

 Adolf Hitler als Kleinkind, ca 1889, Deutsches Bundesarchiv
Adolf Hitler als Kleinkind, ca 1889, Deutsches Bundesarchiv

Le poupon a déjà l'œil vif et la mèche rebelle du visionnaire.

 Adolf Hitler avec deux enfants
Il a toujours beaucoup aimé les enfants.

Arrivé à l'âge de la conscience, à trois ans, selon lui, il se lance dans des études d'architecture - il a toujours beaucoup aimé l'architecture -, et le dessin d'architecture – il a toujours beaucoup aimé le dessin. Voyez ces ruines – il a toujours beaucoup aimé les ruines.

 Adolf Hitler, Ruines d'un cloître à Messines, ca 1914
Adolf Hitler, Ruines d'un cloître à Messines, ca 1914

Et ce pont admirable, en ruines, où il se serait représenté, rêveur jeune homme ! Hélas, l'œuvre millénaire est seulement « attribuée à », les Juifs, les Juifs toujours recommencés...

 Adolf Hitler, aquarelle, ca 1910
Adolf Hitler, aquarelle, ca 1910

 Adolf Hitler, détail
Adolf Hitler, aquarelle, détail, ca 1910

Le génie précoce trop précoce s'en est allé le 30 avril 1945. Il a été incinéré.

Son mausolée, tendu de lin des Vosges - il a toujours beaucoup aimé le lin bleu des Vosges -, est vénéré par les foules.

 Christo et Jeanne-Claude, Reichstag emballé, 1995 700
Christo et Jeanne-Claude, Reichstag emballé, 1995

 

 

Ecoutez une fois encore son message de paix.
 


Charlie Chaplin, Le Dictateur, Discours d'Hynkel, 1940

 

 

Un profond désir de.

 

Lefires, imitateur de Joseph Pujol, le pétomane du Moulin Rouge, 1903

 


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Einsatzgruppen  1 000 000   卐   Arbeit Macht Frei

Auschwitz-Birkenau  1 100 000   卐   Arbeit Macht Frei

Belzec  550 000   卐   Arbeit Macht Frei
Chełmno  153 000   卐   Arbeit Macht Frei
Dachau  30 000   卐   Arbeit Macht Frei
Jasenovac  85 000   卐   Arbeit Macht Frei
Majdanek  78 000   卐   Arbeit Macht Frei
Sobibor  250 000   卐   Arbeit Macht Frei
Treblinka  1 200 000   卐   Arbeit Macht Frei

 

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