Lou

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  • : Un bloc-notes sur la toile. * Lou, fils naturel de Cléo, est né le 21 mai 2002 († 30 avril 2004).

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Survival

 

Uncontacted tribes

 

Un lien en un clic sur les images.

1 janvier 2017 7 01 /01 /janvier /2017 01:15
Au comptoir_05 – en croisière

_ salut, les p'tits godets, salut Mimile ! toujou dans l'mille ?

_ salut Popol ! no t'attendait a'c Bébert, Dédé, Gégène, Juju, Riri, et un blanc cass' ! a'c eul z'olives.

_ de c't'heure, vous êtes v'nus a'c les fumelles et les chiards !

_ et Momone ! c'était comme ça et pas aut'ment qu'a dit Lou.

_ qu'ien, v'là l'z'invités ! Camarade Des Pas Perdus de la Butte !

_ Salut, la compagnie !

_ Dame Yueyin des Arpents de Neige et Mr Kiki du Kikimundo !

_ Bonjour, bonjour le terroir !

_ Conte Jimidi du Village de l'Ile de Beauté !

_ ♪♫♪ Tourni tournicoti, tourni tournicoton ♪♫♪

_ Seigneur Bab El Ouest des Landes !

_ Le tirage au sort est-il la panacée ?

_ Frère Patrick de l'Enfant Jésus et Maistre Jacky de la Musique Avant Toute Chose !

_ Hommage à vous tous !

_ c'est pô l'tout de c't'affaire, mais qui qu'no fait de c't'heure à midi ?

_ Lou a dit midi, qu'ien, le v'là !

_ Chers amis ! Partons ! Notre carrosse nous attend devant la porte.

Au comptoir_05 – en croisière

_ Sans le moindre bagage ? Monsieur Mimile nous a dit : sans bagage !

_ Tout est prévu. Trousseau pour chacun, trousseaux pour tous ! Salle de bains ! Notre marmiton est aux fourneaux. Embarquons !

_ Vous pouvez vous rafraîchir dans la salle d'eau avant le déjeuner, mais à toute gente dame, tout honneur ! Momone, nos accompagnateurs vont vous mener au bain...

_ c'est point l'heure !

_ … Allons !

 

Dans le salon bleu et or, on sert un verre de Lillet en apéritif, puis on passe à table : truite du gave, isard aux cerises, légumes du jardin cuits à la japonaise, et une salade verte avant les fruits et les fromages. Les vins sont soigneusement choisis en fonction de chaque mets et la délicatesse du gibier en sauce aigre-douce s'accompagne d'un rare Tavel.

Au jardin japonais passionnément entretenu depuis de nombreuses années, on goûte un très vieil et excellent Armagnac.

 

_ Nous partons pour Antibes ! En chemin, vous pourrez vous reposer, partager des jeux de société ou voir de belles images.

Combe de Gers, AC/DC, Highway to Hell

 

_ Antibes ! Les amis ! Notre yacht nous attend pour une croisière du nouvel an.

Au comptoir_05 – en croisière

_ Installez-vous, vos cabines sont prêtes, nous dînerons en mer.

_ tudju, c'est ben arrangé c't'e programme !

 

Le maître queux est à l'œuvre. Un caviar de la Neva et des blinis encore chauds sur leurs serviettes, suivis d'un potage royal Saint-Germain, d'un suprême de sole au château d'Yquem, de cailles sous la cendre, d'un carré d'agneau Edouard VII, d'un riz à la grecque, de morilles, de fonds d'artichauts florentine et d'une salade Danicheff, d'une bombe glacée et de fruits variés – le tout allé avec les crus les plus fins.

 

_ Bientôt minuit ! C'est le temps des bonnes résolutions.

_ Camarade Des Pas Perdus de la Butte ?

_ Je prends la résolution de faire toutes mes provisions le dimanche pour contribuer à la non-décroissance de notre économie et à la non-faillite de notre Pôle Emploi.

_ Dame Yueyin des Arpents de Neige ?

_ Je prends la résolution de ne plus acheter davantage de livres que je ne mange de chocolats.

_ Mr Kiki du Kikimundo ?

_ Je prends la résolution de ne prendre aucune résolution.

_ Conte Jimidi du Village de l'Ile de Beauté ?

_ Je prends la résolution de ne plus chercher la quadrature du cercle.

_ Seigneur Bab El Ouest des Landes ?

_ Je prends la résolution de confier à Momone la constitution de la VIe République.

_ Frère Patrick de l'Enfant Jésus et Maistre Jacky de la Musique Avant Toute Chose ?

_ Nous prenons la résolution de réfléchir avant de dire des âneries.

_ La fin approche !

 

_ Minuit ! Bonne année à tous ! On festoie, on chante, on danse !

 

* * * * * BONNE ANNEE 2017 ! * * * * *

 

- - -

 

Au comptoir_01 – ça va changer

http://www.libellus-libellus.fr/2015/12/au-comptoir-01-ca-va-changer.html

 

Au comptoir_02 – 2016, année du changement

http://www.libellus-libellus.fr/2016/01/au-comptoir-02-2016-annee-du-changement.html

 

Au comptoir_03 – l'année du maqu'reau, une moqu'rie

http://www.libellus-libellus.fr/2016/06/au-comptoir-03-l-annee-du-maqu-reau-une-moqu-rie.html

 

Au comptoir_04 – à tribord toute

http://www.libellus-libellus.fr/2016/10/au-comptoir_04-a-tribord-toute.html

 

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25 décembre 2016 7 25 /12 /décembre /2016 01:15

Chantons Noël !

Johann Sebastian Bach, Messe en si mineur, Sanctus, Gundula Janowitz, sopran, Hertha Töpper, alt, Horst R. Laubenthal, tenor, Hermann Prey, baß – Münchener Bach-Chor und Orchester, dir. Karl Richter, Stiftskirche, Dießen am Ammersee, 1969 – le Sanctus a été composé pour le jour de Noël 1724.

 

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11 décembre 2016 7 11 /12 /décembre /2016 01:15
Hommage à Patrick Szymanek & Jacky Muchery, peintres d'aujourd'hui

Patrick Szymanek, Hommage à Louise de Bourbon, 28e abbesse de l'abbaye de Fontevraud, encre sur papier, 2012, Collection particulière

Hommage à Patrick Szymanek & Jacky Muchery, peintres d'aujourd'hui

Patrick Szymanek, Le salon parisien, encre sur papier, 2014, Collection particulière

Hommage à Patrick Szymanek & Jacky Muchery, peintres d'aujourd'hui

Patrick Szymanek, Collégiale de Oiron, encre sur papier, 2015, Collection particulière

Hommage à Patrick Szymanek & Jacky Muchery, peintres d'aujourd'hui

Patrick Szymanek, Sainte Thérèse de Lisieux, encre sur papier, 2015, Collection particulière

Hommage à Patrick Szymanek & Jacky Muchery, peintres d'aujourd'hui

Patrick Szymanek, Le chat à la fenêtre, Hommage à Balthus, encre sur papier, 2016, Collection particulière

 

Patrick Szymanek est né à Briey, en Meurthe-et-Moselle, d'un père polonais et d'une mère italienne. Il apprécie l'union entre les peuples et les migrations comme une richesse pour tous. Il dessine depuis toujours. Après avoir travaillé dans le domaine de la gestion d'entreprise – le goût des chiffres, dit-il –, il s'est retiré à Thouars, dans une maison de la ville ancienne, où il se consacre à son art, aux plantes de son petit jardin et à la cuisine. Il a exposé à Tours, notamment à L'Imprimerie en 2015.

Il aime la cuisine indienne, et tout également celle du terroir français. Son velouté se compose de cinq carottes, un navet, deux oignons, un butternut, quatre tomates séchées et autant de courgettes : faire revenir tous les légumes dans de l'huile d'olive puis ajouter un peu d'eau sans recouvrir les légumes, cuire à feu doux sous un couvercle.

 

Ses personnages historiques sont souvent à son image, une image déformée jusqu'à la caricature. Le trait hésitant est calculé, contrôlé, maîtrisé : le parfait ne serait pas le beau. Il veille à l'harmonie des couleurs, comme dans Le chat à la fenêtre, où le chat jaune-roux s'allie au mur d'en face et à la cheminée.

Hommage à Patrick Szymanek & Jacky Muchery, peintres d'aujourd'hui

Jacky Muchery, Petite étude musicale, souvenir de la méthode rose, le carvanal de Venise, acrylique sur toile, 2016, Collection particulière

Hommage à Patrick Szymanek & Jacky Muchery, peintres d'aujourd'hui

Jacky Muchery, Musique VI, acrylique sur toile, 2016, Collection particulière

 

Jacky Muchery est né à Somain, dans le Nord. Ses études et ses prix lui ont valu de devenir professeur de piano au Conservatoire de Tours puis de fonder, dans la même ville, sa propre école où il enseigne le clavecin, le piano et le chant. Ancien disciple de Marinette Mathieu, elle-même élève notamment d'Alfred Manessier et d'Albert Marquet et à laquelle il voue une profonde admiration, il a commencé à peindre à l'âge de vingt-trois ans. Le dimanche, il tient un magasin d'antiquités et d'objets anciens à Thouars.

Hommage à Patrick Szymanek & Jacky Muchery, peintres d'aujourd'hui

Une sonate de Franz Schubert évoque pour lui le souvenir d'une rencontre...

Franz Schubert, Sonate en la majeur, D. 959, second mouvement, andantino, Alfred Brendel, piano

 

Jacky Muchery est un musicien-peintre, un peu comme un Daniel Humair.

 

- - -

 

On pourra voir d'autres œuvres des deux artistes sur Ausgezeichnet.

 

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5 décembre 2016 1 05 /12 /décembre /2016 01:15

Varg est l'un des mots qui désignent le loup en norvégien.

Gunnar Staalesen, L'enfant qui criait au loup – un roman noir

Gunnar Staalesen, L'enfant qui criait au loup, Une enquête de Varg Veum, le privé norvégien (Dødsen drabanter, Gyldendal Norsk Forlag, 2006), traduit du norvégien par Alex Fouillet, Gaïa Editions, 2014 – Gallimard, Folio Policier, 2016, photo de couverture : © Southern Lightscapes, Australia / Getty Images (détail)

Gunnar Staalesen, L'enfant qui criait au loup – un roman noir

Gunnar Staalesen est né à Bergen, Norvège, en 1947. Il fait des études de philologie avant de créer en 1975 le personnage de Varg Veum qu’il suivra dans une bonne quinzaine de romans policiers à ce jour.

Ses thèmes de prédilection via son personnage de privé, chaque fois impliqué plus qu’il ne le voudrait dans des affaires qui le burinent et le blessent sans jamais le blinder, demeurent l’effondrement du rêve social démocrate, les désillusions du mariage et la pression criminogène qui en découle, l’enfance et, de fait, le conflit des générations. L’amour n’est jamais loin. Le ton est profondément humaniste et cache, dans un humour désabusé parfois cynique, une violente tendresse pour les personnages servis par des enquêtes merveilleusement ficelées, réalistes et pourtant bien souvent surprenantes. Toutes les enquêtes de Varg Veum ont été publiées en France par Gaïa Editions.

Gunnar Staalesen est par ailleurs l’auteur d’une saga en six volumes, Le roman de Bergen, dédiée à sa ville natale.

Page 7

 

Avant d'être détective privé, Varg Veum travaillait à la Protection de l'enfance. Trop idéaliste et entier, il avait fini par en être renvoyé. Parmi les enfants qu'il avait essayé d'arracher à un destin déjà écrit figurait Janegutt, dont il s'était occupé à plusieurs reprises. Aujourd'hui devenu adulte et accusé du meurtre de ses parents adoptifs, Janegutt est retranché dans un fjord et ne veut parler qu'à une seule personne : Varg Veum.

4e de couverture

Gunnar Staalesen, L'enfant qui criait au loup – un roman noir

Incipit

 

C'était le passé qui téléphonait. «Ici Cecilie», commença-t-elle. Puis, voyant que je ne réagissais pas : « Cecilie Strand.

Varg Veum se souvient. Janegutt, le petit Jan, est leur passé. C'était il y a dix ans.

Pendant six mois, il a presque été notre... le nôtre.

Varg et Cecilie se donnent rendez-vous quelque part dans Fjellveien.

 

Je regardai par la fenêtre. Les précipitations matinales avaient tout juste été un avant-goût de l'automne. Le soleil de septembre coulait à présent sur la ville comme du miel liquide. La montagne était attirante avec toutes ses nuances de vert, Fjellveien la séparait en deux comme un petit équateur et la météo n'était pas du tout menaçante.

 

« Où, plus précisément ?

On réussira bien à se trouver, non ? »

 

« Entendu. A tout à l'heure. »

Cinq minutes plus tard, j'activai le répondeur téléphonique, verrouillai mon bureau et partis. Je traversai Fisketorget, passai au niveau du Kjottbasar tout en bas de Vetrlidsalmenningen et grimpai l'escalier vers Skansen et la caserne toute blanche qui s'y trouvait. Les premières feuilles jaunies de l'année avaient fait leur apparition mais elles n'étaient pas encore très nombreuses ; le vert dominait toujours. La cour de la maternelle de Skansenparken résonnait des cris joyeux d'enfants occupés à démouler les gâteaux de terre confectionnés dans leurs poêles de dînette. Le dernier couple de pies de l'été jacassait avec force dans un marronnier qui n'avait pas encore libéré ses fruits. Je finis par couper par le petit raccourci vers le Cheval et me retrouvai à l'adresse convenue : dans Fjellveien.

 

La première rencontre entre Varg et l'enfant remonte à 1970. Le petit garçon avait alors deux ans et demi ou trois ans. Négligé par sa mère, il a été pris en charge par la Protection de l'enfance où travaillait Varg et placé dans un foyer.

 

En 1974, Varg retrouve Janegutt : sa mère adoptive, Vibecke Skarnes, l'a laissé seul un moment avec son mari, Svein Skarnes, et le père adoptif gît au pied de l'escalier de la cave, la nuque brisée. L'enfant est prostré, il lâche seulement une phrase : « C'est maman qui l'a fait. »

Janegutt est hébergé au Foyer de Haukedal où Cecilie et Varg sont accueillis par Hans Haavik, le directeur, qui leur a préparé lui-même le repas : un lapskaus assez épais servi avec des tranches de pain de campagne frais et du bon beurre. […] Du chocolat chaud, du café et des gâteaux maison pour le dessert.

 

Quel rôle joue maître Langeland, avocat de la famille Skarnes après avoir été celui de Mette Olsen, la mère biologique de Jan, devenue une épave ruinée par la drogue et l'alcool, à l'image du monde décadent alentour ?

 

Au Foyer de Haukedal, Janegutt est encore immobile et silencieux près de Cecilie, à la même table que la veille au soir : pommes de terre et autres légumes, carbonnades et sauce brune, compote de pruneaux.

« Nous sommes presque une petite famille », dit-elle à Varg.

 

Neuf ans plus tard, Jan Egil vit chez ses nouveaux parents adoptifs. Ils sont retrouvés assassinés. Jan Egil s'enfuit avec Silje, sa compagne, une fille d'une ferme voisine. Ils se retranchent dans un fjord, au milieu d'éboulis peu accessibles. Jan Egil ne veut parler qu'à Varg. Les deux fugitifs se rendent. Qui est le meurtrier ?

 

Onze ans passent encore.

Varg retrouve Silje et son fils Sølve, à peine plus d'un an, le fils de Jan Egil, blotti contre sa mère, rappelant un couplet des Beatles : « Lady Madonna, children at your feet – Wonder how you manage to make ends meet... »

Lennon/McCartney, Lady Madonna, 1968

 

Dès le commencement, les mensonges se sont accumulés les uns sur les autres.

Le criminel à l'initiative de tout le mal n'est révélé que dans les dernières pages d'une manière un peu... surprenante.

Pour Jan Egil, tout est terminé.

 

Par-delà une intrigue tortueuse, piégée, lente, on retiendra une écriture sèche comme un assommoir ou parfois tendre et poétique pour évoquer les paysages, les brumes, l'amour.

Un roman noir, une histoire d'aujourd'hui.

Gunnar Staalesen, L'enfant qui criait au loup – un roman noir

Décembre Nordique, avec Chryssilda !

 

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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 01:15
Olivier Truc, La Montagne rouge – Dans une ténébreuse et profonde unité

Olivier Truc, La Montagne rouge, Métaillié, 2016 – Photo © Patrick Endres / Getty Images

Olivier Truc, La Montagne rouge – Dans une ténébreuse et profonde unité

Olivier Truc [Photo : Daniel Mordzinski] est né à Dax. Spécialiste des pays nordiques et baltes, documentariste, il est le correspondant du Monde et du Point à Stockholm. Auteur de L'Imposteur, du Dernier Lapon, et du Détroit du Loup, il a reçu le prix des lecteurs Quais du Polar et le prix Mystère de la critique.

4e de couverture

Olivier Truc, La Montagne rouge – Dans une ténébreuse et profonde unité

Enclos de la Montagne rouge, sud de la Laponie. Sous une pluie torrentielle, les éleveurs procèdent à l’abattage annuel de leurs rennes. Mais dans la boue, on retrouve des ossements humains.

Qui est ce mort dont la tête a disparu ? Son âge va le mettre au centre d’un procès exceptionnel qui oppose forestiers suédois et éleveurs lapons à la Cour suprême de Stockholm : à qui appartiennent les terres ? A ceux qui ont les papiers ou à ceux qui peuvent prouver leur présence originelle ?

Klemet et Nina, de la police des rennes, sont chargés de l’enquête. Ils découvrent une mystérieuse vague de disparition d’ossements et de vestiges sami. Ils croisent des archéologues aux agendas obscurs, mais aussi Petrus, le chef sami à la poursuite des rêves de son père dans les forêts primaires de la Laponie, Bertil l’antiquaire, Justina l’octogénaire et son groupe de marche nordique et de bilbingo.

 

Les sombres secrets d’une Suède fascinée par l’anthropologie raciale sont distillés sur fond de paysages grandioses et désolés, par des personnages de plus en plus complexes et attachants. Olivier Truc réussit à trouver un parfait équilibre entre suspense, humour et émotion dans un polar puissant et dépaysant.

4e de couverture

 

Incipit

 

Lundi 14 septembre.

Lever du soleil : 6 h 30. Coucher du soleil : 19 h 38.

13 h 08 d'ensoleillement.

 

Enclos à rennes de la Montagne rouge. 9 h 35.

 

Petrus Eriksson s'essuya le visage du revers de la main, laissant une trace sanglante sur sa joue piquée de barbe. Les boyaux rosâtres s'entassaient, baignant dans leur jus qui suintait en une rigole frémissante. [...] Les flots ricanaient, se déversaient sans discontinuer depuis des jours. […] De mémoire d'homme de la toundra, jamais telle malédiction climatique n'avait puni ces terres. […] Il replongea. Mains sanguinolentes, nouveau revers sur le visage, traînée rougeâtre bavante, ahanant, ajoutant sa buée à la brume qui l'enserrait.

 

Viktor, son fils, vient de trouver des ossements humains mis à jour par ce déluge de nuit des temps à l'extrémité de l'enclos.

 

Nina et Klemet, de la police des rennes, répondent à l'appel de Petrus et, sous une pluie torrentielle, se rendent à l'enclos.

 

Les éleveurs et les forestiers – les propriétaires terriens – sont en conflit depuis longtemps.

 

L'enclos est mis sous séquestre en attendant le légiste et le procureur pour une fouille méthodique. Les éleveurs doivent accepter, comme toujours, la fatalité. L'enquête commence.

 

On rencontre Justina, encore jeune coquette à près de quatre-vingt-cinq ans – elle anime le bilbingo du club de hockey de Ljungdalen au rythme de ses cannes nordiques frappant le sol. Et Bertil, mon Bertil, disait-elle : Oublie pas de sourire, pauv' fille, lui répétait-il, c'est ta meilleure arme.

 

Le squelette serait-il très ancien ? Serait-il celui d'un Sami ? Cela montrerait une implantation des Samis, les éleveurs, antérieure à celle des peuples scandinaves, les propriétaires terriens.

Seulement, c'est un squelette sans crâne – un crâne qui permettrait d'identifier son origine.

 

Justina apprend à Bertil la découverte du squelette et l'enquête en cours, à la recherche d'un crâne.

Des archéologues ? Ah ben ça doit être vieux alors.

Bertil souhaiterait-il que le squelette soit assez ancien pour ne pas rappeler un passé trop récent et sombre de la Suède... depuis 1935 et jusqu'en 1976 ?

L'antiquaire est mêlé à un trafic d'ossements. Après tout, si un tel crâne existait, il représenterait aussi une menace pour lui, se dit-il.

Quelle est sa véritable histoire ?

 

L'intrigue policière, en elle-même, tiendrait en quelques feuillets. La majeure partie du récit se déroule comme un reportage – Olivier Truc est journaliste – sur les coutumes, l'histoire, le droit du peuple sami souvent oublié dans les archives.

Un documentaire érudit, brillant, écrit avec élégance, tout en préservant le parler qui caractérise chaque personnage et en ponctuant la narration de moments poétiques – paysages, lumières, saisons...

 

Comme de longs échos qui de loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité,

Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Sofia Jannok, Yoik of the wind

Olivier Truc, La Montagne rouge – Dans une ténébreuse et profonde unité

Décembre Nordique, avec Chryssilda !

 

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27 novembre 2016 7 27 /11 /novembre /2016 01:15
Marc-Antoine Cyr, Les Paratonnerres

Marc-Antoine Cyr, Les Paratonnerres, Quartett, 2014

Marc-Antoine Cyr, Les Paratonnerres

Auteur dramatique et scénariste, Marc-Antoine Cyr est né à Montréal en 1977. Il est l'auteur entre autres pièces de Le désert avance, Les flaques, Je voudrais crever, Quand tu seras un homme, Fratrie...

4e de couverture

 

Siméon, un écrivain, arrive en pays inconnu, lointain. Il trouve refuge dans une petite auberge isolée.

Il s’y incruste plusieurs mois, sous le prétexte d’écrire. Depuis la salle commune de l’auberge, on l’entend piocher sur son clavier, mais on pressent aussi tout le poids de ses silences.

Près de lui s’agite une petite faune. La rumeur des habitants du coin. Celle de ceux qui sont de passage. Une famille qui dirige l’établissement : père, mère, fille. Une mère qui souvent met sa main sur son ventre. Une douleur qui n’arrête pas d’enfler, mais qu’elle ne veut pas nommer.

Aux alentours de l’auberge, les échos d’une guerre qui s’est passée là il y a peu de temps. Quelques traces de ses éclats dans les conversations, dans les non-dits de la famille qui garde l’auberge. Des secrets rangés au fond des tiroirs. Un effluve de danger permanent.

Ecrivant chaque jour, nouant contact avec ceux qui vivent là, Siméon s’adapte aux habitudes de l’auberge, engage des conversations pleines de trous, ne va jamais au bout des réponses qu’il offre aux questions dont on le presse : d’où vient-il ? que vient-il chercher ici ? Siméon s’attache peu à peu à Solenn, la fille des propriétaires de l’auberge. Une amourette compliquée.

Puis Siméon, qui croyait s’être enfui assez loin de son passé, voit peu à peu surgir devant lui des visages reconnaissables. Il se met à entendre la voix des siens dans la voix des inconnus. Par le truchement du théâtre, des scènes de sa vie sont rejouées, réactualisées. Des dialogues de son passé remontent à la surface : Abel, le père, lui parle soudain avec la voix de sa mère… Solenn lui parle comme son père lui parlait autrefois… Anka semble prise du même mal que celui dont souffrait la mère de Siméon, dans le pays là-bas où il vivait…

Petit à petit, tout ce que Siméon a fui revient le visiter. Et l’effrayer.

Autour de lui, dans cette auberge-refuge, les secrets suintent de tous les murs. Les histoires se mélangent. A la cave, des bruits inquiétants persistent. Des odeurs affluent. Des rats ? Des monstres ? Des réfugiés ?

 

Drame intime flirtant avec le fantastique, Les Paratonnerres est une exploration tendrement humaine de la fuite, mais surtout de la peur, un compagnon de route avec lequel il vaut mieux discuter de temps à autre.

 

L’auberge devient le théâtre fantastique au sein duquel Siméon dialogue avec ses propres spectres. Sa peur prend forme et s’adresse à lui. Habitant deux temps à la fois, le temps présent reconnaissable et les souvenirs irrationnels qui reviennent lui faire face, Siméon doit apprendre à refaire un avec lui-même.

 

Dans un paysage où un ennemi véritable est passé, la guerre, et où ceux qui l’ont vue ont moins de mal à vivre que Siméon, les peurs réelles et imaginaires entament une joute qui ne laissera personne sans cicatrices.

 

Marc-Antoine Cyr

 

Incipit

 

Dans l’auberge.

Sur le seuil Solenn.

Près de Solenn une valise.

 

SOLENN :

ADIEU ADIEU C’EST ADIEU QU’IL FAUDRAIT DIRE

 

ANKA :

Elle a le billet dans sa poche.

 

ABEL :

Elle a pris le parapluie. Pas le jaune le plus grand.

 

ANKA :

Un lainage au cas où.

 

ABEL :

Elle a pris le lainage avec elle.

 

ANKA :

Alors pourquoi elle ne sort pas.

 

ABEL :

Il faut partir ma fille. Les lanternes sont éteintes dans la rue.

 

SOLENN :

ADIEU ADIEU CE SOIR TOUT À L’HEURE MAINTENANT

 

ANKA :

Le mot qu’il faudra dire au passeur. Celui qui viendra sous le pont.

 

SOLENN :

Une chose encore.

 

ABEL :

Le sésame elle le sait.

 

ANKA :

Un lainage une écharpe il fera peut-être froid.

L’adresse là-bas elle sait.

La clef.

 

ABEL :

Quelle clef.

Il faut faire vite ma fille. Il n’y a la noirceur que pour quelque temps.

 

ANKA :

Une clef pour son retour. La clef au cas où.

 

ABEL :

Quand elle va revenir on sera ici.

 

SOLENN :

Encore une chose s’il te plaît Maman.

 

ABEL :

Tu as peur c’est normal.

 

Le paratonnerre protège de la foudre en attirant la foudre. On peut vivre en huis-clos, et même à la cave, la guerre pénètre et expose – explose ? – la mémoire. Chacun recherche son identité – peut-être une identité empruntée.

L'écrivain : l'écriture est un moyen d'exorciser, de catalyser les démons intérieurs.

 

La Compagnie Jabberwock vous propose une vidéo montrant le jeu excellent des comédiens qui ont travaillé à l'œuvre avec l'auteur.

- - -

 

Vous pourrez encore voir la pièce les mardi 14 et mercredi 15 mars 2017, à 20h, au théâtre LE TARMAC, Scène Internationale Francophone, Paris.

 

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Marc-Antoine Cyr, Les Paratonnerres

Québec en novembre, avec Karine et Yueyin ! Le sublime logo est l'œuvre de Mr Kiki du Kikimundo.

 

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21 novembre 2016 1 21 /11 /novembre /2016 01:15
Jacques Poulin, Chat sauvage – voir les choses

Jacques Poulin, Chat sauvage, Actes Sud, Babel, 2000

 

Installé au coeur de Québec, un écrivain public mène une existence heureuse en compagnie de son amie Kim. Un jour, il reçoit la visite d'un homme âgé, d'allure étrange, qui lui demande d'écrire une lettre à sa femme avant de disparaître mystérieusement. Jack ressent le besoin de retrouver sa trace et commence une filature discrète dans les rues de la Vieille Capitale. Au terme de sa quête, sa vie prend une direction à laquelle il ne s'attendait plus.

4e de couverture

Jacques Poulin, Chat sauvage – voir les choses

Né au Québec en 1937, Jacques Poulin vit à Paris depuis de nombreuses années. Son oeuvre, plusieurs fois récompensée par des prix littéraires, compte neuf romans, dont Les Grandes Marées, Le Vieux Chagrin, La Tournée d'automne, Volkswagen Blues et Jimmy.

Jacques Poulin, Chat sauvage – voir les choses

Le Scribe accroupi, vers 2600-2350 avant notre ère, Musée du Louvre – photographie : Guillaume Blanchard

 

Incipit

 

Mon ancêtre le plus lointain est assis dans une cage de verre au musée du Louvre, dans la section des antiquités égyptiennes, et les visiteurs tournent autour de lui, intrigués par l'étrange douceur qui éclaire son visage depuis quatre mille ans. Tout le monde l'appelle le scribe accroupi. Vêtu seulement d'un pagne, un papyrus en travers des genoux, il regarde son maître avec une patience infinie et se prépare à noter les paroles qui vont tomber de sa bouche.

Cette douceur, cette patience ont fait que je l'ai choisi pour modèle. Une photo de lui est affichée sur le mur, en face de ma table de travail, et je la regarde souvent dans la journée. C'est ce que j'étais en train de faire, un soir vers six heures, juste avant de fermer mon bureau, lorsque tout à coup j'entendis le grincement du portail, des pas dans l'escalier et un bruit de chaise dans la salle d'attente.

 

Un étrange visiteur, un vieil homme, se présente chez l'écrivain public : il veut écrire une lettre d'amour à sa femme. A l'étage supérieur, on entend Kim, la compagne du scribe, préparer le souper. Petite Mine, la chatte noire, vient se poser sur le bord de la fenêtre. Le visiteur s'éclipse sans rien faire écrire.

 

Jack revoit le Vieil Homme, par hasard, en se promenant la nuit. Il conduit une calèche. A l'intérieur, se tient une très jeune fille.

 

Grâce à Marie, une vieille amie, l'écrivain apprend où se loge son vieux bonhomme. L'épicier du coin le connaît : le Vieux est un nouveau venu dans le quartier, il vient d'un village situé près de la frontière, Marlow, le village natal de l'écrivain.

 

La quête commence – surveillance, filature : le Vieux disparaît toujours à un coin de rue, tout comme la très jeune fille, apparemment abandonnée.

 

Kim et Jack se sont rencontrés dix ans plus tôt au Musée du Québec. Ils sont devenus amis puis amants. Kim est psychothérapeute. Après Jung, elle pense qu'il ne faut pas chercher à rendre les gens normaux : les troubles psychologiques font partie de la richesse de la personne, de la vie. Elle a une jeune chatte, Petite Mine, et Jack, un vieux matou, Matousalem. Elle reçoit en consultation le plus souvent la nuit.

 

Le Vieil Homme revient chez l'écrivain. Celui-ci rédige pour lui une lettre amoureuse et tendre.

 

Un client se présente, un romancier en renom, il ne sait pas écrire les lettres de refus à certaines invitations pour des salons. Est-ce que vous connaissez cette phrase de Flaubert, demande-t-il : « Le style est à lui tout seul une manière absolue de voir les choses » ? […] Pour Flaubert, le style n'est pas une façon de dire les choses mais plutôt une façon de voir ! Ce n'est pas un mode d'expression, mais un mode de pensée.

 

Dans le jeu de la quête, l'écrivain et la très jeune fille, Macha, finissent par se retrouver, au restaurant : club-sandwiches, frites, salade de chou, olives, mayonnaise, et des sundaes au caramel.

 

Depuis le Volks, où séjourne le Gardien – autrement sans abri, on entend Emmylou Harris.

Buck Owens, Together Again, 1964 – interprète : Emmylou Harris in album Elite Hotel, 1975

 

Le Vieux revient encore, une dernière fois, pour une nouvelle lettre d'amour.

 

Macha a trouvé une famile : elle vient vivre chez Kim et Jack.

 

Qui est le Vieux, qui est le narrateur ? Qui est Macha, la très jeune fille ? Qui est la femme du Vieux à laquelle il écrit des lettres d'amour : la mort, tant aimée, tant redoutée ?

 

Une quête tranquille à la recherche de quelqu'un : de soi-même, peut-être. Une façon de voir, de rêver. Un conte de fées.

Au fil des pages et des croquis tracés de mots, une découverte de Québec : ses matins ensoleillés scintillant sur le fleuve, ses soirées de brume, ses quartiers et ses petites rues anciennes.

 

Comment apprivoiser un chat sauvage ?

Jacques Poulin, Chat sauvage – voir les choses

Québec en novembre, avec Karine et Yueyin ! Le sublime logo est l'œuvre de Mr Kiki du Kikimundo.

 

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Précédemment

 

Jacques Poulin, Les Grandes marées – l'été des Indiens

http://www.libellus-libellus.fr/2015/11/jacques-poulin-les-grandes-marees-l-ete-des-indiens.html

 

Jacques Poulin, Le vieux Chagrin – l'art des rencontres

http://www.libellus-libellus.fr/2016/01/jacques-poulin-le-vieux-chagrin-l-art-des-rencontres.html

 

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17 novembre 2016 4 17 /11 /novembre /2016 01:15
Transcendental, Franz Liszt, Daniil Trifonov – exceptionnel

Transcendental, Daniil Trifonov, piano, Deutsche Grammophon, 2016 – Franz Liszt, Etudes d'exécution transcendante, Deux Etudes de concert, Trois Etudes de concert, Grandes Etudes de Paganini

 

Dans son interprétation, Daniil Trifonov, le jeune prodige russe, met à l'œuvre, certes, sa vertigineuse virtuosité mais il veille essentiellement à permettre de s'épanouir à la sensibilité qui imprègne ces pièces. Force, élégance, délicatesse s'unissent dans la clarté de la ligne.

Transcendental, Daniil Trifonov, piano, Deutsche Grammophon, 2016

Franz Liszt, Grandes Etudes de Paganini, Tema con variazioni – Daniil Trifonov, piano

Franz Liszt, Grandes Etudes de Paganini, La campanella – Daniil Trifonov, piano

 

Une merveille.

 

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13 novembre 2016 7 13 /11 /novembre /2016 01:15
Romans grecs et latins – étrangement modernes

Romans grecs et latins, Sous la direction de Romain Brethes et Jean-Philippe Guez, Traductions nouvelles : Dimitri Kasprzyk, Liza Méry, Danielle Van Mal-Maeder, Les Belles Lettres, 2016

 

Depuis l’édition de Pierre Grimal dans La Bibliothèque de la Pléiade, en 1958, les romans antiques, grecs et latins, n’avaient pas fait l’objet d’une nouvelle édition intégrale dans une traduction nouvelle.

Ces œuvres, célébrées depuis l’époque byzantine jusqu’au XIXe siècle, demeuraient dans l'ombre.

Le présent ouvrage remet à l'honneur des œuvres étrangement modernes, dans une traduction qui restitue à merveille le style original de chaque auteur. Dans Chéréas et Callirhoé de Chariton, on goûtera la subtile peinture des sentiments, un peu comme dans La Princesse de Clèves. Avec Leucippé et Clitophon d’Achille Tatius, on lira la subversion des codes romanesques – avant Diderot ou Laurence Sterne. On connaîtra la démesure dans Les Ethiopiques, le roman fleuve d’Héliodore.

Une préface de Barbara Cassin, philosophe, et une longue introduction générale permettent au lecteur de comprendre le contexte de création de ces œuvres. Chaque roman s’accompagne d’une introduction et d’une bibliographie, qui tiennent compte des derniers acquis de la recherche, dans un domaine très actif des études anciennes. Enfin, le tout comporte des cartes et des index, ainsi que des notes pour éclairer le lecteur sur les réalités du monde gréco-romain.

 

Chariton d'Aphrodisias, Chéréas et Callirhoé

 

Chariton, probablement originaire d'Aphrodisias en Carie, au IIe siècle, ne nous est connu que par son roman Chéréas et Callirhoé dont il ouvre ainsi la narration :

 

Je m'appelle Chariton d'Aphrodisias et je suis le secrétaire du rhéteur Athénagore. Je vais raconter l'histoire d'un amour passionné qui naquit à Syracuse.

 

Le titre de secrétaire évoquerait plutôt la fonction d'un avocat, un consigliere. Toutefois, le style de l'œuvre, la richesse de l'écriture, l'érudition du narrateur s'accorderaient mieux avec la culture d'un fin lettré – peut-être même y a-t-il plusieurs auteurs derrière un seul nom.

 

Les deux personnages principaux du roman sont Callirhoé, fille d'Hermocrate, stratège de Syracuse, et Chéréas, fils d'Ariston, deuxième grande personnalité de la ville et rival d'Hermocrate dans la lutte pour le pouvoir. Tous deux sont jeunes et, comme la plupart des héros des romans d'amour grecs, surpassent en beauté tous les jeunes gens de leur âge. Callirhoé porte le nom d'une Néréide et sa beauté est divine comme celle d'Aphrodite Parthénos elle-même. Cette beauté lui attire bien des malheurs tout au long de l'histoire, car tout le monde tombe amoureux d'elle et il s'ensuit moult tribulations avant une fin heureuse qui réunit les deux jeunes amants.

 

Chéréas et Callirhoé est l'archétype des romans grecs et latins, à la source du roman picaresque – le roman d'apprentissage, appelé aussi roman de formation ou roman d’éducation.

 

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Xénophon d'Éphèse, Les Éphésiaques

 

On ne sait pratiquement rien de Xénophon d'Éphèse, auteur présumé du roman daté du IIe ou IIIe siècle.

 

Antheia et Habrocomès, deux adolescents d'Ephèse, sont amoureux l'un de l'autre. L'oracle d'Apollon de Colophon prédit qu'ils traverseront de nombreuses épreuves avant de connaître le bonheur. Pour leur épargner les tourments annoncés, leurs parents les marient aussitôt et les envoient en Egypte. Mais près de Rhodes ils sont capturés par des pirates et emmenés à Tyr. Manto, fille de leur maître Apsyrtos, tombe amoureuse d'Habrocomès, mais comme il repousse ses avances, elle se venge en l'accusant d'une tentative de viol. Habrocomès est soumis à la torture. Manto se marie à un certain Mœris et part vivre avec lui à Antioche en emmenant Antheia que son père lui a offerte : elle la donne comme épouse à un chevrier sous la promesse de ne pas consommer le mariage. Seulement, Mœris est tombé amoureux d'Antheia ! Manto, folle de rage, commande à Lampon d'emmener la jeune fille dans la forêt et de la tuer. La prenant en pitié, le chevrier se contente de la vendre à des marchands de Cilicie. Le navire de ceux-ci fait naufrage et les survivants, dont Antheia, sont capturés sur le rivage par Hippothoos, un brigand...

Soyez tranquille, tout finit bien.

 

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Pétrone, Le Satyricon

 

Le Satyricon est un roman satirique écrit en latin et attribué, non sans controverse, à Pétrone. Le roman est considéré comme l'un des premiers de la littérature à mêler vers et prose, latin classique et vulgaire. Il est constitué par un récit-cadre, Les Aventures d'Encolpe et trois récits enchâssés, L'Ephèbe de Pergame, La Matrone d'Ephèse et Le Festin chez Trimalcion, autant d'intrigues promises à la postérité.

 

Dans une Rome décadente, le récit conte les aventures de deux jeunes gens, Encolpe et Ascylte, ainsi que du jeune amant du premier, l'adolescent Giton. Encolpe a été frappé d'impuissance par le dieu Priape alors que son ami et rival, Ascylte, convoite l'amour de Giton. Au cours de leurs pérégrinations, ils sont invités à un splendide festin organisé par un riche affranchi, Trimalcion, de chez qui ils s'échappent. Rejoints par le poète Eumolpe, ils embarquent et font naufrage, à la suite d'une tempête, près de Crotone. Encolpe fait la rencontre de Circé, une habitante de Crotone, mais, frappé de nouveau d'impuissance, il décide d'aller se faire soigner chez Œnothéa, prêtresse de Priape...

 

L'auteur aurait été un proche de Néron ou le secrétaire de Pline le Jeune, peut-être un Massaliote – ou encore son nom serait le nom de plume de plusieurs auteurs.

 

Le Satyricon préfigure clairement le roman picaresque – une innovation littéraire pour l'Antiquité. Le texte est issu de plusieurs manuscrits dont les cheminements sont encore obscurs.

 

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Achille Tatius, Leucippé et Clitophon

 

Achille Tatius est un écrivain grec ayant probablement vécu au IIe ou IIIe siècle. Il est connu comme l'auteur d'un roman, Leucippé et Clitophon, mais il également d'une Introduction aux Phénomènes d'Aratos.

 

Divisé en huit livres, le roman raconte les aventures d'un couple de jeunes gens originaires de Tyr et de Byzance dans leurs pérégrinations en Egypte et à Ephèse.

 

Le récit principal est fait par Clitophon à un premier narrateur anonyme. Promis à sa demi-sœur Calligoné, le jeune Tyrien tombe amoureux de sa cousine Leucippé, venue de Byzance quelques jours avant le mariage. Heureusement, un jeune homme de Byzance appelé Callisthénès, venu enlever Leucippé dont on lui avait vanté la beauté, s'est trompé et est parti avec Calligoné. Clitophon se glisse de nuit dans la chambre de Leucippé, mais ils sont surpris par la mère, avertie par un songe. Les deux amants s'enfuient de Tyr par mer, mais ils font naufrage en Egypte, où ils sont capturés par des brigands, qui veulent offrir Leucippé en sacrifice. Croyant la chose faite, Clitophon est sur le point de se suicider sur la tombe de sa maîtresse, mais le sacrifice est en réalité une mascarade mise en scène par des amis. Des soldats égyptiens secourent les captifs, mais leur officier tombe amoureux de Leucippé, recherchée d'ailleurs par plusieurs autres prétendants. L'un d'entre eux lui a fait boire un philtre d'amour, qui l'a rendue folle, jusqu'à ce qu'un antidote lui soit administré par un certain Chairéas. Mais alors qu'ils gagnent Alexandrie, Chairéas enlève Leucippé sur son navire. Clitophon les poursuit, mais il voit depuis son navire la jeune fille se faire – apparemment – décapiter, son corps jeté en mer.

Revenu totalement désespéré à Alexandrie, Clitophon est courtisé par une veuve d'Ephèse, Mélité, qui le convainc de l'épouser et de repartir avec elle à Ephèse. Mais tout juste arrivé à Ephèse, il y retrouve Leucippé, qui n'était pas morte – c'est une autre femme qui a été décapitée à sa place, ouf !. Alors que Mélité et Clitophon couchent ensemble, le mari de la dernière, lui aussi encore en vie, réapparaît. Il tente par la suite de violer Leucippé, devenue la servante de Mélité et de faire accuser Clitophon du meurtre de Leucippé. Finalement l'innocence de Clitophon est prouvée dans un procès, ainsi que la virginité de Leucippé – dans le temple d'Artémis. Le père de Leucippé, arrivé à Ephèse, donne sa bénédiction pour le mariage. Clitophon et Leucippé vont se marier à Byzance.

 

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Apulée, Les Métamorphoses

 

Apulée, né vers 123 à Madaure, actuelle M'daourouch au nord-est de l'Algérie, est un écrivain, orateur et philosophe médio-platonicien.

Les Métamorphoses, ou L'Ane d'or, est daté du IIe siècle.

 

Le héros, un aristocrate prénommé Lucius, connaît différentes aventures, après que sa maîtresse, Photis, l'a transformé en âne par accident. Il apprend que, pour retrouver sa forme humaine, il doit manger des roses. Ses diverses aventures malheureuses et burlesques au cours de cette quête des roses sont l'occasion pour Lucius d'apprendre et de raconter au lecteur de nombreuses histoires, le mythe de Psyché et de Cupidon, la marâtre empoisonneuse, la bru sanglante, mêlant l'érotisme aux crimes sanglants et à la magie. Le voyage de Lucius est comme un voyage spirituel, une initiation à la magie en même temps qu'une mise à distance de la sorcellerie par le comique.

 

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Longus, Daphnis et Chloé

 

Tout ce que nous savons de Longus figure dans son œuvre. Il se présente comme un chasseur découvrant par hasard, à Lesbos, dans un sanctuaire, un tableau représentant l'allégorie de l'Amour. Il se le fait expliquer par un guide local, et décide de composer un récit sur le sujet. Le roman est daté du IIe ou IIIe siècle.

 

Daphnis et Chloé est présenté dans les manuscrits comme un ensemble de pastorales de Longus. La chasse est alors un loisir de riche citadin. Par ailleurs, la curiosité dont il fait preuve dans le sanctuaire semble montrer qu’il s’agit d’un homme cultivé. On peut s’interroger sur son origine, ses notations sur l’île de Lesbos paraissant le fait d’un étranger.

 

Le roman, fortement inspiré par la poésie bucolique et également par les Idylles de Théocrite, se déroule sur quatre livres. Le sujet se distingue par son décor bucolique et l’ironie constante qui préside au déroulement de l’action. Celle-ci a lieu dans la campagne, près de la cité de Mytilène sur l'île de Lesbos. Daphnis est un jeune chevrier, enfant trouvé – dans un bosquet de laurier, d'où son nom, du grec δάφνη, laurier. Chloé est une bergère, également enfant trouvée. Ils s’éprennent l’un de l’autre mais de multiples rebondissements les empêchent d’assouvir leur amour. C'est avant tout leur éducation sentimentale qui est décrite tout au long de ces péripéties.

 

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Héliodore, Les Ethiopiques

 

Héliodore est un écrivain syrien de langue grecque ayant vécu au IIIe ou IVe siècle, auteur d'un roman intitulé Les Éthiopiques ou Les Amours de Théagène et Chariclée.

 

C'est l'histoire d'une princesse d'Ethiopie – la Nubie, à l'époque –, abandonnée à sa naissance par sa mère la reine Persina et transportée à Delphes où elle est élevée par le Grec Chariclès sous le nom de Chariclée et devient prêtresse d'Artémis. Assistant à des jeux gymniques à Athènes, elle rencontre Théagène, un jeune Thessalien qui y concourt, et ils s'éprennent l'un de l'autre. Pour obéir à un oracle, ils quittent Delphes sous la conduite du sage égyptien Calasiris, et après plusieurs aventures en mer sont jetés par un naufrage en Egypte, sur les bouches du Nil. Ils traversent alors de rudes épreuves, tantôt ensemble, tantôt séparés, notamment du fait de la passion qu'Arsacé, femme du satrape d'Egypte, Oroondatès, conçoit pour Théagène. Prisonniers des Perses, ils sont finalement capturés par l'armée du roi Hydaspe et conduits à Méroé, capitale de l'Ethiopie. Inconnus, ils sont sur le point d'être immolés au soleil quand Chariclès arrive de Grèce et la reconnaissance attendue a lieu. L'histoire finit par le mariage des héros, qui se sont gardés fidèles l'un à l'autre.

Le récit est nourri de nombreux rebondissements et du pittoresque de ses descriptions. Il est illustré de réminiscences d'Homère et d'Euripide.

Michael Levy, The Ancient Greek Lyre, 2010

Romans grecs et latins – étrangement modernes

2016, année grecque, avec Cryssilda et Yueyin !

 

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9 novembre 2016 3 09 /11 /novembre /2016 01:15

ANTOINE DELAFOY : Un père... Adolphe Amédée témoigne en matière d'art de perversions assez voisines des vôtres. Défenseur de Puvis de Chavannes et de Reynaldo Hahn...

FERNAND NAUDIN : Connais pas.

ANTOINE DELAFOY : Lui si. A part ça, ce qu'il est convenu d'appeler un grand honnête homme, porté sur la morale et les soubrettes, la religion et les jetons de présence.

Georges Lautner, Albert Simonin, Michel Audiard, Les Tontons flingueurs, 1963

Reynaldo Hahn, Pierre Puvis de Chavannes – deux contemporains

Reynaldo Hahn, Le Rossignol éperdu, piano : Bernard Paul-Reynier, Passavant Music, 2014

Reynaldo Hahn, Le Rossignol éperdu, L'Ange verrier

 

En 1912, né d'une riche famille vénézuélienne, Reynaldo Hahn, âgé de 38 ans, est déjà un compositeur consacré dans les hauts salons de l'aristocratie où il rencontre son ami et amant Marcel Proust. Cette année-là, il publie Le Rossignol éperdu, un recueil de cinquante-trois poèmes pour piano. Il explore, en connaisseur avisé, les richesses sonores de l'instrument.

Bernard Paul-Reynier, disciple de Pierre Barbizet, nous en donne une interprétation voluptueuse en parfait accord avec la légèrete grave ou la gravité légère d'un compositeur qui refusait de se prendre au sérieux.

Reynaldo Hahn, Pierre Puvis de Chavannes – deux contemporains

Pierre Puvis de Chavannes, timbre émis en 1939

Reynaldo Hahn, Pierre Puvis de Chavannes – deux contemporains

Pierre Puvis de Chavannes, L'Espérance, 1871-1872, © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

 

En mémoire de la guerre franco-prusienne, Pierre Puvis de Chavannes compose plusieurs œuvres inspirées par l'événement.

L'Espérance est représentée sous les traits d'une jeune fille nue, assise sur un tertre recouvert d'une draperie blanche. Elle se détache sur un paysage de désolation où l'architecture en ruine et les croix de fortune évoquent le conflit.

Cependant, le brin d'olivier que tient la jeune fille annonce la paix retrouvée dans un jour nouveau que promet l'éclaircie naissante au-delà des collines

Les fleurs ont recommencé à pousser au travers des cailloux du tertre. La scène se situe dans un espace intemporel : un message pour tous les temps.

 

Pierre Puvis de Chavannes est un peintre de notre temps.

 

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